Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons »
Rim al-Khatib
Samedi 2 février
2013 Février
2013 - N° 4
I - Abolir la détention
« administrative »
L’occupant a pris la décision de laisser
mourir les prisonniers grévistes de la
faim, à moins qu’il ne ressente le
danger d’une confrontation militaire,
notamment en provenance de la bande de
Gaza, où le mouvement du Jihad islamique
a menacé l’occupant sioniste de rompre
la trêve implicite entre la résistance
et l’occupant si l’un des prisonniers
tombait. En même temps, de multiples
cellules de la résistance palestinienne
sont entrées en action en Cisjordanie
occupée pour kidnapper un soldat ou
colon, en vue de l’échanger avec les
prisonniers. C’est ce qu’indique en tout
cas l’occupant qui a multiplié les
arrestations de Palestiniens. C’est
aussi cette effervescence en Cisjordanie
occupée qui peut peser sur la décision
sioniste, celle de libérer les grévistes
de la faim. Il faut également ajouter le
mouvement de lutte qui s’organise à
l’intérieur même des prisons, soit
autour de revendications spécifiques,
soit autour du soutien aux grévistes de
la faim. Mais
jusqu’à présent, malgré la
gravité de l’état de santé des
prisonniers grévistes, le mouvement de
solidarité, en Palestine et dans le
monde, reste timide. Des initiatives
sont prises ici et là, mais restent peu
efficaces pour d’une part, informer
l’opinion internationale sur le
mouvement de la lutte des prisonniers et
d’autre part, mener une large campagne
pour abroger la détention
administrative.
Le
prisonnier Akram Rikhawi, qui devait
être libéré à la fin du mois de janvier,
après une longue grève de la faim, a
repris la grève de la faim illimitée
pour réclamer sa liberté. Akram Rikhawi
avait reçu l’assurance des autorités
sionistes, que sa détention ne serait
pas renouvelée s’il cessait sa grève de
la faim. Or il n’a pas été libéré.
La santé du combattant prisonnier Samer
Issawi est en détérioration constante.
Sa famille et son peuple attendent d’un
moment à l’autre l’annonce de son
martyre. Samer a décidé d’offrir sa vie
pour la liberté des prisonniers et
l’abrogation de la détention
administrative.
Le combattant Ayman Sharawneh a été
transféré du centre d’isolement de la
prison Eshel dans Beer Saba’, dans al-Naqab,
vers l’hôpital de la prison de Ramleh.
Il a été de nouveau transféré vers
l’hôpital Soroka, dans al-Naqab, et
retourné dans une cellule d’isolement
dans la prison de Ramleh. Les autorités
de de l’occupation visent, par ces
déplacements incessants d’un prisonnier
en grève de la faim, à faire pression
sur lui, pour qu’il arrête sa lutte et
pour susciter des doutes quant à sa
décision de poursuivre la grève.
Le prisonnier Youssef Shaabane (33 ans)
a cessé la grève de la faim, à cause de
la détérioration de son état de santé,
apès deux mois de lutte. Il a été
immédiatement transféré à la prison de
Meggido, au lieu d’être suivi
médicalement, et privé de la visite de
son avocat.
Le prisonnier combattant Bassam Diab a
été condamné à la détention
administrative pour 6 mois. Bassam Diab
est le frère de Bilal Diab, qui avait
mené une longue grève de la faim, en
tant que détenu administratif, et fut
finalement libéré. Bassam Diab avait
participé à la mobilisation populaire de
soutien aux grévistes. Plusieurs fois
prisonnier (6 ans en tout), Bassam Diab
a été arrêté lors de la rafle contre les
membres du mouvement du Jihad islamique
en Cisjordanie occupée, il y a trois
semaines.
La détention administrative du député
Bassem Zaarir (51 ans) a été prononcée
pour 6 mois. Le député Zaarir a été élu
dans la province d’al-Khalil. Il a à
nouveau été arrêté le 23 novembre
dernier avec 5 autres députés pour
incitation contre l’occupation.
« Rien, aucune pression, aucune
punition, aucun acte de l’occupation ne
nous empêcheront de poursuivre notre
lutte pour arracher notre liberté et
dignité et nos droits légitimes. Même si
chaque partie de notre corps tombe en
morceaux, même si l’un de nos yeux
lorgne vers une telle « solution », nous
le crèverons », ont déclaré les
combattants prisonniers, Tareq Qaadane
et Jaafar Izzidine. Devant leur état
alarmant, les autorités de l’occupation
ont emmené les deux cadres dirigeants du
mouvement du Jihad islamique à
l’hôpital, où il leur fut injecté du
sérum par voie intraveineuse. Ils ont
été à nouveau transférés à
l’hôpital-prison de Ramleh (29 janvier).
Le mouvement du Jihad islamique en
Palestine est décidé à rompre la trêve
et à lancer ses fusées sur l’entité de
l’occupation si l’un des prisonniers
grévistes décède.
Au cours de la journée du 25 janvier
2013 que le mouvement avait décrétée
« journée de la solidarité avec les
prisonniers grévistes de la faim », le
vice secrétaire général du Jihad
islamique, Ziyad Nakhalé, a déclaré,
s’adressant à tous ceux qui, en
Cisjordanie, à Gaza, dans les
territoires occupés en 48 et dans
l’exil, ont activement participé à cette
journée : « En ce jour béni, nous sommes
debout, unis autour d’une seule cause,
nous proclamons tous ensemble que nous
sommes avec nos héroïques prisonniers
qui ont transformé leurs corps en épées
contre la tyrannie de l’occupation et
ses appareils sécuritaires, en défense
de leur dignité et de leur humanité, et
pour en finir avec la persécution
sioniste incessante de notre peuple et
la pratique des arrestations de nos
combattants et de nos combattantes.
Vos fils et vos frères ont livré leurs
corps en signe de volonté, de victoire
et de sacrifice, pour affirmer au monde
entier qu’ils sont déterminés à vaincre
la défaite, la peur et l’humiliation.
Ils sont vainqueurs par leur volonté
contre l’hésitation et la compromission.
Ils suivent une voie qu’ils connaissent
et qu’ils ont déjà empruntée et par
laquelle ils ont déjà réalisé des acquis
énormes sur le chemin de la liberté,
comme l’a fait le grand combattant Khodr
Adnane, les frères Bilal et Thaer et la
sœur Hana’. Aujourd’hui, il s’agit d’une
nouvelle phase de la lutte et de la
résistance, menée par les chevaliers de
ce peuple, qui s’élèvent au rang de
symboles d’une volonté inébranlable,
Samer Issawi, Ayman Sharawneh, le
dirigeant combattant Tareq Qaadane, le
dirigeant combattant Jaafar Izzidine et
le combattant Youssef Shaabane et le
combattant Akram Rikhawi. Nous les
nommons, un par un, car ils méritent
qu’on soit avec eux, et qu’on les aime,
parce qu’ils sont notre âme. Ils ont
transformé la bataille des « ventres
creux » en bataille de la dignité et de
la fierté face à Israël, et nous devons
parler de la bataille de la volonté,
pour briser cette arrogance sioniste…
A notre grand peuple, ceux qui se
tiennent aujourd’hui aux côtés de leurs
fils et frères combattants, doivent
savoir qu’ils empruntent le chemin vers
l’unité de notre peuple sous la bannière
de la lutte, et de ces épées brandies
face à Israël.. Que s’élargisse le
mouvement de la solidarité jusqu’à
couvrir toute la Palestine et le monde…
C’est là le critère de sérieux de ceux
qui parlent de l’unité du peuple et de
la géographie.. Ces dirigeants
(prisonniers) sont une dette et un
devoir que nous devons accomplir. Nous
devons nous mobiliser pour leur dignité.
A cette occasion, nous appelons
l’ensemble du peuple palestinien et des
peuples arabes à préserver un haut degré
de mobilisation aux côtés de la cause
des prisonniers.
Quelles que soient les circonstances et
les alliances maléfiques, la volonté des
peuples est indéniablement plus forte et
plus puissance que celle du geôlier qui
emprisonne encore des milliers de nos
héros. Hommage à tous ceux-là qui
dessinent, par leur ténacité, patience,
fermeté et volonté, la carte de la
Palestine.
De son côté, le dirigeant Khaled
al-Batch : « Le mouvement du Jihad
islamique ne restera pas inactif si l’un
de nos prisonniers décède, suite à la
négligence médicale de l’occupation
envers les prisonniers », appelant les
organisations de la résistance à adopter
une stratégie commune qui inclut la
libération de tous les prisonniers.
2 – La Croix Rouge Internationale
accusée de collaboration avec l’entité
sioniste
Le prisonnier libéré Fouad Razem,
originaire de la ville d’al-Qods et
refoulé vers la bande de Gaza, lors de
l’accord d’échange d’octobre 2011, a
nettement accusé le CICR de servir les
intérêts de l’entité sioniste, au lieu
de se tenir à distance entre
l’occupation et les prisonniers. Le CICR
refuse de soutenir la lutte des
prisonniers grévistes de la faim alors
qu’il avait dénoncé la capture du soldat
sioniste en 2006. Fouad Razem a indiqué
le mutisme du CICR quant à la grève des
prisonniers, et son refus de dénoncer
les détentions administratives, qui
s’apparentent à une torture
psychologique et qui visent à humilier
le peuple palestinien. De plus, le CICR
a été mis en cause parce qu’il avait
arraché les photos des prisonniers
grévistes de la faim, que les familles
des prisonniers avaient accrochées
devant son siège. En colère, les
familles ont décidé de boycotter les
services du CICR, d’autant plus, comme
l’explique la prisonnière libérée Fatima
Zekk, qu’il a toujours appliqué les
directives de l’occupation.
3 – Libéré
Le prisonnier Muhammad Abdallah Titi (41
ans) du camp de Balata, à Nablus, à été
libéré après avoir été détenu pendant 10
ans pour résistance à l’occupation. Son
frère Saoud (29 ans) est toujours
prisonnier, condamné à 16 ans de prison.
Les autorités carcérales ont refusé
toute demande de rencontre des deux
frères, sauf pour une journée, dans la
prison Ramon.
4 – Enfants prisonniers
Le bulletin mensuel de « Defence for
Children International – Palestine
section » signale une augmentation de
9,6% du nombre des enfants traduits
devant les tribunaux militaires
sionistes au mois de décembre, et une
augmentation de 9,5% des enfants arrêtés
âgés entre 12 et 15 ans. En 2012,
environ 600 enfants palestiniens ont été
arrêtés par l’armée de l’occupation. Au
mois d’octobre 2012, Mujahed S. âgé de
17 ans, est arrêté au barrage militaire
à l’entrée de son village Beyta. Il est
emmené au centre d’interrogatoire de
Jalameh et mis en isolement total
pendant 29 jours. Adham D., âgé de 17
ans, est arrêté à Nablus et emmené au
même centre, et mis en isolement pendant
12 jours.
5 – L’Autorité Palestinienne de Ramallah
poursuit les prisonniers libérés
Les services sécuritaires de l’AP ont
arrêté le combattant libéré Mu’tazz
Faraj Abido, 33 ans, dans la ville
d’al-Khalil, en Cisjordanie, de manière
sauvage et inhumaine, ne tenant pas
compte de son handicap. Combattant du
mouvement du Jihad islamique, le
prisonnier libéré Mu’tazz souffre d’un
handicap partiel depuis son arrestation
en 2012 puis détention pendant 4 mois,
par les forces de l’occupation, qui
avaient refusé de soigner ses blessures.
Malgré son handicap, Mu’tazz a
participé à toutes les manifestations de
soutien aux prisonniers grévistes de la
faim.
6 – Intimidation et terreur
Les forces de l’occupation ont arrêté la
mère d’un prisonnier appartenant au
mouvement du Jihad islamique, Jamila
Afif Ubayd, 70 ans, de ‘Arraba, près de
Jénine, ainsi que sa fille, lors de la
visite du combattant Abed Mahmoud Ubayd
(33 ans) condamné à 27 ans de prison.
Elles ont été interdites de visite et la
mère du prisonnier a été emmenée au
centre d’interrogatoire de Jamaleh.
Quelques heures plus tard, elle est
relâchée.
Les nombreuses incursions de forces
spéciales dans les prisons de
l’occupation ont augmenté la tension
entre prisonniers palestiniens et
autorités carcérales. Les résistants
prisonniers commencent à s’organiser
pour mener une lutte et réclamer le
respect des accords signés par l’Etat
sioniste lors de l’échange des
prisonniers, en octobre 2011, avec
l’Egypte. Tous les points de l’accord
sont en train d’être violés par
l’occupation, l’isolement des
prisonniers, l’autorisation d’étudier,
la fin de la répression, l’arrestation
des prisonniers libérés.
7 – Portrait
Nader Sadaqa est un combattant
palestinien pour la liberté et la
libération de la Palestine. Il
appartient à la communauté samaritaine
(de confession juive) qui vit à Nablus.
Détenu depuis
le 17 août 2004, en plein combat contre
l’occupation, il est condamné à 6
perpétuités et 38 ans, dans la prison de
Gilboa.
Samer appartient au Brigades Abu Ali
Mustafa, du FPLP. Lors de l’Intifada al-Aqsa,
il rejoint la résistance armée, avec
pour mot d’ordre : « nous sommes « la
montagne de feu » (nom populaire de
Nablus) et quiconque nous agresse, nous
le réduisons en cendres ». Il a dirigé
et mené plusieurs opérations armées
contre l’occupation. Ses amis et
notamment Samer Abou Siz, samaritain
comme lui et prisonnier libéré lors de
l’accord d’échange en octobre 2011,
reconnaissent qu’en prison, le
combattant Samer Sadaqa a toujours
recherché l’unité avec toutes les
formations de la résistance, disant :
« l’occupation nous attaque en tant que
peuple, et nous devons lui résister
uni ».
La mère du combattant Sadaqa raconte que
le jour de son arrestation, les
occupants ont manifesté une grande joie,
et parce qu’il est de confession juive,
ils se sont défoulés contre « ce
samaritain qui les défiait », lui
faisant subir toutes sortes de tortures.
Pour l’occupant, il s’agissait de donner
une leçon inoubliable aux Samaritains de
la Palestine. Mais d’après les souvenirs
de sa mère, Samer répétait toujours :
« leur volonté n’est pas plus forte que
notre patience et notre fermeté ».
8 – Solidarité
A Gaza et en Cisjordanie
Au cours d’une manifestation de
solidarité avec les prisonniers
grévistes de la faim, à Arrabe, près de
Jénine, sheikh Khodr Adnan a annoncé que
plusieurs prisonniers détenus dans la
prison de Meggido ont entamé une grève
de la faim de trois jours en solidarité.
Les associations de solidarité
organisent quotidiennement des sit-ins
devant les sièges de la Croix-Rouge, à
Gaza et à Ramallah. Ces sit-ins sont
boudés par les médias internationaux et
par une grande partie des médias arabes.
Les organisations de la résistance
réunies dans un conseil pour la
solidarité avec les prisonniers
réclament l’ouverture d’une enquête
internationale concernant la mort des
détenus palestiniens, notamment le
martyr Abou Dhray, qui semble avoir été
victime des essais pharmaceutiques sur
les prisonniers palestiniens.
Le FDLP installe des tentes de la
solidarité avec les prisonniers
Dans le camp de Ayn El Helwé, le FDLP a
installé une tente de la solidarité avec
le prisonnier gréviste de la faim, Samer
Issawi. Il a également installé une
tente à Wadi Zeina, dans le Chouf
(Liban) appelant à un large mouvement de
solidarité pour faire pression sur
l’Etat sioniste.
L’Autorité Palestinienne et les
prisonniers grévistes
Ira-t-elle jusqu’à réclamer une session
du Conseil de sécurité de l’ONU pour
discuter de la gravité de la situation
des prisonniers palestiniens ? C’est ce
que promet Issa Karakae, ministre aux
affaires des prisonniers de l’AP à
Ramallah. Le ministre des AE de
l’Autorité a adressé une lettre au
président du Conseil de sécurité
réclamant « de punir Israël pour les
actes inhumains qu’il commet envers les
prisonniers ».
A cours d’un rassemblement tenu à
Ramallah, en soutien aux prisonniers,
Issa Karakae a déclaré que les autorités
égyptiennes font des efforts importants
pour la libération des prisonniers
palestiniens grévistes de la faim. Les
autorités égyptiennes négocient à
nouveau ce dossier avec l’occupant.
A Trablos, dans le nord du Liban,
plusieurs initiatives de solidarité avec
la lutte des prisonniers palestiniens :
un match de foot et une journée de
solidarité à l’école al-Nour, où les
élèves ont écrit des messages aux
prisonniers grévistes.
Janvier 2013 - N° 1
Janvier 2013 - N° 2
Janvier 2013 - N° 3
Le sommaire de Rim al-Khatib
Le dossier des prisonniers palestiniens
Les dernières mises à jour
|