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Aujourd'hui le Maroc
Georges Frêche
se pose en De Villepin de Martine Aubry
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Mercredi 3 février 2010
Dans ce bras de fer contre Georges Frêche, Martine Aubry
joue une carte politique extrêmement sensible.
Pour ne pas «perdre son âme», la première secrétaire du Parti
socialiste Martine Aubry a donc décidé de se séparer de Georges
Frêche président socialiste sortant de la région
Languedoc-Roussillon après que celui-ci ait récidivé dans son
délire raciste en s’en prenant à «la tronche» de Laurent Fabius.
Après les Harkis, les Blacks, les allusions scabreuses aux
origines juives d’un dirigeant socialiste ont été la goutte qui
a fait déborder le vase. La sanction de Martine Aubry est
politique. Elle avait le choix entre se voiler la face ou agir.
Et elle a agi. Elle a décidé de lancer une liste concurrente à
Georges Frêche et d’investir à sa tête la maire de Montpellier
Hélène Mandroux. Décision actée du bureau national du PS réuni
mardi après-midi. Suprême punition qui ne tolère aucun
compromis, aucune mauvaise interprétation. Sauf que, comme toute
vérité politique, la socialiste n’est pas d’une clarté évidente.
A la surprise médiatique générale, de nombreuses voix se sont
élevées pour contester la décision de Martine Aubry et de
prendre la défense de Georges Frêche, semant brouillage et
confusion. Ainsi donc, l’homme qui a traité les Harkis de
sous-hommes, qui s’est ému du nombre très important des Noirs
dans l’équipe de France, qui trouve naturel de moquer la
physionomie d’un leader socialiste, cet homme-là ne serait qu’un
vieux militant au langage coloré et souvent éruptif, sans aucune
arrière-pensée raciste et xénophobe. Et le procès politique que
l’actuelle direction est en train de lui faire ne serait qu’un
prétexte pour éliminer un élément gênant, pour sa stratégie à la
veille d’importantes primaires, de la plus puissante fédération
socialiste de France. Même un homme comme Jean-Claude Gayssot,
vice-président communiste de la région Languedoc-Roussillon et
dont la fameuse loi qui lutte contre le racisme et
l’antisémitisme porte son nom «la loi Gayssot», est monté au
créneau pour défendre Georges Frêche. Il valide par la même
occasion la thèse de «la grosse manipulation» politique avec cet
argument : «On voit bien qu’il y a un axe Fabius-Aubry (alors
que) Frêche est plus Royal-DSK». Cette stratégie de défense est
reprise par Georges Frêche lui-même : «Dans cette affaire, elle
(Martine Aubry) m’instrumentalise pour préparer sa campagne
présidentielle». L’appareil socialiste local, incarné par les
premiers secrétaires départementaux, a volé, à sa manière, au
secours de Georges Frêche en stigmatisant les postions
«anti-démocratiques» de Martine Aubry qui «vont à l’encontre des
choix des militants». Frêche a par ailleurs menacé d’attaquer en
justice Martine Aubry et le PS pour «non respect du vote des
militants». Dans ce bras de fer contre Georges Frêche, Martine
Aubry joue une carte politique extrêmement sensible. Si elle
était certaine de conserver la région Languedoc-Roussillon dans
le giron des socialistes, sans Georges Frêche, ce dernier ne
serait qu’un mauvais souvenir, un accident de parcours. Mais
dans le cas où la droite récupère la région ou, suprême
surprise, Georges Frêche la garde sous sa houlette, la route de
Martine Aubry vers l’Elysée sera pavée des plus infernales
intentions. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 5 février 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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