C’est à un véritable exercice
d’autosuggestion géopolitique que
vient de se livrer le journaliste
Alain Franchon sur le site du
quotidien Le
Monde. Intitulé « La
Syrie sème la zizanie au
Proche-Orient« , son article –
mis en ligne le 8 septembre – brode
– c’est le cas de le dire – sur l’ »isolement
croissant » du régime syrien,
véritable tarte à la crème que se
refilent les analystes et
journalistes d’obédience
euro-atlantiste. Crème quelque peu
tournée, alors que la Syrie peut
compter de façon réaffirmée et
officielle sur le soutien de la
Russie, de la Chine, du Brésil, de
l’Inde, de l’Afrique du Sud, de
l’Iran, du Liban, de l’Irak, de
plusieurs pays latino-américains (voir,
entre autres, notre article « La
Syrie ne se « bunkérise » pas », mis
en ligne le 5 septembre).
Mais, le mouvement de
contestation, armée ou pas, étant au
point mort, il faut bien que tous
ceux qui nous décrivaient depuis des
mois le pays comme une nouvelle
Libye et Bachar al-Assad comme une
sorte d’Hosni Moubarak
anti-américain, essaient de se
consoler, et leurs lecteurs avec
eux, d’une façon ou d’une autre.
Quand Le Monde met fin à
l’alliance syro-irannienne !
Alain Frachon, à vrai dire, n’a
guère qu’une corde à son arc pour
accréditer sa thèse : la Turquie d’Erdogan
qui, effectivement, a rompu son
alliance et ses accords économiques
et militaires avec Damas. Mais
d’abord, en l’occurence, Frachon
nous sert du réchauffé : Ankara
attaque – verbalement – Damas depuis
le début de la crise, voici six
mois. Et, ce que ne mentionne pas
une fois le
journaliste-propagandiste du Monde,
les Turcs ont depuis quelques jours
tourné leur animosité » vers un
autre vieil allié, Israël : pour
reprendre les termes utilisés pour
la Syrie par M. Frachon, on peut
dire que cette alliance-là à un peu
l’air de « s’effondrer » elle aussi
(voir notre
article « Diplomatie anti-syrienne :
des rouages grincent », mis en ligne
le 5 septembre). Et même si
Ankara, sur pressions américaines,
se rabibochait avec Tel Aviv,
Erdogan sait bien l’impopularité
totale de son flirt sioniste au sein
de la population turque.
Et puis il serait temps, à ce
stade, de rappeler au fin analyste
« mondialiste » Alain Frachon, que,
de toute façon, et on en est désolé
pour lui et ses employeurs du
Monde, la
Turquie n’attaquera pas
militairement la Syrie : elle est
bien trop occupée à bombarder les
Kurdes irakiens pour donner une
chance à la frange radicale des
Kurdes syriens de se doter d’une
« autonomie-sécession » à
l’irakienne.
Pour « étoffer » son dossier,
Frachon s’efforce d’enrôler l’Iran
dans la croisade anti-Bachar.
Exercice laborieux : après avoir dû
– quand même – rappeler tout ce qui
unissait, y compris depuis le début
des événements de Syrie, Téhéran et
Damas, l’homme du
Monde
assène son joker : certes, reconnait-il
encore, « la
République islamique iranienne ne
souhaite sûrement pas le départ de
Bachar al-Assad « (Ah,
diable ! Ndlr) mais,
ajoute-t-il, « elle
appelle, à son tour, à un dialogue
avec l’opposition syrienne »
En effet, quelle prise de
distance ! « appeler
à un dialogue avec l’opposition« ,
tous les amis et alliés de la Syrie
ne font que ça depuis des mois, de
Medvedev à
Infosyrie ! Encore faudrait-il
préciser de quelle opposition on
parle…
Le moins qu’on puisse dire en
conclusion, c’est que tout ça n’est
pas sérieux, et même franchement
pitoyable, Alain Frachon-du-Monde !
Mais, là encore, le but de
ce média n’était pas fournir une
analyse un tant soi peu fondée sur
des faits et des réalités
géopolitiques, mais de conjurer le
mauvais sort – ce « mauvais
sort » qui fait que Bachar et la
majorité des Syriens ont résisté à
des mois de déstabilisation, de
désinformation, et d’ingérence. Ce
n’est pas un article qu’a rédigé le
journaliste du
Monde, c’est un tract
euro-américain, ce n’est pas une
analyse qu’il a produite, plutôt une
incantation qu’il a psalmodiée !
Le président syrien est « en
passe de perdre un à un « ses
soutiens, M. Frachon ?
Le Monde,
avec des « papiers » de ce niveau ,
est lui « en passe » de perdre un
peu plus de sa crédibilité, déjà
bien entamée au terme de trois
décennies de suivisme des mots
d’ordre de la Maison Blanche…
Publié le 8
septembre 2011 avec l'aimable
autorisation d'Info Syrie