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Aujourd'hui le Maroc
France : Nora
Berra claque la porte de l'Assemblée nationale
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Vendredi 25 décembre 2009
La scène qui signe la grande entrée de Nora Berra dans
le débat sur l’identité nationale se passe en deux actes : une
action et une réaction.
Nora qui ? La question se posait jadis comme une évidence. Tant
la secrétaire d’Etat aux Ainés, celle que Nicolas Sarkozy voyait
prendre la place fort symbolique de Rachida Dati, tombée en
disgrâce, pataugeait dans un obscur anonymat. Elle n’arrivait ni
à s’imposer ni à se distinguer par un caractère fulgurant. Ce
n’est plus le cas désormais aujourd’hui depuis que Nora Berra
avait claqué la porte d’une réunion du groupe UMP à l’Assemblée
nationale sur la nécessité ou non de légiférer pour interdire la
burqa. La scène qui signe la grande entrée de Nora Berra dans le
débat sur l’identité nationale se passe en deux actes : une
action et une réaction. L’action c’est la déclaration prêtée à
Pascal Clément, un ancien ministre de la Justice : «le jour où
il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne
sera plus la France». La réaction, c’est Nora Berra qui se lève
indignée, va au clash et quitte de manière spectaculaire cette
réunion : «Qu’un ancien garde des Sceaux tienne ces propos
anti-laïcs dans une enceinte symbole de la République comme
l’Assemblée nationale, c’est insupportable ! C’est ça la
démocratie ?» Et depuis, Nora Berra, presque reléguée au quota
froid et arithmétique de la diversité, que peu de personnes
étaient capables de reconnaître sur une photo ou de dire ses
occupations au sein du casting gouvernemental, est en train de
se fabriquer une jolie notoriété. S’était-elle livrée à un coup
de publicité pour se frayer son propre chemin et se faire une
petite place au soleil entre la compulsive Rama Yade et
l’insubmersible Fadela Amara ? La question ne fait pas que
frôler les esprits. De nombreux collègues au gouvernement de
Nora Berra ont exprimé leur surprise de la voir quitter la
réunion et de rompre le dialogue, là où dans le pire des cas
elle aurait pu opposer une argumentation, bref discuter et
débattre. La réponse de Nora Berra à ce reproche est qu’elle
«voulait donner un signal fort».
Il n’est pas étonnant d’y voir une forme de malice opportuniste
de la part de Nora Berra. Voilà un débat sur l’identité
nationale qui se télescope avec une recherche effrénée de la
part des pouvoirs publics de la manière la plus efficace
d’interdire le voile intégral. Elle, Nora Berra, ministre de la
diversité, femme musulmane, dispose de tous les ingrédients pour
être au cœur de ce maelstrom. Quoi de plus adéquat que de
provoquer un clash au centre de ce débat et de s’attirer vers sa
personne toutes les interrogations.
D’un autre côté, il n’est pas certain qu’un couac supplémentaire
qui secoue sa majorité, incarné par la prise de position marquée
de Nora Berra, puisse être bénéfique pour Nicolas Sarkozy. Le
président de la République est soumis à une forte pression de
revoir sa copie sur l’ensemble de la stratégie proposée aux
Français pour débattre de leur identité.
Avec Nora Berra qui met en émoi tout le groupe UMP à l’Assemblée
nationale et qui divise le gouvernement sur l’attitude à prendre
pour traiter ce genre de débat, la majorité présidentielle
montre des tensions et des divergences sur un sujet sensible
qui, pour être rentable électoralement, a besoin de consensus et
de cohérence. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 26 décembre 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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