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Loubnan ya Loubnan
L'invraisemblable
obsession scatologique du soldat israélien
Nidal
Samedi 27 juin 2009
Jean-Pierre Perrin compile, dans un billet de Libération
du 25 juin, une liste d'«humiliations» subies par le
corps diplomatique français, infligées par des soldats
israéliens. Et notamment
ce crime de lèse-drapeau parfaitement immonde:
Mais l'incident le plus choquant est l'occupation du
domicile de l'agent consulaire français, Majdi
Chakkoura, à Gaza pendant l'attaque israélienne de
janvier. En son absence, les soldats israéliens ont
complètement ravagé les lieux - pourtant signalés à
l'armée israélienne -, volé une grosse somme
d'argent, les bijoux de son épouse, son ordinateur
et détruit la thèse sur laquelle il travaillait.
Et ils ont souillé d'excréments le drapeau français.
Cette dernière phrase a fait ressurgir des souvenirs de
discussions avec un ami libanais. Me racontant (une fois
de plus - l'arabe est geignard) d'innombrables exactions
israéliennes lors de l'invasion de 1982, mon ami me
parla de la propension des soldats de l'État hébreux à
déféquer un peu partout. Dans le long flot de vols,
meurtres, pillages... cette histoire de défécation m'a
semblé relever de cette tendance toute méditerranéenne à
l'exagération romanesque.
Mais, avec le temps, je me suis rendu compte que cet
aspect scatologique des «inverventions» israéliennes
était largement diffusé parmi mes interlocuteurs arabes,
et totalement inconnu du côté de chez moi. Jusqu'à un
fameux article d'Amira Hass, dans Haaretz en 2002, qui a
fait connaître cette question liée au confort du soldat
israélien.
C'est assez typiquement le genre de «mythe» que les
palestiniens et les libanais connaissent et racontent
depuis des années, mais que les médias occidentaux
occultent absolument parce que c'est sans doute un
mensonge inventé par ces arabes antisémites. Jusqu'au
jour où c'est publié dans un journal israélien, et
qu'alors ce «mythe» palestinien accède enfin au statut
de vérité historique. Un peu comme cette fameuse «Nakba»
dont les palestiniens nous ont si longtemps rebattu les
oreilles, jusqu'au jour où, enfin, les «nouveaux
historiens» israéliens nous ont permis de découvrir à la
fin des années 80 ce que les arabes savaient depuis
1948.
Les aventures stercoraires de Tsahal sont documentées en
anglais, de manière fragmentaire, et quasiment pas en
français. Je vous livre donc ici une recension de ce
sujet écœurant. Les traductions sont de mon fait, le
lecteur est comme à chaque fois invité à consulter les
textes originaux en anglais pour éviter de reproduire
mes éventuelles erreurs de traduction.
Après le départ des Israéliens (de Beyrouth en
1982), nous avons commencé à entendre parler des
aspects les plus extraordinaires de l'occupation.
Les arrestations, les harcèlements, les fusillades,
les pillages sytématiques: il s'agissait de ce à
quoi tout le monde s'attendait et, de fait, cela
avait eu lieu. Mais la chose la plus inattendue,
lorsqu'on en entendait parler pour la première fois,
provoquait un rire hésitant. Progressivement, nous
avons découvert que ce qui semblait être, au départ,
un incident isolé, était en réalité une marque de
fabrique et avait pris des dimensions beaucoup plus
importantes.
Les soldats israéliens, partout où ils avaient
séjourné, avaient déféqué dans des lieux choisis.
Sur des livres, des meubles, des vêtements, des
tapis; sur le sol des chambres à coucher, près des
toilettes et dans les baignoires; sur les bureaux
des écoles; et jusque dans les vitrines des
magasins, les gens ont trouvé des fèces
pourrissantes. Quelqu'un a juré qu'elle connaissait
une maison près de l'aéroport où la maîtresse de
maison en détresse avait découvert des selles dans
ses machines à laver le linge et la vaisselle. Nous
avons entendu qu'un homme était allé à son bureau et
avait vu ces déjections puantes et insultantes sur
tous les bureaux, sauf sur le sien. Triomphalement,
il s'est installé à son bureau et s'est vanté auprès
de ses malheureux collègues. Puis il a ouvert son
tiroir et, là, soigneusement installé au milieu de
ses fichiers, se trouvait le leg de l'armée
israélienne.
Et ainsi, après la ruine et la tragédie, après les
destructions et la souffrance, la mort et les
mourants, les corps lacérés et les yeux aveuglés,
les visages brulés et défigurés, les veuves et les
orphelins – après tout cela, tout ce qui est resté
n'a été qu'un gros tas d'excréments. Les incendies
s'étaient éteints, étouffés par un amas de fumier.
Une épouvantable plaisanterie, symbole d'un mépris
supérieur, une puanteur cosmique était devenu le
monument à la mémoire de ces mois d'agonie.
Noam Chomsky évoque également cet aspect de
l'invasion de Beyrouth dans The fateful triangle:
Dans le même bâtiment, les soldats israéliens
sont entrés par effraction dans l'appartement du
professeur Khalidi, titulaire de la chaire du
département de biochimie de l'Université
américaine de Beyrouth. Ils l'ont totalement
pillé, volant objets d'art, poteries anciennes,
ustensiles de cuisines, outils, etc. Des
sculptures furent jetées dans la rue. Les notes
de lecture et les livres qui n'ont pas été volés
ont été jetés au sol, puis les soldats «ont
déféqué dessus» et «cassé des œufs crus sur
l'empilement».
Plus loin:
À l'hôpital Berbir, que les israéliens avaient
bombardé plusieurs fois, «la clinique et les
appartements des médecins furent saccagés
pendant les quatre jours d'occupation
israélienne, selon les médecins présents». Des
chaises ont été cassées, des ordures et de la
nourriture répandues partout, des soldats ont
dessiné sur des tapis avec du rouge à lèvres,
ont déféqué dans des pots et des casseroles,
volé les cassettes des conférences, les
appareils photo, etc. Une mosquée sur le
principal axe est-ouest a été profanée. «Nombre
de ses tapis ont été volés, on a déféqué sur
d'autres, et des canettes de bière ont été
répandues au sol», selon des témoins habitant
près de la mosquée.
Autre période, même mœurs. Cette tradition est
évoquée en 1995 en Palestine dans le Palestine
Yearbook of International Law:
48. Dans ma même ville [Ramallah], une famille a
été réveillée le mercredi 19 octobre 1994 à deux
heures du matin par un groupe d'officiers
(quatre ou cinq selon le témoignage des
occupants) utilisant un mégaphone pour ordonner
à tous les habitants de sortir de la maison. Ils
venaient arrêter un suspect, qui s'est avéré
être un des enfants de la famille, un jeune
étudiant. Laissant la famille à l'extérieur, le
groupe d'officiers est entré dans la maison et a
systématiquement saccagé chaque pièce:
fauteuils, sofas et lits ont été éventrés, les
armoires vidées et leur contenu jeté au sol, la
cuisine détruite, les appareils mis en pièce et
cassés, les récipients de nourriture retournés,
notamment les pots d'olives qui ont été vidés
sur la terrasse, les carnets et les livres
scolaires déchirés. Pour couronner ce haut fait
militaire, un des hommes a déféqué dans le hall
et a jeté ses excréments sur un des lits. Ces
événements sont survenus sept heures avant
l'attaque de Tel Aviv le même jour et ne peuvent
aucunement être considérés comme un acte de
vengeance.
Sept ans plus tard, en décembre 2002,
Samah Jabr raconte, dans le Washington
Report on Middle East Affairs:
Nous avons tous été soumis aux images
pornographiques diffusées par les israéliens
quand ils occupaient les stations de
télévision palestiniennes. Ces soldats n'ont
pas hésité à uriner et à déféquer partout
sur les biens palestiniens, dans les bureaux
et les appartements qu’ils occupaient.
L'article qui a le plus fait connaître à
l'étranger cette forme étrange de l'«art de la
guerre» de l'armée la plus éthique du monde a
été publié par Haaretz en 2002, sous la
plume d'Amira Hass; le titre laisse peu de place
à l'imagination: « Quelqu'un
a même réussi à déféquer dans la photocopieuse».
Elle décrit le comportement des israéliens lors
du siège des bureaux d'Arafat en avril 2002.
Après leur départ, les Palestiniens reprennent
possession du Ministère de la Culture.
Dans d'autres bureaux, tous les
équipements de haute technologie et
l'électronique ont été détruits ou ont
disparu - les ordinateurs,
photocopieurs, appareils photos,
scanners, disques durs, le matériel de
montage d'une valeur de plusieurs
milliers de dollars, les postes de
télévision. L'antenne de diffusion sur
le toit de l'immeuble a été détruite.
Les postes téléphoniques ont disparu.
Une collection d'objets d'art
palestinien (essentiellement des
broderies faites à la main) a disparu.
Peut-être ces objets ont-ils été
enterrés sous les empillements de
documents et de meubles, peut-être
ont-ils été dérobés. Des meubles ont été
tirés d'un endroit à l'autre, brisés par
les soldats, et mis en piles. Des
réchauds à gaz pour le chauffage ont été
renversés, et jetés sur les tas de
papiers épars, des livres jetés, de
disquettes et de disques, et de vitres
brisées.
Dans le département destiné à la
promotion de l'art auprès des enfants,
les soldats ont souillé les murs avec la
peintures à la gouache qu'ils ont
trouvée sur place, et détruit les
peintures des enfants accrochées là.
Dans chaque pièce des différents
départements – la littérature, le
cinéma, la culture des enfants et les
livres de jeunesse, des disques, des
brochures et des documents ont été
entassés, souillés d'urine et
d'excréments.
Il y a deux toilettes à chaque étage,
mais les soldats ont uriné et déféqué
partout ailleurs dans le bâtiment, dans
plusieurs chambres où ils avaient vécu
pendant environ un mois. Ils ont fait
leurs besoins sur le sol, dans des pots
de fleurs vides, même dans des tiroirs
sortis des bureaux.
Ils ont déféqué dans des sacs en
plastique, et ceux-ci ont été dispersés
en plusieurs endroits. Certains d'entre
eux ont éclaté. Quelqu'un a même réussi
à déféquer dans une photocopieuse.
Les soldats ont uriné dans des
bouteilles d'eau minérale vide.
Celles-ci ont été dispersées par
douzaines dans toutes les pièces du
bâtiment, dans des boîtes en carton, des
piles d'ordures et de gravats, sur les
bureaux, dans les bureaux, dans les
meubles fracassés, entre les livres pour
enfants qui avaient été jetés au sol.
Certaines des bouteilles s'étaient
ouvertes et le liquide jaune s'était
déversé et avait laissé des tache. Il a
été particulièrement difficile de
pénétrer dans deux des étages de
l'immeuble à cause de l'odeur âcre des
excréments et de l'urine. Du papier
toilette souillé était également
dispersé partout.
Dans certaines pièces, non loin de
l'amas de matières fécales et de papier
hygiénique, des restes pourrissants de
nourriture ont été éparpillées. Dans un
coin, dans la pièce dans laquelle
quelqu'un avait déféqué dans un tiroir,
de pleins cartons de fruits et de
légumes avaient été abandonnés. Les
toilettes ont été abandonnées débordant
de bouteilles remplies d'urine,
d'excréments et papier toilette.
«Que notre camp soit pur.» Telle est
la philosophie de mes combattants.
Non seulement parce qu'elle résume
notre enseignement, mais parce
qu'elle constitue l'essence de leur
croyance et de leur héritage
national. Une croyance et un
héritage que nous partageons tous :
Israéliens religieux et laïcs, de
droite et de gauche, à l'armée et
ailleurs. Elle est source de fierté
et de confiance, même aux moments
les plus difficiles.
Mais alors, éclairez-nous, Danny Zamir,
vous qui «dirige[z] le programme
prémilitaire Itzhzak Rabin», cette
invraisemblable obsession scatologique
de vos «combattants», ça leur vient
d'où? Ça leur vient de «la philosophie»,
de «notre enseignement», de «l'essence
de leur croyance», ou de «leur héritage
national»?
Ou est-ce que ça leur vient de ce qu'ils
mangent ?
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