Blog René Naba
Le
Général Përvez Musharraf, un casse tête juridico-politique qui
place le Pakistan et les Etats-Unis face à leurs propres
contradictions
René Naba
14 octobre 2007
Sauf contretemps, Benazir Bhutto, ancien premier ministre du
Pakistan, l’enfant chérie des Américains et l’un des
artisans de l’arrivée au pouvoir des Taliban à Kaboul, rentre
au Pakistan, le 18 octobre, au terme de dix ans d’exil à Doubaï
et à Londres.
L’héritière de la dynastie Bhutto, seule et unique femme à
avoir diriger une République Islamique, le Pakistan, de surcroît
unique puissance nucléaire du Monde musulman, devrait prendre
part à la bataille législative, début janvier, dans une opération
parrainée par les Américains visant à renflouer le Président
Pervez Moucharraf, en perte de vitesse, et à restaurer une
apparence de démocratie dans un pays gangrené par la corruption
et la montée en puissance des Islamistes.
Benazir Bhutto, qui a dirigé le pays à deux reprises, de 1988
à 1990, puis de 1993 à 1996. est la présidente du «Pakistan
People Party», l’une des principales formations politiques de
son pays, fondé par son père, le charismatique Zulficar Ali
Bhutto, un nationaliste fougueux, ancien premier ministre d’une
démocratie autoritaire au Pakistan, destitué par le général
Zia Ul-Haq et condamné à mort par pendaison.
Pour prix de sa participation à ce simulacre électoral,
Benazir Bhutto se verrait confier les responsabilités de chef de
gouvernement.
En prévision de ce retour salvateur tant pour les Etats-Unis
que pour leur protégé, le président pakistanais a signé
vendredi 5 octobre un "décret de réconciliation"
ouvrant la voie à un accord de partage du pouvoir avec l'ancien
Premier ministre en exil. Le décret prévoit d'amnistier
plusieurs personnalités politiques accusées de divers crimes et
délits entre 1988 et 1999, dont Mme Bhutto, poursuivie pour des
faits de corruption quand elle a dirigé le pays à deux reprises,
de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996.
Le lendemain de ce décret de réconciliation, le Général
Musharraf remportait, sans surprise, l'élection présidentielle
qui se déroule au Pakistan au suffrage indirect. Mais la
validation de son élection demeurait tributaire d’un jugement
de la Cour suprême, dont le Président le juge Chaudry, un homme
de grande intégrité, est un farouche opposant aux dérives
totalitaires du chef de l’Etat pakistanais.
M. Musharraf, qui fait face à une violente contestation depuis
six mois, a remporté 384 des 702 voix du collège électoral,
soit 55% des voix. Mais près de 30% d'élus du collège membres
d'une coalition de l'opposition avaient démissionné de toutes
les assemblées pour protester contre la candidature du Général,
parvenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat mené sans
effusion de sang il y a huit ans.
Or, même massivement vainqueur dans les urnes, le Général-Président
pourrait être juridiquement disqualifié. L’examen de la
validité du processus électoral commencera en effet à partir du
17 octobre.
M. Musharraf a promis d'abandonner son poste de chef d'état-major
des armées, s’il était réélu, considérant que la
Constitution ne lui imposait pas de le faire avant la présidentielle,
comme le fait valoir l'opposition devant la Cour suprême.
Les Etats-Unis et le Pakistan font face à un véritable casse tête
juridico politique:
La renonciation du général à ses fonctions militaires pourrait
le fragiliser auprès de l’armée, épine dorsale du régime,
son invalidation par le Cour suprême ouvrir la voie à la
proclamation de la loi martiale, et même sa validation par la
juridiction suprême ne laverait pas son élection des soupçons
de manipulations, relançant la contestation contre son
gouvernement et son protecteur américain…autant d’hypothèses
qui placent l’Amérique de même que le Pakistan face à leurs
contradictions.
ReneNaba.blog.fr
traite de «l’instrumentalisation de l’Islam en tant
qu’arme de combat politique» à laquelle a grandement
contribué le Pakistan, aux côtés de l’Arabie Saoudite et des
Etats-Unis.
Avec rappel du rôle de Benazir Bhutto dans l’accession des
Taliban au pouvoir à Kaboul: http://renenaba.blog.fr/1996/12/01/
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Publié le 15 octobre 2007 avec l'aimable autorisation de René
Naba.
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