Tendances de l'Orient - La Syrie
Des régimes
parlementaires sous protectorat
New
Orient News
Lundi 6 septembre 2011 Ce qui se passe en Libye constitue le
modèle que réserve au monde arabe une
alliance politique composée des Frères
musulmans, des milieux de la bourgeoisie
libérale et de certains mouvements de la
gauche. Avec quelques nuances imposées
par les nombreuses spécificités entre un
pays et un autre, l’exemple libyen offre
un échantillon du projet politique vers
lequel sont entrainées les sociétés
arabes, qui bâtissent les illusions de
leur salut sur l’idée de l’intervention
étrangère pour répandre la démocratie et
se débarrasser du joug despotisme et de
la tyrannie.
Dans le cas libyen, nous assistons à un
renouvellement de l’hégémonie coloniale
sur le pays et sur ses richesses
pétrolières, basé sur un partage de
l’influence et du butin entre les
puissances occidentales. L’élément
nouveau est l’entrée en jeu de la France
en tant que partenaire principal, après
que le Conseil national de transition
(CNT) se soit engagé à accorder aux
compagnies françaises 35% du pétrole,
comme l’a révélé un haut responsable du
CNT au
Parisien.
La présence américaine, britannique et
italienne est préservée, tandis que les
influences chinoises et russes sont en
voie de liquidation, non pas à cause des
positions de ces deux pays dans la crise
libyenne mais parce que ces influences
sont considérées comme des vestiges de
la Guerre froide qu’il faut absolument
éliminer.
Sur le plan interne, le système qui est
concocté sous la férule de l’Occident
colonial et triomphateur est un régime
républicain, parlementaire sous
l’intitulé de démocratie. Rien de
nouveau car il s’agit d’un calque des
régimes que les puissances mandataires
avaient installés dans les années 20 du
siècle dernier: des élites qui se
partageaient des Parlements dans le
cadre d’élections et d’une vie
politique, le tout sous la stricte
surveillance d’un haut commissaire. Tout
ce monde évoluait sous un plafond fixé
par la puissance mandataire, qui
disposait d’un mandat «légal» délivré
par l’ancêtre des Nations unies, la
Société des nations. C’est pratiquement
le même système qui est en train d’être
mis en place aujourd’hui, avec
certainement plus de subtilité, vu que
les temps ont changé.
Il y a un siècle, les pays arabes
vivaient sous des monarchies
constitutionnelles, ou des régimes
parlementaires, avec des partis
politiques qui «remportaient» des
élections et «formaient» des
gouvernements, l’ensemble du processus
étant réglé, régi et dirigé par la
puissance coloniale.
L’histoire se répète avec des acteurs
nouveaux, le plus important étant la
Confrérie des Frères musulmans, qui,
après 60 ans d’exclusion des cercles du
pouvoir, n’a pas trouvé de meilleur
cheval que celui de l’Occident pour
accéder aux plus hautes sphères de la
société.
Le drame est que cette alliance ne
propose aucun projet politique ou vision
économique pour sortir les sociétés
arabes du sous-développement. Prendre le
pouvoir est son but et tous les moyens
sont bons pour y parvenir. Tout le reste
n’a plus aucune importance, pas même la
cause de la Palestine, que ces nouvelles
élites dirigeantes excluent de leur
discours politique. La réussite de ce
projet risque de plonger les pays arabes
dans un siècle d’obscurantisme et de
livrer les richesses au pillage par de
l’Occident qui ne laissera que les
miettes à ceux qu’il aura aidé à
arracher le pouvoir aux despotes pour le
monopoliser à leur tour.
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le
dossier Libye
Les dernières mises à jour
|