Opinion
Comment commémorer
dix ans de massacre en Irak ?
Robert
Bibeau
Mercredi 3 avril
2013 Il y a
dix ans l’humanité hébétée assistait au
déchainement de violence dirigé par une
coalition imposante montée contre un
petit peuple ostracisé – mis au ban de
la «communauté internationale»
omnipotente, qui finalement s’avéra être
un rassemblement de criminels de guerre
(1).
Nul
peuple au cours des vingt dernières
années n’a subi un tel assaut, ni
encaissé un tel déluge de feu, ni enduré
un tel chambardement de son tissu social
collectif – dont les souffrances sont
toujours palpables, dix ans après le
commencement des évènements funestes –
en n’oubliant pas que ces assassinats
collectifs (1 450 000 assassiné(e)s; 5
millions d’orphelins; 1 million de
disparu(e)s; 3 millions de veuves) a
débuté des années auparavant – par des
sanctions lâches de la part de
l’auxiliaire Conseil de sécurité de
l’ONU commandées expressément par
l’impérialisme français et américain
(2).
À
compter du 20 mars 2003, un tueur en
série, psychopathe, malencontreusement
commandant en chef d’une machine de
guerre meurtrière, fit débuter sur cette
Terre millénaire 3650 journées de feux
croisés des forces coalisées dirigées
par ce pestiféré, récidiviste assassin,
adjdant d’une meute de chevaliers
d’Apocalypses : Royaume-Uni, Arabie,
Allemagne, Pays-Bas, Canada – souteneur
hypocrite malgré les démentis de ses
dirigeants asservis – et la Syrie dont
c’est aujourd’hui le tour de passer au
pilori (3).
Le 20
mars 2013 ne marque pas une « fête »,
comment pourrait-on fêter le calvaire
d’un peuple meurtri (4,7 millions de
réfugiés) – l’anniversaire d’un
assassinat collectif – 3650 fois
répétées et pas encore terminé (4) ?
Un
Requiem serait plus approprié. Il y a
tout juste dix ans, du ventre de l’enfer
s’expurgeait un déluge de fer sur la
terre de Babylone, la cité sumérienne
magnifique – joyau précieux de la
civilisation mésopotamienne, berceau de
l’écriture et des mathématiques – l’une
des plus brillantes civilisations
d’Orient – devenue arabe et musulmane
par le hasard de l’histoire, pleinement
assumée sous la dynastie des Omeyyades
siégeant à Damas, revenue à Bagdad sous
la dynastie des Abbassides. Cité
étincelante qui renferme encore les
artefacts de populations venues
d’Afrique en migration vers l’Asie –
Pacifique, puis vers l’Amérique (5).
Justement, l’Amérique était de retour
dans le Golfe Persique ce 20 mars 2003,
non pas pour apporter son tribut de
reconnaissance pour cette magnificence –
mais plutôt pour bombarder et défigurer
cette perle d‘éternité. Honte à tous
ceux qui ont comploté et trempé dans
cette forfaiture, 3650 fois proférées.
Ce
peuple admirable, d’un courage
inégalable, même mutilé, occupé,
bombardé, fusillé, strangulé,
ensanglanté, c’est tristement vrai,
n’est toutefois pas défait. Il lui reste
par-dessus tout des réserves de force –
d’altruisme et malgré les apparences et
quoi qu’on en pense, un trésor de
cohésion sociale pour resurgir à la face
de ce monde impuissant à stopper le bras
séculier de l’oligarchie impérialiste de
Bush à Obama.
Nous
étions pourtant des millions dans les
rues de par le monde (225 000 à Montréal
– la plus grande manifestation de
l’histoire du Canada) à nous objecter –
à hurler – à pleurer aussi, notre rage
impuissante contre le bourreau d’une
nation saine et sereine.
Nulle
force au monde ne pourra éradiquer cette
nation de 30 millions d’individus
refusant de disparaître. Ce délit
concerté – ce crime contre l’humanité ne
restera pas impuni. Ce pays et ce peuple
renaîtront de ces sévices. L’Irak est
endeuillé, c’est exact, mais il a
conservé l’essentiel de ses forces
vives, sa classe ouvrière tranquille,
pugnace, créatrice de plus-value, source
de toutes les richesses.
Il
faudra du temps cependant et de la
bravoure pour reforger l’unité ainsi
qu'une forte dose d’ardeur et
d’abnégation autour du leadership de la
classe prolétarienne irakienne pour
refonder ce pays sur de nouvelles bases
économiques, politiques et idéologiques.
La
guerre contre l’Irak fut menée par les
puissances d’argent et de carburant,
suivies par leurs suppôts serviles pour
faire exemple devant le monde immobile.
Quand l’impérialisme pointe un doigt
rageur et décrète un oukaze contre un
gouvernement – détenteur d'une
richissime réserve pétrolière – ce
gouvernement devrait trembler et
s’incliner devant les desideratas du
potentat ou périr sur le bucher de
l’inquisition étatsunienne. Que chaque
roitelet, que chaque
président-polichinelle et que chaque
premier ministre de pacotille se tienne
tranquille. Sinon, les drones, vautours
de guerre, tourneront autour de leurs
têtes.
Mais
l’histoire est pleine de rebondissements
surprenants. L’Irak refusa le diktat de
ce vaurien que l’histoire tient pour
assassin, et ceux qui ont tant souffert
– les Irakiens – sont ceux qui auront eu
raison de cette grande puissance
militaire. Le prédateur étatsunien aura
consacré pas moins de trois mille
milliards de dollars à cette guerre de
conquête – la plus coûteuse de son
histoire – pour faire exemple et
terroriser ce pays spolié de ses
ressources. Cet effort colossal contre,
somme toute un petit pays (30 millions
d’Irakiens face à 310 millions
d’Américains) l’aura entrainé vers sa
propre perte. La dette de l’agresseur
sanguinaire est devenue extraordinaire
tant et si bien qu’elle emportera ce
tigre aux pieds d’argile.
Comme
l’invasion et la guerre d’agression
contre l’Afghanistan auront sonné le
glas et précipité l’effondrement du
social-impérialisme soviétique,
l’invasion et l’occupation de l’Irak
auront sonné le glas et précipité la
perte de l’impérialisme étatsunien. Une
chercheure de l’Université Harvard
démontre, chiffres à l’appui, que ces
3000 milliards de dollars US ne sont que
le commencement des dépenses militaires
américaines dans cette guerre perdue et
que le pire reste à venir (6).
Dix
années après le méfait, l’Irak est
exsangue, souffrant, c’est
douloureusement vrai – presque retourné
à l’âge préindustriel – comme James
Baker le promettait – mais
l’impérialisme américain est sur sa fin
et n’a aucune chance de se relever de
cette troisième chute sur son chemin de
Damas, vers son déclin tenu pour
certain. L’Amérique n’a plus aucune
chance de s’imposer comme le
paratonnerre des puissances
réactionnaires et la Chine pourpre
impériale se propose désormais de mener
le troupeau par monts et par vaux vers
de nouveaux sommets d’exploitation.
Le
peuple irakien nous aura enseigné, comme
les peuples chinois, cubain, vietnamien
avant lui, que l’on peut résister et
vaincre la bête immonde, mais une fois
cette prouesse accomplie le prolétariat
doit conserver le pouvoir et ses acquis
sous peine de retourner sinon à l’âge
préindustriel – du moins à l’ère de
l’impérialisme décadent.
Dix
années après le déluge de feu qui a
défiguré ce pays tout entier, les bombes
explosent toujours dans les quartiers.
Le Kurdistan irakien est sous tutelle
israélienne; la communauté chiite est
sous protectorat iranien; la communauté
sunnite sous gouvernance saoudienne et
qatarie; des armées privées, des
mercenaires chapardeurs payés par la CIA
parcourent le pays strangulé alors que
quelques potentats locaux se sont taillé
des fiefs de combattants et massacrent
leurs commettants, plutôt que de faire
sauter les oléoducs, les puits de
pétrole et les quais d’embarquement qui
fournissent le précieux carburant que
l’occupant est venu expressément ravir
pour en faire une monnaie d’échange
contre ses dollars plombés et dévalués.
Qu’attendent tous ces Partisans de
l’ombre et de bonne volonté pour porter
le coup de grâce à cette armée
d’invasion effrontée ? Commémorons dix
ans de massacre et sus aux oléoducs, aux
réservoirs, aux quais d’embarquement et
aux pétroliers. L’Irak vaincra dans dix
ans ou avant, et alors nous célèbrerons
la dégaine étatsunienne… (7)
(1)
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_il-y-a-dix-ans-g-w-bush-lancait-ses-troupes-a-l-assaut-de-l-irak?id=7951390
(2)
http://www.brussellstribunal.org/article_view.asp?id=803#.UVU75Tdfbz6
(3)
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Robert_Bibeau.140312.htm
(4)
http://www.michelcollon.info/Les-chiffres-invraisemblables-sur.html
(5)
http://pythacli.chez-alice.fr/lespremiershommes.htm
(6)
http://www.hks.harvard.edu/news-events/news/articles/bilmes-iraq-afghan-war-cost-wp
(7)
Pour
s’informer au jour le jour sur la
situation en IRAK, visitez le blogue
»»
http://www.france-irak-actualite.com/
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