Tendances au Moyen-Orient
Syrie:
Le double véto
russo-chinois inaugure un nouvel ordre
mondial
New
Orient News
Photo: Sana
Lundi 6 février 2012
«Si l’Occident veut un nouveau scandale
pour lui-même au Conseil de sécurité
alors nous ne pouvons pas l’arrêter»,
avait dit le ministre russe des Affaires
étrangères, Sergei Lavrov, avant la
réunion de l’Onu sur la Syrie, samedi 4
février. Le «scandale» a finalement eu
lieu et l’Occident a reçu une double
gifle, russe et chinoise, avec les deux
vétos mis par les deux pays au projet de
résolution arabo-occidental contre la
Syrie.
Une fois de plus, l’Occident, qui ne
veut pas croire que le temps de la
direction unilatérale des affaires de ce
monde est révolu, a tenté de jouer au
malin. Les Etats-Unis et leurs alliés
ont introduit au texte initial certains
amendements voulus par la Russie. Mais
entre les lignes, les experts russes ont
découvert un piège permettant de
rééditer en Syrie la triste expérience
libyenne. C’est-à-dire qu’à travers une
résolution floue et élastique, votée à
l’origine pour la création d'une zone
d’exclusion aérienne, l’Otan est passé à
une opération de type classique qui
s’est achevée par le renversement du
régime du colonel Mouammar Kadhafi.
L’ambassadeur de Russie aux Nations
unies, Vitaly Tchourkine, a révélé que
le projet résolution sur la Syrie
faisait référence à l’article 42 de la
Charte de l’Onu, qui permet un recours à
la force militaire.
Ultimes pressions médiatiques
Les rêves de tous les comploteurs contre
Damas se sont donc brisés contre les
vétos russe et chinois. Pourtant,
l’alliance occidentale et ses alliées
arabes et de l’opposition syrienne avait
lancé une vaste opération de
manipulation médiatique dès vendredi
soir, pour exercer de fortes pressions
morales et politiques sur la Russie et
la Chine: les télévisions satellitaires
des pétromonarchies du Golfe ont passé
en boucle des images de dizaines de
cadavres, affirmant que l’armée syrienne
avait commis un véritable massacre en
bombardant Homs. C’était peine perdue,
car toute cette coalition n’a pas
compris que la décision de la Russie et
de la Chine de s’opposer aux plans
occidentaux en Syrie était stratégique
et visait à mettre un terme, une fois
pour toute, à l’hégémonie impérialiste.
Le double véto, le deuxième en quatre
mois, jette les bases d’un nouvel ordre
mondial, où les pays émergents refusent
d’être sous la coupe des Etats-Unis et
d’un Occident décadent, incapable
d’honorer ses dettes et autres
engagements financiers.
Les autorités syriennes ont démenti les
allégations de l’opposition, affirmant
que les images montrées sont celles de
citoyens enlevées et exécutés par les
groupes armés (il y a à Homs 400
disparus). De nombreuses familles de
personnes enlevées ont d’ailleurs
reconnu sur les images les corps de
leurs proches assassinés.
Au lendemain du double véto, l’Occident
a lancé une campagne hystérique de
dénigrement contre Moscou et Pékin. Mais
les deux capitales ont réaffirmé leur
attachement à leur position. Le
secrétaire d’Etat russe aux Affaires
étrangères, Gennady Gatilov, a assuré
que l’Occident n’avait pas fait assez
pour trouver une résolution acceptable
par la Russie.
Même déception du côté des monarchies du
Golfe, notamment du Qatar. L’éditorial
du quotidien syrien
Al-Baas,
a présenté avec plein de sarcasme ses
«condoléances aux comploteurs contre la
Syrie, notamment aux émirs du pétrole»,
pour l’échec de leur plan.
Malgré cette défaite diplomatique
cuisante, l’Occident ne lâche pas prise.
Nicolas Sarkozy mijote l’idée d’un
«rassemblement des amis de la Syrie», et
Hillary Clinton jure qu’elle «assèchera
les sources de financement syriennes
pour l’achat d’armement». La Russie,
elle, dépêche Serguei Lavrov et le chef
des renseignements extérieurs à Damas,
mardi, pour s’entretenir avec le
président syrien Bachar al-Assad.
Pendant ce temps sur le terrain, l’armée
syrienne a asséné un coup sérieux aux
extrémistes armés en nettoyant la vallée
Barada, à 20 kilomètres à l’ouest de
Damas.
Au Liban, des unités héliportées de
l’armée ont été déployées dans les zones
frontalières avec la Syrie pour freiner
le mouvement de trafic d’hommes et
d’argent entre mes deux pays. Le Liban
est devenu la principale base arrière
des insurgés syriens armés qui harcèlent
les troupes régulières.
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