Analyses
Alahed
Les menaces d'une
France asphyxiée
Raji
Chaaban
Mardi 10 septembre 2013
La France traverse une crise économique
majeure. Face à ce défi, le gouvernement
français a opté pour l'inertie et la
sournoiserie. L'inertie en ce sens que
le pouvoir ne prend aucune décision pour
l'intérêt du peuple de France, et la
sournoiserie en ce sens qu'au contraire,
des mesures sont prises en douce pour
paupériser les français.
En effet, depuis l'élection de François
Hollande à la présidence de la
république en mai 2012, la question de
l'économie a quasiment disparue des
médias alors qu'elle constitue la
préoccupation principale des français.
Avec la complicité des médias, le
président focalise le débat public sur
la question du mariage homosexuel. Ce
sujet sociétal houleux est ainsi depuis
une année au centre des déclarations des
politiques, de la plupart des débats
télévisuels, des unes de journaux mais
aussi de toutes les manifestations des
français, qu'ils soient pour ou contre.
Ils tombent ainsi dans le piège de la
diversion tendu par leur gouvernement.
C'est dans ce contexte que le
gouvernement a eu tout loisir d'édicter
des mesures économiques d'austérité sans
débat public, dans le silence des médias
généralistes et sans que les citoyens
n'en soient informés. Par exemple, un
net recul des acquis sociaux fut
enregistré par l'entrée en vigueur de la
loi sur la sécurisation de l'emploi du
14 juin 2013 qui permet aux patrons en
perte de compétitivité de modifier
quasi-unilatéralement les contrats de
travail (rémunération, mobilité,
flexibilité). De même, on a assisté dans
l'indifférence générale en mars 2013 à
la fin de l'indexation des retraites sur
l'inflation. L'inflation étant environ
de 2%, cela signifie que le pouvoir
d'achat des retraités baissera de 2% par
an et qu'en quelques années les
retraites ne vaudront plus rien. Enfin,
cette diversion a surtout permis à la
France de tranquillement continuer de
dépecer sa population en augmentant
drastiquement les impôts et les taxes
afin de payer les intérêts de la dette
publique pour le plus grand bonheur des
banques usurières.
Dans cette atmosphère de duperie
généralisée, François Hollande se fait
grave et solennelle en menaçant la Syrie
de frappes militaires. Ses déclarations
contradictoires occupent maintenant le
centre de l'actualité française. Le
mariage homosexuel adopté, et les
vacances d'été passées, il fallait
trouver un nouveau moyen d'occuper les
esprits des français afin de les
empêcher de réclamer des comptes à leur
gouvernement quant à la dégradation
continuelle de la qualité de vie en
France. De plus, outre la stratégie de
canalisation du débat public, ce sujet
présente l'intérêt pour le président de
pouvoir consolider les Français derrière
lui et semble ainsi opportun pour l'un
des présidents les plus impopulaires de
la Vème République.
Cependant, sur ce point, la volonté de
fédérer par cette annonce semble ne pas
avoir prospéré. En effet, la
quasi-totalité des forces politiques
françaises se sont opposées à une action
militaire contre la Syrie. Ainsi,
Jean-Luc Mélenchon, leader d'extrême
gauche, et traditionnellement proche du
parti socialiste, a qualifié cette
éventuelle action militaire d' «erreur
gigantesque» qui pourrait être «le seuil
d'une guerre beaucoup plus large que
toutes celles que nous avons vues dans
cette région». Il a en outre averti
l'opinion publique que «les
nord-américains ont l'habitude
d'utiliser n'importe quelle sorte
d'argument pour justifier une
intervention militaire». De même,
Jean-Marie Le Pen, le président
d'honneur du Front national, a fustigé
les déclarations de François Hollande en
affirmant qu' «Il était aujourd'hui
clair pour tout le monde que la
contestation armée contre le
gouvernement syrien a été suscitée,
alimentée, organisée par les Américains,
les Israéliens et les dictatures
monarchiques arabes». De plus, même
l'UMP, le principal parti d'opposition,
pourtant très atlantiste, s'est démarqué
des positions de François hollande en
affirmant que «la France devait
conserver sa totale liberté
d'initiative» vis-à-vis des Américains.
De façon semblable, le peuple s'est
nettement démarqué des affirmations du
président de la République dans la
mesure où 64% des français sont opposés
à une intervention en Syrie.
Si guerre il devait y avoir, cette
polémique relèguerait durablement la
question économique aux oubliettes pour
le plus grand bonheur du gouvernement.
Cependant, elle ruinerait un peu plus
cette France à bout de souffle. En
effet, comment pourrait-elle mener une
telle guerre alors qu'elle peine à payer
les pensions de ses soldats. On se
souvient par exemple des scandales de
non-paiement de solde au sein de l'armée
française en 2011, 2012 et début 2013
qu'on avait justifiés par un prétendu
bug informatique. Les observateurs
avaient alors fait remarquer que le bug
était davantage économique
qu'informatique, sans quoi il aurait été
réglé en une journée. Les retards de
paiement s'étendaient parfois sur
plusieurs mois. Les épouses de soldats
manifestaient alors avec des slogans
tels que «Mon chéri ici tout va bien,
l'Etat place ta solde sur les marchés
financiers, le frigo est vide, la banque
réclame des intérêts et on me dit de la
fermer...».
Source : French.Alahednews
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Publié le 11 septembre 2013
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dossier Syrie
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