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Aujourd'hui le Maroc
Carnets
parisiens : Bachar Al-Assad se rebiffe contre Nicolas Sarkozy
Mustapha Tossa
Le président Bachar Al-Assad
4
janvier 2008 Damas gèle tout
contact politique avec Paris sur la crise libanaise. La Syrie est
appelée par la France à ne pas intervenir au Liban. Après
avoir un moment fait la sourde oreille comme s’il n’était
nullement concerné par les menaces proférées contre son régime
par Nicolas Sarkozy au Caire, le président syrien Bachar Al-Assad
a changé brusquement son fusil d’épaule préférant
l’affrontement politique à la retenue diplomatique. Le voilà
qui fait donner dans l’artillerie lourde en laissant dire par
son ministre des Affaires étrangères Walid Moallem que Damas Gèle
tout contact politique avec Paris sur la crise libanaise avec des
mots qui ne laissent place à aucun doute sur la détermination
syrienne : «Il semble que les Français veulent imputer à la
Syrie leur incapacité (...) à trouver une solution à la crise
(libanaise) (…) Par conséquent, la Syrie a décidé de cesser
sa coopération».
Le chef de la diplomatie syrienne avait profité de l’occasion
pour pointer les contradictions apparentes de la démarche française
: «D'une part on demande à la Syrie de ne pas intervenir au
Liban et d'une autre, on lui demande d'utiliser son influence sur
ses alliés libanais»
Réponse du Quai d’Orsay à ce qui est perçu par de nombreux
observateurs comme un dangereux tournant dans la déjà difficile
relation entre Paris et Damas : «Ce que nous avons dit aux
Syriens, c’est que nos contacts politiques prenaient fin
jusqu’à ce que la Syrie démontre sa bonne foi et qu’un président
de large rassemblement soit élu au Liban».
Ces déclarations font écho au coup de surchauffe donné par le
président français lors de sa récente visite au Caire,
lorsque, tout en menaçant de réactiver le spectre du tribunal
international chargé de juger les assassins présumés de
l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, le président
français avait décidé de revenir à la politique d’ostracisme
et d’isolement qu’avait choisi son prédécesseur Jacques
Chirac pour punir les maîtres de Damas de leur possible
responsabilité dans l’anarchie libanaise.
Fau-t-il signaler au passage que le brusque retournement de
Nicolas Sarkozy à l’égard de la Syrie a été dégusté avec
appétit par le ministre des Affaires étrangères de
l’ouverture Bernard Kouchner lorsqu’il a avoué, de manière
trop tonitruante pour être diplomatique, : « Nous avons sans
doute été trop naïfs ». Le «nous» visait sourdement la décision
de Nicolas Sarkozy de dépêcher à Damas deux des plus proches
collaborateurs, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant
et le conseiller diplomatique Jean David Levitte, sans que Bernard
Kouchner ne soit mis au parfum des ces manoeuvres diplomatiques de
haute voltige. Ces deux éminences grises du président français
ont été à l’origine d’un accord franco-syrien « sur une
solution globale au Liban » que Damas fait valoir pour bien
signifier le meilleurs de ses intentions et dont Paris nie
l’existence aujourd’hui.
Autant la réaction française signalait aux chancelleries arabes
et occidentales que Nicolas Sarkozy était arrivé au bout d’un
exercice de séduction raté et qu’il revenait à la case de départ
en attendant des jours meilleurs, autant la riposte syrienne
provoquait une césure politique béante qui ouvrait la voix à
tous les scénarios possibles et imaginables. Dans le langage codé
de la politique compliquée du Moyen-Orient, stopper les contacts
politiques et la coopération et cesser d’être un
interlocuteur équivaut presque automatiquement à occuper le
dangereux fauteuil de l’adversaire.
Une grande inquiétude hante aujourd’hui les cénacles parisiens
de la réflexion diplomatique et militaire : Quels types de répercussions
cette tension entre Nicolas Sarkozy et Bachar Al-Assad peut-elle
avoir sur la présence française dans la région ? Paris déploie
actuellement un important contingent au sein de l’UNIFIL, la
force des Nations Unies chargée d’observer le cessez-le-feu au
Sud Liban entre Israël et le Hezbollah. La crainte est d’autant
plus justifiée que le président français n’entretient
pas les meilleures relations avec le principal allié stratégique
de Damas dans la région, le turbulent président iranien Mahmoud
Ahmadinejad. Les deux hommes ont déjà eu l’occasion d’échanger
par voie de presse des propos très viriles autour du dossier nucléaire
iranien. La conjonction d’intérêts entre Téhéran et Damas
est susceptible de provoquer toutes sortes d’insomnie à Paris. Par :
Mustapha Tossa
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© Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 5 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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