Opinion
Françafrique: Honte à l'Afrique
René
Naba
René Naba
Mercredi 5 octobre 2011
I- La
Françafrique, une France à fric
Honte à l’Afrique. Honte à l’Afrique
de nourrir ses bourreaux. Jamais la
Françafrique, le plus extraordinaire
pacte de corruption des élites
françaises et africaines à l’échelle
continental, n’a autant mérité son nom
de «France à fric», une structure ad hoc
pour pomper le fric par la vampirisation
des Africains pour la satisfaction de la
veulerie française. Aberrant et Odieux.
Honte à l’Afrique. Cinq siècles
d’esclavage pour un tel résultat. Pour
continuer à entretenir à grands frais
l’un de ses colonisateurs les plus
implacables, la France, l’un de ses
tortionnaires les plus effrontés, Jean
Marie Le Pen. Sans la moindre pudeur
pour les victimes de la traité négrière,
de l’esclavage, des zoos ethnologiques…
les bougnoules, les dogues noirs de la
République?
Gabon, Congo, Cote d’Ivoire, Sénégal,
Guinée équatoriale. Drôle de riposte que
de cracher au bassinet lorsqu’on vous
crache sur la gueule. Qu’il est loin le
temps béni des Mau Mau du Kenya.
Vivement son retour. A vomir ces rois
fainéants, dictateurs de pacotille de
pays de cocagne.
La honte. Vénalité française et
corruption africaine, combinaison
corrosive, dégradante pour le donateur,
avilissante pour le bénéficiaire: Quatre
cent milliards de dollars (400
milliards) évaporés en 35 ans du
continent africain vers des lieux
paradisiaques, de 1970 à 2005, selon les
estimations de la CNUCED (1).
Et Pourquoi ne pas déduire ces
gracieusetés de la dette; la dette,
cette nouvelle forme de traite négrière,
qui saigne l’Afrique, autant que la
précédente? Et pourquoi ne pas compenser
par des infrastructures à l’effet de
réduire la dépendance ?
Qu’attendent donc les Africains pour
dégager leurs dirigeants fantoches,
pourris parmi les plus pourris. Pas plus
difficile à dégommer que Moubarak et Ben
Ali.
Surtout pas à l’aide de l’Otan, la
coalition de leurs anciens bourreaux,
mais à la sueur de leur front, avec les
larmes des patriotes et leur sang, pour
sceller définitivement la reconquête de
la dignité de l’Afrique.
Et la classe politique
française…quelle strate parasitaire et
obséquieuse. Plus parasite tu meurs.
Tunisie, Maroc, Mammounia et Hammamet.
Djembé et mallettes. Karachi et
Clearstream. Rétro commissions et
Taïwan. Alexandre Djhouri et Robert
Bourgi. Ziad Takieddine et consorts (2).
«République irréprochable», claironne le
malaise vagal, «état exemplaire d’un
siècle de l’éthique», tambourine l’anosognosie.
Posture et imposture.
Allégeance aux armes? Chiche Jean
François Copé en contrepartie d’un
serment d’intégrité de la classe
politique française. Mais qui trahira sa
parole en premier? Le moralisateur bien
évidemment.
La saillie de Robert Bourgi sur la
lubrification des dirigeants français
avec de l’huile de palme africain ne
relève pas du hasard. Elle intervient à
la veille d’une année cruciale pour les
relations franco africaine, alors que
l’Afrique francophone opère en 2012 un
test grandeur nature de la viabilité de
sa démocratie avec deux scrutins
présidentiels, l’un au Sénégal (Mars
21012), l’autre au Mali (Avril 2012), à
l’arrière plan du lancinant problème de
la succession présidentielle au
Cameroun, dont le mandat du titulaire
Paul Biya expire officiellement fin
décembre 2011. Avec en superposition aux
élections présidentielles françaises
(Mai 2012), la volonté prêtée à la
France de privilégier la propulsion de
Karim Wade à la succession de son père,
à contre courant du mouvement général de
contestation des dynasties
républicaines, initiée par la rive arabe
du continent africain (Tunisie, Egypte,
Libye), qui tendrait à faire de cette
campagne électorale à l’échelle du
continent africain un test additif de la
viabilité de la françafrique.
Exception française et Pays des
Droits de l’homme. Du pipeau. Ventouses
et vampires plus vrais que nature, plus
conformes à la réalité. En toute
impunité. Aucune pudeur. Travailler plus
pour gagner qu’ils redisent. L’imposture
absolue. Un ridicule qui tue, le signe
indiscutable du déclin. Tant pis pour
les fossoyeurs de la douce France. Que
l’on ne compte pas cette fois sur
l’Afrique pour relever leur pays. Du
balai, Erhal (dégage). Pour renvoyer à
ses fadaises l’homme du discours de
Dakar, spécialiste de la répétition, pas
encore entré dans l’histoire.
B- La dalle
d’Argenteuil, le test de crédibilité de
Nicolas Sarkozy.
Quelle inversion des valeurs que de
voir l’homme de la stigmatisation
africaine bombait le torse, ivre de sa
victoire en Libye. Une victoire à la
Pyrrhus d’ailleurs qui propulse la
Charia comme la principale source de
législation en Libye de par la volonté
de Moustapha Abdel Jalil, le protégé du
philosophe médiatique Bernard Henry
Lévy.
Il se raconte que dans la griserie de
sa victoire le nouveau Scipion
l’africain se serait vanté de nouveaux
exploits devant le commandant Massoud de
la Cyrénaïque et de la Tripolitaine:
«Dans un an l’Algérie, dans trois ans
l’Iran». Affligeant après de cinq ans
d’exercice du pouvoir, cette forme
puérile et immature de comportement. Du
très mauvais goût de recevoir le
génocidaire Paul Kagamé du Rwanda, un 11
septembre, jour commémoratif du 10 me
anniversaire des attentats anti
américains de New York, deux semaines
après l’expulsion du dictateur libyen,
infiniment moins sanguinaire que le
rwandais. Nouvelle politique africaine
qu’ils disent.
Ce stratège d’opérette lançait à
grand fracas, Il y a quatre ans, l’Union
Pour la Méditerranée, une merveille de
diplomatie au résultat piteux. Ses deux
piliers sud, Moubarak et Ben Ali, gisent
au fond de la Méditerranée, et la
Turquie, qu’il toisait de haut, au
firmament de la popularité, expulsant
l’ambassadeur du pays fétiche de
Sarkozy, Israël, contraint, à son tour,
de rapatrier son ambassadeur du Caire
sous la pression populaire. Inimaginable
il y a peu de temps encore.
Faisons le pari de savoir qui sera
encore en place, dans un an, l’Iran ou
Sarkozy. Cela fait cinq ans que «Bomber
Sarko» menace l’Iran avec sa formule
passée à la postérité: « la bombe ou le
bombardement ». Bravant ses foudres,
l’Iran est parvenu, entretemps, au
statut de puissance du seuil nucléaire,
la centrale de Bouchher raccordée au
réseau électrique iranien.
Avec l’Algérie, captif de sa
démagogie et de son refus de la
repentance, il n’a rien à offrir à ce
pays pour le 50 me anniversaire de son
indépendance, sinon le chaos. IL brasse
de l’air et fait des moulinets, pour
donner l’illusion du mouvement. A force
d’esbroufe, le matamore de Libye
pourrait créer les conditions
d’aménagement d’un nouveau bourbier de
type irakien aux portes de l’Europe.
Le matamore de Libye est une
métaphore. Complètement à l’Ouest: un
président à contretemps, à contresens de
l’histoire, le pire sinistre industriel
de la France depuis l’avènement de la
Vème République.
Ce stratège en chambre confond le
principe du désir et le principe de
réalité. Que pouvez-vous espérer d’un
président d’un pays qui n’a pas le
courage de franchir le périphérique de
sa capitale ?
La dalle d’Argenteuil, c’est le
véritable test de la crédibilité de
«Bomber Sarko».
Références
1-
Se référant aux estimations de la
CNUCED, Me Fabrice Marchisio, avocat
spécialisé dans le recouvrement
d’actifs frauduleux, précise que 400
milliards de dollars ont fui
l’Afrique entre 1970 et 2005 vers
d’autres continents et se fondant
sur ls estimations de la banque
Mondiale, il indique que le montant
des détournements des dictateurs
arabes déchus lors du «printemps
arabe», Hosni Moubarak (Egypte),
Zine el Abidine Ben Ali (Tunisie) et
Mouammar Kadhafi (Libye) serait
d’une ampleur oscillant entre 100
milliards et 200 milliards, une
variation qui intègre dans ses
estimations des actifs dissimulés.
Me Fabrice Marchisio est membre du
cabinet Asset Tracing and Recovering
/ Cabinet Cotti, Vivant, Marchisio
and Lazurel. Interview au journal Le
Figaro 12 septembre 2011.
2- «Erhal, La
France face aux rebelles arabes»
René Naba- Editions Golias-Septembre
2011.
© René Naba
Reçu de René Naba pour publication
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