Mondialisation.ca
La Troisième Guerre
mondiale se prépare: Objectif Iran
2ème partie : La feuille de route militaire
Michel Chossudovsky
Michel Chossudovsky
Vendredi 10 septembre 2010
Le stockage et le déploiement de systèmes d'armes perfectionnés
visant l'Iran a commencé dans la foulée du bombardement et de
l'invasion de l'Irak en 2003. Dès de le début, ces plans de
guerre étaient menés par les États-Unis, avec la participation
de l'OTAN et d’Israël.
Après l'invasion de l'Irak en 2003, l'administration Bush a
identifié l'Iran et la Syrie comme les prochaines étapes du
« plan d'action pour la guerre ». Des sources militaires
étasuniennes ont indiqué qu'une attaque aérienne contre l'Iran
pourrait impliquer un déploiement d'une envergure comparable aux
raids étasuniens de mars 2003 en Irak, baptisés « choc et
stupeur » :
« Des attaques aériennes des États-Unis contre l'Iran
excéderaient largement l'ampleur des attaques israéliennes de
1981 contre le réacteur nucléaire d'Osirak en Irak et
ressembleraient davantage aux premiers jours de la campagne
aérienne de 2003 contre ce pays ». (Voir
Globalsecurity)
« Theater Iran Near Term »
Les planificateurs militaires étasuniens ont donné aux
simulations d'une attaque en Iran le nom de code TIRANNT,
« Theater Iran Near Term » (Théâtre Iran court terme). Ces
simulations ont débuté en mai 2003 « lorsque les spécialistes du
renseignement et les modéliseurs ont rassemblé les données
nécessaires à l'analyse d'un scénario de guerre de théâtre
(c’est-à-dire de grande envergure) en Iran ». (William Arkin,
Washington Post, 16
avril 2006).
Dans les scénarios, plusieurs milliers de cibles en Iran ont été
identifiées et sont incluses dans une guerre éclair « choc et
stupeur » :
L'analyse, appelée TIRANNT, pour « Theater Iran Near Term », a
été jumelée à un scénario d'invasion par le corps de la Marine
étasunienne et une simulation du nombre de missiles iraniens. Au
même moment les planificateurs étasuniens et britanniques ont
mené des jeux de guerre sur la mer Caspienne et Bush a ordonné
au Commandement stratégique des États-Unis d'établir un plan
d'attaque globale contre les armes de destruction massives
iraniennes. Tout cela alimentera en bout de ligne un nouveau
plan de guerre pour « des opérations de combat majeures » contre
l'Iran, déjà esquissé, selon ce que confirment maintenant des
sources militaires [avril 2006].
[...] Dans le cadre de TIRANNT, les planificateurs de l'armée et
l'U.S. Central Command ont examiné des scénarios de guerre
contre l'Iran, à court terme et pour les années suivant la
période visée, lesquels comprennent tous les aspects d'une
opération de combat majeure, de la mobilisation au déploiement
de forces, en passant par les opérations de stabilité
d'après-guerre à la suite d'un changement de régime. (William
Arkin, Washington Post,
16 avril 2006)
Divers « scénarios de théâtre de guerre » relatifs à une attaque
contre l'Iran ont été envisagés : « L'armée, les marines et les
forces aériennes des États-Unis ont tous préparé des plans de
bataille et passé quatre ans à construire des bases et à
s'entraîner pour l’"Opération libération de l'Iran".
L'amiral Fallon, le
nouveau chef du Commandement central des États-Unis (USCENTCOM),
a hérité des plans informatisés sous le nom de TIRANNT (Theatre
Iran Near Term). » (New
Statesman, 19 février 2007)
En 2004, en faisant usage des scénarios de guerre initiaux de
TIRANNT, le vice-président Dick Cheney a donné l’ordre à
l’USSTRATCOM [Commandement stratégique étasunien] de rédiger un
« plan de contingence » d’une opération militaire à grande
échelle contre l’Iran, « à utiliser en riposte à une autre
attaque terroriste de type 11-Septembre en sol étasunien », en
supposant que le gouvernement de Téhéran serait derrière le
complot terroriste. Le plan incluait l’usage préemptif d’armes
nucléaires contre un État ne possédant pas d’armes nucléaires :
Le plan comprend un assaut aérien de grande envergure contre
l’Iran à l’aide d’armes conventionnelles et d’armes nucléaires
tactiques. En Iran, il y a plus de 450 cibles stratégiques
majeures, dont de nombreux sites soupçonnés de servir au
développement d’un programme d’armement nucléaire. Bien des
cibles sont durcies ou enfouies profondément sous terre et ne
pourraient être démolies au moyen d’armes conventionnelles, d’où
l’option du nucléaire. Comme dans le cas de l’Irak, la réaction
n’est pas conditionnelle à l’implication réelle de l’Iran dans
l’acte terroriste visant les États-Unis. Plusieurs officiers de
la Force aérienne impliqués dans la planification sont
apparemment consternés par les conséquences de ce qu’ils font –
préparer une attaque nucléaire délibérée contre l’Iran –, mais
personne n’est prêt à nuire à sa carrière en émettant des
objections. (Philip Giraldi,
Deep Background,The
American Conservative août 2005)
La feuille de route
militaire:" D'abord l'Irak, ensuite l'Iran"
La décision de cibler l'Iran en vertu de TIRANNT relevait d'une
planification militaire et d'un enchaînement d'opérations
militaires élargis. Sous l'administration Clinton, l’USCENTCOM
avait déjà envisagé d'envahir d'abord l'Irak et ensuite l'Iran
dans « les plans de théâtre de guerre ». L'objectif stratégique
déclaré était l'accès au pétrole du Moyen-Orient:
Les vastes intérêts liés à la sécurité nationale et les
objectifs énoncés dans la Stratégie de sécurité nationale du
président (SSN) et la Stratégie militaire nationale du président
[de l'Instance collégiale des chefs d'état-major] (SMN)
constituent le fondement de la stratégie opérationnelle du
Commandement central des États-Unis. La SSN dirige l'exécution
d'une stratégie de double endiguement des États voyous que sont
l'Irak et l'Iran, du moment que ces États posent une menace aux
intérêts des États-Unis, aux autres États de la région, ainsi
qu'à leurs propres citoyens. Le double endiguement est conçu
pour maintenir l'équilibre des forces dans la région sans que
cela dépende de l'Irak ou de l'Iran. La stratégie opérationnelle
de l'USCENTCOM est basée sur les intérêts et centré sur la
menace. Le but de l'engagement étasunien, tel qu'adopté dans le
SSN, est de protéger les intérêts fondamentaux des États-Unis
dans la région : un accès ininterrompu et sécurisé au pétrole du
Golfe pour les États-Unis et leurs alliés. (USCENTCOM,
http://www.milnet.com/milnet/pentagon/centcom/chap1/stratgic.htm#USPolicy,
le lien n'est plus fonctionnel, mais il est archivé au
http://tinyurl.com/37gafu9)
La guerre contre l'Iran était vue comme une étape dans une
succession d'opérations militaires. Selon le commandant
(l'ancien commandant) de l'OTAN, le général Wesley Clark, la
feuille de route militaire du Pentagone était composée d'une
série de pays : « [Le] plan de campagne de cinq ans [comprend]
[...] sept pays au total, en commençant par l'Irak, ensuite la
Syrie, le Liban, la Lybie, l'Iran, la Somalie et le Soudan. »
Dans L'Irak, le
terrorisme et l'Empire américain (page 130), le général
Clark déclare ce qui suit:
Lorsque je suis retourné au Pentagone en novembre 2001, un
officier d’état-major de haut rang avait du temps pour discuter.
Oui, nous nous dirigions toujours vers une confrontation avec
l’Irak, a-t-il affirmé. Mais il y avait plus. Cela faisait
l’objet de discussions et constituait une phase d’un plan
projetant une campagne de cinq ans disait-il, où l’on trouvait
en tout sept pays en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le
Liban, le Lybie l’Iran, la Somalie et le Soudan. (Voir
Secret 2001 Pentagon Plan to Attack
Lebanon, Global Research, 23 juillet 2006)
Le rôle d'Israël
Il y a eu beaucoup de discussions sur le rôle d'Israël dans
l'initiative d'une attaque contre l'Iran.
Israël est membre d'une alliance militaire. Tel Aviv n'est pas
un instigateur et n'a pas de programme militaire distinct.
Israël est intégré dans le « plan de guerre pour des opérations
de combat majeures » contre l'Iran, formulé en 2006 par
l’USSTRATCOM. Dans le contexte d'opérations militaires de grande
envergure, une action militaire unilatérale non coordonnée
entreprise par un partenaire de la coalition, à savoir Israël,
est presque impossible d'un point de vu stratégique. Israël est
un membre de facto de l'OTAN et toute action de sa part
nécessiterait un « feu vert » de Washington.
Une attaque par l'État hébreux pourrait toutefois être utilisée
comme « mécanisme déclencheur » d'une guerre totale contre
l'Iran, ainsi que des représailles par l'Iran contre Israël.
À cet égard, il existe des signes indiquant que Washington
pourrait envisager l'option d'une attaque initiale par Israël
(soutenue par les États-Unis), au lieu d'une opération militaire
catégorique menée par les États-Unis contre l'Iran. L'attaque
israélienne, quoique menée en liaison étroite avec le Pentagone
et l'OTAN, serait présentée à l'opinion publique comme une
décision unilatérale de Tel Aviv. Elle serait ensuite utilisée
par Washington pour justifier, aux yeux du monde, une
intervention militaire des États-Unis et de l'OTAN visant à
« défendre Israël » plutôt qu'à attaquer l'Iran. En vertu des
accords de coopération militaires actuels, à la fois les
États-Unis et l'OTAN seraient « obligés » de « défendre Israël »
contre l'Iran et la Syrie.
Il convient de noter à cet égard qu'au début du second mandat de
Bush, le (l'ancien) vice président Dick Cheney a indiqué très
clairement que l'Iran figurait « en tête de liste [des] voyous
ennemis » des États-Unis et que, pour ainsi dire, Israël
« bombarderait pour [eux] » sans que les États-Unis soient
impliqués militairement ni qu'ils aient à faire de pression sur
Israël pour qu'« il agisse » (Voir Michel Chossudovsky,
Planned US-Israeli Attack on Iran,
Global Research, 1er mai 2005). Selon Dick Cheney :
Les gens craignent entre autres qu’Israël agisse sans qu’on le
lui demande […] Comme l’Iran préconise la destruction d’Israël,
les Israéliens pourraient bien décider d’agir d’abord et de
laisser ensuite le reste du monde s’occuper de nettoyer les
dégâts diplomatiques. (Dick Cheney, en entrevue à MSNBC, janvier
2005)
En commentant l’affirmation du vice-président, l’ancien
conseiller à la Sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski a
confirmé avec une certaine appréhension qu’en effet, Cheney
désire que le premier ministre Ariel Sharon agisse au nom des
États-Unis et qu’il « le fasse » pour eux :
Je crois que la question de l’Iran est davantage ambiguë et
là-bas, le problème n’est certainement pas la tyrannie, ce sont
les armes nucléaires. Et aujourd’hui, dans une étrange
déclaration parallèlement à cette déclaration en faveur de la
liberté, le vice-président a indiqué que les Israéliens
pourraient le faire et il a en fait utilisé un langage qui
ressemblait à une justification ou même un encouragement,
invitant les Israéliens à passer à l’acte.
Nous avons affaire à une opération militaire conjointe des
États-Unis, de l’OTAN et d’Israël pour bombarder l’Iran, dont la
planification est entamée depuis 2004. Des représentants du
département de la Défense, sous Bush et Obama, ont travaillé
assidûment à identifier avec soin des cibles iraniennes avec
leurs homologues israéliens de l’armée et du renseignement. Sur
le plan militaire, toute action par Israël devrait être
planifiée et coordonnée par les plus hautes instances de la
coalition menée par les États-Unis.
Une attaque par Israël nécessiterait également un soutien
logistique coordonné par les États-Unis et l’OTAN,
particulièrement en ce qui a trait au système de défense
aérienne israélien, lequel est complètement intégré dans celui
des États-Unis et de l’OTAN depuis janvier 2009.
(Voir Michel Chossudovsky,
Unusually Large U.S. Weapons Shipment to
Israel: Are the US and Israel Planning a Broader Middle East
War?
Global Research, janvier 2009 ; en français :
Envois d’un volume inhabituel d’armes des États-Unis vers
Israël: Ces pays projettent-ils d’étendre la guerre au
Moyen-Orient?)
Le système radar bande X d’Israël, implanté au début 2009 avec
le support technique des États-Unis, a « intégré la défense
antimissile israélienne au réseau mondial de détection de
missiles étasunien [basé dans l’espace], lequel comprend des
satellites, des croiseurs Aegis sur la Méditerranée, la mer
rouge et dans le golfe Persique ainsi que des radars terrestres
et des intercepteurs Patriot ». (Defense
Talk.com, 6 janvier 2009,)
Cela signifie qu’en bout de ligne, c’est Washington qui mène la
barque. Ce sont les États-Unis, non pas Israël, qui contrôlent
le système de défense aérienne : « ''Cela demeurera toujours un
système radar étasunien'', a déclaré le porte-parole Geoff
Morrell. ''Ce n’est pas quelque chose que nous donnons ou
vendons aux Israéliens et il s’agit d’un système qui nécessitera
probablement du personnel étasunien sur place pour l’opérer. »
(Cité dans Israel National News, 9 janvier 2009).
L’armée étasunienne supervise le système de défense aérienne
d’Israël, intégré au système mondial du Pentagone. Autrement
dit, Israël ne peut pas lancer une guerre contre l’Iran sans le
consentement de Washington, d’où l’importance de la fameuse
législation « feu vert » au Congrès étasunien appelée House
Resolution 1553, soutenue par le Parti républicain et appuyant
explicitement une attaque israélienne contre l’Iran :
La mesure présentée par le républicain du Texas Louie Gohmert et
46 de ses collègues cautionne l’utilisation par Israël de « tous
les moyens nécessaires » contre l’Iran, « dont l’usage de la
force militaire. […] Il faut que ce soit fait. Nous devons
démontrer notre appui à Israël. Nous devons cesser de jouer avec
cet allié crucial dans une région si difficile. (Voir Webster
Tarpley,
Fidel Castro Warns of Imminent Nuclear
War; Admiral Mullen Threatens Iran; US-Israel Vs. Iran-Hezbollah
Confrontation Builds On, Global Research, 10 août
2010)
En pratique, la législation proposée est un « feu vert » à la
Maison-Blanche et au Pentagone plutôt qu’à Israël. Elle
constitue une approbation à une guerre contre l’Iran sous
l’égide des États-Unis et qui utilise convenablement Israël pour
perpétrer une attaque. Elle sert par ailleurs de justification
pour mener une guerre dans le but de défendre Israël.
Dans ce contexte, Israël pourrait en effet fournir le prétexte
pour mener la guerre en réaction aux prétendues attaques du
Hamas ou du Hezbollah et/ou au déclenchement d’hostilités à la
frontière israélo-libanaise. Il est essentiel de comprendre
qu’un « incident » mineur pourrait être utilisé comme prétexte
pour provoquer une importante opération militaire contre l’Iran.
Les planificateurs militaires des États-Unis savent qu’Israël
(plutôt que les États-Unis) serait la première cible des
représailles de l’Iran. De manière générale, les Israéliens
seraient les victimes des machinations et de Washington et de
leur propre gouvernement. À cet égard, il est absolument
nécessaire que les Israéliens s’opposent fermement à toute
attaque de l’Iran par le gouvernement Netanyahou.
Guerre mondiale : le
rôle du Commandement stratégique des États-Unis (USSTRATCOM)
Les opérations militaires mondiales sont coordonnées par le
quartier général de l’USSTRATCOM à la base aérienne d’Offutt au
Nebraska, en lien avec les commandements régionaux des
commandements unifiés (par exemple, le Commandement central en
Floride, responsable de la région du Moyen-Orient et de l’Asie
centrale, voir la carte ci-dessous) ainsi que par les unités de
commandements de coalition en Israël, en Turquie, dans le golfe
Persique et à la base militaire Diego Garcia dans l’océan
Indien. La planification militaire et la prise de décision au
niveau national et sur une base individuelle par des alliés des
États-Unis, de l’OTAN et des « pays partenaires » sont intégrées
à un plan militaire mondial, comprenant la militarisation de
l’espace.
En vertu de son nouveau mandat, l’USSTRATCOM a la responsabilité
de « superviser un plan d’attaque mondial » au moyen d’armes
conventionnelles et nucléaires. Dans le jargon militaire, il est
désigné pour jouer le rôle d’un « agent d’intégration chargé des
missions d’opérations dans l’espace, d’opérations d’information,
de défense antimissile intégrée, du commandement et du contrôle
mondial, du renseignement, de la surveillance et de la
reconnaissance, des attaques mondiales et de dissuasion
stratégique [...] ».
Les responsabilités de l’USSTRATCOM comprennent : « la gestion,
la planification et l’exécution d’opérations de dissuasion
stratégique » au niveau mondial; « la synchronisation des plans
et des opérations de défense antimissile planétaires, ainsi que
des plans de combat régionaux, etc. L’USSTRATCOM est l’organisme
principal de coordination des guerres modernes.
En janvier 2005, au début du déploiement militaire et de
l’accroissement du potentiel militaire visant l’Iran,
l’USSTRATCOM a été identifié comme « le principal commandement
pour l’intégration et la synchronisation des efforts à l’échelle
du département de la Défense dans la lutte contre les armes de
destruction massive ». (Michel Chossudovsky,
Nuclear War against Iran,
Global Research, 3 janvier 2006 ; en français :
Guerre nucléaire contre l'Iran).
Cela signifie que la coordination d’une attaque à grande échelle
contre l’Iran, comprenant divers scénarios d’escalade à
l’intérieur et à l’extérieur de la vaste région du Moyen-Orient
et de l’Asie centrale, serait menée par l’USSTRATCOM.
Carte : Zones de responsabilité du
Commandement central des États-Unis
Armes nucléaires
tactiques visant l’Iran
Le fait que les États-Unis et Israël envisagent l’utilisation
d’armes nucléaires contre l’Iran est confirmé à la fois par des
documents militaires et des déclarations officielles. En 2006,
l’USSTRATCOM a annoncé qu’il était parvenu à une capacité
opérationnelle lui permettant de toucher rapidement des cibles
autour du globe à l’aide d’armes nucléaires ou conventionnelles.
Cette annonce a été faite à la suite de simulations militaires
relatives à une attaque nucléaire menée par les États-Unis et
visant un pays fictif. (David Ruppe,
Preemptive Nuclear War in a State of
Readiness: U.S. Command Declares Global Strike Capability,
Global Security Newswire, 2décembre 2005)
En ce qui concerne l’époque Bush-Cheney, il y a continuité : le
président Obama a largement appuyé la doctrine préconisant
l’utilisation préemptive d’armes nucléaires formulée par
l’administration précédente. Dans le 2010 Nuclear Posture Review
(examen de la position concernant le nucléaire),
l’administration Obama a confirmé qu’« elle se réserve le droit
d’utiliser des armes nucléaires contre l’Iran » en raison du
non-respect des demandes étasuniennes concernant son prétendu
programme nucléaire (inexistant). (U.S.
Nuclear Option on Iran Linked to Israeli Attack Threat - IPS
ipsnews.net, April 23, 2010). L’administration Obama
a également indiqué qu’elle utiliserait des armes nucléaires
advenant des représailles de l’Iran en réaction à une attaque
israélienne. (Ibid.). Israël a aussi élaboré ses propres
« plans secrets » pour bombarder l’Iran avec des armes
nucléaires tactiques :
Les commandants de l’armée israélienne croient que les frappes
conventionnelles pourraient ne plus suffire pour anéantir des
installations d’enrichissement de mieux en mieux défendues.
Plusieurs d’entre elles ont été construites en dessous d’au
moins 70 pieds de béton et de pierres. Toutefois les armes
antiblockhaus équipées d’ogives nucléaires seraient employées
seulement si une attaque conventionnelle était écartée et si les
États-Unis refusaient d’intervenir, ont affirmé des sources de
haut rang. (Revealed:
Israel plans nuclear strike on Iran - Times Online, 7
janvier 2007)
Les déclarations d’Obama relativement à l’utilisation d’armes
nucléaires contre l’Iran et la Corée du Nord concordent avec la
doctrine des armes nucléaires post-11-Septembre, laquelle permet
l’usage d’armes nucléaires tactiques dans un théâtre de guerre
conventionnel.
Par une campagne de propagande s’étant assuré l’appui de
scientifiques de l’énergie nucléaire « faisant autorité », on
justifie l’usage de mini-bombes nucléaires comme instrument de
paix, notamment comme une façon de lutter contre le « terrorisme
islamique » et d’établir une « démocratie » à l’occidentale en
Iran. « L’utilisation sur le champ de bataille » d’armes
nucléaires de faible puissance a été autorisée. Il est prévu
qu’elles soient employées avec des armes conventionnelles contre
l’Iran et la Syrie dans la prochaine phase de la « guerre au
terrorisme » étasunienne.
Des représentants de l’administration soutiennent que les armes
nucléaires de faible puissance sont des instruments de
dissuasion nécessaires contre des États voyous [l’Iran, la
Syrie, la Corée du Nord]. Leur logique est que les armes
nucléaires existantes sont trop destructrices pour être
employées dans une guerre nucléaire générale. Les ennemis
potentiels le réalisent, donc ils ne croient pas en la menace de
représailles nucléaires. Les mini-bombes nucléaires sont
cependant moins destructrices, en conséquence, leur usage est
concevable. Cela rendrait l’effet dissuasif des armes nucléaires
plus efficace. (Opponents Surprised By Elimination of Nuke
Research Funds Defense News 29 novembre 2004)
Les armes nucléaires privilégiées dans une attaque contre l’Iran
seraient les armes nucléaires tactiques (fabriquées aux
États-Unis), à savoir, les bombes antiblockhaus équipées
d’ogives nucléaires (par exemple B61.11) possédant une capacité
explosive dépassant de trois à six fois la bombe d’Hiroshima. La
B61-11 constitue la « version
nucléaire » des bombes « conventionnelles »
BLU 113> ou Guided Bomb Unit
GBU-28 (bombe guidée). Elle
peut être livrée sensiblement de la même façon que les bombes
antiblockhaus conventionnelles. (Voir Michel Chossudovsky,
http://www.globalresearch.ca/articles/CHO112C.html,
et
http://www.thebulletin.org/article_nn.php?art_ofn=jf03norris).
Alors que les États-Unis n’envisagent pas l’usage d’armes
thermonucléaires stratégiques contre l’Iran, l’arsenal nucléaire
d’Israël est largement composé de bombes thermonucléaires,
lesquelles sont déployées et pourraient être utilisées advenant
une guerre avec l’Iran. Tout l’Iran serait accessible au système
de missile israélien Jericho III, dont la portée varie entre
4800 km et 6500 km.
Bombe guidée antiblockhaus
conventionnelle Guided Bomb Unit GBU-27
Bombe antiblockhaus B61
Retombées radioactives
Alors que les analystes militaires des États-Unis et de l’OTAN
n’en tiennent simplement pas compte, le problème des retombées
radioactives et de la contamination serait dévastateur et
affecterait possiblement une vaste zone de la région élargie du
Moyen-Orient (incluant Israël) et de l’Asie centrale.
Les armes nucléaires sont présentées, dans une logique tordue,
comme un moyen de consolider la paix et de prévenir les
« dommages collatéraux ». Les armes nucléaires iraniennes
inexistantes constituent une menace à la sécurité mondiale,
alors que celles des États-Unis et d’Israël sont des instruments
de paix, sans danger pour la population civile des environs.
Usage de la « Mère de
toutes les bombes » (MOAB) prévu contre l’Iran
L’« arme monstre » de 21 500 livres surnommée « mère de toutes
les bombes » est significative dans l’arsenal d’armes
conventionnelles des États-Unis. Détenant la plus grande portée
de cet arsenal, la
GBU-43/B or Massive Ordnance Air Blast
bomb (MOAB) a été qualifiée d’« arme non nucléaire la
plus puissante jamais conçue ». La MOAB a été testée au début
mars 2003 avant d’être déployée dans le théâtre de guerre
irakien. Selon des sources militaires étasuniennes, avant que la
« mère de toutes les bombes » ne soit lancée, l’Instance
collégiale des chefs d'état-major avait avisé le gouvernement de
Saddam Hussein qu’elle serait utilisée contre l’Irak. (Des
reportages non confirmés mentionnent qu’elle l’a été.)
Le département de la Défense étasunien a confirmé en octobre
2009 qu’il a l’intention d’utiliser la « mère de toutes les
bombes » contre l’Iran. On dit de la MOAB qu’elle est « idéale
pour frapper des installations nucléaires enfouies profondément
sous terre, comme celles de Natanz et de Qom en Iran ».
(Jonathan Karl, Is
the U.S. Preparing to Bomb Iran? ABC News, 9 octobre
2009). En vérité, la MOAB, étant donné sa capacité explosive,
entraînerait un nombre extrêmement élevé de victimes civiles. Il
s’agit d’un « engin meurtrier » conventionnel provoquant un
nuage en champignon de type nucléaire.
L'acquisition de quatre MOAB a été autorisée en octobre 2009 au
coût élevé de 58,4 millions de dollars (14,6 millions pour
chaque bombe). Ce montant inclut les coûts de développement,
d’essai et d’intégration des MOAB sur des bombardiers furtifs
B-2. (Ibid.). Cette acquisition est directement liée aux
préparations de la guerre concernant l’Iran. La notification
était contenue dans un « memo de reprogrammation » de 93 pages,
comprenant les instructions suivantes :
« "Le département a un urgent besoin opérationnel (UBO), soit
d’avoir la capacité de
frapper des cibles dures et enfouies profondément sous terre
dans un environnement très dangereux. La MOP [Massive
Ordnance Penetrator] est l’arme de choix pour satisfaire les
exigences de l’UBO." On mentionne par ailleurs que
la demande est approuvée
par le Commandement du Pacifique (responsable de la Corée du
Nord) et le Commandement central, (responsable de l’Iran). »
(ABC News, op cit, c’est l’auteur qui souligne). Pour consulter
la demande de reprogrammation (pdf),
cliquer ici.
Le Pentagone planifie un processus de destruction considérable
des infrastructures de l’Iran et des pertes civiles massives par
l’emploi combiné d’armes nucléaires tactiques et de bombes
conventionnelles monstres provoquant des nuages en champignon,
incluant la MOAB et la GBU-57A/B ou Massive Ordnance Penetrator
(MOP), encore plus massive que la MOAB et supérieure à celle-ci
en termes de capacité explosive.
La MOP est décrite comme « une nouvelle bombe puissante¸ visant
directement les installations nucléaires souterraines de l’Iran
et de la Corée du Nord. La bombe gargantuesque est plus longue
qu’onze personnes se tenant épaule contre épaule [voir l’image
ci-dessous], ou plus de 20 pieds de long ». (Voir Edwin Black, "Super
Bunker-Buster Bombs Fast-Tracked for Possible Use Against Iran
and North Korea Nuclear Programs", Cutting Edge,
21 septembre 2009)
Ces bombes sont des armes de destruction massive (ADM) dans le
vrai sens du terme. L’objectif à peine voilé de la MOAB et de la
MOP, y compris le surnom étasunien utilisé pour décrire la MOAB
(mère de toutes les bombes), est la « destruction massive » et
la perte massive de civils dans le but d’inculquer la peur et le
désespoir.
« Mère de toutes les bombes »
(MOAB)
GBU-57A/B Mass Ordnance Penetrator
(MOP)
MOAB: scènes d’un test : explosion
et nuage en champignon
Armement de pointe :
« La guerre devenue possible grâce aux nouvelles technologies »
Le processus décisionnel de l’armée étasunienne relativement à
l’Iran est soutenu par la Guerre des étoiles, la militarisation
de l’espace et la révolution des communications et des systèmes
d’information. Vu les avancées de la technologie militaire et le
développement de nouveaux systèmes d’armes, une attaque contre
l’Iran, si on la compare à la guerre éclair de mars 2003 lancée
contre l’Irak, pourrait être significativement différente en
raison de la combinaison des systèmes d’armes. L’opération
contre l’Iran prévoie l’usage des systèmes d’armes les plus
avancés pour appuyer ses attaques aériennes. Selon toute
probabilité, de nouveaux systèmes seront testés.
Le document du Project of the New American Century (Projet pour
un nouveau siècle étasunien, PNAC) intitulé
Rebuilding American
Defenses (Rebâtir les défenses des États-Unis), expose
brièvement le mandat de l’armée étasunienne en ce qui a trait
aux guerres de théâtre à grande échelle qui doivent être menées
simultanément dans différentes régions du monde :
« Lutter et vaincre
résolument dans de multiples théâtres de guerre majeurs et
simultanés »
Cette formulation équivaut à revendiquer une guerre de conquête
mondiale par une seule superpuissance impériale. Le document du
PNAC réclame également la transformation des forces étasuniennes
pour exploiter la « révolution des affaires militaires »,
c'est-à-dire mener dorénavant une « guerre devenue possible
grâce aux nouvelles technologies ». (Voir
Project for a New
American Century,
Rebuilding Americas Defenses,
Washington DC, septembre 2000, pdf). Celui-ci consiste à
développer et
perfectionner un engin meurtrier de
pointe basé sur un arsenal de nouvelles armes sophistiquées,
lesquelles remplaceraient tôt ou tard les paradigmes existants.
« L’on peut donc prévoir que le processus de transformation aura
en réalité deux étapes : d’abord une transition, ensuite une
transformation plus approfondie. Le point de rupture se fera
lorsque les nouveaux systèmes d’armes mis en service seront
prédominants, peut-être, par exemple, lorsque des engins
sans pilote commenceront à être plus nombreux que ceux
nécessitant un équipage. À cet égard, le Pentagone devrait
hésiter à faire de gros investissements dans de nouveaux
programmes – des chars d’assaut, des avions, des porte-avions
par exemple – lesquels maintiendraient les forces étatsuniennes
dans les paradigmes de guerre actuels pendant bien des
décennies. » (Ibid.), c’est l’auteur qui souligne)
La guerre contre l’Iran pourrait en effet constituer ce point de
rupture crucial. De nouveaux systèmes d’armes basés dans
l’espace sont introduits et visent à invalider un ennemi dont
les capacités militaires sont considérables et les forces
terrestres dépassent le demi-million.
Les armes
électromagnétiques
Des armes électromagnétiques pourraient être utilisées pour
déstabiliser les systèmes de communications iraniens, paralyser
la production d’électricité, miner et déstabiliser le
commandement et le contrôle, les infrastructures
gouvernementales, le transport, l’énergie, etc. Les techniques
de modification de l’environnement (CNMOD) (guerre
météorologique), développées dans le cadre du programme HAARP et
membres de la même famille d’armes, pourraient également être
employées. (Voir Michel Chossudovsky, "Owning
the Weather" for Military Use, Global Research, 27
septembre 2004). Ces systèmes d’armes sont totalement
opérationnels. Dans ce contexte, le document de l’Armée de l’air
étasunienne AF 2025 a explicitement admis les applications
militaires des technologies de modification de l’environnement.
La modification de l’environnement deviendra un élément de la
sécurité intérieure et internationale […] Ses applications
pourraient être offensives ou défensives et même être utilisées
comme moyen dissuasif. La capacité de générer des
précipitations, du brouillard et des tempêtes sur la terre ou de
modifier les conditions climatiques, d’améliorer les
communications par la modification de l’ionosphère
(l’utilisation de miroirs ionosphériques) et la production de
conditions climatiques artificielles font toutes partie d’un
ensemble de technologies intégrées pouvant augmenter
considérablement la capacité des États-Unis, ou diminuer celle
d’un adversaire, d’acquérir une vision, une portée et une
puissance mondiale,
(Air Force 2025 Final Report,
See also US Air Force: Weather
as a Force Multiplier: Owning the Weather in 2025, AF2025
v3c15-1 | Weather as a Force Multiplier: Owning... | (Ch 1) atwww.fas.org).
Le rayonnement électromagnétique permettant de « détériorer la
santé à distance », pourrait aussi être envisagé dans un théâtre
de guerre, (Voir Mojmir Babacek, Electromagnetic
and Informational Weapons:, Global Research, 6 août
2004) ainsi que de nouvelles utilisations des armes biologiques
par l’armé étasunienne, tel que suggéré par le PNAC : « Des
types d’armes biologiques perfectionnées capable de "cibler" des
génotypes spécifiques pourrait transformer l’instrument de
terreur qu’est la guerre biologique en un outil politique
utile. » (PNAC, op cit., p. 60).
Les capacités militaires
de l’Iran : des missiles de moyenne et longue portée
L’Iran a un potentiel militaire de pointe, comprenant des
missiles de moyenne et de longue portée capables de toucher des
cibles en Israël et dans les États du Golfe. D’où l’accent mis
par l’alliance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël sur les
armes nucléaires, qu’ils prévoient utiliser de manière
préemptive ou en réaction à une attaque au missile de l’Iran
lancée en guise de représailles.
Portée des missiles iraniens Shahab.
Droits d’auteur Washington Post
En novembre 2006, suite à une planification précise, des
missiles terrestres iraniens ont été testés dans le cadre d’une
opération soigneusement mise en scène. Selon un expert en
missiles étasunien de haut niveau (cité par Debka), « les
Iraniens ont fait la démonstration d’une technologie récente de
lancement de missile et l’Occident ignorait qu’ils possédaient
celle-ci. » (Voir Michel Chossudovsky, Iran's
"Power of Deterrence" Global Research, 5
novembre 2006 ; en français :
« Le Pouvoir de Dissuasion » de l'Iran) Israël a reconnu que
le Shehab-3, avec une portée de 2000 km, peut atteindre Israël,
le Moyen-Orient et l’Europe. (Debka, 5 novembre 2006)
Selon Uzi Rubin, l’ancien chef du programme de missiles
antibalistiques israélien, « l’intensité de l’exercice militaire
était sans précédent […] Il était destiné à impressionner et il
a impressionné ». (www.cnsnews.com 3
novembre 2006)
S’ils ont créé de l’agitation politique aux États-Unis et en
Israël, les exercices de 2006 n’ont modifié d’aucune manière la
détermination des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël de s’en
prendre à l’Iran.
Téhéran a confirmé dans plusieurs déclarations que l’Iran
répliquerait s’il était attaqué et a soutenu qu’Israël serait la
cible immédiate d’attaques au missile de l’Iran. La question du
système de défense aérien d’Israël est donc fondamentale. Des
installations militaires des États-Unis et de leurs alliés dans
les États du Golfe, en Turquie, en Arabie Saoudite, en
Afghanistan et en Irak pourraient être également ciblées par
l’Iran.
Les forces terrestres
iraniennes
L’Iran, encerclé par des bases militaires des États-Unis et de
leurs alliés, a tout de même un potentiel militaire
considérable. (Voir la carte ci-dessous) Il est important de
reconnaître cependant la taille absolue des forces iraniennes en
termes de personnel (armée de terre, marine, force aérienne)
lorsque comparée à celles des États-Unis et de l’OTAN servant en
Irak et en Afghanistan.
Confrontées à une insurrection bien organisée, les forces de la
coalition sont déjà débordées en Afghanistan et en Irak. Ces
dernières seraient-elles en mesure de faire face à la situation
si les forces terrestres iraniennes entraient dans les champs de
bataille actuels de ces deux pays? La force du mouvement de
résistance contre l’occupation des États-Unis et de leurs alliés
serait inévitablement affectée.
Les forces terrestres iraniennes sont de l’ordre de 700 000,
desquelles 13 000 sont des soldats professionnels, 220 000 des
conscrits et 350 000 des réservistes. (Voir
Islamic Republic of Iran Army - Wikipedia).
En outre, il y a 18 000 personnels dans la marine et 52 000 dans
la force aérienne. Selon l’Institut international d’études
stratégiques, « les Gardiens de la révolution ont
approximativement 125 000 personnels répartis dans cinq
branches : ils ont leurs propres Marines, leurs Forces aériennes
et terrestres, ainsi que les Forces Qods (Forces spéciales) ».
D’après le CISS, la force paramilitaire de volontaires Basij,
contrôlée par les Gardiens de la révolution, « comprend environ
90 000 membres en service actif à temps plein, 300 000
réservistes et en tout 11 millions d’hommes pouvant être
mobilisés si nécessaire ». (Armed
Forces of the Islamic Republic of Iran - Wikipedia)
Autrement dit, l’Iran peut mobiliser jusqu’à un demi-million de
troupes régulières et plusieurs millions de milices. Ses forces
spéciales Qods sont déjà en fonction en Irak.
Installations militaires de l’armée étasunienne et de
ses alliés entourant l’Iran.
Depuis plusieurs années l’Iran procède à ses propres exercices
de guerre. Si sa Force aérienne a des faiblesses, ses missiles à
longue et moyenne portée sont totalement opérationnels. L’armée
iranienne est en état d’alerte. À l’heure actuelle, ses troupes
sont concentrées à quelques kilomètres des frontières irakiennes
et afghanes, ainsi qu’à proximité du Koweït. La Marine iranienne
est déployée dans le golfe Persique, près des installations
militaires des États-Unis et de leurs alliés aux Émirats arabes
unis.
Il convient de noter qu’en réaction à l’accroissement de la
puissance militaire iranienne, les États-Unis ont transféré de
grandes quantités d’armes à leurs alliés de l’OTAN dans le golfe
Persique, y compris au Koweït et en Arabie Saoudite.
Bien que les armes de pointe iraniennes ne soient pas à la
hauteur de celles des États-Unis et de l’OTAN, les forces
iraniennes seraient en mesure d’infliger de lourdes pertes aux
forces de la coalition dans un théâtre de guerre conventionnel
et sur le terrain en Irak ou en Afghanistan. En décembre 2009
les troupes terrestres et les chars d’assaut iraniens ont
traversé la frontière irakienne sans être confrontées ou
opposées par les forces alliées et ont occupé un territoire
contesté dans le champ pétrolifère de l’est du Maysan.
Même en cas de guerre éclair efficace ciblant les installations
militaires, les systèmes de communications, et d’autres
infrastructures de l’Iran avec des bombardement aériens massifs,
des missiles de croisières, des bombes antiblockhaus
conventionnelles et des armes nucléaires tactiques, une guerre
contre l’Iran, une fois commencée, pourrait tôt ou tard mener à
une guerre de terrain. Les planificateurs militaires étasuniens
l’ont sans aucun doute envisagé dans leurs scénarios de guerre.
Une opération de cette nature provoquerait des pertes civiles et
militaires considérables, surtout si des armes nucléaires sont
utilisées.
L’augmentation du budget pour la guerre en Afghanistan
actuellement à l’étude au Congrès étasunien, est aussi prévue en
cas d’attaque contre l’Iran.
Dans un scénario d’escalade, les troupes iraniennes pourraient
traverser les frontières de l’Irak et de l’Afghanistan.
Par ailleurs, une escalade militaire dans laquelle des armes
nucléaires seraient employées pourrait nous mener à un scénario
de Troisième guerre mondiale et s’étendre au-delà de la région
du Moyen–Orient et de l’Asie centrale.
En réalité, ce projet militaire sur la planche à dessin du
Pentagone depuis plus de cinq ans menace l’avenir de l’humanité.
Dans cet essai, nous nous sommes concentrés sur les préparatifs
de guerre. Que ceux-ci soient à un stade avancé n’implique pas
que ces plans de guerre seront mis à exécution.
L’alliance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël réalise que
l’ennemi est amplement en mesure de riposter. Dans les cinq
dernières années, ce facteur en soi a été déterminant dans les
décisions des États-Unis et de leurs alliés de reporter une
attaque contre l’Iran.
La structure des alliances militaires représente un autre
facteur décisif. Si l’OTAN est devenue une force redoutable,
l’alliance entre la Russie, la Chine et certaines anciennes
républiques soviétiques, l’Organisation de coopération de
Shanghai (OCS), a été gravement affaiblie.
Les perpétuelles menaces de l’armée étasunienne envers la Chine
et la Russie visent à affaiblir l’OCS et à décourager toute
forme d’action militaire de la part des alliés de l’Iran en cas
d’attaque par les États-Unis, l’OTAN et Israël.
Quelles sont les forces compensatoires qui pourraient empêcher
cette guerre? Il existe de nombreuses forces travaillant
continuellement au sein de l’appareil d’État étasunien, du
Congrès, du Pentagone et de l’OTAN.
Mais en bout de ligne, la
force centrale faisant obstacle à la guerre provient de la base
de la société et nécessite des fortes actions antiguerre
auxquelles participent des centaines de millions de personnes,
aux niveaux national et international.
Les gens doivent non
seulement se mobiliser contre ce programme militaire diabolique,
mais aussi contester l’autorité de l’État et celle de ses
représentants.
Cette guerre peut être
évitée si les gens confrontent vigoureusement leurs
gouvernements, font pression sur leurs représentants élus,
s’organisent au niveau local, dans les villes, les villages, les
municipalités, passent le message, informent leurs concitoyens
sur les implications d’une guerre nucléaire, entament le débat
et discutent au sein des forces armées.
Faire des manifestations antiguerre massives ne suffit pas. Il faut développer un vaste
réseau antiguerre populaire, bien organisé, s’opposant aux
structures de pouvoir et aux autorités.
Il faut un mouvement de
masse confrontant vigoureusement la légitimité de la guerre, un
mouvement planétaire criminalisant la guerre.
Article original en anglais :
Towards a World War III Scenario? The Role of Israel in
Triggering an Attack on Iran, Part II The Military Road Map
Traduction : Julie Lévesque pour
Mondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de
recherche sur la mondialisation et professeur émérite de
sciences économiques à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de
Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre
et de la
Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller
international publié en 12 langues).
1ère partie : La guerre planétaire
© Copyright Michel Chossudovsky, Global Research, 2010
Publié le 10 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de Michel Chossudovsky
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