Amérique latine
La
double morale de l'Union européenne enfin disséquée
Maxime Vivas
Maxime Vivas
Deux bonnes
raisons de lire Salim Lamrani.
La première est
qui est un spécialiste de l’Amérique latine et des rapports du
sous-continent avec son trop puissant voisin.
La seconde est
qu’il apporte dans chaque article des informations nouvelles,
parfois étonnantes, toujours vérifiées.
Vérifiées ?
Et comment ! Sur le Net, les notes de bas de page de Salim
Lamrani sont parfois aussi longues que ses articles.
Quand on compare
aux articles publiés par les spécialistes de Libération et du
Monde sur l’Amérique latine, le constat est sans équivoque :
Salim Lamrani s’en tient aux faits, sans les distordre à sa
convenance pour les besoins de ses penchants politiques. Les
autres, hélas, noient la réalité dans les commentaires,
instruisent à charge, quand ils ne bidonnent pas carrément (pas
vrai, Jean-Hébert Armengaud ?).
Prenons pour
exemple le dernier opus de Lamrani : « DOUBLE MORALE.
Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme » :
123 pages dont 7 pour les notes. Cet homme-là ne vous demande pas
de le croire, il vous raconte ce qu’il a appris et vous balise
la route pour aller voir.
Mais il y a pis
encore, qui va désespérer nombre d’envoyés spéciaux en Amérique
latine de la presse européenne, qui va faire frémir Bob Ménard :
Lamrani se pique de puiser ses sources, non pas essentiellement
auprès des pays matraqués par les tenants de la pensée unique,
mais auprès d’organismes que les adorateurs de la démocratie
à la sauce bushienne ne contestent pas : la presse US, le
parlement européen, Amnesty International, Colin Powell,
Condolezza Rice, etc.
Soyons précis et
exhaustifs comme il aime l’être : il peut citer également
le diable : Cuba. Au siège de RSF, vous dites « Cuba »
et montent les lamentations, sortent les crucifix, coule l’eau bénite,
surgissent les pieux, se pèle l’ail, se diffuse l’encens et
se repasse la chasuble de l’inquisiteur saint-Ménard
que ses adjoints retiennent pour qu’il ne dresse pas illico le bûcher
purificateur sur le parvis du Trocadéro.
La force de
« Double morale » est de mettre en comparaison les idées
reçues et propagées par la presse qui s’auto-intoxique et qui
croule sous mille (oui, mille !) communiqués annuels de RSF,
avec des documents puisés à de sources jamais contestées, voire
émis par l’adversaire.
Je préviens le futur lecteur : il va tomber, s’il n’est pas
assis. Même celui qui croyait savoir à quoi s’en tenir.
Par exemple,
l’analyse détaillée des rapports d’Amnesty International,
avec rapprochements des différents pays du continent américain,
annule des décennies de sentences anti-cubaines.
Et parce que la
morale veut que l’arroseur soit à son tour arrosé, l’Europe
est mise à mal par la comparaison. Or, l’Europe, c’est la Mère-la
-Vertu Internationale. Les idées généreuses sur les droits de
l’homme ont poussé sur son sol. Drapée dans cette gloire passée
et de moins en moins méritée, elle morigène et sanctionne l’île
des Caraïbes, elle lui fait la leçon, elle lui dicte la voie à
suivre, tout en nouant des liens parfois chaleureux avec des
dictatures sanglantes ou des bourreaux pillent leur peuple, le
maintiennent dans l’indigence, l’ignorance et la terreur.
La double morale
fustigée par Lamrani se situe là.
Il démontre que
les exécutions extrajudiciaires, les assassinats d’enfants, les
enfants soldats, les viols par la police, la torture ou la mort en
prison, l’esclavage des minorités, le développement de groupes
paramilitaires, les déplacements forcés de populations, la
discrimination contre les homosexuels, les disparitions
d’opposants, les massacres de paysans, le refus de soins aux
malades désargentés, les révoltes de la faim, la stérilisation
forcée de femmes, la xénophobie, l’abandon des sidéens, les
spoliations de biens, etc., sont largement répandues dans
certains pays au verbe haut et épargnent Cuba.
Oh ! Ne
comptez pas prendre l’auteur à défaut en lui faisant dire
qu’il existe un paradis sur terre et qu’il le connaît.
D’emblée, il vous affirmera qu’il n’en est rien.
Il a falloir
trouver autre chose pour démonter l’argumentaire implacable de
ce petit livre qui dresse en peu de pages un panorama des droits
de l’homme en Amérique et en Europe.
Trouver autre
chose ? Certes, mais quoi ?
« DOUBLE
LORALE. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme »
Salim Lamrani
Préface
de Gianni Minà
Editions Estrella,
123 pages. Prix : 10€
Pour toute commande contacter : lamranisalim@yahoo.fr
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