Opinion
Le Qatar, une
métaphore de la France en phase
collapsus
René Naba
Mercredi 5 juin
2013 Un si
vilain pays qui ne veut pas du bien à la
France.
Paris- «Notre métier n’est pas de faire
plaisir, non plus de faire du tort, il
est de porter la plume dans la plaie».
Ce précepte d’Albert Londres, figure de
légende de la profession, deux
journalistes français l’ont appliqué à
la lettre pour notre bonheur, pour
l’honneur de la profession et la
manifestation de la vérité.
Le titre l’annonce, le corps du sujet en
apporte la convaincante démonstration:
le Qatar est un vilain pays qui ne veut
pas du bien à la France. Point barre.
Foin de contorsions intellectuelles, ni
d’agitations nombrilistes. La réalité
est là. Toute crue. Toute nue.
Et pour que les
choses soient claires et faire taire
d’avance les éventuelles accusations
d’islamophobie, les auteurs assurent,
d’emblée, que leur ouvrage ne relève pas
du «Qatar Bashing», sport à la mode s’il
en est, mais «écrit par des hommes
libres». Connaissant l’un et lisant
attentivement l’autre, le signataire de
ce texte leur en donne volontiers acte.
Car si Nicolas Beau, ancien de
l’hebdomadaire satirique Canard
Enchainé, est bien connu du landerneau
médiatique français, ne serait-ce que
pour son déflagrant ouvrage «la régente
de Carthage», l’autre élément du tandem
n’est pas pour autant un saute-ruisseau.
Grand reporter pour Paris Match, Jacques
Marie Bourget a notamment couvert la
guerre du Viêtnam (1965-1075) et la
guerre du Liban (1975-1990), la première
et la seconde Intifada (1986-2000).
Autant dire un poids lourd du
journalisme d’investigation dont la
carrière a d’ailleurs été couronnée par
le prix Scoop pour avoir révélé
l’affaire Greenpeace.
Auteur d’un ouvrage sur les massacres
des camps palestiniens de Sabra-Chatila
(Beyrouth), ce baroudeur d’empire a été,
le 21 octobre 2000, à Ramallah
(Cisjordanie), la cible d’un tir de
l’armée israélienne. C’est dire le
sérieux de l’entreprise et du bonhomme.
Grâce soit donc
rendue à Nicolas Beau, pourfendeur de la
dictature tunisienne, et à Jacques Marie
Bourget, un journaliste de terrain qui a
payé de sa chair, en Palestine, le prix
de la vérité. «Un si vilain Qatar, cet
ami qui nous veut du mal» (Fayard) (1),
leur ouvrage rédigé à quatre mains
s’impose comme un chef d’œuvre d’humour,
d’érudition et de rigueur.
En cliniciens du monde arabe, le tandem
du site satirique «Bakchich » -tout un
programme s’agissant du monde interlope
de l’affairisme franco arabe – pointe,
sans ménagement, sans la moindre
ambiguïté, mais sans acrimonie, les
complexités de cet émirat mirage. Une
parfaite radioscopie non seulement des
tortuosités de l’émirat, mais également
des turpitudes de leurs interfaces
français.
La démonstration est
limpide et la paire de gâchette
Beau-Bourget sans fléchissement:
- Le rôle moteur du Qatar dans le conditionnement de
l’opinion, l’encadrement et
l’amplification du «printemps
arabe», la confiscation de la
révolution arabe et son déroutement
des rives inflammables du Golfe
pétro monarchique vers les
républiques laïques de la
Méditerranée (Libye, Syrie), en
connivence avec les Etats Unis,
jusque-là susurré, est établi.
- Le Qatar, connu du monde entier par une antiphrase
ravageuse, «la chaîne qui possède un
état», en référence à sa chaine d’Al
Jazira, alimentera ainsi de
nombreuses thèses doctorales des
facultés des sciences de la
communication sur la «Révolution
2.0» ou d’autres balivernes du genre
«Révolution cathodique», dans une
opération de diversion médiatique
visant à usurper, à tout le moins à
en atténuer la portée, en tout cas à
subvertir le sacrifice du tunisien
Mohamad Bouazizi, l’étincelle de la
révolution. Un parfait représentant
de cette société informelle qui
peuple le Monde arabe par
déclassement social, dont la
marginalisation et la paupérisation
ont constitué le moteur du
bouleversement régional, avant
d’être dérouté par l’islam pétrolier
et atlantiste de son cours
libératoire.
- Le passage forcé de ce cheval de Troie anglophone de
l’Amérique au sein de l’Organisation
de la Francophonie, en vue de
prendre pied dans la zone
stratégique à la charnière du
Maghreb et de l’Afrique noire, de
même que les mésaventures d’une
universitaire française venue
enquêter pour les besoins de sa
thèse sur les «bidounes»
(apatrides), à l’arrière-plan du
grenouillage et des gigotements de
la classe politique française devant
ce nouvel eldorado, révèlent la face
sombre de cet émirat, sa vanité en
même temps que la cupidité et la
vulnérabilité de ses interlocuteurs
français.
- La chorégie du Qatar: Nabil Ennasri, Tariq Ramadan,
Mohamad Henniche et Mathieu Guidère.
- Le passage concernant les néo-islamologues
médiatiques (pages 202-209), au
parcours académique, constitue un
morceau d‘anthologie: Le quartette
de la chorégie qatariote –le thésard
Nabil Ennasri, le politologue Tariq
Ramadan, l’universitaire Mathieu
Guidère, est pointé du doigt, de
même que l’empressement zélé de
Mohamad Henniche, notable de la zone
bariolée de la région Ile de France,
convoyeur attitré des meetings
électoraux de la présidence Sarkozy.
- Particulièrement démasquée la duplicité du discours
du petit-fils du fondateur de la
Confrérie des Frères Musulmans, une
famille constamment adossée aux
dollars pétro monarchiques des
régimes les plus pro américains et
les plus régressifs du Monde arabe,
le père, Said, à l’Arabie saoudite,
le fils, Tariq, au petit wahhabite
du Qatar.
Saïd
Ramadan (à droite de la photo tenant une
feuille blanche) reçu en audience en
1953
par le président américain Dwight
Eisenhower (au centre).
Dans la stratégie
du Qatar, Tariq Ramadan a vocation à
assurer la relève de l’octogénaire
Qaradawi dans son rôle prescripteur sur
le plan théologique, parallèlement au
rôle dévolu sur le plan politique, à
Azmi Béchara, cet officiant chrétien
d’Al Jazira, ancien député palestinien
du parlement israélien. Un duo islamo
chrétien destiné à assurer la maitrise
du débat intellectuel panarabe dans ses
diverses déclinaisons pour le compte du
Qatar via les contrefeux de ses
hommes-lige.
Et son
fils, Tariq Ramadan, en compagnie de
Cheikh Youssef Al Qaradawi, le Mufti de
l’Otan,
et de la princesse Moza, 3eme
épouse de l’Emir du Qatar, fille de
l’ancien chef de l’opposition Nasser al Misned.
Même traitement
pour Eric Ghébali. Un délice. Le jeune
socialiste co-fondateur de «SOS racisme»
apparaît ici sous un nouveau jour.
L’époux de l’animatrice télé Daniella
Lambroso, dont la légende lui attribue
un geste de bravade à l’égard de son
mentor François Mitterrand, -((la
destruction de sa carte du parti en
signe de protestation contre la
réception en France de Yasser Arafat,
chef de l’organisation de libération de
la Palestine, dans la décennie 1980))-,
apparaît ici comme un zélé promoteur
sinon des relations franco qatariotes, à
tout le moins du Groupe Suez dont il est
le conseiller de son Président Gérard
Mestrallet. Sans la moindre réticence à
faire commerce avec ce pays arabe,
soutien du Hamas. En raison du rôle
supplétif du Qatar dans la stratégie
israélo américaine dans la domestication
de la branche palestinienne de la
Confrérie des Frères Musulmans?
Le Qatar, énigme ou
oxymore ?
«L’énigme du
Qatar»: Une prestation du mégaphone du
Qatar dans la France périurbaine.
Le Mamamouchi de l’époque contemporaine
fait l’objet d’un engouement à la mesure
sans doute de l’indifférence qu’il
suscitera ultérieurement en cas de
sortie de route, un parcours identique à
celui de ses prédécesseurs dans la
panégyrie: Le Chah d’Iran, l’irakien
Saddam Hussein, le Libanais Rafic
Hariri. Une flopée de livres lui a été
ainsi consacrée, en 2013, sans qu’il ait
été possible de déterminer si cette
curiosité relève d’une saine activité de
prospection intellectuelle pour une
meilleure connaissance d’une région du
monde qui intéresse au plus haut point
la France ou d’une vulgaire opération
mercantile de renflouement de caisses
éditoriales, malmenées par le numérique
et l’économie de pénurie.
Une compétition éditoriale nullement
justifiée par l’aura du majestueux
sujet, plus vraisemblablement par une
possible activation du flux financier
qu’un tel thème pourrait générer, à tout
le moins pour les plumes laudatives.
Premier chronologiquement sur le marché,
«L’énigme du Qatar» (Nabil Ennasri-Edition
IRIS-Armand Colin-Mars 2013) apparait
ainsi comme un faire-valoir d’un
à-valoir du mégaphone du Qatar dans la
France périurbaine. Sans la moindre
novation de la pensée stratégique
française contemporaine en dépit de
prestigieux parrainages, sans autre
crédit que celui que lui dispense la
doxa officielle française.
Le Qatar, une
énigme? Vraiment? Au point d’en faire un
ouvrage?
Point n’est pourtant besoin d’être grand
clerc pour appréhender le Qatar, le
nouveau crésus de l’économie planétaire,
au fonctionnement sommaire, au
décryptage basique. Une charade simple à
dénouer.
Un fils qui évince
son père est un parricide. Un prince qui
épouse la fille du chef de l’opposition,
en gage de sa loyauté, est un Machiavel
en herbe. Ou un gougnafier.
Un gouverneur qui
sévit en tandem avec son cousin, -le
propre fils de l’ancien émir destitué
par le propre père de l’actuel
gouverneur-, en vue de mettre l’émirat
en coupe réglé est un prédateur. Les
Borgia de Florence délocalisés à
Qatargaz, quand bien même octroie-t-il
en guise de jeux de cirque, un joujou
Pin Pon à ses sujets, des Porsche
rutilantes à sa police.
L’attelage ainsi constitué est désigné
dans le langage académique comme étant
une relation tripolaire. Ou une
triangulation. Michel Audiard, célèbre
dialoguiste de cinéma du siècle dernier
au langage châtié, qualifiait jadis ce
genre de «combinazione» de «conjuration
de cloportes» ourdie par des prédateurs
machiavéliques. Autrement dit une
association de malfaiteurs. Au vu d’une
telle mystification, il aurait sans
doute tonné haut et fort contre qu’«il
ne faut pas prendre les enfants du Bon
Dieu pour des canards sauvages», encore
moins les vessies pour les lanternes,
intimant de cesser au plus vite ce «foutage
de gueule», si préjudiciable à ses
auteurs.
La chute
vertigineuse de l’audience d’Al Jazira
en porte témoignage. De « 43 millions de
téléspectateurs quotidiens à 6
millions », selon Riadh Sidaoui,
directeur du Centre arabe de recherches
et d’analyses politiques et sociales
(CARAPS), basé à Genève, qui explique
cette dégringolade par le traitement
partial de la chaine qatariote du
« printemps arabe » au point de soutenir
la guerre coloniale de l’OTAN en Libye.
-Plutôt un oxymore
Le roitelet d’un minuscule pays qui
génère un milliard de dollars de
recettes par jour dans un monde où
l‘argent est roi est ipso facto le Roi
du Monde dans une période où l’économie
occidentale est en crise systémique.
Mais le souverain d’une principauté dont
le quart de la superficie du pays est
occupé par une importante base militaire
américaine est au choix un prince captif
ou un souverain sous tutelle. Un
gouverneur d’opérette ? Une marionnette?
Dans tous les cas de figure, un oxymore.
Un tison incandescent américain planté
sur le flanc de l’Arabie, alléché par
l’idée de se substituer à la dynastie
wahhabite au leadership spirituel et
politique du Monde sunnite. Au même
titre que la Turquie, principal
bénéficiaire sur le plan régional
sunnite de la destruction de l’Irak et
de la Syrie.
Que le prédicateur-maison, Youssef al
Qaradawi, la caution théologique des
équipées atlantistes en terre arabe,
implore les Etats-Unis de bombarder la
Syrie, un pays qui a soutenu trois
guerres contre Israël en partenariat
avec l’Egypte, donne la mesure de
l’aberration mentale du millionnaire
égypto-qatariote et de sa soumission, de
même que son mécène, à l‘ordre
israélo-américain.
Milliardaire du
loto de la vie, à l’obésité étroite dans
sa cage dorée, ce bédouin oisif s’est
choisi comme terrain de jeu la scène
mondiale. Et pour hobby, non le Golf qui
sied aux gentlemen, mais le jeu de
massacre que ce fauconnier braconnier
prise particulièrement. Un milliardaire
arabe et croyant qui consacre 200
millions de dollars à Jérusalem et trois
milliards de dollars au financement des
djihadistes cannibales en Syrie est un
mystificateur. Et pour les puristes de
la religion, un mécréant.
Que, dans la
foulée, le Hamas, ultime mouvement
sunnite de lutte armée, choisisse à son
chef charismatique, Khaled Mecha’al,
comme résidence permanente, Doha, à vol
d’oiseau de la base américaine du
Centcom, la plus importante base
américaine du tiers monde, donne la
mesure de l’abdication morale et
intellectuelle de l’Islam atlantiste. Un
acte d’indignité nationale à l’effet de
disqualifier ce mouvement de libération
nationale, au-delà de l’insulte morale
que constitue ce choix pour la mémoire
des pères fondateurs de ce mouvement
tous tués par assassinats extra
judicaires israéliens avec la caution
américaine.
Tels sont les axiomes de base de
l’équation qatariote. Le reste relève de
l’entreprise apologétique, d’une
mendicité déguisée ou d‘une
gesticulation médiatique en quête de
notoriété.
Le soft power, notion abondamment
développée par cet auteur prolixe, par
ailleurs tweeter fébrile, ne saurait
tenir lieu de cache misère à une
indigence conceptuelle, ni justifier les
turpitudes d’un pays qui passe pour être
l’un des principaux exportateurs du
djihadisme erratique, le principal
promoteur financier du néo islamisme
rigoriste dans les pays arabes et
africains, particulièrement en Tunisie,
ainsi qu’au Mali.
Deux ans après le
déclenchement du «printemps arabe», Al
Qaida et sa matrice formatrice, les
Frères Musulmans, multiplient les
communiqués de victoire sur tous les
fronts arabes, au rythme des concessions
arabes sur la Palestine…. sur fond d’un
paysage dévasté d’un champ de ruines
généré par la guerre mercenaire menée
par des Arabes contre des Arabes pour le
plus grand profit de leurs ennemis
communs, Israël et les Etats Unis.
L’Irak, le Yémen, le Soudan, la Libye et
la Syrie sont déchiquetés par des
guerres sectaires.
Le sud Soudan et le
Kurdistan irakien promus, parallèlement,
au rang de plateformes opérationnelles
israéliennes sur les deux versants du
Monde arabe, et la Palestine, à
l’abandon, en état de décomposition
avancée, indice patent d’une
défragmentation mentale absolue sans
pareille dans les annales des relations
internationales, dont le Qatar en porte
une lourde responsabilité. Pour le plus
grand malheur des Arabes et des
Musulmans.
Telle est l’énigme, si énigme il y a,
qu’il importe de percer, de même que la
ruée des dignitaires du Golfe à l’assaut
des pubères syriennes, la collusion
entre Israël et les djihadistes du Qatar
dans leurs attaques synchronisées contre
la Syrie, enfin la cascade de fatwas
pathologiques édictées à l’encontre des
«dépendantes» à l’ombre du printemps
arabe. Tout le reste n’est que bobards
de salonards.
Pour aller plus
loin à propos des dignitaires du Golfe à
l’assaut des pubères syriennes, cf ce
papier «De centaines de dignitaires
religieux arabes divorcent pour épouser
de mineures syriennes»:
http://www.elaph.com/Web/NewsPapers/2012/9/760241.html
Le double
parrainage de l’auteur pose
rétrospectivement le problème de sa
pertinence: Pascal Boniface, son
éditeur, inlassable pourfendeur des
faussaires, et François Burgat, son
mentor universitaire, analyste lucide du
phénomène de l’islamisme algérien durant
la décennie noire (1990-2000). Pour lui
donner de la consistance? L’oindre de
l’onction scientifique de leur magistère
moral? Auquel cas que n’a-t-il pris
exemple sur eux? Que n’ont-ils encouragé
leur poulain à renoncer à sa vieille
recette du plaidoyer pro domo? Exiger de
lui, -devant la richesse des sources et
les informations accablantes-, une plus
grande rigueur analytique. A tout le
moins, une critique aussi rigoureuse du
Qatar qu’il ne le fait de la Syrie, sa
cible obsessionnelle, tant il est vrai
que « quand l’histoire encense la vanité
des despotes, elle est complice de la
Tyrannie » (Louis Philippe de Ségur).
Une tâche habituellement réservée aux
«intellectuels de cour».A titre de
démonstration pédagogique, la thématique
de leur poulain à propos des combats en
Syrie, de la passivité syrienne face
Israël et son interprétation académique
a fait l’objet d’une déconstruction par
l’auteur de ces lignes sous le lien
suivant:
http://www.renenaba.com/a-propos-des-combats-de-syrie-de-la-passivite-syrienne-face-a-israel-et-de-son-interpretation-academique/
Incubateur intellectuel de Nabil Ennasri,
son patron de thèse, François Burgat,
membre du Conseil Européen des affaires
étrangères, passe pour avoir bénéficié
d’une subvention substantielle de
l’ordre de deux millions d’euros en vue
d’animer une étude collective sur «la
transition dans les pays arabes».
Gageons que cet universitaire respecté
saura épargner à la France, sur le
dossier Qatar, la réédition de sa
mésaventure en Syrie.
L’ancien directeur
de l’Institut Français de Damas (2),
bien qu’il s’en défendra de l’admettre
publiquement, n’ignore pas que la France
a pâti dans sa prestation syrienne de
fautes majeures initiées dans
l’allégresse au début du conflit par de
zélés thuriféraires, compromettant
gravement son rôle pilote, le réduisant
à celui de caisse de résonnance de la
campagne de conditionnement médiatique
de l’opinion européenne, en diversion
aux opérations clandestines.
Le placement de la campagne anti
syrienne sous l’égide de Bernard Henry
Lévy, en juillet 2011, en association
avec les Frères Musulmans, sans tenir
compte de la profonde révulsion
qu’inspire le philosophe philo-sioniste
dans le Monde arabe, a constitué une
erreur criminelle en ce qu’elle a
durablement détourné d’opposants
historiques de la structure off-shore.
De même, le parrainage ostentatoire de
la France à une opposition dirigée par
des universitaires syriens salariés de
l’administration française a obéré son
discours moral et humaniste en ce que
l’opération est apparue au sein de
larges couches d‘une opinion syrienne
farouchement nationaliste comme la mise
en selle d’ «arabes de service», sous
tutelle de l’ancien pouvoir colonial,
pour des équipées hégémoniques
occidentales en terre arabe. Erreur
imputable au premier chef à une
nostalgie de grandeur nourrie par le
retour du refoulé d’un passif colonial
non purgé.
Gardons-nous donc
des «Arabes de service» et de leur zèle
intempestivement ravageur. Ces «native
informant», à la légitimité purement
médiatique, qui accaparent la parole
d’une communauté sans en être
représentatif, si bien décrits
d’ailleurs par Pascal Boniface. Cela
vaut pour la Syrie comme pour le Qatar.
Sur un sujet aussi sensible et décisif
pour la cohésion nationale française et
le devenir des relations franco-arabes,
ne sauraient être de mise les propos de
comptoir, pas plus que les postures
déclamatoires, à en juger par les
déboires de la France en Libye et au
Mali.
Rare cas de fusion intellectuelle entre
un auteur et son éditeur, leur osmose
éditoriale s’est matérialisée par cette
interview qui s’est apparentée par
moments à un exercice d’auto célébration
auto promotionnelle.
http://www.iris-france.org/informez
vous/blog_pascal_boniface_article.php?numero=229
La déroute de la
diplomatie française en Syrie devrait
nous inciter à répudier la flamboyante
complaisance narcissique de la classe
politico médiatique française pour mieux
se pénétrer des vertus de la rigueur et
sans doute de l’humilité intellectuelle.
Pitoyable Fabius, jadis brillant homme
de gouvernement, désormais piteux
politiciens, qui réclame la mise à
l’index la branche militaire du
Hezbollah libanais et non le MUJAO,
auteur le même jour de sa déclaration
d’un double attentat au Niger faisant 24
tués. Non la filiale syrienne d’Al Qaida,
Jobhat An Nosra pétro monarchique,
inscrite depuis six mois sur la liste
des organisations terroristes par les
Etats Unis. Non Ansar Eddine, filiale
caritative du djihadisme qatariote, qui
a sinistré le pré carré français au Nord
Mali, et sapé le dernier erzat de la
puissance française. Non les dynamiteurs
de l’ambassade de France en Libye. Non
Boko Haram qui a pris en otage sept
ressortissants français avant de les
relâcher sans doute au terme d’une
négociation indirecte avec la France via
le camerounais Paul Biya.
Le Hezbollah et non
les groupements sunnites. Est-ce par ce
que la formation libanaise gêne les
projets israéliens, alors qu les autres
s’appliquent méthodiquement à la
destruction des pays arabes? Est- ce par
ce que le chiite tient la dragée haute
au camp atlantiste et à ses alliés de
l’islam pétrolier, en sa qualité
d’ultime digue de retenue du naufrage de
la Palestine?
Un politologue, sans doute l’un des plus
prometteurs islamologues de la
génération de la relève, Haoues Seniguer
(3), en pose la saine problématique. En
prolongement de l’ouvrage du tandem Beau
Bourget, l’universitaire franco
algérien, descendant d’une famille
d’authentiques patriotes algériens, fait
un sort aux sornettes en tous genres
proférées à propos du Qatar, dans une
étude retentissante qu’il importe à
l’auteur de ces lignes de porter à la
connaissance du public, dans l’intérêt
même de la France et du Monde arabe.
Sur fond de
scandales récurrents de la société
française, de déliquescence morale de
ses élites, avec un ancien Président
gaulliste de la République Jacques
Chirac condamné par la justice de son
pays, son successeur Nicolas Sarkozy en
maille avec elle, de même que la
directrice française du FMI Christine
Lagarde, de grosses pointures
socialistes carbonisées par de
comportements calamiteux Dominique
Strauss Khan et Jérôme Cahuzac- de
revers diplomatiques retentissants avec
l’implosion du Mali et le dynamitage de
l’ambassade française à Tripoli du fait
des pupilles de son allié, le Qatar, cet
oxymore, pourrait bien apparaître
rétrospectivement comme une métaphore de
la France en phase de collapsus.
Que ces éminents universitaires ne
prennent pas ombrage de ce rappel à
l’ordre motivé par une fidélité à la
prescription d’un prestigieux ainé,
Albert Camus, qui commandait à
«l’intellectuel de se ranger, non du
côté de ceux qui dictent l’histoire,
mais de ceux qui la subissent», meilleur
antidote à l’étrange sensation d’une
«étrange défaite» de la pensée.
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