Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons »
Rim al-Khatib
Mercredi 23 janvier
2013 Janvier
2013 - N° 3
I - Abolir la détention
« administrative »
Le prisonnier Ayman Sharwaneh a
décidé de reprendre sa grève de la faim,
qu’il avait arrêté pendant quelques
semaines, en attendant que le tribunal
sioniste revoie son dossier. Or, il ne
l’a pas fait. Ayman Sharawneh a mené une
grève de la faim de presque 6 mois
réclamant la fin de sa détention.
Le prisonnier maqdisi Samer Issawi
a été emmené d’urgence dans un hôpital
« israélien » suite à la détérioration
de son état. Il mène une grève de la
faim depuis 180 jours.
Dans une lettre adressée à une
association solidaire avec les
prisonniers, les prisonniers Tareq
Qaadane et Jaafar Izzidine, alors à leur
55ème jour de grève de la
faim, annoncent qu’ils refusent
dorénavant tous les médicaments et
toutes les visites médicales malgré la
détérioration de leur état de santé. Ils
réclament la libération immédiate de
tous les grévistes de la faim et des
détenus « administratifs ». Ils
écrivent : « nous menons une grève sans
précédent dans l’histoire du mouvement
des prisonniers. Notre grève sert à
colmater les brèches qui ont traversé ce
mouvement, essayant de préserver sa
pureté et les nobles buts nationaux
qu’il a accomplis tout au long des
années passées. Dès le début de notre
grève, nous avons voulu redonner à la
grève sa dignité et son audience. Nous
avons décidé de refuser tous les
médicaments et tout contact avec les
médecins.. Nous étonnant du silence
assourdissant envers notre cause, nous
nous demandons si nous sommes devenus
une charge pour notre peuple dont il
faut se débarrasser ? Des centaines de
prisonniers souffrent de maladies les
unes plus graves que les autres, sans
compter le froid qui ronge nos corps, et
l’humidité qui gèle notre sang. Nous
allons poursuivre notre chemin… jusqu’à
obtenir notre liberté (17 janvier). Le
conseil dirigeant du mouvement du Jihad
islamique dans les prisons sionistes a
rendu responsable les autorités
pénitentiaires et le gouvernement
sioniste de la vie des cadres du
mouvement, en grève de la faim, Tareq
Qaadane, Jaafar Izzidine et Youssef
Shaabane. Il a appelé à la solidarité
avec les résistants en lutte et a promis
« qu’il ne les laisserait pas seuls dans
le champ de bataille ». L’épouse de
Jaafar Izzidine poursuit la grève de la
faim (29 jours), en solidarité avec les
prisonniers en lutte.
Le prionnier Nazih Abu Aoun (50
ans), de Jbaa près de Jénine, a décrit
la détention administrative comme étant
« une lente exécution à mort du
prisonnier et de sa famille », puisque
le prisonnier ignore de quoi il est
accusé et quand sa détention s’achèvera.
Dans une lettre envoyée à un centre de
solidarité avec les prisonniers, Abu
Aoun a précisé que le but de la
détention administrative est de briser
la volonté des prisonniers. Le
prisonnier Nazih Abu Aoun est en
détention administrative depuis juillet
2011. Il avait été fait prisonnier entre
1993 et 1997, puis entre 1998 et 2004,
puis entre 2007 et 2010 (soit au total
14 ans d’incarcération).
La détention « administrative » a
été renouvelée à l’encontre du
prisonnier Ghanem Tawfic Sawalmeh (46
ans) de Nablus, le 18 janvier dernier,
quelques heures seulement avant la fin
de son incarcération. Les services de
renseignements sionistes ont prétendu
que sa libération constituait une menace
sur la sécurité de la région. Le
prisonnier avait rangé toutes ses
affaires et salué tous ses camarades de
cellules, attendant sa libération.
Ghanem Sawalmeh avait été détenu pendant
plus de 8 ans, la majeure partie en
détention « administrative ». Il avait
été refoulé vers Gaza en 2004, puis
revenu en Cisjordanie, il a été maintes
fois arrêté depuis. Sa dernière
arrestation date du 21 juillet 2011, et
sans aucune charge contre lui, les
autorités de l’occupation prononcent la
détention « administrative », renouvelée
3 fois.
La campagne pour l’abolition de la
« détention administrative » doit
s’élargir. La pression internationale,
le boycott des institutions sionistes,
la campagne médiatique pour la
libération des prisonniers, doivent
s’intensifier. Ne laissez pas les
prisonniers mourir ! Participez à la
bataille pour leur libération !
2 – Martyre du prisonnier libéré Ashraf
Abou Dhrey
Lundi 21 janvier, le prisonnier
libéré Ashraf Abou Dhrey (Al-Khalil) est
décédé des suites de plusieurs maladies
graves qui rongeaient son corps depuis
sa détention. La négligence médicale de
l’occupation envers les prisonniers et
les mauvaises conditions de détention
entraînent la maladie puis le décès de
plusieurs résistants. Abou Dhrey a été
détenu pendant 6 ans et demi , il était
à moitié paralysé lors de son
arrestation. Il fut libéré le 15/11/2012
et immédiatement transporté à l’hôpital
d’al-Khalil, étant donné que les
autorités carcérales sionistes avaient
refusé, tout au long de sa détention, de
le soigner. Seule l’occupation est
responsable de son martyre, ont affirmé
les multiples associations de solidarité
avec les prisonniers palestiniens. La
négligence médicale, politique
d’assassinat intentionnelle, menace plus
d’un millier de prisonniers
palestiniens. 13 d’entre eux souffrent
de cancer, 90 de maladies cardiaques et
de diabète. Des milliers de Palestiniens
ont participé à ses funérailles, alors
que les familles des prisonniers malades
craignent de plus en plus pour la vie de
leurs parents détenus.
3 – la saison du froid dans les prisons
sionistes
Les associations palestiniennes de
solidarité avec les prisonniers ont
rédigé plusieurs rapports sur les
conditions inhumaines dans les prisons
sionistes, notamment pendant la période
du grand froid qui a envahi la région.
Dans les prisons, c’est l’eau froide et
l’interdiction absolue de la réchauffer
pour se laver. Les autorités carcérales
ont interdit l’entrée de vêtements
chauds et de couvertures supplémentaires
pour les prisonniers palestiniens. Dans
la prison de Hawwara, l’eau est entrée
dans les celllules par les fenêtres, que
l’occupant a refusé d’isoler. Les eaux
ont envahi les cellules de la prison
militaire de Atzion au sud de Beit-Lehem,
ainsi que la prison de Shatta. De plus,
la plupart des prisons sont humides,
alors que celles qui sont situées en
plein désert comme celles du Naqab, de
Nafha et de Ramon, sont très froides en
hiver, notamment pendant la nuit.
4 – Enfants prisonniers
L’association « Defence for
Children International – section
Palestine » a déposé une plainte auprès
du conseiller juridique du gouvernement
sioniste, accusant les forces
sécuritaires de l’occupation d’avoir
torturé des enfants dans la prison de
Jalame. L’association a déclaré qu’au
mois de septembre 2012, ces forces ont
arrêté 5 enfants, avant de les emmener
au centre d’interrogatoire d’al-Jalame,
situé dans l’entité sioniste, ce qui
représente une violation de l’article 76
de la 4ème convention de
Genève, qui interdit le transfert des
civils de la zone occupée (Cisjordanie,
reconnue par l’ONU comme étant une zone
occupée). Les enfants ont été enfermés
dans des cellules étroites, entre 4 et
29 jours, et privés d’avoir des contacts
avec l’extérieur. Ils ont été soumis à
des interrogatoires longs, attachés sur
des chaises. L’association signale qu’en
2008, 59 enfants avaient été détenus en
isolement dans le centre
d’interrogatoire d’al-Jalame, de Petah
Tikva et de la prison de Hasharon.
Arrêtés il y a presque un an, les
8 enfants du village de Bayt Ummar sont
privés de tous leurs droits humains. Le
7 mars 2012, les forces de l’occupation
lancent une attaque contre leurs maisons
et les emmènent pour interrogatoire.
Saed Salibi, Muhan Adi, Sami Abu Jawde
ont juste 15 ans. Bilal Awad, Ayesh Awad,
Bassel Abu Hashem, Ahmad Issa ont à
peine 16 ans. Ils sont détenus dans la
prison de Ofer, dans la section 13
réserve aux adolescents. L’enfant Zayn
Abu Maria (14 ans) a été condamné à la
« détention à domicile » après que ses
parents aient été obligés de payer 5000
shekels.
5 – Libérés
25 ans après, l’occupation libère
le prisonnier Maqdisi Jihad Mustafa
Ubaydi. Né en 1967, il fut arrêté en
janvier 1988. Torturé dans le centre
d’interrogatoire al-Moskobiyya, il fut
accusé d’appartenir au FPLP et de
participer à la résistance, en
poignardant des soldats israéliens. Il
fut condamné à 25 ans de prison, au
cours desquels il connut toutes les
prisons de l’occupation et ses centres
d’interrogatoire.
20 ans après, le prisonnier Ahmad
Arida (42 ans), du village Arraba près
de Jénine, a été libéré.
En
janvier 1993, il fut condamné à 20 ans
de prison, pour appartenance au
mouvement du Jihad islamique en
Palestine. Ahmad Arida se trouve dans la
prison de Shatta avec son frère Mahmoud
(38 ans) détenu depuis 1996 et condamné
à la prison à vie. Son second frère,
Raddad (36 ans) est enfermé dans la
prison de Meggido, depuis 1999 et a été
condamné à 19 ans de prison. A sa sortie
de prison, Ahmad Arida a réclamé une
forte mobilisation pour la libération
des prisonniers en lutte et de tous les
prisonniers, qui subissent une
répression amplifiée depuis quelques
années.
6 – Les prisonniers ont-ils le droit de
manifester leur joie ?
Les
geôliers de la prison « Eshel » (prison
du Naqab) disent non : les prisonniers
palestiniens n’ont pas le droit le
faire. C’est pourquoi ils doivent être
punis et réprimés. Suite à la découverte
d’un passage vidéo qui montre des
prisonniers en train de féliciter l’un
de leurs camarades, qui vient de se
fiancer, ce passage circulant sur les
sites facebook, la direction carcérale
de l’occupation a envoyé ses forces
spéciales contre les prisonniers : ceux
qui paraissent sur la vidéo ont été
isolés (27 prisonniers), les cellules de
la
section 10 ont été fouillées de
fond en comble, c’est-à-dire que les
affaires privées des prisonniers ont été
dispersées, les prisonniers ont été
interdits de visites familiales et des
visites inter-cellules, pendant deux
mois. Les prisonniers ont refusé ces
mesures punitives et ont commencé un
mouvement de protestation, refusant les
repas, et dans un communiqué, ils ont
donné 48 h à la direction carcérale pour
arrêter ses attaques, avant qu’ils
n’envisagent d’autres mesures (20
janvier).
Les unités spéciales formées pour
la répression des prisonniers sont
intervenues le 21 janvier contre la
section 8 de la prison du Naqab.
7 - Portrait
La dernière arrestation de
Mohammad Kanaane (Abu Asaad),
Palestinien originaire du village de ‘Arrabe
en Galilée (occupée en 1948) date
d’avril 2012. Il a été condamné à 15
mois de prison ferme. Son crime ? Ne pas
avoir repecté la « détention à
domicile » prononcée contre lui un an
plus tôt, parce qu’il avait participé à
la journée d’al-Nakba, dans le Golan
occupé et soutenu les réfugiés
palestiniens, venant de Syrie, qui
avaient pu y entrer. Mohammad Kanaane a
été secrétaire général du mouvement
Abnaa al-Balad, jusqu’au début de 2012,
date à laquelle le mouvement fut
recomposé et sa direction collégiale
unifiée. Au cours de l’été 2003, il est
arrêté pendant quelques semaines pour
avoir organisé un camp de jeunes, au
cours duquel le drapeau palestinien fut
hissé. Quelques mois plus tard, en
février 2004, il est arrêté alors qu’il
se trouvait chez lui, ainsi que son
frère Hussam Kanaane et un autre membre
du mouvement, Sahar Abdo, au cours d’une
opération policière de grande envergure,
notamment à Arrabe : sa maison est
fouillée de fond en comble, ses affaires
et celles de son épouse et de ses
enfants confisquées ou dispersées, sa
propre mère agressée. A Haïfa, les
locaux du mouvement sont vandalisés. Si
Sahar Abdo est libérée un mois plus
tard, Mohammad sera détenu pendant 4
ans, alors que son dossier
« sécuritaire » est vide, et son frère
Hussam sera condamné à 9 ans de prison.
En 2010, son propre fils, Asaad, est
arrêté, accusé d’avoir pris à partie un
Palestinien de ‘Arrabe, engagé dans
l’armée de l’occupation. Il sera
condamné à dix mois de prison.
Abu Asaad fut maintes fois détenu
« administratif » (ce qui correspond
dans les territoires occupés en 48 à une
« détention à domicile »). Militant
nationaliste infatigable, il participe,
lorsqu’il est libre de ses mouvements, à
toutes les manifestations et les actions
en faveur des droits de son peuple. En
prison, il a écrit de nombreux poèmes,
et écrit régulièrement des articles
diffusé sur internet, à propos de la
situation palestinienne et arabe. Il est
détenu dans la prison de Shatta, mais sa
famille est souvent empêchée de lui
rendre visite.
8 – Solidarité
A l’initiative du FDLP, un
rassemblement de solidarité est organisé
à Salfit, en Cisjordanie, avec les
prisonniers grévistes de la faim, et
notamment Samer Issawi. 7 jeunes
Palestiniens mènent une grève de la faim
en solidarité avec les prisonniers, dans
la tente dressée dans ce but.
Un mouvement de solidarité avec la
lutte des prisonniers palestiniens, sur
internet, a vu le jour. C’est la
campagne « Who’s Samer ? » lancée par
des jeunes de Gaza en collaboration avec
plusieurs militants américains. Il
s’agit de faire connaître la bataille
menée par Samer Issawi, prisonnier
« administratif » d’al-Qods, qui avait
été libéré lors de l’opération d’échange
en octobre 2011 contre le soldat
sioniste Shalit.
Les réfugiés palestiniens du camp
al-Am’ari (Cisjordanie) se sont révoltés
en soutien aux prisonniers détenus dans
la prison d’Eshel, sauvagement réprimés
par les autorités carcérales. Les forces
sécuritaires sont intervenues pour
réprimer les manifestants, qui avaient
coupé la route avec des pneus en flamme.
Par ailleurs, le silence de la
télévision de l’Autorité sur le
mouvement de grève de la faim mené par
les prisonniers et la solidarité avec
eux a été dénoncé par sheikh Khodr
Adnane, qui s’est inquiété du degré
d’insouciance de l’Autorité et de ses
médias, alors que les prisonniers en
grève de la faim risquent la mort à tout
instant.
Cependant, le président de Nadi
al-Assir, Kaddoura Farès, ancien
prisonnier libéré suite aux accords
d’Oslo, a annoncé la formation d’un
« conseil de défense des prisonniers en
grève de la faim » à Ramallah afin de
coordonner toutes les activités de
solidarité avec les prisonniers. Il a
également annoncé que le gouvernement
égyptien est en cours de négociations
avec l’entité occupante pour la remise
en liberté de tous les prisonniers qui
avaient été libérés lors de l’opération
d’échange en octobre 2011.
Janvier 2013 - N° 1
Janvier 2013 - N° 2
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