Tunisie
Tunisie: l'accord
de la honte entre l'Ugtt et le
gouvernement
Rachid Barnat
Vendredi 14 décembre 2012
Avec l'accord Ugtt-gouvernement, qui
signe la capitulation de la centrale
syndicale face à la dictature rampante,
il ne reste aux Tunisiens que de compter
sur eux-mêmes pour dégager la dictature
qui se met en place.
Par
Rachid Barnat
Bien la peine de nous faire tout un
cirque et d'invoquer
Farhat Hached, qui doit se retourner
dans sa tombe de voir ses enfants se
faire rouler dans la farine par manque
de vision politique et de hauteur de
vue... se contentant d'un règlement
grotesque, consistant en une enquête
pour savoir qui a frappé le premier! Des
gamins de récré feraient mieux!
Désolant!
Une reculade
historique
On peut se demander, devant une telle
reculade historique, ce que Lotfi
Zitoun & CO ont pu proposer pour berner
le bureau exécutif de la plus grande
centrale syndicale, unique en son genre
dans le monde dit «arabo musulman»,
pour faire que l'Union générale
tunisienne du travail (Ugtt) se dégonfle
comme une baudruche!
On ne peut admettre qu'il n'y ait pas
eu de marchandage pour se départir si
facilement du patriotisme et oublier le
nationalisme que les hommes de l'Ugtt
donnaient à voir sur les plateaux TV !
Il faut croire que ce n'était que du
spectacle! Affligeant!
L'opposition a fait rater aux
Tunisiens un rendez-vous historique,
celui du 23 octobre, pour confirmer la
fin du mandat qui a été accordé aux
constituants : en leur refusant toute
manifestation! En posant des conditions
à Ghannouchi, mais sans avoir
la moindre garantie: dissolution des
comités de la protection de la
révolution, remplacement des ministres
nahdhaouis à la tête des ministères
régaliens (Intérieur, Justice et
Affaires étrangères) par des hommes
neutres ou mieux par des technocrates,
formation d'un gouvernement restreint,
reconduction de l'Isie ou mise en route
de celle qui la remplacera, et fixation
des dates des élections...
Evidemment, Ghannouchi n'a respecté
aucune de ces conditions et ses hommes,
plus arrogants que jamais, vont narguer
l'opposition sur tous les plateaux de
télévision!
La dernière
digue vient de céder
Et voilà que l'Ugtt, en position
pourtant très forte, se plie elle aussi
aux volontés de celui, qui, il n'y a pas
encore longtemps, l'accusait de vouloir
provoquer le chaos et de mener le pays à
sa perte.. empêche les Tunisiens de
faire
la grève générale et donc de
manifester leur mécontentement! Les
dirigeants syndicalistes «oublient»
d'exiger en contrepartie la dissolution
de la milice d'Ennahdha, les pseudos
«ligues de protection de la révolution»,
la démission du gouvernement devenu à
nouveau illégitime depuis qu'il a
autorisé de tirer dans la foule et la
formation d'un gouvernent restreint avec
aux postes régaliens des «hommes
neutres» ou des technocrates.
La naïveté des responsables de l'Ugtt
est choquante: ils ont annulé une grève
annoncée à cor et à cri, parce que, tout
à coup, ils ont craint que la situation
de la Tunisie se dégrade et parce que le
gouvernement leur propose enfin le
dialogue!
Mais quel dialogue? Cela fait un an
que l'opposition, la société civile, les
syndicats, les journalistes, les
enseignants... veulent le dialogue avec
un parti qui les méprise et un
gouvernement totalement sourd à leurs
revendications!
Certains laissent entendre que cette
reconnaissance officielle du rôle de l’Ugtt
est la victoire d’un clan d’Ennahdha sur
un autre. Peut être est-ce exact ? Mais
c’est en tous cas, à coup sûr,
l’affaiblissement dans l’opinion, de l’Ugtt.
Ce syndicat avait-il besoin que le
pouvoir le reconnaisse? N’avait il pas
une légitimité historique? Belle
victoire en vérité ! On dira aussi que
c’est d’une certaine manière
l’application de la règle du consensus
dont le professeur Yadh Ben Achour
décrit l’utilité
dans un texte récent. Certes mais
dans le consensus il faut des compromis
et que chacun y gagne! Mais on voit mal
ce que l’Ugtt a gagné.
Ghannouchi une fois de plus a réussi
son coup de bluff... moyennant des
«arguments» dont on aimerait bien
connaître la teneur! L'histoire nous
dira un jour qui a trahi son pays. Et
pour quels obscurs desseins.
Pauvre Tunisie, pauvre Tunisiens ! On
ne mérite pas ça!
En tout cas, le résultat des courses
c'est que Ghannouchi est parvenu à
discréditer à jamais cette grande
institution qu'était l'Ugtt !
Désormais il ne reste aux Tunisiens
que de compter sur eux-mêmes et sur ce
qui reste d'hommes intègres dans la
société civile et dans l'opposition pour
dégager la dictature qui va se mettre en
place, maintenant que la dernière digue
a cédé !
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Publié le 14 décembre 2012 avec
l'aimable autorisation de Kapitalis
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