Opinion
Qui est
responsable des crimes en Syrie ?
Nadia
Khost
Les toits de
Damas, une église et une mosquée, se
côtoient paisiblement dans le crépuscule
Jeudi 15 mars 2012
Il y a un an
seulement, les Syriens vivaient en
sécurité. Ils ignoraient tout des
armements qu’ils découvrent chaque fois
que l’armée les saisit dans les
cachettes des milices ou lorsqu’elles
entrent depuis la Turquie ou le Liban.
Ils n’avaient jamais vu les obus, les
fusils et mitrailleuses de toutes
sortes, les bombes assourdissantes, les
obus anti-char, les revolvers, les
appareils d’espionnage, les lunettes de
vision nocturne, les charges explosives,
les gilets pare-balles.
Maintenant, nous savons que la mort
peut venir des bonbonnes de gaz, ou
des galons d’huile ! Nous savons que
chacun d’entre nous peut mourir dans
une explosion ou lors d’une attaque
des bandes armées si son nom figure
sur leur liste des gens à abattre !
Malgré cela, le Conseil des Droits
de l’Homme à Genève refuse de
reconnaitre que ce qui se passe ici
est l’assassinat de notre sécurité,
l’abolition de notre rythme de vie.
Et va chercher les accusés parmi les
victimes ! Or, nous qui vivons en
Syrie, et non dans un pays
occidental, nous connaissons la
vérité que l’Occident et ses
institutions «
humanitaires » ne veulent pas
connaître.
Nous avons en tête deux images.
L’image -passée une seule fois à la
télévision syrienne- d’une famille à
Baba Amro, près de la table dressée,
dont tous les parents, enfants,
oncles avaient était tués ; sur le
mur, leurs assassins avaient écrit,
avec le sang des victimes, le nom de
la brigade qui avait commandité ce
crime. L’autre image est celle d’une
femme habitant à Douma, [une
banlieue de Damas] qui racontait que
les milices avaient conduit un jeune
homme ligoté sur la place publique,
pointé leur mitrailleuse, et obligé
les gens à assister à son exécution.
Et que le lendemain, ils en avaient
tué d’autres, de la même manière. À
la même époque, simultanément, Ayman
et Fahd Arbini - en compagnie de
Zaher Qweider d’Al-Qaïda - ont tiré
des obus RPG sur l’église d’Arbin,
[banlieue de Damas] et sur le
collège islamique. Ces crimes ont eu
lieu dans des zones sous contrôle
des bandes armées. Dans quel projet
s’inscrit ce terrorisme ? Qui est
responsable de ces crimes ?
Un des criminels arrêtés à Baba Amro
raconte - comme on raconte une
histoire banale - qu’il a tué et
violé des femmes. Que des cheikhs du
conseil militaire lui avaient
signifié par fatwa
que le meurtre et le viol étaient
licites. Ce n’est pas étonnant : les
cheikhs wahhabites d’Arabie Saoudite
qui appellent de leur tribune au
Jihad contre le gouvernement syrien,
ainsi que Kardawi, le cheikh d’Al-Jazeera,
prononcent des
fatwas légalisant l’assassinat
d’alaouites, de chrétiens, de druzes
et de sunnites favorables au
gouvernement. Les bandes armées qui
exécutent ces fatwas reçoivent de
l’argent du Qatar et de l’Arabie
Saoudite, ainsi que des drogues que
l’armée syrienne confisque en
quantités avec les armes. Faisaient
partie du butin trouvé à Baba Amro :
des armes et des devises
occidentales et israéliennes, des
passeports divers - parmi lesquels
un « passeport pour
le paradis » - du matériel de
communication sophistiqué. Ces
cheikhs ne connaissent pas la
recommandation formulée, au début de
l’Islam, par le Calife Omar bin el
Khattab : « Ne tuez
pas de femmes ni d’enfants ni de
vieillards, ne coupez pas d’arbres,
et laissez les moines dans leurs
couvents. »
Ces fatwas
expliqueraient pourquoi, le 7 mars
2012, un homme a raconté, sans peine
ni remord, qu’il a tué cinquante
hommes et violé des dizaines de
femmes. C’est ce qu’on appelle
communément de la conquête. Les
bandes armées ont «
conquis » les femmes et l’argent
des victimes, ont pillé les
institutions publiques, volé les
ambulances et les voitures des
municipalités et des particuliers.
Hier, un citoyen de Homs se
plaignait d’un
sniper qui avait conquis les
rues qu’il contrôlait depuis le haut
de sa terrasse. Parmi les tués, il y
avait un enfant de 11 ans, Malek El
Aktaa. L’objectif de ce terrorisme ?
Briser la société syrienne, infliger
des pertes à l’armée, morceler la
Syrie, paralyser la production
agricole, industrielle et
artisanale. Bref, détruire la
structure de l’État. Dans les
quartiers qu’elles contrôlaient, les
bandes armées ont empêché les
enfants d’aller à l’école, les
étudiants de se rendre à leur
examens universitaires. Elles ont
tué les ouvriers sur le chemin de
leur usine, elles ont empêché les
paysans d’aller semer sur leurs
terres et les centrales électriques
de s’approvisionner, elles ont
assassiné des hommes d’affaires et
des professeurs d’université. Elles
ont détruit la vie là où elles se
sont installées. Le 11 mars 2012,
elles ont kidnappé le politicien
Mosbah Al Chaar à Homs, et elles ont
assassiné le champion de boxe Ghiath
Tayfour à Alep, comme elles avaient
assassiné un champion de natation et
fait sauter un pont dans la région
d’Al Ghab.
Le rapport de la Commission des
observateurs arabes - qui ont visité
les lieux où ces événements se sont
produits et rencontré les victimes -
a relevé que le mandat de la Ligue
Arabe adressé à la Syrie ne
mentionnait pas les bandes armées.
Et que ces bandes attaquaient les
civils et les institutions publiques
et privées, obligeant l’armée
régulière à riposter. La Ligue
Arabe, dirigée aujourd’hui par le
Qatar et l’Arabie Saoudite,
s’attendait à ce que la Syrie refuse
de recevoir la Commission des
observateurs. Puis elle a imaginé
que le rapport rédigé par les
observateurs irait dans le sens de
son projet de légaliser une
intervention militaire. Mais
l’atrocité des crimes, l’ardeur des
victimes à exprimer leur douleur, et
la conscience politique des Syriens,
a permis aux honnêtes personnes de
la Commission de transmettre la
vérité. C’est pourquoi la Ligue
Arabe a par la suite négligé le
rapport et a exigé la démission du
chef de mission, cet homme loyal [1]
qui a refusé le chèque en blanc
proposé par le Qatar.
Pourquoi donc les dirigeants
occidentaux et les institutions
internationales n’ont-ils pas adopté
ce rapport rédigé par des
spécialistes en sécurité et des
militaires qui documentaient les
évènements tels qu’ils se
déroulaient sur le lieu même ? Ils
ont préféré adopter ce que concocte
l’ « Organisation
syrienne des droits de l’homme
», basée à Londres ; une
organisation représentée par un
unique individu appartenant aux
Frères musulmans, qui ne fait
qu’inventer les «
informations » diffusées à leur
demande.
Le problème ne réside pas uniquement
dans le fait que ces dirigeants
occidentaux qui soutiennent la
guerre contre la Syrie ne veulent
pas savoir qui sont les véritables
auteurs des crimes et des violations
des droits de l’Homme. Le fond du
problème est qu’ils exécutent une
stratégie qui vise à détruire l’État
Syrien. Ceci montre que les
politiciens occidentaux sont devenus
des vassaux aveugles du projet
américano-sioniste ! Et que Sarkozy
et Bernard Henri Lévy en France ont
réussi à enterrer la politique de la
France vis-à-vis des Arabes
instaurée par De Gaulle. Lorsque
nous entendons M. Alain Juppé, cela
ne nous évoque nullement le Général
De Gaulle. Nous avons plutôt
l’impression d’entendre Oliva-Roget
qui avait ordonné le bombardement de
Damas en 1945 [2].C’est
pourquoi, il nous semble que la
lettre de M. Laulan à Juppé [3]
- lui rappelant que la guerre contre
la Syrie ne sert pas les intérêts de
la France - suggère aussi que la
dignité de la France suppose qu’elle
ne soit pas la vassale du projet
américano-sioniste.
Mettons donc de côté ces termes qui
trahissent leur sens : «
les droits de
l’Homme, les révolutionnaires,
l’armée syrienne libre, la défense
des citoyens syriens ». Les
dirigeants occidentaux doivent
savoir que les «
révolutions », supposent un
programme politique national, que
c’est la cause des hommes de grande
envergure, penseurs et poètes. Une
cause basée sur la loyauté à la
Patrie, qui naît de cette Patrie ;
et non pas une cause initiée par une
décision extérieure. Comme
l’histoire des luttes
arabo-israéliennes est marquée par
les guerres d’agression
israéliennes, un des premiers
principes des révolutionnaires
patriotes est de ne pas recevoir
d’aides ou d’armes israéliennes. Et
de respecter les principes
fondamentaux qui leur imposent de ne
pas oublier que l’ennemi n’est pas
la confession d’en face, mais que
l’ennemi, l’agresseur c’est Israël,
ainsi que l’impérialisme Occidental
qui, lui, veille sur la sécurité
d’Israël et se moque de celle des
Arabes. Les dirigeants occidentaux
savent ces vérités, mais ils
consacrent leurs efforts au
morcellement des pays arabes et à
l’embargo contre l’Iran ; leur
projet vise la Russie, la Chine, et
les pays de l’ex-Union soviétique.
Ils ont enfreint les lois
internationales, leurs agents
secrets se sont infiltrés à Homs, où
ils ont dirigé la guerre de l’«
Émirat islamique de
Baba Amro », avec les bandes
salafistes et Al-Qaïda ! Ils ont
tenté par trois fois, au Conseil de
Sécurité, d’autoriser l’ingérence en
Syrie. Mais le fait que l’aviation
israélienne bombarde Gaza, qu’elle
ait tué, rien que le 10 mars, dix
huit personnes dont des enfants, et
que les colons israéliens détruisent
les monuments palestiniens
islamiques et chrétiens, et
judaïsent la Jérusalem historique,
tout cela n’a pas retenu leur
attention.
Ces drames nous permettent de
conclure que la politique
occidentale ne reflète pas seulement
un effondrement moral en adoptant le
mensonge et les falsifications, mais
aussi un effondrement politique et
la cécité de la pensée. Cette
politique conspire contre la Syrie.
Un pays qui se distingue par un
tissu social où se mêlent dans une
unité nationale les religions, les
confessions et les «
ethnies ». Un pays qui se
distinguait il y a peu par une
sécurité rarement rencontrée en
Occident, et par une culture humaine
fière de ce qu’ont apporté les
grandes révolutions à l’humanité. Un
pays qui traduit les œuvres de la
littérature mondiale, qui écoute la
musique classique comme il écoute la
musique locale, et dont les femmes
participent à la vie productive et
publique que le peuple cherche à
améliorer. La politique occidentale
utilise dans sa guerre, la
diplomatie, les médias, les
organisations internationales, et
les armes sophistiquées ; elle
s’appuie sur des régimes despotiques
qui n’ont pas de Constitution ni de
Parlement, qui accueillent sur leur
territoire des bases militaires
états-uniennes, et qui tuent les
manifestants à Bahreïn et à Qatif en
Arabie Saoudite.
Comment expliquer la collaboration
de l’Occident avec des combattants
d’al-Qaïda qui sont sur les listes
du terrorisme international, et que
le Qatar et l’Arabie Saoudite
financent pour leur guerre contre la
Syrie ? Comment expliquer la feinte
ignorance occidentale de la position
des chrétiens syriens présents sur
le devant de la scène pour défendre
la structure sociale, et qui
condamnent l’intervention
occidentalo-sioniste ? Pourquoi
l’Occident n’écoute-t-il pas le
Patriarche maronite du Liban, mais
encadre-t-il les bandes takfiristes
qui assassinent les chrétiens
syriens, et attaquent leurs
monastères et églises, que les
musulmans respectent et honorent ?
Al Zawahiri [leader d’Al-Qaïda] a
revendiqué les attentats de Damas et
d’Alep par Al-Qaïda. Des rapports
officiels témoignent de rencontres
entre les services secrets français
et britanniques avec les combattants
libyens d’Al-Qaïda.Les Syriens ont
appris que les services secrets
français et britanniques se
trouvaient à Baba Amro aux côtés des
bandes d’Al-Qaïda. Leurs médias se
sont abstenus de montrer à l’écran
ces infiltrés étrangers, laissant
ainsi refroidir la colère ressentie
vis-à-vis de ce non respect
occidental de la souveraineté
syrienne. La sagesse syrienne a
préféré la maîtrise de la situation
à Baba Amro, à une telle exposition.
Des centaines d’hommes armés se sont
rendus à l’armée syrienne lorsque la
protection occidentale s’est
retirée. Ceci confirme la
responsabilité de l’Occident dans
les crimes que commettent les bandes
armées. Et il ne s’agit pas
uniquement des assassinats et des
enlèvements, mais également de la
destruction des équipements de base
dont le peuple syrien paie le prix :
l’explosion des oléoducs et des
gazoducs, des pylônes électriques,
des stations d’eau, l’incendie des
écoles, la destruction des hôpitaux,
le pillage des édifices publics [par
les bandes armées].Nous affirmons
donc que l’Occident se moque de la
protection des chrétiens, des
monastères et des églises, car les
chrétiens sont patriotes, refusent
l’ingérence et condamnent le complot
occidentalo-sioniste, Il ne leur
échappe pas que les prétendus «
révolutionnaires
» sont des bandes de criminels, et
que les sanctions européennes visent
à se venger du peuple syrien, dont
les chrétiens sont partie
intégrante. Bizarre que ces vérités
ne parviennent pas aux ministères
des affaires étrangères occidentaux
?
En tous cas les instructions données
par l’opposition extérieure sont :
ne regardez pas la télévision
syrienne, ni la chaîne
al-Dounia, ne
votez pas pour la Constitution ! Il
semble que Madame et Messieurs
Clinton, Juppé et Cameron ne
veuillent pas voir non plus les
funérailles des milliers de soldats
et officiers de l’armée que les
bandes armées ont tué [4]
; ni voir les honneurs rendus à ces
martyrs par les villageois.
N’ont-ils pas vu non plus que des
millions de Syriens ont envahi les
places, manifestant ainsi leur avis
à l’égard du complot de l’Occident
sioniste contre la Syrie ? N’ont-ils
pas vu le niveau de conscience
politique qui distingue le peuple
syrien ? N’ont-ils pas entendu la
clameur des femmes, voilées ou pas,
et leur refus de l’ingérence dans
les affaires internes de la Syrie ?
Ils ne le voient pas, car seul celui
qui a la conscience éveillée, et qui
est libre, peut être ému par les
douleurs humaines, et apprécier la
dignité nationale syrienne. Est-il
concevable que les «
défenseurs de la démocratie »
n’aient pas remarqué que la nouvelle
Constitution interdit les partis
fondés sur une base religieuse ou
ethnique, et qu’elle garantit le
respect des libertés personnelles et
religieuses ? Le grand débat
national n’a-t-il pas été remarqué ?
Dans quel autre pays un projet de
Constitution a-t-il été débattu dans
des meetings, dans les centres
culturels, à l’université, à la
télévision, dans des réunions ? J’ai
vu un exemplaire de la Constitution
entre les mains de collégiens et
d’étudiants universitaires ; les
gens ont exprimé leur avis, et
devant le Parlement se sont
manifestés les politiciens en
désaccord avec l’article 3 [de la
Constitution].
Mais la question n’est pas celle des
droits de l’Homme car, si c’était le
cas, MM. Juppé, Cameron et Mme
Clinton auraient dû voir l’agression
permanente dont est victime le
peuple palestinien, et le mépris
d’Israël à l’égard des décisions
internationales qui interdisent la
judaïsation de la terre occupée et
la métamorphose de ses
caractéristiques. Ils auraient dû
condamner les crimes qu’a commis
Israël au Liban, et méditer sur les
violations des droits de l‘Homme en
Libye. La «
communauté internationale »
aurait dû examiner les déclarations
des officiels israéliens qui
menacent de bombarder les
installations nucléaires iraniennes,
et les juger pour menaces de guerre.
Mais la logique s’est évanouie.
L’État d’Israël, qui possède des
bombes atomiques, qui refuse de
laisser visiter ses installations
nucléaires, n’est pas condamné.
L’Iran qui ne possède pas d’armes
nucléaires, qui accepte de faire
visiter ses installations
nucléaires, est lui menacé par
Israël. Tandis que l’Agence
Internationale de l’Énergie Atomique
communique les noms des
scientifiques iraniens, ce qui
facilite leur assassinat…
On a vu le président Obama se tenir
comme un écolier docile devant
Netanyahou, garantissant le «
droit d’Israël à
assurer sa sécurité », (cette
sécurité s’étendant d’Israël à
l’Égypte, à la Lybie et à l’Iran !)
et garantissant son engagement à
assurer la suprématie militaire
d’Israël. Nous avons ainsi vu, sur
le plan symbolique, la concordance
entre le projet occidental et le
projet sioniste. C’est pourquoi, M.
Juppé ne diffère guère de Mme
Clinton. Son arrogance n’est pas
sans rappeler celle d’un gouverneur
pendant la période d’occupation. Ces
événements ont permis de mettre une
fois de plus en lumière l’influence
sioniste au sein du parti communiste
et du parti socialiste français.
N’est-il pas ironique que Bernard
Henri Lévy, le sioniste, se
définisse comme socialiste ? Et
qu’il cite Marx dans son livre sur
ses missions dans l’invasion de la
Lybie où il se déclare «
fidèle à son
judaïsme et son sionisme » ! Le
parti communiste français n’a-t-il
pas remarqué ce qu’est le système
politique de l’Arabie et du Qatar,
et ce que sont les bandes
takfiristes utilisées dans la guerre
contre la Syrie ? Il s’ensuit que
l’Occident ne collabore plus qu’avec
ceux qui ont des liens avec Israël
et qui privilégient la sécurité de
cette dernière, sur la sécurité
nationale arabe. C’est pourquoi
Basma Kodmani [5]
a avoué qu’« Israël
est une nécessité » ! Certains
membres du Conseil
d’Istanbul ont assuré qu’ils
établiront des liens avec Israël.
Dans cette concordance, s’inscrit la
collaboration des services secrets
israéliens, qataris, et saoudiens,
ainsi que les bandes armées munies
d’armes israéliennes découvertes
dans des cachettes à Douma, dans la
banlieue de Damas, et à Baba Amro.
Ce Conseil,
appuyé par Juppé et Clinton, a
commis ce que le peuple Syrien ne
pardonne pas : le fait d’avoir
facilité l’ingérence étrangère
politique et militaire en Syrie,
d’avoir des liens avec Israël et le
sionisme. Dans ce climat, l’Occident
accuse les victimes des crimes qu’il
a lui-même commis par le biais de
ses bandes armées. Cela ne nous
étonne pas qu’il voie AbdelKarim
Belhaj, Al Mahdi Harati, Al Zawahiri,
l’émir du Qatar, et le roi Saoudien
comme autant de «
révolutionnaires démocrates »,
et qu’il efface de sa mémoire Che
Guevara et Manolis Glezos !
Est-il possible de
changer la stratégie occidentale pour
dissiper le danger d’un embrasement du
proche Orient ? Le point lumineux est
que des puissances ayant des stratégies
différentes, essaient, avec force et
courtoisie, de stabiliser les relations
internationales ; ce sont de grandes
puissances économiques avec des
intérêts, une vision, et une structure.
Le discours prononcé par Poutine le 10
février 2007 à la 43e Conférence sur la
sécurité à Munich, ainsi que son dernier
article, montrent que la Russie n’est
plus le pays que l’Occident
a sauvagement violé après avoir
démantelé l’Union soviétique.
Elle fait partie maintenant de l’union
du BRICS, bien décidée à l’établissement
de nouvelles relations internationales.
Dans cette union, beaucoup de peuples
voient la libération du joug du monde
unipolaire, la sortie du chaos, et du
déni du droit humain et international.
Nous lisons l’espoir dans l’appel de
Theodorakis qui indique la Russie pour
sortir de
la crise. Son
appel
«
La
vérité sur la Grèce » [6]
dénonce la stratégie dessinée par
Zbigniew Brzeziński.
Ce sont les banques et la guerre qui
fabriquent la misère des peuples et qui
tuent les identités nationales. En
témoigne la parole de Sarkozy
à la délégation du Conseil de
transition Libyen : «
nous devons
apprendre au peuple grec à vivre
». Les banques occidentales non
seulement dépouillent les peuples,
mais elles les humilient. Que
n’avions nous pas découvert plus tôt
que la Russie, la Chine, l’Iran le
Brésil, l’Afrique du Sud, et
l’Amérique Latine, sont des espaces
humains et économiques, remplaçant
l’Occident !
Le sang des victimes avec lequel les
Libyens d’Al-Qaïda ont écrit sur le
mur de la famille assassinée, «
de Misrata nous
sommes venus pour libérer la Syrie
», et les décombres de Baba Amro -là
où les services secrets français et
britanniques ont dirigé la guerre-
dessinent un tableau réunissant
Al-Qaïda, les cheikhs despotiques du
pétrole (qui interdisent à la femme
de conduire), les bandes de
mercenaires, les dirigeants
occidentaux, les services secrets
occidentaux, les régimes coupeurs de
têtes saoudiens, et l’opportuniste
qatari. Un tableau très
significatif, qui ne permet pas à
ceux-là de donner aux Syriens des
leçons sur les droits de l’Homme ou
sur la démocratie ! Mais qui impose
de juger les dirigeants de
l’Occident et du Golfe qui ont
planifié et financé les crimes en
Syrie !
Dr Nadia KHOST
Damas, 11 mars 2012
Traduit de l’arabe par Anis El ABED
Dr
Nadia Khost, écrivaine syrienne —
auteur de nombreux ouvrages,
d’essais, et de nouvelles portant
sur l’histoire, l’architecture, la
conservation et la protection du
patrimoine de la Civilisation Arabe
— vit à Damas.
[1]
Le général soudanais Mohamed Ahmed
Moustapha al-Dabi était le chef de la
mission d’observation de la Ligue arabe
en Syrie.
[2]
Le Général Fernand Olive, dit Oliva-Roget,
a bombardé Damas sous mandat français,
le 29 mai 1945.
[3]
« Lettre ouverte à Alain
Juppé sur la Syrie », d’Yves-Marie
Laulan, 10 fevrier 2012.
http://www.laulan.fr/2012/lettre-ouverte-a-alain-juppe-sur-la-syrie/
[4]
Plus de 3000 soldats et officiers tués.
[5]
Le Conseil national
syrien (CNS) demande l’intervention
étrangère et des armes. Créé en août, il
a été lancé début octobre 2011 à
Istanbul. Il est censé coordonner les
opposants et leurs actions contre Bachar
el-Assad, aussi bien en Syrie que dans
des pays tiers. Le CNS a tout de suite
était reconnu par Sarkozy, puis Cameron
et Obama.
[6]
http://www.silviacattori.net/article2870.html
Le
dossier Syrie
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