Opinion
L'Algérie ou la
tentation d'un splendide isolement
René Naba
René Naba
Lundi 5 novembre
2012 En Hommage à
Larbi Ben Mhidi, Ali La Pointe et Franz
Fanon (1).
الـفـتـن الـتـي
تـتخـفى وراء قـنـاع الـدين تـجـارة
رائـجة جـداً فـي عـصـور التـراجـع
الـفـكـري لـلمـجـتـمـعـات »
اإبـن خـلـدون
Le complot qui vise la dissension et qui
se cache derrière le masque de la
religion est un commerce qui s’épanouit
en période de régression de la pensée
dans les sociétés. (Ibn Khaldoun 27 Mai
1332-19 Mars 1406, père de la sociologie
moderne).
Image : 6 chefs
historiques, fondateurs du F.L.N. Photo
prise juste avant le déclenchement de la
révolution du 1er novembre 1954.
(Debout, de gauche à droite: Rabah Bitat,
Mostefa Ben Boulaid, Mourad Didouche et
Mohamad Boudiaf. Assis: Krim Belkacem, à
gauche, et Larbi Ben M’Hidi, à droite.)
L’Algérie ou la
tentation d’un splendide isolement ;
Les œillères de la facilité
Paris
- Dernier survivant de l’ancien Front du
refus arabe, qui regroupait les pays du
champ de bataille face à Israël et leur
hinterland stratégique, l’Algérie parait
happée par la tentation d’un splendide
isolement, l’ombre d’elle-même, aux
antipodes de la prodigieuse décennie de
la diplomatie multilatérale qu’elle
avait initiée dans la période 1970-1980
à en juger par le profil bas qu’elle
adopte depuis la fin de la «noire
décennie» de la guerre intestine
(1990-2000).
Mais pour légitime qu’elle puisse être,
cette tentation ne saurait tenir lieu de
ligne de conduite viable, et, en ce qui
concerne l’Algérie, crédible, par sa
contradiction avec la tradition
historique de ce pays militant, depuis
son indépendance il y a cinquante ans.
Aucun être n’est
réductible à un seul aspect de sa
personnalité, à une seule instance de
référence. L’être est pluriel. Algérien,
certes, Maghrébin, Méditerranéen, ou, si
l’on veut, selon la définition chère au
sénégalais Léopold Sedar Senghor, «arabo
berbère ou négro africain», selon le
hasard de la naissance et de la
généalogie.
Et, dans le cas d’espèce de l’Algérie,
francophone, francophile ou francophobe,
selon le degré des souvenirs et la
vivacité des ressentiments accumulés par
132 ans de présence coloniale. Mais en
tout état de cause relevant de la sphère
culturelle et religieuse arabo
musulmane.
L’interactivité
entre les éléments constitutifs de
l’histoire nationale est un fait
prégnant. La guerre d’indépendance de
l’Algérie en témoigne avec l’interaction
entre Machreq et Maghreb, matérialisée
par le soutien multiforme de l’égyptien
Gamal Abdel Nasser aux maquisards
algériens, la prestation réplique de
l’algérien Houari Boumediene à Anouar el
Sadate lors de la destruction de la
Ligne Bar Lev, en 1973.
Ou encore avec la dynamique de
changement impulsée par l’immolation de
Mohamad Bouazizi en Tunisie, en décembre
2011, dupliquée, dans la foulée, Place
Tahrir, au Caire, avec l’assassinat du
jeune activiste égyptien Khaled Saïd, un
enchevêtrement de faits qui a abouti à
la destitution de deux dictateurs, Zine
El Abidine Ben Ali (Tunisie) et Hosni
Moubarak (Egypte), en moins d’un mois
sur les deux versants du monde arabe.
Dans l’histoire contemporaine, les
exemples abondent de l’interactivité et
de la conjonction des faits et des
hommes.
Un être qui se vit
exclusivement Algérien, sans une vision
panoptique de la conjoncture, sans une
approche systémique des faits, est un
être hémiplégique qui ne saurait
appréhender véritablement le réel. Il ne
saurait participer lucidement au combat
des valeurs et des idées. Au combat
universel pour l’indépendance des
peuples colonisés, longtemps la marque
de fabrique de l’Algérie, aux côtés de
ses compagnons de route du calibre de
Frantz Fanon, originaire des Antilles
françaises, désigné pour représenter
l’Algérie… au Ghana en tant
qu’ambassadeur plénipotentiaire.
Le Monde viendra à
elle quand bien même l’Algérie ne va pas
à sa rencontre. Pour s’en convaincre, il
suffit de revenir à l’année charnière de
l’histoire contemporaine, 1989. Cette
année-là voit l’implosion de l’empire
soviétique avec la fin de la guerre anti
soviétique d’Afghanistan et la fin de la
guerre irako iranienne, c’est à dire la
fin des deux guerres de fixation des
pays de contestation de l’hégémonie
occidentale, l’URSS et l’Iran et le
début de la déstabilisation de
l’Algérie, leur allié sur le ponant du
Monde arabe.
La défaite de
l’URSS, sur le plan régional, a
intronisé les Talibans pro wahhabites,
galvanisés par leur victoire sur
l’athéisme, en maîtres d’œuvre d’un
Afghanistan sunnite frontalier d’un Iran
chiite, dans le prolongement d’un Irak
sunnite sous la houlette baasiste de
Saddam Hussein contenant le flanc sud de
l’Iran sur le golfe arabo persique.
L’Irak Khomeyniste
tentera d’en desserrer l’étau par une
sorte de dépassement par le haut, en
contournant le sunnisme non sur le plan
théologique mais sur le plan de
l’idéologie révolutionnaire.
La Fatwa anti Salmane Rushdie,
condamnant à mort l’écrivain indo
britannique pour apostasie pour avoir
ironisé sur l’une des épouses du
prophète, s’est inscrite dans cette
perspective. Elle a eu valeur symbolique
en ce qu’elle démontrait le souci des
Chiites, la branche minoritaire de
l’Islam, de faire respecter les dogmes
religieux avec la même vigueur que leurs
rivaux sunnites.
Au besoin en les
suppléant. Comme ce fut le cas lors de
la vague de colère suscitée dans le
Monde musulman après la projection d’e
l’extrait d’un film «L’Innocence de
l’Islam» dénigrant le prophète, en
septembre 2012.
D’une manière sous-jacente, de démontrer
que le zèle de l’Imam Ruhollah Khomeiny,
le guide de la Révolution Islamique,
l’habilitait, sur le plan spirituel, à
être l’alter ego du Roi d’Arabie
saoudite, le gardien sunnite des Lieux
saints de l’Islam.
Talibans / Al
Qaida ;
L’idéologisation de la guerre sur une
base religieuse
La Fatwa anti
Salmane Rushdie a constitué, sur le plan
théologique, la réplique stratégique
iranienne à une idéologisation de la
guerre sur une base religieuse, telle
qu’elle s’est déroulée en Afghanistan.
Ce faisant, le clergé iranien se plaçait
ainsi à l’avant-garde de la défense des
valeurs de l’authenticité et de la lutte
contre l’occidentalisation de la société
musulmane, au moment où les Talibans,
fer de lance anti soviétique, étaient
conduits à se concentrer sur leur base
territoriale nationale, l’Afghanistan,
cédant ainsi la place à «Al Qaida» pour
le leadership du combat à l’échelle
planétaire.
Symbole de la
coopération saoudo américaine dans la
sphère arabo musulmane à l’apogée de la
guerre froide soviéto-américaine, le
mouvement d’Oussama Ben Laden avait
vocation à une dimension planétaire, à
l’échelle de l’Islam, à la mesure des
capacités financières du Royaume
d’Arabie.
Le Djihad a pris
une dimension planétaire conforme à la
dimension d‘une économie mondialisée par
substitution des pétromonarchies aux
caïds de la drogue dans le financement
de la contre révolution mondiale. Dans
la décennie 1990 -2000, comme dans la
décennie 2010 pour contrer le printemps
arabe.
Si la Guerre du Vietnam (1955-1975), la
contre-révolution en Amérique latine,
notamment la répression anti castriste,
de même que la guerre anti soviétique
d’Afghanistan (1980-1989) ont pu être
largement financés par le trafic de
drogue, l’irruption des islamistes sur
la scène politique algérienne signera la
première concrétisation du financement
pétro monarchique de la contestation
populaire de grande ampleur dans les
pays arabes.
Dommage collatéral
de ce rapports de puissance, l’Algérie
en paiera le prix en ce que ce pays
révolutionnaire, allié de l’Iran et de
la Syrie, le noyau central du front de
refus arabe, évoluait en électron libre
de la diplomatie arabe du fait de la
neutralisation de l’Egypte par son
traité de paix avec Israël et la
fixation de la Syrie dans la guerre du
Liban.
Les Islamistes
algériens joueront toutefois de la
malchance en ce que le déploiement de
troupes occidentales, -dont soixante
mille soldats juifs américains-, à
proximité des Lieux Saints de l’Islam,
dans la région occidentale du royaume, à
l’occasion de la première guerre anti
irakienne du Golfe, en 1990, les placera
en porte à faux avec leurs bailleurs de
fonds, contraignant leur chef Abassi
Madani à prendre ses distances avec les
Saoudiens. Au titre de dommage
collatéral, le débarquement des «forces
impies» sur la terre de la prophétie
constituera le motif de rupture entre
Oussama Ben Laden et la dynastie
wahhabite.
L’instrumentalisation de l’Islam comme
arme de combat politique, en tant
qu’anti dote au nationalisme arabe anti
américain, dans la foulée de l’incendie
de la Mosquée d’Al Asa (1969), a
entrainé un basculement du centre de
gravité du Monde arabe de la rive
méditerranéenne vers le golfe,
c’est-à-dire des pays du champ de
bataille vers la zone pétrolifère sous
protectorat anglo-américaine.
Avec pour
conséquence, la substitution du mot
d’ordre de solidarité islamique à celui
mobilisateur d’unité arabe ainsi que le
dévoiement de la cause arabe,
particulièrement la question
palestinienne, vers des combats
périphériques (guerre d’Afghanistan,
guerre des contras du Nicaragua contre
les sandinistes), à des milliers de km
de la Palestine, et dans l’époque
contemporaine à des guerres contre les
pays arabes eux-mêmes (Libye, Syrie) ou
des pays africains (Nord Mali).
La déstabilisation
de l’Algérie a figuré, à nouveau, à
l’ordre du jour du «printemps arabe des
pays occidentaux» en ce qu’elle était
prévue dans la foulée de la mainmise
occidentale sur la Libye, à en juger par
les prédictions de Nicolas Sarkozy,
avant son trépassement politique,
s’exclamant par répétition ponctuée de
sauts de cabri «dans un an l’Algérie, et
dans trois ans l‘Iran».
L’Algérie, tout
comme l’Iran et la Syrie, figurent dans
le nouvel axe du mal profilé par les
stratèges occidentaux pour maintenir
sous pression les pays émergents, situés
hors de l’orbite occidentale.
Le voyage en Israël des dirigeants du
fantomatique gouvernement kabyle en
exil, Ferhat Mehenni (président) et
Lyazid Abid (ministre des affaires
étrangères), dans la foulée du voyage
d’intellectuels du Maghreb, Boualem
Sansal (Algérie), Hassan Chalghoumi
(Tunisie) et Nadia El Fanni (Tunisie),
ne relève pas du hasard.
Sous couvert de «dialogue des
religions», il participe d’une opération
de débauchage de personnalités
médiatiques en vue d’en faire des relais
potentiels dans la guerre psychologique
que mène clandestinement Israël dans la
déstabilisation de cette zone, en pleine
turbulence politique.
Le démantèlement
d’un important réseau israélien en
Tunisie, en 2012, relève de cette
stratégie, dont L’objectif à terme est
d’aménager la principale base
opérationnelle du Mossad au Maghreb,
dans ce pays en pleine transition
politique, à la charnière de l’Afrique
et de l’Europe, jadis chasse gardée
occidentale.
Collecte des informations à travers les
voyageurs tunisiens en Algérie et
Algériens en Tunisie. Action de
déstabilisation et guerre psychologique.
Action de sabotage et de terrorisme,
imputable à AQMI ou à toute autre
organisation fantoche figurent parmi les
objectifs de la plateforme disposant de
deux autres antennes, dont l’une à l’Ile
de Djerba, à proximité de la Libye.
Dans cette optique,
la formule de formule de Nicolas
Sarkozy, le plus philo sioniste et anti
arabe président de France - »Dans un an
l’Algérie, dans trois ans l’Iran »-,
loin de relever du vœu pieux ou du
hasard, prend rétrospectivement toute sa
signification.
Pour le lecteur
arabophone, Cf.; La Tunisie, plateforme
du Mossad au Maghreb du journal libanais
« Al Akhbar».
http://www.al-akhbar.com/node/166000
Vers la propulsion de
l’Algérie en partenaire majeure du BRICS
La réconciliation
entre la France et l’Algérie, présentée
comme nécessaire pour la pondération du
tropisme pro-israélien de la classe
politique française, devrait servir de
référence au comportement des
binationaux franco-arabes, d’une manière
générale aux détenteurs d’une double
nationalité (arabe et occidentale), en
ce que le partenariat binational se doit
de se faire, dans l’intérêt bien compris
des deux parties, sur un pied d’égalité
et non sur un rapport de subordination
de l’ancien colonisé, le faisant
apparaître comme le supplétif de son
ancien colonisateur.
Purger le passif
colonial sans en occulter les aspects
les plus nauséabonds dans le respect
mutuel et non dans une flexibilité du
naturalisé conspirant avec son pays
d’accueil contre son pays d’origine.
Soutien inconditionnel de l’irakien
Saddam Hussein, du zaïrois Mobutu Sessé
Seko, du gabonais Omar Bongo, du
togolais Gnassingbé Eyadema, du tunisien
Zine el Abidine Ben Ali , de l’égyptien
Hosni Moubarak, ostracisant ses fidèles
serviteurs Harkis, avant de voler au
secours des islamistes syriens, la
France en paie le prix en terme de
magistère moral: «L’influence de la
France au niveau international est assez
faible par rapport à celle des
États-Unis ou de la Chine en ce que «le
pays des Droits de l’homme». (…) a perdu
au fil du temps la mission de
transmission de ses valeurs», constate
l’énarque Claude Revel dans son ouvrage
« La France un pays sous influence»
(Editions Vuibert-2012).
La période de
cicatrisation consécutive à la «noire
décennie» s’est achevée en Algérie qui
doit secouer sa léthargie diplomatique
et reprendre un rôle pilote dans un
monde arabe déboussolé, fracturé, brisé
et humilié. Pour la survie du Monde
arabe, l’hégémon de la diplomatie arabe
ne saurait être, sous aucun prétexte,
laissé aux bédouins du Golfe, inciviles.
L’Algérie ne
saurait se contenter de son statut de
«pays émergent», qui n’est rien d’autres
qu’un strapontin, autrement dit « un
piège à cons », mais monter au créneau
par une meilleure répartition de ses
richesses, la relance de son
agriculture, le développement de son
énergie solaire en même temps que son
tourisme, pour rejoindre les BRICS
(Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde).
Au BRICS en tant que représentante des
pays arabes et musulmans, pour y
développer une coopération Sud-Sud, en
substitution à une coopération verticale
de subordination et de prédation des
économies nationales des pays arabes. En
un mot, établir un rapport de qualité
entre les deux sphères de la
Méditerranée et entre les deux
hémisphères de la planète.
Demander des
comptes à tous ceux qui ont dévoyé
l’Islam, les wahhabites, bailleurs de
fonds des Taliban destructeurs des
Bouddhas de Bamyan, qui ont aliéné
gratuitement 1,5 milliards d’hindous, et
les salafistes atlantistes du Qatar,
parrains des Touaregs destructeurs des
sanctuaires de Tombouctou, qui ont
aliéné de leur côté près d’un milliards
de croyants d’Afrique noire, développant
une incroyable islamophobie à travers le
Monde.
Le Qatar, l’apprenti
sorcier.
L’Afrique est
partiellement redevable de son
indépendance à l’Algérie, de la même
manière que la défaite française de Dien
Bien Phu (1955) a pesée lourd dans la
décision française de renoncer à son
ancienne colonie chérie.
Par effet de boule,
il en a été de même de l‘Afrique. Le
coût humain et matériel de la guerre
d’Algérie a précipité l’indépendance des
pays africains de l’espace francophone,
dont l’indépendance, curieusement, a
précédé de deux ans celle de l’Algérie,
de crainte que l’effet de contagion
n’embrase le continent noir et que la
chaudière africaine n’embrase à son tour
les intérêts africains de la France et
de l’armée française, exsangue par huit
ans de combat français anti-fellaghas.
La coopération algéro malienne a été
mise à mal par le roitelet du Qatar,
mercenaire par excellence des menées
anti-arabes du pacte atlantique.
Les pilleurs du patrimoine de
l’humanité, nouveaux barbares ivres de
pétrodollars, doivent rendre des
comptes.
L’empire musulman auquel ils rêvent tant
doit préalablement à son avènement se
purger de tous les mystificateurs, les
faux prophètes qui sont en fait les
prophètes de notre malheur.
N’en déplaise aux esprits chagrins, le
nationalisme arabe a libéré le Monde
arabe des bases occidentales de Bizerte
à Aden en passant par Mers El Kébir et
Suez, Wheelus Airfield et Al Adem en
Libye, impulsant même dans la décennie
1970 une dynamique vers l’indépendance
des émirats mirage de l’ancienne Côte
des pirates, alors qu’en contre champ le
wahhabisme salafiste s’est appliqué
méthodiquement à réimplanter les bases
militaires atlantistes sur les débris du
nationalisme arabe, dans les
pétromonarchies, la réserve énergétique
stratégique du Monde arabe, de Bahreïn
au Qatar, au Sultanat d’Oman, à Abou
Dhabi (Emirats arabes Unis). Et, dans
des guerres mercenaires, rétablir les
trusts pétroliers occidentaux en Irak et
en Libye.
Hypocrites
wahhabites qui excluent la Syrie de
l’Organisation de la Conférence
Islamique mais laissent fermer, faute de
fonds, l’Hôpital Al Maqassed, le plus
grand hôpital palestinien de Jérusalem.
Hypocrisie occidentale dès lors qu’il
s’agit de pétrole et de terrorisme, dont
la fermeté avec la Syrie tranche avec le
laxisme avec le golfe pétro monarchique
quand bien même «des fonds privés
d’Arabie saoudite, du Koweït et du Qatar
constituent la source de financement la
plus importante des groupes terroristes
sunnites du monde entier», selon la mise
en garde de Hillary Clinton, secrétaire
d’état américain, aux diplomates
américains dans la zone et révélée par
Wikileaks (2).
Affaiblir la
Russie, la Chine et la Syrie dans une
guerre d’usure contre le régime de Damas
de même que l’Algérie dans un rôle de
gendarme aux confins du Mali, paraissent
être les objectifs prioritaires du bloc
atlantiste en ce que la déstabilisation
de la zone sahélo saharienne
favoriserait le maillage de l’Afrique
par les armées occidentales, sans
réplique russo-chinoise, sous couvert de
lutte contre le terrorisme.
Cela vaut particulièrement le Maghreb,
l’ultime barrage face à la percée
chinoise en Afrique, l’ultime récif face
au contournement de l’Europe, par son
flanc sud, via le continent africain.
L’axe Chine-Europe qui représente les
deux extrémités de la vaste étendue
continentale euro-asiatique, constitue
le centre de gravité pérenne de la
géostratégie de l’histoire de la
planète, matérialisée par la route de la
soie, la route des parfums et de
l’encens, et, dans la période
contemporaine, par la route de la
drogue.
Le Monde arabe en constitue le maillon
intermédiaire, à la jonction de trois
voies de navigation maritime
internationale (Atlantique-Méditerranée,
via Gibraltar, Méditerranée-Océan
indien, via le Canal de Suez, Golfe
persique-Mer rouge Océan indien via le
détroit d’Ormuz), de surcroît à
l’intersection de deux continents
(Asie-Afrique). Du fait de ses
divisions, ce maillon intermédiaire en
est son ventre mou, qui se devra d’être
son articulation centrale, par
musculation des abdominaux.
Tel devrait être la
tâche majeure de l’Algérie au seuil du
XXI me siècle, aux côtés de tous ceux
qui, au sein du Monde arabe, rejettent
la logique de vassalité et se proposent
de le doter d’un «seul critique» à
l’effet de le propulser au rang
d’interlocuteur majeur de la scène
internationale.
L’Algérie ne
saurait concevoir son destin hors de la
sphère arabo musulmane. Elle ne saurait
s’en détacher. Elle ne saurait échapper
à son destin. A moins de se contenter du
rôle de coq glorieux picorant les sables
de son Sahara, dans la splendeur de son
isolement.
Références
1 –Mohamed Larbi Ben M’Hidi (1923-1957)
est un combattant et responsable du FLN
durant la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Il est arrêté, torturé, puis exécuté
sans jugement par l’armée française
durant la bataille d’Alger, en février
1957. Considéré comme un héros national
en Algérie, plusieurs lieux et édifices
institutionnels se sont vus attribuer
son nom. En avril 1954, Ben M’Hidi fut
l’un des neuf fondateurs du Comité
révolutionnaire d’unité et d’action, qui
le 10 octobre 1954 transformèrent le
CRUA en FLN et décidèrent de la date du
1er Novembre 1954 comme date du
déclenchement de la lutte armée pour
l’indépendance algérienne. Responsable
de la Wilaya 5 (Oranie), il en laissera
le commandement à son lieutenant
Abdelhafid Boussouf pour devenir membre
du Conseil national de la révolution
algérienne, participant à l’organisation
des premiers attentats de la bataille
d’Alger.
Arrêté le 23 février 1957 par les
parachutistes, il refusa de parler sous
la torture avant d’être pendu sans
procès, ni jugement, ni condamnation,
par le général Aussaresses dans la nuit
du 3 au 4 mars 1957. Le général Bigeard,
qui avait rendu hommage auparavant à Ben
M’Hidi avant de le confier aux Services
Spéciaux, regretta trente ans plus tard,
cette exécution. Ses derniers mots avant
son exécution auraient été les
suivantes: « Vous parlez de la France de
Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis
l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque.
Vous voulez l’Algérie française et moi
je vous prédis la France algérienne».
Ali la Pointe,
(1930 – 1957), de son vrai nom Ammar
Ali, combattant du FLN, il se
distinguera dans la bataille d‘Alger,
constituant avec Yacef Saadi, le chef de
la Zone autonome d’Alger, le tandem le
plus terrible de l’histoire de la guerre
d’Algérie. Dans la foulée de
l’arrestation de son chef Yacef Saadi,
sur dénonciation d’un indic, Ali La
Pointe se fera exploser, le 8 octobre
1957, dans sa cache de la Casbah plutôt
que de se rendre aux forces françaises.
Frantz Omar Fanon,
né le 20 juillet 1925 à Fort de France
(Martinique), mort le 6 Décembre 1961 à
Bethesda (Washington DC, États-Unis).
Psychiatre Français, Martiniquais et
Algérie, il est l’un des fondateurs du
courant de pensée tiers-mondiste et
compagnon de route de la révolution
algérienne. Durant toute sa vie, il
cherchera à analyser les conséquences
psychologiques de la colonisation à la
fois sur le colon et sur le colonisé. De
son expérience de noir minoritaire au
sein de la société française, il rédige
«Peau noire, masques blancs»,
dénonciation du racisme et de la
«colonisation linguistique» dont la
Martinique est victime. Pour Fanon, la
colonisation entraîne une
dépersonnalisation, qui fait de l’homme
colonisé un être «infantilisé, opprimé,
rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné»,
propre à être pris en charge par
l’autorité colonisatrice.
En mars 1960, il
est nommé ambassadeur du Gouvernement
provisoire de la République algérienne
Gouvernement provisoire de la République
algérienne au Ghana. Il échappe durant
cette période à plusieurs attentats au
Maroc et en Italie. Se sachant atteint
d’une leucémie, il se retire à
Washington pour écrire son dernier
ouvrage «Les Damnés de la Terre». Il
meurt le 6 décembre 1961 à l’âge de 36
ans, quelques mois avant l’indépendance
algérienne; sa dépouille est inhumée au
cimetière des Chouhadas» (cimetière des
martyrs de la guerre) près de la
frontière algéro-tunisienne, dans la
Wilaya d’El Tarf.
2- «Jeux de rôle et
polémiques face à Bachar» – Claude
Angeli- Le Canard Enchainé page 3 14
aout 2012
© René Naba
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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