Opinion
Air France et
Fabius : la peste et le choléra
Rim
al-Khatib
Dimanche 19 août
2012 La polémique entre la compagnie Air
France et le ministre des AE,
Fabius, est une polémique entre deux
représentants de l'impérialisme
français. Rappelons les faits. La
compagnie Air France devait atterrir
à Beirut, et contrairement à toutes
les compagnies aériennes, décide de
détourner le vol vers Amman
(Jordanie) quand son équipage
apprend que la route en direction de
l'aéroport est fermée par des
manifestants (les familles des onze
pélerins kidnappés par la soi-disant
armée libre de Syrie). Cette
fermeture de la route, la seule
menant vers l'aéroport, n'a duré que
quelques heures, en fait beaucoup
moins que les journées de grève dans
les aéroports parisiens où les
voyageurs devaient attendre, sur des
bancs, des jours entiers, avant de
reprendre leur destination. Air France, dans un geste de
pression sur le gouvernement
libanais décide de détourner son
vol, alors que rien ne l'y
obligeait. Il s'agit d'une décision
hautement politique, et non
technique, faisant croire que
l'aéroport international de Beirut
n'est plus fonctionnel à cause des
manifestants. Il faut rappeler que
tous les autres avions ont atterri à
Beirut, sans problèmes. Mais l'histoire ne s'arrête pas là,
et montre la félonie de la
compagnie. L'équipage découvre,
après sa décision, qu'il est à court
de kérosène et qu'il ne peut qu'atterrir
qu'à Damas, capitale de la Syrie. Il
y atterrit donc, dans une capitale
soumise aux tirs, alors qu'il n'y
avait aucun risque à Beirut. L'équipage
découvre à ce moment qu'il manque
d'argent pour acheter le kérosène.
Il fait la quête auprès des
voyageurs. Il achète donc le
kérosène et au lieu de retourner à
Beirut où la route s'est ouverte, il
emmène les voyageurs vers Chypre,
toujours dans une tentative de faire
pression sur les autorités
libanaises, pour affirmer une
attitude hautement politique contre
les manifestants et provoquer une
guerre civile, au moment où les
voyageurs des autres compagnies
rentraient tranquillement chez eux. Mais l'attitude d'Air France, contre
les manifestants, n'a eu d'effet que
sur les voyageurs, ballotés d'un
pays à l'autre. Sur place, elle n'a
fait que confirmer la félonie de la
compagnie dont l'équipage a affiché,
plus d'une fois, son arrogance
envers les voyageurs, libanais et
arabes. Fabius, de passage à Beirut,
critique l'attitude de la compagnie
Air France, non pas pour être
intervenue directement dans un
conflit libanais-libanais, mais
parce qu'elle aurait mis en danger
la vie de certains voyageurs, des
syriens de l'opposition, qui étaient
au bord de l'avion. Donc, ce n'est
pas l'intervention dans les affaires
internes du Liban qui est en jeu.
C'est le fait d'avoir "mis en
danger" la vie de quelques opposants
syriens. Donc, si l'avion avait du
kérosène et avait atterri à Amman, il
n'y aurait pas eu de polémique, au
contraire, Air France aurait été
remerciée pour avoir apporté un coup
de pouce en faisant pression sur le
gouvernement libanais. Cette affaire, banale, montre le
degré d'implication de la France, et
de ses institutions, dans le conflit
en Syrie et au-delà, au Liban. La
France n'a jamais été neutre, elle
est impérialiste, elle soutient le
sionisme et ne cherche qu'à protéger
les intérêts de l'Etat sioniste dans
la région. Contre la résistance,
contre les forces et pays qui
soutiennent la résistance, la France
s'enfonce dans le conflit. Jusqu'à
quand ??? Ne craint-elle pas les
retombées de son implication ??? Dans tous les cas, cette affaire
vient renforcer l'attitude de ceux
qui appellent au boycott d'Air
France, comme représentant de
l'impérialisme français.
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