Syrie
La présidence de
la Ligue Arabe cherche à étouffer le
rapport de ses experts
Jeudi 26 janvier
2012
Depuis le début des
événements qui endeuillent la Syrie,
deux versions des faits s’opposent :
pour les Occidentaux et leurs alliés du
Golfe, le régime réprime dans le sang
une révolution populaire, tandis que
pour la Syrie et ses alliés du BRICS, le
pays est attaqué par des groupes armés
venus de l’extérieur.
Pour faire toute la lumière sur ces
événements, la Ligue arabe a créé une
Mission d’observation composée par des
personnalités nommées par chaque État
membre (sauf le Liban qui n’a pas
souhaité participer). Cette diversité
des experts garantit l’impossibilité de
manipuler le résultat, leur nombre (plus
de 160) et la durée de leur mission (1
mois) permet de dresser le tableau bien
plus large que tous ceux dont on
disposait précédemment. A ce jour, aucun
organisme tiers ne peut prétendre avoir
conduit une enquête aussi vaste et aussi
rigoureuse, et par conséquent ne peut
prétendre mieux connaître la situation
en Syrie.
Le Comité ministériel de la Ligue
Arabe, chargé du suivi du Plan arabe et
composé de 5 États sur les 22 membres de
la Ligue (Algérie, Égypte, Oman, Qatar,
Soudan) a validé le rapport de la
mission par 4 voix contre 1 (celle du
Qatar) et a décidé de prolonger d’un
mois la mission des observateurs.
Le problème c’est que le rapport
confirme la version du gouvernement
syrien et infirme celle des Occidentaux
et des monarchies du Golfe. Notamment,
il atteste qu’il n’y a pas eu de
répression létale de manifestations
pacifiques et que tous les engagements
pris par Damas ont été scrupuleusement
respectés. Il valide aussi le fait
capital que le pays est déstabilisé par
des groupes armés, responsables de
centaines de morts parmi les civils
syriens et de plusieurs milliers dans
les rangs de l’armée, ainsi que
plusieurs centaines d’actes de
terrorisme et de sabotage.
C’est la raison pour laquelle le
Qatar cherche désormais à empêcher la
diffusion du rapport par tous les
moyens. En effet, celui-ci se révèle
être une véritable bombe pouvant se
retourner contre lui et son dispositif
de communication.
Le Qatar exerce actuellement la
présidence de la Ligue ; non pas que son
tour soit venu pour cela, mais parce
qu’il a acheté à l’Autorité
palestinienne son propre tour de
présidence.
La présidence de la Ligue a donc
décidé de ne pas diffuser le rapport de
la Mission d’observation, de ne pas le
traduire, et même de ne pas placer la
version originale arabe sur son site
internet.
Le risque pour l’Émirat wahhabite est
énorme. Si par malheur le public
occidental avait accès au rapport, c’est
bien au Qatar et à ses relais qu’il
risquerait de demander des comptes en
matière de démocratie et d’implication
dans le massacre de populations.
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