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Aujourd'hui le Maroc
Alain Juppé joue les
solidaires indépendants
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Mercredi 23 décembre 2009
Si Alain Juppé était en train de marquer sa différence
pour mieux se préparer un avenir, l’UMP toujours prompte à
exécuter toutes formes de critiques à Sarkozy, reste muette sur
le cas Juppé.
La moindre des évidences politiques est que Nicolas Sarkozy
puisse compter sur les grandes voix de sa majorité
présidentielle quand il s’agit de se prononcer sur les grands
sujets qui configurent son quinquennat. Or s’agissant d’un débat
aussi pointu, aussi sensible que celui organisé sur l’identité
nationale, une voix importante commence sérieusement à lui faire
défaut. Celle d’Alain Juppé, actuel maire de Bordeaux et ancien
fils préféré de Jacques Chirac.
L’homme commence à faire entendre une petite musique qui
ressemble étrangement à un air d’opposition et de distinction.
Non seulement il s’interroge à haute voix sur l’utilité d’un tel
débat, mais fustige, argument à l’appui, sa dangerosité et sa
capacité à dresser en France les communautés les unes contre les
autres. Pour lui la vraie question est la suivante :
«Aujourd’hui, quelle est la capacité d’accueil de la société
française vis-à-vis de ceux qui la rejoignent, en particulier
les musulmans ?»
Alain Juppé marche ainsi sur les traces de deux anciens Premiers
ministres de droite, le premier Dominique de Villepin qu’une
odyssée judicaire oppose à Nicolas Sarkozy dans la célèbre
affaire Clearstream et Jean-Pierre Raffarin qui, amer, a pris
ses distances avec l’Elysée depuis que le président de la
République lui avait préféré Gérard Larcher à la présidence du
Sénat.
Et pourtant rien ne destinait Alain Juppé à finir, sinon dans
l’opposition à Nicolas Sarkozy, du moins dans la critique acerbe
de ces projets de réformes. Non seulement son retour au
gouvernement était régulièrement annoncé dans les gazettes, mais
signe que le président de la République tenait sa stature et
éventuellement sa capacité de nuisance en grande estime, il
l’avait nommé en compagnie de l’ancien Premier ministre
socialiste Michel Rocard à la tête de la commission chargée de
réfléchir sur les grands chantiers qui devrait accueillir la
semence du grand emprunt national lancé lors du congrès de
Versailles.
Le débat sur l’identité nationale, de plus en plus impopulaire
chez les Français, n’est pas le premier sujet sur lequel Alain
Juppé avait fait entendre sa différence. La taxe
professionnelle, le nouveau redécoupage territorial et le grand
emprunt l’avaient fait sortir de ses gonds. Après avoir été
prononcée sur un ton exaspéré, la critique d’Alain Juppé à
l’égard de certaines réformes et autre actions de Nicolas
Sarkozy devient méthodique. Et il n’en fallait pas plus pour y
déceler le retour d’une ambition, jadis éteinte par les démêlés
judicaires issus de l’héritage Chirac et les déboires politiques
provoqués par l’encombrement dans le leadership de la famille de
la droite.
Et si Alain Juppé était en train de marquer sa différence pour
mieux se préparer un avenir. Le parti du président, l’UMP,
toujours prompt à exécuter avec une effervescence passionnée,
toutes formes d’opposition ou de critiques à Nicolas Sarkozy,
reste muet sur le cas Juppé. Ce qui peut être interprété d’une
double manière : ou la réflexion n’a pas encore été menée pour
identifier Alain Juppé comme un allié objectif de l’opposition
comme peuvent l’être Dominique de Villepin ou Jean-Pierre
Raffarin. Ou les négociations souterraines pour calmer les
ardeurs du maire de Bordeaux n’ont pas encore abouti. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 24 décembre 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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