La démission de
Kofi Annan de son poste d’émissaire
international et arabe en Syrie n’a
surpris quiconque dans ce pays ou
ailleurs. Il avait laissé depuis un mois
à son conseiller libanais, plutôt
loquace, le soin de véhiculer cette
information dans les médias arabes et
occidentaux.
Plusieurs raisons étaient à l’origine
de la nomination de Kofi Annan pour
cette mission, étant notamment
fonctionnaire des Nations Unies et du
pays qui contrôle cette instance
internationale par excellence. Il avait
prouvé durant ses deux mandats à la tête
de l’ONU, sa loyauté absolue à
Washington. Son mariage avec une femme
juive a joué un rôle déterminant dans sa
nomination au poste de secrétaire
général de l’ONU. Il est allé même
jusqu’à donner à son fils un nom hébreu
(Uzi).
Outre sa loyauté aux Etats Unis, Kofi
Annan n’était pas un diplomate
extraordinaire, comme les médias arabes
et occidentaux ont tenté de le
qualifier. Il exécutait plutôt les
dictats et s’était compromis par la
corruption pour avoir détourné les fonds
des pauvres irakiens, dans le cadre du
programme « pétrole contre nourriture »,
durant son mandat à l’ONU. Les efforts
du ministre irakien des Affaires
étrangères pour le disculper et accuser
son fils Uzi dans l’affaire furent
vains, puisque Uzi avait dirigé
l’opération douteuse via une compagnie
qui lui appartenait à Genève. Cette
compagnie de comptabilité a supervisé
les comptes du programme « pétrole
contre nourriture » entre l’Irak et
l’ONU. Il était clair qu’Annan avait
projeté d’attribuer à son fils la
gestion des comptes du programme.
Kofi Annan est venu en Syrie selon la
volonté américaine, pour négocier
uniquement de la démission du président
Assad, en provoquant des fuites
d’information dans les médias via ses
conseillers. Ses plans furent toutefois
contrés par la réalité sur le terrain et
par la condition régionale et
internationale, notamment d’Iran, de
Russie et de Chine. Ces pays ayant
avorté la mise en œuvre de ces plans,
dictés par les Etats Unis qui lui ont
ordonné de démissionner pour changer le
cours des négociations.
La démission de Kofi Annan est une
grande opportunité pour la Syrie pour
qu’elle remette en cause les bases des
négociations selon ses propres intérêts,
profitant de son expérience avec Annan
et son équipe de travail. Elle est une
opportunité pour un nouveau
repositionnement syrien face à
l’occident et à la Ligue arabe, en
prenant en compte les conditions
suivantes :
1- Refuser toute nouvelle nomination
d’un émissaire par la Ligue arabe
2- Négocier avec l’ONU sur l’identité de
tout nouvel émissaire
3- Refuser le maintien des membres
arabes de l’équipe de Kofi Annan, et
dont Nasser el-Kodwa, le Libanais (A.L)
bien connu par les Syriens, l’équipe du
Conseil des Droits de l’homme de l’ONU,
mandaté en Syrie et présidé par une
Turque-Arménienne et son assistant
palestinien, qui ont écrit le premier
rapport en août 2011. Le membre
palestinien de l’équipe a reconnu avoir
falsifié ce rapport avec la complicité
de la femme turque, à l’insu des neuf
membres de l’équipe.
4- Tenter de convaincre les deux alliés,
russe et chinois, de la nécessité d’être
exigeants dans le choix des membres de
la nouvelle délégation
5- Rejeter catégoriquement tout rôle ou
représentant de la Ligue arabe dans la
nouvelle mission
6- Négocier pour nommer un nouvel
émissaire de nationalité neutre et non
employé de l’ONU
7- Négocier pour introduire un
observateur iranien au sein de la
délégation
8- Négocier pour introduire des
observateurs de la Chine, de la Russie,
du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du
Sud dans la délégation
9- Tenir à l’option militaire pour
trancher la situation d’Alep, à l’écart
des négociations relatives à la mission
onusienne ou à l’identité de son chef
10- Rappeler aux pays voisins de Syrie,
via les canaux diplomatiques
confidentiels, les déclarations du
porte-parole des Affaires Etrangères
syriennes, Jihad Makdessi, sur la
détermination de son pays à utiliser les
armes de destruction massive contre tout
Etat qui utiliserait son territoire ou
son armée pour agresser la Syrie.
Source: Alintiqad, traduit
par: moqawama.org