Opinion
Syrie : le combat
de la raison contre la folie
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Collage
la Voix de la Russie
Vendredi 30 août 2013
Ces derniers jours, les regards
sont de nouveau massivement tournés
vers la Syrie. Pour cause, une
mobilisation militaire massive des
principaux pays occidentaux, des
discours plus menaçants que jamais
et les médias de ces pays annonçant
une intervention imminente.
Ces menaces ne sont pas
surprenantes. Il fallait quand
même bien s’y attendre. Après
les multi-milliards investis par
la dite coalition occidentale,
sans oublier leurs amis du
Qatar, de l’Arabie Saoudite, de
la Turquie et bien évidemment
d’Israël pour soutenir
financièrement, militairement et
logistiquement leurs « amis »
extrémistes, sans pour autant
obtenir un résultat ne serait-ce
qu’encourageant… Et même les
outils de propagande médiatique,
en allant de la CNN
jusqu’à la BBC en
passant par Al-Jazeera,
n’ont pas rapporté le résultat
escompté. Pourquoi ? Tout
simplement car après toute la
manipulation médiatique lancée
par ces médias de « renom »,
grand nombre de gens issus de
ces pays se posent de plus en
plus de questions sur la
véracité des informations
fournies…. Ce que les dits pays
voulaient éviter à tout prix !
Néanmoins, les
gouvernements des pays en
question ne peuvent plus
reculer. Ou du moins pensent que
tout recul reviendrait à
s’avouer vaincus et à perdre les
investissements massifs engagés.
Quoiqu’il en soit, la récente
prétendue attaque chimique
n’était vraisemblablement qu’une
manipulation et un mensonge
supplémentaire. Car même si
cette attaque avait eu lieu,
tout indiquerait au contraire
que l’arme chimique aurait été
utilisée par les « rebelles »
soutenus par les Occidentaux…
D’ailleurs, simple question
logique : quel intérêt aurait-eu
le gouvernement syrien à
utiliser des armes chimiques au
moment où l’armée arabe syrienne
a pris un sérieux avantage sur
l’ISOS (l’internationale salafiste opérant en Syrie) et
que cette attaque a eu lieu le
jour de l’arrivée des
observateurs de l’ONU, touchant
la banlieue de la capitale Damas
? Réponse : aucun…
D’autre part, pour revenir
à l’aspect moral et malgré
l’atrocité de toute guerre, le
gouvernement syrien n’a jamais
dépassé la ligne rouge en terme
de moralité, à la très grande
différence des extrémistes
copains des Obama, Cameron,
Hollande, Netanyahou, Al Thani
et autres « glorieux »
personnages. Ces mêmes copains
mangeurs de cœurs humains ou
amateurs de décapitations
filmées, notamment devant des
mineurs…
Maintenant, pour revenir à
une éventuelle intervention des
dits pays contre la Syrie, comme
l’a bien indiqué à plusieurs
reprises le Ministère russe des
affaires étrangères, cela ne
ferait que déstabiliser
irrémédiablement non seulement
la Syrie, mais tout le
Moyen-Orient. D’autre part, les
pays en question doivent se
rappeler que cette intervention
signifierait très certainement
leur perte, ou du moins leur
déclin définitif. Et ce pour
plusieurs raisons :
1) A un moment où le monde
se retourne massivement contre
l’hégémonie occidentale, une
nouvelle intervention
unilatérale après l’invasion de
l’Irak en 2003 sans l’aval de
l’ONU serait une «
violation grossière » du
droit international, comme l’a
d’ailleurs bien rappelé le
Ministre russe des affaires
étrangères Sergueï Lavrov. Cela
signifierait une fois de plus
que les pays en question se
placent au-dessus de l’ONU,
pourtant seule habilitée à
prendre des décisions aussi
cruciales dans des situations
aussi complexes. En gros, les
pays occidentaux plus Israël, le
Qatar & Co confirmeraient une
fois de plus être tout
simplement des violeurs du droit
international.
2) D’autre part et
lorsqu’on parle d’accusations
aussi sérieuses, il faut des
preuves. Et là, il y a un
problème : des preuves, il y en
a toujours pas… Comme l’a bien
rappelé l’émissaire spécial de
l’ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi, « Les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne
et d’autres pays ont déclaré que
des armes chimiques avaient été
utilisées. Ils ont déclaré
disposer de preuves indéniables.
Ils nous ont dit qu’ils allaient
les présenter. Or, ils n’ont
rien présenté pour le moment. Il
nous serait très intéressant de
les voir fournir les preuves qui
sont en leur possession »… Manque
de temps ou simplement absence
des dites preuves ? Nous sommes
en droit de nous poser la
question.
3) Jouer avec les
extrémistes est un jeu bien
dangereux. Le précédent libyen
aurait dû pourtant servir de
leçon aux gendarmes du monde
non-accrédités, notamment le
massacre de l’ambassadeur des
USA à Benghazi… Mais
visiblement, en mauvais élèves
et têtus comme d’habitude,
refusant d’admettre la fin de
leur hégémonie, les pays
donneurs de leçons ne veulent
toujours pas comprendre celle
qu'ils ont reçu … Et leurs amis
coupeurs de têtes et mangeurs de
cœurs humains ne seraient-ils
pas les mêmes qui, demain,
s'attaqueront à Washington,
Londres ou Paris ? Jouer avec le
feu ne mène à rien de bon. Ils
devraient pourtant le savoir.
4) Mentir indéfiniment à
ses propres concitoyens finira
un jour par se retourner
dramatiquement contre les «
élites » des pays en question.
Le début de ce processus a déjà
commencé et ils ne peuvent ne
pas le voir. Aux dites « élites
» donc se savoir s’ils veulent
se rapprocher de leur fin si
rapidement.
Reste donc l’espoir que les
interventionnistes réfléchiront
bien deux fois avant de
s'embourber dans une aventure
dont ils ne sortiront jamais
vainqueurs mais qui ne fera
qu’accélérer leur chute.
Dernière question d'ordre
logique et moral : s’il s’avère
que les armes chimiques ont été
utilisées par leurs copains
salafistes, les coalisés
occidentaux seront-ils prêts à
intervenir militairement contre
ces mêmes extrémistes qu’ils
soutiennent massivement
jusqu’ici, ou du moins de cesser
de les financer ?
Sapientia est potentia…
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