Opinion
Est-il réellement
impossible de trancher la bataille ?
Pierre
Khalaf
Lundi 24 décembre
2012
De nombreuses analyses sur la Syrie
évoquent l'impossibilité de trancher la
bataille dans le conflit opposant l'Etat
et les bandes terroristes menées par le
Front al-Nosra d'obédience qaïdiste, et
qui regroupent un cocktail composé des
Frères musulmans, des takfiristes
internationaux "venus de 29 pays", comme
le reconnait un rapport rédigés par des
enquêteurs de l'Onu, sans oublier les
coupeurs de routes et les brigands sans
foi ni loi.
Le facteur déterminant permettant de
dire qu'il est impossible de trancher la
bataille est, en premier lieu,
l'équilibre des forces au sein de la
société syrienne et ses répercussions
sur les protagonistes: l'Etat et l'armée
arabe syrienne d'une part, les bandes
terroristes à la solde de l'Otan de
l'autre.
Tout observateur honnête sait
pertinemment qu'une majorité populaire,
constituée d'un noyau solide
transcommunautaire, a, dès le début,
exprimé son soutien au président Bachar
al-Assad, à toutes les initiatives qu'il
a prise et à l'armée, dans leur combat
contre les terroristes et la rébellion.
La taille de ce courant populaire a pris
de l'ampleur au fil des événements après
que deux autres blocs se soient joints à
lui: le bloc "gris", qui était resté à
l'écart, exprime désormais un soutien
sans faille à l'armée, après que les
pratiques terroristes des bandes armées
et leurs pulsions destructrices se
soient clairement manifestées. Ce bloc
refuse le chaos, recherche la stabilité
et regarde avec aversion la destruction
systématique de l'Etat syrien, de ses
institutions et de ses infrastructures.
Une autre partie des Syriens, qui
étaient influencés par les slogans des
réformes, a réalisé que le président
Bachar al-Assad et l'Etat étaient
crédibles et sincères dans leur volonté
de changement, alors que l'opposition,
en refusant tout dialogue, ne cherche
que le pouvoir à n'importe quel prix,
surtout celle qui est liée organiquement
à l'Occident et aux pétromonarchies.
Une majorité de la société syrienne,
conscience et éveillée, se tient aux
côtés de l'Etat, de l'armée et du
président, alors qu'une petite partie
appuie les Frères musulmans et d'autres
groupes de l'opposition qui manifestent
une hostilité maladive et irrationnelle
à l'égard de l'Etat. Tous les jours, la
taille de ces groupes rétrécie et ils
perdent leur soutien populaire, surtout
dans les régions où se trouve le Front
al-Nosra, extrêmement sanglant et
violent.
C'est ce rapport de force dans la
société qui détermine l'issue du combat.
Et il ne fait pas de doute que cette
frange majoritaire au sein de la société
exerce des pressions sur l'Etat et sur
l'armée afin qu'ils tranchent la
bataille et qu'ils refusent tout
dialogue ou compromis avec les bandes takfiristes et autres groupes manipulés
par l'Otan et les pays du Golfe.
Si ceux qui assurent qu'il est
impossible de trancher la bataille se
basent sur les rapports de forces
militaires, il est clair que cette
lecture repose sur des données fausses.
bien qu'il ne faille pas minimiser la
capacité de nuisance de dizaines de
milliers de terroristes, dont des
milliers d'étrangers, autant de tueurs
professionnels qui commettent de
nombreux massacres sur le sol syrien.
Ces groupes reçoivent d'énormes
quantités d'armes et des sommes
astronomiques pour poursuivre leur
guerre d'usure contre l'Etat et son
armée.
Mais malgré cela, les rapports de force
restent de loin favorables à l'armée,
toutefois, les données précitées
montrent que la lutte de l'Etat, du
peuple et de l'armée syrienne va être
longue. Tous les compromis politiques,
pour le moment suspendus, ne pourront
pas mettre un terme au terrorisme. Pas
plus que les démarches entreprises pour
juguler l'hémorragie, sauf si elles se
basent sur la nécessité de soutenir
l'Etat et d'adopter des mesures contre
ceux qui financent, arment, entrainement
et abritent les tueurs en série
multinationaux, qui se font appeler jihadistes. Ces bandes armées sont
appuyées par les Etats-Unis, l'Otan, la
Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite.
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