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Les journaux de l'arc néocolonial les
relaient et amplifient
Menaces conjointes
du CNT, des experts et de notre presse
de l'arc libéral
Mohamed Bouhamidi
Photo: La
Tribune
Mardi 30 août 2011
Les chef militaire du CNT et le Chef
tout court du CNT nous l’assurent :
l’Algérie rendra des comptes pour sa non
reconnaissance de cette fiction
politique qui n’a de réalité que par les
bombes et les forces spéciales de
l’Otan. Car, c’est aussi une
fiction militaire. Reprenez les articles
qui ont suivi «la chute de Tripoli» et
vous trouverez des analyses, des
confidences, des infos de sources sûres
mais discrètes qui rappellent que sans
l’Otan les supplétifs de Benghazi ou du
Djebel Nefoussa n’auraient pu avancer
d’un mètre. L’euphorie de ces médias à
la suite de cette «grande victoire» sur
Kadhafi ne pouvait laisser place au
doute sur les «vrais gagnants» de la
guerre, ceux qui avaient mouillé leur
maillot et avaient les moyens et le
savoir-faire nécessaire à la victoire.
Il était utile de rappeler aux opinions
publiques européennes que la «vertueuse»
intervention de l’Otan pouvait réclamer
ses lauriers et ses dédommagements. Ce
serait même un accomplissement de la
morale que les pays de l’Otan, en
fonction des efforts de chacun, accèdent
à une part du butin. Si jamais demain
les journaux vous parlent de contrats
léonins ne croyez pas que la France et
l’Angleterre et les Etats-Unis ont agi
par intérêt économique et pour la
suprématie stratégique sur une région
aujourd’hui convoitée par d’autres
puissances. Il fallait aussi rappeler à
toutes les tendances du CNT qui leur a
offert la victoire au cas où les
rebelles de base s’avisaient de croire à
une aide désintéressée des
euro-américains. Les chefs de la double
fiction politique et militaire peuvent
menacer l’Algérie. Ils se sentent
gonflés de la tout puissance de l’Otan
mais surtout de la toute puissance de
Sarkozy leur créateur, leur fabricant,
leur inspirateur. Bref leur maître. Ils
ne sont pas les seuls. Les journaux de
l’arc ultralibéral –et néocolonial–
relaient et amplifient au quotidien les
menaces sur l’Algérie pour son soutien à
Kadhafi. Toutes les fausses nouvelles et
toutes les rumeurs y sont passées, des
mercenaires transportés par nos avions,
aux armes passées par Djen Djen,
jusqu’au sanctuaire algérien de Kadhafi
et de sa famille. Ces six longs mois de
guerre ont été en permanence utilisés
pour instruire le procès du régime et
pour brandir, au cours de l’instruction
elle-même, la menace de sanction. Ces
journaux de l’arc ultra libéral n’en
étaient pas à leur coup d’essai. Ils ont
agi à plusieurs reprises en parti
politique ou en tous cas en coordination
parfaite, notamment pour appeler à la
création de la CNCD, puis pour lui
donner de la consistance et lui servir
de tract. Ils ont agi en partis
politique en appelant à l’ingérence
étrangère et en la brandissant
constamment comme menace. Ils viennent
de passer à une phase supérieure en
devenant les vecteurs des menaces
étrangères. El Watan vient de publier un
article reprenant les avis d’experts sur
la position algérienne à propos du CNT.
A trop vouloir forcer la dose, un de ces
experts, Hasni Abidi, rajoute aux tares
du régime celle de la naïveté politique.
Lisez ce morceau d’anthologie : «Pour le
politologue Hasni Abidi, la diplomatie
algérienne a fait montre sur le cas
libyen d’un amateurisme inquiétant. «La
diplomatie n’a jamais été dictée par des
principes moraux ou politiques et encore
moins éthiques, mais elle s’appuie sur
la préservation des intérêts de chaque
Etat et dans le cas libyen, l’Algérie a
été à contre-courant de ses intérêts.»
Ce manque de discernement a fait perdre
à l’Algérie la possibilité de jouer un
rôle comparable à celui tenu par
l’Arabie Saoudite lors des événements de
Bahreïn. «L’Algérie avait la possibilité
de devenir la locomotive du Maghreb et
de jouer un rôle prépondérant et de
devenir l’interlocuteur privilégié
grâce à ses relations privilégiées avec
le colonel El Gueddafi et les rebelles
du CNT, qui ont, pour la grande majorité
d’entre eux, servis l’ancien régime et
qui connaissent bien l’Algérie», analyse
le directeur du Cermam. Vous avez bien
lu que la diplomatie est une stricte
question d’intérêt : «La diplomatie n’a
jamais été dictée par des principes
moraux ou politiques et encore moins
éthiques, mais elle s’appuie sur la
préservation des intérêts de chaque Etat
et dans le cas libyen, l’Algérie a été à
contre-courant de ses intérêts».Il faut
absolument croire cet expert et
appliquer le principe de son
raisonnement à l’intervention étrangère
en Libye. Il n’y a donc aucune éthique
dans l’intervention de l’Otan, juste les
intérêts de ses Etats. Le journal El
Watan et Hasni Abidi veulent en même
temps nous faire croire aux motivations
éthiques et humanitaires de la France et
des Etats-Unis et de l’Angleterre et
nous cachent la réalité, dont parle
Hasni Abidi, c’est-à-dire les intérêts
de ces pays. Passons sur la supercherie
que le journal el Watan et Hasni Abidi
parlent des intérêts de l’Algérie comme
s’ils avaient un mandat populaire pour
en être les interprètes. Encore une de
ces belles entourloupes de nos
démocrates et de nos modernistes qui
font passer, en mauvaise contrebande,
les intérêts de leur caste de
compradores pour l’intérêt général de
l’Algérie et comme si on les avait
mandaté pour cela – la répétition est
nécessaire. Nous pouvons, trente
millions d’algériens ou plus, diverger
sur les intérêts de l’Algérie. Mais en
dehors des compradores nous savons,
unanimes, que nous n’avons pas intérêt à
avoir Israël à nos frontières et le CNT
c’est Israël à nos frontières point à la
ligne. Vous pouvez trouver une profusion
d’infos, à commencer par les «très
officielles» confidences de BHL, sur
l’engagement du CNT à reconnaître
Israël, à coopérer militairement avec
lui et à lui céder une base au sud ouest
de la Libye au cœur des «futures
frontières» du «futur énergétique» de la
planète. Les principes que la politique
reflète et exprime des intérêts, énoncés
par Hasni Abidi, s’appliquent aussi aux
positions politiques de notre presse.
Chacun peut y réfléchir et réfléchir
d’ailleurs au développement des
divergences et des contradictions au
sein de notre société. Souvenons nous
que cette presse est née dans un désir
et dans une visée des réformes. A la
base et dans son landau elle a été
poussée à la vie et à la fortune puis à
toujours plus de fortunes par les
réformateurs, ceux qui voulaient rendre
notre Banque Centrale autonome de notre
souveraineté populaire et de la
souveraineté populaire mais soumise aux
normes du capital et du libéralisme.
Cette presse a été portée par ceux qui
ont une pensée politique dont la
quintessence était la négation d’un Etat
souverain, une pensée qui représentait
le plus haut niveau d’habillage de ce
but inavouable : la fin de notre si
jeune indépendance nationale. Partout on
élève le ton, on accentue la pression.
L’Algérie c’est en septembre. Mieux,
cette presse s’est chargée de libaniser
notre vie politique. Cette profusion
d’interviews des ambassadeurs français
et américains – notez au passage que
c’est plus des pâmoisons que des
interviews - nous préparent à accepter
comme normales leurs ingérences dans nos
affaires intérieures. Bientôt, comme à
Beyrouth, ces ambassades discuteront
publiquement de nos choix, des
nominations des fonctionnaires etc. Le
dernier message de l’ambassadeur
américain à notre CNT algérien qu’il
faut encore attendre – ce qui fera
enrager encore plus nos chroniqueurs
impatients d’en finir avec le pouvoir –
car c’est encore plus difficile en
Algérie qu’en Libye de faire la
révolution des bombes, participe tout à
fait de cette libanisation.
Il s’installe dans notre vie politique
intérieure. Comme cela se passe à
Beyrouth. A deux mois du 1er novembre
c’est à chacun de prendre la mesure des
grands reniements qui se cachent dans
les petits.
Publié sur La Tribune
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