Opinion
Voilà pourquoi
Samir Geagea a trahi
Pierre
Khalaf
Samir
Geagea
Lundi 20 mai 2013
A peine le coordinateur du président
Barak Obama pour le Moyen-Orient, Philipp Gordon, avait-il quitté
Beyrouth, que les résultats de sa visite
sont apparu sur la scène politique
libanaise. Les Forces libanaises ont
subitement renié tous leurs engagements
et se sont retournées contre le projet
électoral orthodoxe, brisant l'unanimité
chrétienne.
Samir Geagea a été chargé par les
Américains d'empêcher le recouvrement
par les chrétiens de leurs droits,
spoliés depuis plus de 20 ans par le
Courant du futur et le Parti socialiste
progressiste, avec qui il a conclu un
accord sur un projet électoral mixte. Ce
projet est basé sur les modes de scrutin
majoritaire et proportionnel et sur un
nouveau découpage des circonscriptions.
46% des sièges parlementaires seront
élus sur base de la proportionnelle et
54% suivant le mode majoritaire. Le
scrutin majoritaire sera organisé au
niveau de 26 circonscriptions, les cazas
actuels. Le scrutin proportionnel sera
organisé au niveau de six grandes
circonscriptions, les cinq mohafazats
actuels, le mohafazat du Mont-Liban
étant divisé en deux circonscriptions:
l’une formée des cazas de Jbeil,
Kesrouan, Metn-Nord et Baabda; et la
seconde regroupant les cazas du Chouf et
de Aley. Une lecture approfondie de
cette proposition permet de mieux
comprendre ses conséquences. Le
découpage des circonscriptions et leur
regroupement affaiblirait l’électorat
chrétien davantage que la loi de 1960.
La division du Mont-Liban en deux
circonscriptions met en effet les
chrétiens à la merci des électeurs
sunnites et druzes.
Le patriarcat maronite s'est dit surpris
que le chef des FL ait pu accepter un
tel accord alors qu’il s’était engagé à
soutenir les efforts visant à produire
une loi assurant la meilleure
représentation possible pour les
chrétiens. En contrepartie de ce
revirement, Samir Geagea a reçu des
garanties qu’il nommerait une partie des
candidats chrétiens sur les listes
électorales du Courant du futur et du
PSP. Ces deux partis lui auraient promis
de lui assurer un bloc parlementaire de
16 députés.
L’opinion publique chrétienne a été
choquée par cette "trahison". Au lieu de
faire son mea culpa, Samir Geagea a
renoué avec un virulent discours hostile
à Michel Aoun. Sortant des
considérations politiques, il s’en est
pris personnellement au leader du
Coutant patriotique libre dans les
termes les plus insultants. Mais les
électeurs ne lui pardonneront pas ce
revirement et les analystes prévoient un
raz-de-marée en faveur de Michel Aoun
lors des prochaines élections.
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