|
L'EXPRESSIONDZ.COM
LA MARSEILLAISE SIFFLÉE
Un échec de la politique d'intégration
R.N
16 octobre 2008 Les autorités françaises, à
leur tête le président Sarkozy, n’en menaient pas large, hier,
au sortir du match de football qui a opposé les équipes de
France et de Tunisie.
La France s’indignait, hier, après les
sifflets qui ont fusé lors du passage de l’hymne français, La
Marseillaise, lors du match amical qui a opposé les équipes de
France et de Tunisie. Une réédition du même cas de figure ayant
émaillé la rencontre France-Algérie en 2001.
Certes, le courroux des autorités françaises, à leur tête le
président Nicolas Sarkozy, est compréhensible. M.Sarkozy a ainsi
fustigé cet incident qui s’est produit au Stade de France, le
qualifiant de «scandaleux», allant jusqu’à convoquer,
hier, le président de la Fédération française de football,
Jean-Pierre Escalettes.
Dans son sillage, le Premier ministre François Fillon a estimé «insultant»
le fait que l’hymne français soit sifflé appelant à «interrompre
les matches» dans de tels cas. «C’est insultant pour la
France, c’est insultant pour les joueurs de l’équipe de France
et ça n’est pas tolérable», a déclaré en outre à la radio
RTL le Premier ministre français, alors que Michèle
Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur a, pour sa part, ordonné
une enquête. En fait, toutes les tendances politiques françaises
condamnaient, hier, un «incident» qui ne manquera pas de
susciter d’autres réactions.
Toutefois, si de tels comportements sont effectivement
condamnables, car intolérables, il n’en demeure pas moins que
les politiques français doivent eux aussi faire leur examen de
conscience et se dire si, quelque part, ils n’ont pas eux-mêmes
prêter le flanc à de tels comportements par la manière même avec
laquelle ont été pris en charge les problèmes de l’immigration
et, plus généralement, de l’intégration des jeunes Français de
la deuxième et troisième générations issues de cette immigration
aujourd’hui tant décriée.
En 2001 comme en 2008, ce sont encore ces jeunes «beurs»
toujours pas intégrés ou mal intégrés, victimes de tous les
dépassements de la part de la police, confrontés au racisme et à
l’exclusion, qui profitent de ces occasions pour dire, à leur
manière, leur ras-le-bol de leur disqualification de la part des
Français.
N’est-ce pas Jean-Marie Le Pen et avec lui tous les racistes de
France et de Navarre, qui estiment que les «beurs» et les
émigrés naturalisés ne sont «français» que sur le papier,
refusant la citoyenneté française, l’intégration dans la France,
à des filles et des garçons qui sont nés en France, qui
connaissent, peu ou prou, leurs origines.
Et ce n’est pas la loi «Miia», dite loi Hortefeux, qui a
arrangé les choses. Outre le contrôle ADN, cette loi prévoyait
des statistiques ethniques (condition finalement supprimée par
le Conseil constitutionnel) faisant des émigrés des cas d’espèce
très particuliers et non des Français à part entière.
Même un Zineddine Zidane, qui a tant fait pour la gloire du
football français, n’a pas échappé à cet ostracisme. Cela pour
dire que ce comportement des jeunes issus de l’émigration des
banlieues françaises, est d’abord la conséquence avec laquelle
leur cas est pris en charge par des autorités qui ont largement
privilégié le côté sécuritaire tout en minorant celui social et
humain ayant trait à l’intégration totale d’une population qui a
participé et participe pleinement au développement de la France.
Le secrétaire national du Parti socialiste français (PS) Razzy
Hammadi, d’origine tunisienne, a de son côté jugé que «même
si (...) les Français d’origine maghrébine sont trop souvent
victimes de discrimination et de harcèlement policier (...), il
n’en demeure pas moins que la République, en dépit de ses
promesses non tenues, n’est pas à humilier en sifflant son hymne».
De fait, la France officielle a trop peu fait ces dernières
années pour réellement convaincre les Français de seconde zone,
qu’ils sont des Français comme les autres avec les droits et
devoirs qui sont ceux de tous les Français.
On a trop fait sentir justement à ces Français, pas tout à fait
Français, qu’ils ne sont pas «Français» vraiment et ne
sont que tolérés. C’est en fait cela le drame de l’émigration
maghrébine en France qui est aussi et en même temps l’échec
d’une politique d’intégration qui n’a pas su faire la part des
choses.
Droits
de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 16 octobre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
|