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Jénine
Commémorer la vaillante résistance et le
massacre du camp de Jénine
Rim al-Khatib
6 avril 2007
C'est vers la fin du mois de mars 2002 que les troupes de
l'occupation israélienne se sont lancées à l'assaut du camp
de Jénine, pour détruire la résistance.
Pendant plus de 10 jours, les résistants unis et la population
du camp se sont opposés à une armée des plus puissantes du
monde, qui avait mis tous ses moyens pour faire plier la résistance.
La bataille de Jénine est une victoire de la résistance, car
l'occupation n'a pu mettre fin aux combats qu'en commettant
un massacre odieux, abject, où les chars et les bulldozers ont
écrasé des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards,
des handicapés, des malades, soit une population civile qui
avait refusé d'abandonner les combattants, tout comme elle
avait refusé de sortir de ses maisons comme l'occupant
l'ordonnait. Israël n'a pas remporté de victoire, Israël a été
vaincu par une poignée de résistants déterminés à combattre
et à défendre le camp. C'est de cette manière qu'Israël
finira : en commettant massacres sur massacres, pensant qu'il
viendra à bout de la résistance héroïque du peuple
palestinien.
Beaucoup d'enseignements peuvent être tirés de la bataille de
Jénine, qui reste un phare dans la lutte palestinienne.
Rappelons quelques éléments :
- Les résistants furent unis, toutes tendances et forces
politiques confondues, pour défendre le camp. Les divers témoignages
recueillis des dirigeants détenus aujourd'hui ou des
combattants recherchés mettent l'accent sur cette unité
exemplaire qui a rassemblé les résistants, avant, au cours et
après la bataille. Jénine et notamment le camp de Jénine
restent un phare dans l'unité des forces de la résistance.
- Les résistants, parce qu'ils étaient unis, ont réussi à préserver
la couverture populaire : les habitants du camp n'ont pas lâché
les résistants, ils ont refusé de répondre aux forces
sionistes qui leur ont ordonné d'isoler les combattants, afin
que ces derniers deviennent une cible facile. La population
a protégé les résistants, qui sont du peuple et qui ont résisté
pour le peuple. Les divers témoignages recueillis et qui sont
en train d'être recueillis affirment que la population du camp
a soutenu et aidé les résistants : en leur apportant des
repas, en les cachant, en les faisant passer d'une maison à
l'autre et en les soignant quand ils étaient blessés.
- Malgré la défection de plusieurs cadres politiques et
militaires des forces palestiniennes en Cisjordanie, malgré les
directives contradictoires, malgré le blocage des armes
en direction des combattants du camp de Jénine, la résistance
a eu lieu, pour indiquer la voie de la dignité et de la
libération. Les combattants du camp ont refusé d'entendre
toutes les voix qui les appelaient à déposer les armes et à
se rendre, parce qu'ils étaient, toutes tendances politiques
confondues, animés d'une foi immense en la nécessité de résister.
Ne pas résister signifiait généraliser un esprit défaitiste
et attentiste au sein du peuple palestinien. Ne pas résister
signifiait donner raison à ceux qui voient dans le peuple
palestinien un peuple à secourir seulement, et non pas un
peuple qui montre la voie : la voie du refus et de la résistance
à l'oppression. La résistance à Jénine a indiqué la
voie, à tous les peuples du monde leur disant : ne courbez
pas l'échine, résistez à l'oppression et à l'injustice!
- Une poignée de résistants, ayant des moyens faibles, ont
porté des coups militaires à l'armée d'occupation. De
nombreux soldats furent tués, et le camp de Jénine fut considéré
par l'état major israélien comme une citadelle. Jusqu'à présent,
l'armée d'occupation n'a pas réussi à vaincre le camp, même
lorsque les sionistes essaient d'assassiner les résistants.
- Lors de la chute de Baghdad, en Irak, le parallèle avait été
fait avec la résistance du camp de Jénine. Deux voies, deux résultats.
La résistance du camp de Jénine indique clairement la voie
juste, celle qui empêche le démantèlement de la société et
la destruction de tous les moyens de vie. D'autres résistances
ont eu lieu depuis, celles de Beit Hanoun, dans la bande de
Gaza, et celle du Liban en juillet-août 2006. De Jénine au
Sud-Liban, de Beit Hanoun à la banlieue sud de Beyrouth, c'est
la même détermination et la même voie qui essaient de
percer ce mur constitué par les régimes arabes, leurs alliés
internes et internationaux. C'est le même esprit qui se dégage
: des poignées de combattants, issus du peuple qui les
soutient, relèvent la tête dignement et s'opposent
militairement à la machine de guerre de l'oppression mondiale.
- La leçon donnée par la résistance, dans le camp de Jénine,
à Beit Hanoun et au Liban, c'est de dire aussi que nous ne
pourrons pas nous relever sans sacrifices. Les sacrifices sont
trop lourds et insupportables, humainement. Mais ils sont nécessaires,
car notre ennemi est puissant et qu'il est prêt à commettre
des dizaines et des dizaines de massacres pour broyer toute idée
d'indépendance et de liberté. Nous ne remporterons pas de
victoire en voulant éviter les sacrifices. Ce calcul mesquin
est historiquement faux, et de plus, chaque massacre commis
par l'ennemi le déshumanise et précipite sa chute, malgré
toute l'apparence de puissance qu'il affiche. Chaque massacre
commis par les sionistes qui occupent la Palestine ébranle les
fondements de leur société et les pousse à fuir encore plus
vers l'avant. Et pendant ce temps, les résistants palestiniens,
libanais et arabes sont toujours là, inébranlables, sûrs de
leur droit et du droit de leurs peuples à une vie digne et
libre, débarrassée de l'oppression et de l'occupation impérialo-sionistes.
C'est cela que nous inspire la commémoration de la bataille et
du massacre du camp de Jénine.
C'est l'esprit de la résistance héroïque qui nous anime,
chaque fois que nous commémorons, dans nos coeurs, la bataille
et le massacre du camp de Jénine.
Le camp de Jénine n'oublie pas, ni sa résistance, ni le
massacre !
Gloire aux martyrs ! Gloire aux résistants !
et la Palestine vaincra!!
Rim al-Khatib
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