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Opinion

Dix ans de la simianthropologie politique sur le net
Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Dimanche 26 décembre 2010


1- Le naufrage de la science historique
2 - La ciguë de la raison
3 - Les dieux mécaniques et les autres
4 - Les chromosomes de Dieu
5 - Le terrorisme et la sotériologie de Wall Street
6 - " Le temps du monde fini commence " (Paul Valéry)
7 - L 'ignorance et les faux bijoux de la connaissance
8 - Les ficelles théologiques de l'humanité
9 - L'inconscient de l'humanité et la philosophie
10 - Les sentiers riants de la vassalité
11 - Un laboratoire planétaire de la mort
12 - Appel à votre vigilance
13 - La bancalité cérébrale de la laïcité
14 - Les Robinsons de la démocratie
15 - La Planète du sacré et la France
16 - L'inconscient théologique des peuples démocratiques
17 - L'avenir de Jahvé
18 - Que signifie " penser " ?
19 - Les chimpanzés du cosmos
20 - Les anthropologues du sacré

1 - Le naufrage de la science historique

Chers amis, dans quelques jours, il y aura dix ans déjà que je voudrais vous éviter à la fois un vain voyage vers Sirius et la savante myopie des gentils mémorialistes et des chroniqueurs assidus, dix ans déjà que ma longue errance au sein de la galaxie de Gutenberg m'a convaincu qu'internet rallumerait tôt ou tard les feux de la discipline suicidaire qu'on appelle la philosophie, dix ans déjà que je vous livre mes réflexions sur les fondements anthropologiques de l'actualité politique internationale. Je ne regrette pas de m'être attardé sur plusieurs planètes pivotantes - le Seuil, Plon, Gallimard, les Presses universitaires de France, Fayard, Albin Michel et l'Encyclopedia Universalis - avant de changer de système solaire et de trouver un port d'attache dans une nébuleuse en formation, puisque vous m'avez fait rencontrer les nouveaux initiés de la science politique qu'on appelle des internautes, c'est-à-dire les navigateurs intergalactiques.

Des millénaires durant, l'école de la mémoire avait enseigné l'art de piloter les cités ; et maintenant, Clio ne raconte plus le temps véritable des peuples et des nations, parce que l'échiquier de la planète échappe à ses mesures ; et maintenant les professeurs des écoles récitent un passé catéchisé et obsolète; et maintenant, leurs élèves se demandent pourquoi leurs pédagogues lisent un livre d'heures étranger à leur siècle.

2 - La ciguë de la raison

Voici donc deux lustres que vous m'aidez à prendre des vues spectrographiques de l'inconscient zoologique qui pilote l'encéphale des semi-évadés de la nuit animale, deux lustres que vos conseils m'aident à observer de l'extérieur une espèce jaillie des forêts, deux lustres que nous apprenons ensemble à décrypter l'évolution cérébrale des descendants d'un primate à fourrure. Notre ambition partagée nous a permis de moissonner un riche matériau expérimental. Nous connaissons désormais les apories guérissables et inguérissables dont souffrent les fuyards effarés des ténèbres. L'heure d'une récapitulation et d'un bilan des gangrènes et des bourgeonnements que nous avons recensés a donc sonné au beffroi de notre commune espérance.

En 2001, quand nous avons lancé le premier satellite d'observation de la ciguë de l'intelligence, la chute du mur de Berlin remontait à douze ans et l'empire américain commençait de s'affoler des entraves à son expansion politique et militaire qui résultaient de l'absence d'un ennemi imaginaire à pourfendre. Comment tailler en pièces un adversaire aussi mythologique que le précédent et pourtant suffisamment vaporeux à son tour pour entraîner les peuples européens enchaînés à leur mythe de la Liberté dans une arène nouvelle de leur asservissement aux idéalités totémisées de la démocratie?

3 - Les dieux mécaniques et les autres

Souvenez-vous : en ce temps-là, le marxisme avait conservé au frais le vieil héritage d'un évangélisme politique qui s'était enraciné deux millénaires auparavant dans le cœur et les gènes de la civilisation occidentale. Bien que ce rêve eût été entreposé depuis près de trois siècles dans la chambre froide des psychobiologistes des dieux simiohumains, la croyance au débarquement imminent du ciel sur la terre s'était réchauffée à la lecture du prophète du Capital.

Ce qui faisait donc trembler l'Amérique, ce n'était en rien la fausse menace d'une guerre mondiale que les peuples de l'Est étaient censés brandir face à la planète de l'industrie et de la finance, mais un prodige eschatologique repeint aux couleurs du messianisme vétéro-testamentaire dont la démocratie mondiale avait emprunté derechef la parure; car les populations de la nouvelle délivrance s'étaient encloses dans les herbages du salut bucolique qu'avaient brouté les ancêtres. Soudainement, les moissons reverdies du rêve de la rédemption nourrissaient les masses populaires sur les cinq continents et l'utopie arrosait de ses eaux les gras pâturages du ciel de la Liberté. Une espérance politique calquée sur nos anciens délires posthumes irriguait à nouveaux frais le jardin des Hespérides du prolétariat mondial et l'intelligentsia européenne retrouvait intacts les râteliers et les fourrages de la délivrance, tellement une dialectique du salut économique avait remplacé le royaume ancien de l'éternité.

4 - Les chromosomes de Dieu

Et pourtant, la sotériologie de confection du "processus historique" n'avait pas démontré la nature héréditaire de la folie eschatologique de Jahvé, d'Allah et du dieu des chrétiens. Que valaient les chromosomes de nos dieux? Il fallait se décider à étudier en laboratoire le capital psychogénétique des trois monothéismes. La dernière récolte du pommier de l'Eden dans les goulags du salut marxiste avait laissé un grand vide intellectuel sous notre os frontal. Aussi a-t-il fallu armer d'urgence le péché originel des démocraties d'une machinerie pilotée par un logiciel stellaire, qu'on avait baptisé la "guerre des étoiles". Mais la nouvelle Rome ne disposait pas, pour autant, des atouts et des apanages d'une cosmologie de la rédemption mécanisée. L'annonciation d'un démiurge électronique asservi à l'étranger n'était pas de taille à conduire l'Europe à une servitude sotériologisée par la décapitation des suppôts du capitalisme.

En 2001, je vous ai mis en garde contre le retour des félicités sacrées et des prie-Dieu du libéralisme économique ; et nous avons appris de conserve à nous méfier d'une épopée technologique dont les rouages affairistes étaient trop rudimentaires pour nous leurrer. L'enjeu anthropologique que cachaient les ressorts guerriers des dieux simiohumains n'était autre que la mise en esclavage du cerveau des semi-rescapés de l'Erèbe animal.

Certes, la conque osseuse encore partiellement cartésienne de la France de l'époque ne s'était pas résolument rebellée; elle n'en avait pas moins manifesté des réticences suffisamment criantes pour que l'outillage cérébral du fantasmagorique militarisé nous fît tous rire sous cape. Le 11 septembre 2001, en revanche, un nouvel ennemi aux dehors beaucoup moins mythologiques, mais plus facile à doter d'un corps et à cuirasser des pieds à la tête a fait débarquer à vive allure son arsenal sur la terre. L'Olympe des démocraties l'a baptisé le Terrorisme.

5 - Le terrorisme et la sotériologie de Wall Street

Dès le 14 septembre 2001, j'analysais à l'intention de vos premières phalanges les composantes psycho-chimiques des foudres du Zeus de la sainteté démocratique. Vous avez approuvé mes premières conclusions, vous avez reconnu à mes côtés que l'heure du prochain écroulement du messianisme américain avait sonné. Vos régiments clairsemés ne s'élevaient encore qu'à quelque trois cents paires d'oreilles par jour. Mais des sites-relais et de nombreux portails ont bientôt épaissi vos rangs. Comment se fait-il que vous ne vous soyez pas indignés de mon refus, alors solitaire, de consommer l'euphorisant universel du sentimentalisme politique, alors que toute l'Europe se précipitait en aveugle sur la brebis galeuse que le Titan blessé montrait du doigt: l'Afghanistan? C'est que vous étiez informés depuis longtemps qu'ils sont trompeurs, les oracles que profère l'inconscient semi-zoologique de la politique mondiale. Vous saviez déjà que l'événement simiohumain à observer, ce n'était pas un apitoiement spectaculaire et émotionnellement légitime de la planète des enfants de choeur, mais l'effondrement d'un building invisible: la tour de contrôle de l'univers qui, depuis 1945, avait rallié le cosmos derrière le panache blanc des Atlantes s'était écroulé.

Et maintenant, il fallait se résoudre à soumettre le ciel frelaté de la démocratie du Nouveau Monde à la cure d'amaigrissement qui lui ferait retrouver quelque peu la raison. Nous allions renouer avec l'élan du siècle des Lumières, nous allions faire basculer les héritiers ingrats de Voltaire dans la postérité généreuse de son génie, nous allions clouer au pilori une démocratie d'outre-Atlantique qui prétendait ordonner aux descendants de la Révolution française de s'abêtir à confondre des totems langagiers avec notre Descartes, nous allions sonner le tocsin au clocher d'un nouvel apostolat philosophique, nous allions faire monter sur le bûcher les idéalités contrefaites des dieux nouveaux, nous allions convaincre les descendants de 1789 de déclarer la guerre aux fétiches du langage dont se nourrissaient les Jupiter de la Californie ou du Texas.

Par bonheur, un certain Ben Laden avait rappelé aux hérauts ensanglantés de la bannière étoilée qu'un milliard et demi de musulmans frappaient de leurs poings nus aux portes de la civilisation de la pensée rationnelle. Aujourd'hui vous êtes plus de trois millions de pifs alertés par l'odeur nauséabonde d'un dieu de la Liberté non moins squelettique, rachitique et spectral que celui de feu la "guerre des étoiles": le Terrorisme. Celui-là, du moins, ne s'auréole pas de constellations verbales, celui-là porte dans le monde entier d'aujourd'hui les vêtements du patriotisme et du droit des peuples de disposer d'eux-mêmes. Le Lucifer du terrorisme nous enseigne seulement que le ciel du profit a mis la planète de la "liberté", du "droit" et de la "justice" au service de la sotériologie de Wall Street et de la City.

6 - " Le temps du monde fini commence " (Paul Valéry)

Et maintenant, vous savez tous que l'effondrement sanglant de deux building à New-York et celui, plus mystérieux encore, d'un autre géant de béton et d'acier situé à plusieurs dizaines de mètres des premiers et qu'aucun aérolithe ni céleste, ni terrestre n'a touché, cachent le véritable gratte-ciel écroulé, qui n'est autre que celui du faux évangélisme capitaliste; et vous savez que celui-là n'a été percuté de plein fouet que par le dieu autiste et suicidaire qu'il était devenu progressivement à lui-même. En vérité, le 11 septembre 2001 a fait débarquer l'apocalypse financière et bancaire dans le jardin d'enfants de l'eschatologie démocratique mondiale. Et vous vous demandez maintenant comment le drapeau étoilé persévèrerait dans sa prétention d'apporter le pain d'un ciel de la Justice à une espèce qu'il appellera en vain à s'en prendre à un nain ridicule, le Terrorisme, à pourchasser un Pygmée, le Terrorisme, à s'échiner contre un bossu, le Terrorisme.

Vous savez, vous, que le drame de la cécité qui frappe les empires d'aujourd'hui est celui de la distance infranchissable qui sépare désormais leurs ambitions terrestres démesurées des empires de la peau de chagrin qu'on appelle encore le globe terrestre: "Le temps du monde fini commence", écrivait Paul Valéry en 1945; et il enchaînait: "Toute la terre habitable a été de nos jours reconnue, relevée, partagée entre des nations. L'ère des terrains vagues, des territoires libres, des lieux qui ne sont à personne, donc l'ère de libre expansion est close. Plus un roc qui ne porte un drapeau; plus de vides sur la carte, plus de région hors des douanes et hors des lois, plus une tribu dont les affaires n'engendrent quelque dossier et ne dépendent, par les maléfices de l'écriture, de divers humanistes lointains dans leurs bureaux. " [Paul Valéry 1871-1945, Regards sur le monde actuel, 1945]

7 - L 'ignorance et les faux bijoux de la connaissance

Dès 2003, vous m'avez accompagné au théâtre. Nous nous sommes assis aux premiers rangs. Vous étiez curieux de suivre le déroulement du drame d'acte en acte; mais les péripéties de la pièce vous ont laissé sur votre faim. Certes, la tragédie vous a permis d'enrichir le trésor des documents anthropologiques que vous m'aviez souvent signalés. Souvenez-vous, par exemple, du spectacle réconfortant que la France nous a offert quand elle a brutalement arraché son masque pseudo démocratique au plus puissant empire de la terre. Nous avons vérifié, à cette occasion, que si les Gaulois opposaient leur veto à la bénédiction démocratique d'une guerre de conquête du pétrole en Irak, nous donnions un peu de courage aux Nations Unis, qui se trouvent placées sous le contrôle politique de Washington depuis 1945 et que l'empire américain se voit alors contraint de retirer à la face du monde le manteau du pacifisme qui sert de tenue d'apparat aux Républiques verbifiques d'aujourd'hui.

Mais était-il suffisant de réduire les Tartuffe de leur ciel à envahir ce pays non seulement à visage découvert, mais en violation ouverte du droit international et des lois de la guerre? Etait-il suffisant, disiez-vous, de rendre spectaculaire, l'attrape-nigaud mythologique qui avait placé le Vieux Continent sous le sceptre de Washington ? Encore fallait-il que le monde entier comprît que le faux dévot avait piteusement rejoint le réalisme truqué d'Israël qui, depuis 1947, s'exerce à la gesticulation pseudo vertueuse et se présente en victime harcelée par un farouche ennemi.

8 - Les ficelles théologiques de l'humanité

Souvenez-vous du petit valet anglais, un certain Anthony Blair, dont le tartuffisme est allé jusqu'à proclamer l'univers menacé de se trouver rayé en trois quarts d'heure du monde des vivants. Vous étiez inquiets par une représentations demeurée en suspens; et vous vous demandiez si la pièce n'occultait pas l'ultime secret de l'histoire du monde, si l'auteur n'avait pas caché les vraies clés de l'histoire dans sa poche, si les Etats-Unis et Israël n'avait pas appris à tirer ensemble les ficelles théologiques de l'humanité, tellement l'histoire illustrait maintenant une course de cochers de la mort. Car des applaudissements nourris ont accueilli le discours du vassal armé de sa fiole de l'apocalypse.

Et puis, observez les rênes de l'attelage : l'Amérique et la démocratie mondiale emboîtaient le pas à Israël. Vous vous disiez que le singe masqué conserverait longtemps encore son cerveau microscopique et que la pièce ne faisait que commencer Avec quel courage vous m'avez suivi dans mes démonstrations consternées de ce que l'humanité actuelle ne se trouve pas encore en mesure de comprendre les évènements stupéfiants qui jalonnent son histoire. Vous m'avez également fait connaître en grand nombre votre réprobation de spectateurs pantois de ce que, cent mille ans après la découverte du feu et de la roue, les quadrumanes épilés que nous appelons des humains ne soient pas encore cérébralement armés pour observer les rouages et les ressorts qui en font les otages de leur démence. Mais songez que l'infirmité de l'entendement de notre espèce ressortit à une ignorance fort singulière, non seulement en ce quelle se montre sûre de son savoir, mais en ce qu'elle s'enfonce toujours et nécessairement dans l'erreur à l'école des démonstrations qui lui présentent fatalement l'erreur sous les traits séduisants de la logique la plus sûre d'apparence. Les descendants de l'animal à toison dont nous sommes issus croient encore qu'ils comprennent le plus spontanément du monde ce qu'ils entreprennent et ce qui leur arrive.

9 - L'inconscient de l'humanité et la philosophie

Vers 2005, plusieurs d'entre vous m'ont suggéré d'introduire dans la terminologie de la science historique et dans celui de la géopolitique les néologismes "simianthropologie" et "simianthrope". Plus nombreux encore sont les sentinelles sur le qui-vive qui m'ont alors gentiment alerté qu'il devenait bien impossible de faire comprendre plus avant aux détenteurs de notre capital psychogénétique en panne qu'un Etat nucléaire ne saurait se risquer à en attaquer un autre - comme Israël feint de le croire. Cette petite nation armée jusqu'aux dents d'une apocalypse de géants n'est pas aussi sotte qu'elle s'ingénie à le démontrer: elle sait fort bien qu'elle n'est menacée par aucun ennemi réel et que le feu et le fer sont les masques d'une victime dotée de longs crocs. Mais comme il se trouve que, depuis le 11 septembre 2001, c'est précisément au même jeu que s'exerce l'empire américain sur la scène internationale et à seule fin de s'étendre continûment sous le rideau de fumée d'un terrorisme de pygmées qui le menacerait de mort, vous avez visité les coulisses d'un carnage imaginaire et vous avez passé en revue à mes côtés les mille cent garnisons d'Alexandre qui illuminent de leurs torches les terres du saint esprit.

Je remercie les centaines de vigiles qui m'ont fait remarquer que l'anthropologie critique est appelée à faire débarquer dans la science historique et dans la politique de notre temps des spectrographies d'une forme étrange de l'ignorance, celle qui apprend à s'ignorer à l'école des masques du savoir qu'elle se donne. Mais puisque l'ignorance dont les vêtements sont ceux de la raison a été détectée il y a vingt-cinq siècles par le premier martyr de la pensée que l'humanité ait exécuté, puisque le type d'ignorance, dis-je, à laquelle seule la ciguë peut servir d'antidote, puisque cette ignorance-là se met volontairement à l'écoute des preuves qu'elle appelle à la piéger en retour, l'évolutionnisme n'entre-t-il pas maintenant dans un territoire fort nouveau pour lui, puisque la postérité de Darwin rend désormais accessibles à nos instruments des clichés radiographiques de l'état de développement du cerveau moyen de notre espèce? Apprenons donc à peser de siècle en siècle l'outillage qui nous leurre; car si c'est sous les vêtements des démonstrations de la prétendue "vérité" que l'erreur simiohumaine se présente toujours et nécessairement, alors la philosophe ressortit à la science de l'inconscient depuis Platon et Freud n'en a défriché que quelques arpents.

10 - Les sentiers riants de la vassalité

D'autres parmi vous - et plus nombreux encore - se demandent pourquoi le singe parlant se forge des ennemis et des amis qu'il colloque dans le vide du cosmos et quel profit il tire de faire semblant de combattre les uns ou de faire alliance avec les autres, mais toujours, à l'entendre, pour le plus grand bien de la masse de ses congénères demeurés dans l'ignorance. Vous m'avez convaincu qu'il est devenu illusoire de tenter de rendre intelligible l'évolution de notre grain de raison si nous ne conquérons pas de haute lutte le globe oculaire, la rétine, la pupille, le nerf optique et le cristallin qui nous armeraient d'un regard de l'extérieur sur le fonctionnement de la machine qui nous plonge à tous coups dans la cécité; et vous avez commencé de coller votre œil à la lunette du télescope qui vous fait apercevoir dans le lointain les contours du cerveau des peuples et des nations d'hier et d'aujourd'hui , tellement l'évolution de notre encéphale se trouve étroitement liée aux vrais progrès de l'intelligence et de la raison de notre espèce.

Encouragés par vos objurgations incessantes, j'ai semé les pierres du petit Poucet tout au long d'un décryptage de la servitude de l'Europe. Vous m'avez encouragé à placer mes cailloux sous un microscope capable d'enregistrer l'évolution de notre encéphale proprement politique. En voici un exemple: "Vous autres, Gaulois, vous n'avez connu que des rois et des guerres jusqu'au jour où vous vous êtes rangés sous l'autorité de nos lois. Puis, vous n'avez cessé vos harcèlements, mais nous n'avons usé de notre victoire que pour percevoir les tributs qui vous accordent les bienfaits de la paix. C'est vous, le plus souvent, qui commandez nos légions sur votre territoire, c'est vous qui gouvernez vos provinces." (Tacite, Histoires, L. IV, chap.74, Discours du Général Cerialis aux Gaulois tentés par la sécession)

Voyez comme les sentiers riants de la vassalité sont diversement empierrés d'un millénaire à l'autre et comme ils se ressemblent. Par bonheur, vous courez à vive allure sur les pistes d'une science anthropologique de la servitude de l'Europe. C'est vous qui avez remarqué les premiers que, depuis le 11 septembre 2001, le déclin que j'avais annoncé de l'empire américain il y a dix ans obéit à des règles si simples, si évidentes et si faciles à faire comprendre aux enfants en bas âge que nous serions confus de recourir à des vanteries sous prétexte que notre téléobjectif nous permet de photographier l'encéphale de nos congénères de plus près.

Dès lors que les plus grands empires en décousent avec l'Ulysse aux cent yeux que vous êtes devenus, que dis-je, dès lors que la machine ronde dispose de plusieurs centaines de millions de rétines qui surveillent nuit et jour la rotation de nos congénères autour du soleil de notre politique, il est fatal que notre masse encéphalique accélèrera son grossissement à bride abattue. Combien d'entre vous ne cessent de me rappeler que votre simianthropologie observe maintenant siècle après siècle les performances croissantes des neurones que nous avons hérités d'un lointain quadrumane toisonné!

11 - Un laboratoire planétaire de la mort

Vous m'avez également signalé qu'il existe un abcès de fixation universel des progrès de la raison et de l'éthique du chimpanzé vocalisé. C'est désormais sous les yeux de la planète tout entière, me dites-vous, qu'Israël et l'empire américain assiègent et affament une masse immense de nos congénères dans une ville de quinze cent mille âmes et que ces deux vauriens ont transformé Gaza en un gigantesque champ d'observation en plein air des capacités de survie à la famine de nos frères en Allah. Cent quatre-vingt cinq nations, me dites-vous, viennent de condamner solennellement la barbarie de cette paire de chenapans internationaux.

Mais vos derniers télégrammes me laissent abasourdi. Est-il bien vrai que vingt - six hommes politiques de haut rang, dont MM. Felipe Gonzalez, ancien premier ministre espagnol, M. Javier Solana, ancien chef des relations extérieures de l'Union européenne, Romano Prodi, ancien chef du gouvernement italien et ancien président de la commission européenne, Mme Mary Robinson, ancienne présidente d'Irlande, M. Richard von Weizsacker, ancien Président d' Allemagne, M. Helmut Schmitt, ancien Chancelier d'Allemagne, M. Chris Patten, ancien commissaire européen, M. Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères de la France, M. Thorvald Stoltenberg, ancien premier ministre de la Norvège auraient dénoncé cette sauvagerie d'une seule voix et que seuls Washington et deux de ses vassaux anglo-saxons , Ottawa et Sydney se seraient rangés du côté des tueurs agenouillés devant les vaines icônes que les idéalités de la démocratie sont devenues entre leurs mains?

Est-il vrai que l'humanité escalade soudainement un pic de la vertu à donner le vertige à tous les primates ? Est-il vrai que Gaza signifie "Trésor" en latin ? Est-il vrai que la planète entière se rue au secours de la ville-martyre ? Est-il vrai qu'au printemps, une flottille de trente sept navires de ravitaillement tentera de forcer le blocus ? Est-il vrai que cinquante nations et cent vingt cinq organisations humanitaires parcourront huit mille cinq cents kilomètres pour tenter de délivrer les affamés? Est-il vrai que cent vingt cinq organisations humanitaires de nationalités, iranienne, indienne, pakistanaise, nippone, népalaise, bahreïnie, turque, australienne, azerbaïdjanaise, malaisienne, indonésienne et singapourienne vont inverser le parcours des croisades du Moyen Age? Est-il vrai que cent nations ont reconnu l'Etat palestinien et que, parmi eux, on compte des poids lourds tels que l'Argentine et le Brésil? Est-il vrai que le Monde du 11 décembre 2010 aurait évoqué, pour la première fois depuis sa fondation en 1944, la "génuflexion" des Etats européens devant Washington? Est-il vrai que l'Europe aurait approuvé à l'unanimité vingt-cinq résolutions des Nations unies qui condamneraient la décision de Washington de légitimer la conquête de la Cisjordanie par le glaive de l'Etat hébreu et de contraindre les Palestiniens à négocier un dossier vide? Est-il vrai que l'Europe aurait demandé à son tour le retour des réfugiés, le rétablissement des frontières de 1967, la création d'un Etat palestinien souverain et le partage de Jérusalem entre les deux prétendants?

- Voir L'Europe aux yeux crevés, 19 décembre 2010

12 - Appel à votre vigilance

Un spectacle aussi réjouissant a incité quelques-uns d'entre vous à me mettre fort aimablement en garde contre un pessimisme persévérant de ma réflexion. Vous m'avertissez gentiment que les démocraties occidentales auraient d'ores et déjà basculé entièrement et de manière irréversible du côté de l'alliance du trio de la Russie de l'empire du Milieu et de l'Inde, vous me dites que l'Europe de la foi et de l'espérance serait redevenue ascensionnelle à souhait, vous me dites que Washington et Israël sombrent sous nos yeux dans un naufrage de leur éthique, parce que les croisés du ciel de la vérité courent à nouveau arracher à son tombeau une démocratie torturée sur sa potence.

Je vous mets en garde contre les pièges que les euphories insidieuses tendent à votre candeur. Sachez que le conflit du Moyen Orient demeurera insoluble par la négociation diplomatique, tout simplement parce que la civilisation mondiale périrait à légitimer le rapt de la plus grande partie de la Palestine par un antique prédateur ressuscité. Croyez-moi, les verdicts de la raison ne peuvent descendre définitivement au tombeau. Jamais vous n'obtiendrez du genre humain que les principes de 1789 sacralisent l'asservissement d'un peuple. Ce serait demander à l'Eglise d'abolir le dogme de la transsubstantiation ou de la naissance virginale.

13 - La bancalité cérébrale de la laicité

C'est ici que votre réflexion d'anthropologues de la méthode historique et de spéléologues du politique doit progresser jusqu'à vous initier à une philosophie nouvelle de l'évolution de notre espèce. Car le XVIIIe siècle s'en était tenu à des indignations de la raison devant les excès de la superstition pieuse et à une délégitimation colérique des immenses richesses du clergé; mais l'Etat rationnel et la société cultivée étaient demeurés dévots au point que la laïcité du siècle suivant se proclamait encore théologienne jusque dans les écoles de la République où la croyance en l'existence de Dieu était enseignée aux enfants. Puis la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat elle-même a perpétué l' affichage officiel d'une foi religieuse.

Aussi l'éducation nationale s'appliquait-elle exclusivement et le plus discrètement possible à effacer les traces d'un enseignement doctrinal et d'une catéchèse formaliste, de sorte qu'il en est résulté une sorte de désert ou de vide culturel, tellement la France d'une raison demeurée sinon liturgique, du moins semi religieuse se gardait bien de poser ouvertement à l'Etat la question de la bancalité confessionnelle de la République, alors que la plus simple logique philosophique imposait à Socrate de se demander pourquoi le genre simiohumain se forge des personnages fantastiques, pourquoi il les loge dans le vide de l'immensité et pourquoi il entre de siècle en siècle dans un dialogue serré avec des acteurs cérébraux installés dans le cosmos par ses soins.

14 - Les Robinsons de la démocratie

Ce rétrécissement du territoire qu'occupe un psychisme humain erratique a paralysé non seulement la connaissance rationnelle de la complexion cérébrale et des ressorts mentaux des déserteurs partiels du règne animal, mais également la scientificité de la méthode historique et de la politologie. Longtemps l'Occident ne s'en est pas aperçu, parce que l'hégémonie mondiale qu'exerçaient ses techniques et ses mathématiques lui donnaient la double illusion de se colleter avec le monde réel et de détenir les clés de l'intelligibilité du passé, du présent et de l'avenir. Souvenez-vous de la IIIe et de la IVe République: la planète semblait tourner autour des Assemblées nationales. La vaine éloquence d'un quarteron de députés faisait croire aux cinq continents que le genre humain se trouvait dirigé de la voix et du geste par d'étroits cénacles d'élus du peuple souverain.

Du lundi au vendredi, le compte-rendu des débats parlementaires occupait du haut en bas et en caractères gras la colonne de gauche de la première page du Monde, jusqu'au jour où une France abasourdie par les guerres d'Indochine, puis d'Algérie s'est subitement aperçue que, par sa nature même, le régime démocratique ne saurait respirer au rythme de l'histoire du globe terrestre et que le suffrage universel ne jette pas un regard au cadran de l'horloge où le temps court sur d'autres chemins que ceux de la gestion municipale des Etats. Le Général de Gaulle lui-même n'a été qu'un intermède respirant entre deux séances de l'Assemblée nationale.

Il a fallu attendre le coup de semonce du 11 septembre 2001 pour découvrir que non seulement les démocraties passent au large de l'histoire de la planète, mais qu'elles sont condamnées à en ignorer le tragique et les tempêtes, puisque la laïcité elle-même a seulement déposé la France de la raison et de la pensée sur un îlot où le coup de théâtre de la mort de tous les dieux se trouvait apprivoisé par une humanité heureuse de camper désormais sur une île déserte. Et pourtant, il n'est pas de révolution cérébrale plus extraordinaire que le débarquement de la solitude du singe privé de compagnons dans le cosmos. Depuis lors, les aventures de notre conque osseuse ne seront décryptables, comme il est dit, plus haut que si nous découvrons pourquoi notre espèce se plaçait depuis des millénaires sous la protection de ses idoles.

15 - La planète du sacré et la France

Le 11 septembre 2001 a rappelé que non seulement la France de la IIIe, mais de la IVe République n'a jamais rien compris à l'histoire véritable du monde onirique dans lequel baigne le simianthrope, puisqu'elle a interdit à ses historiens de jamais tenter d'expliquer la furie des Croisades, les enjeux anthropologiques des guerres de religion les couperets des théologies et des dogmes. Mais la Ve République des Robinsons du cosmos a encore aggravé le retard cérébral de la nation de Descartes, puisqu'elle n'en est pas encore revenue de ce qu'il existe un milliard et demi de musulmans en chair et en os sur la terre et un milliard de chrétiens à couteaux tirés entre eux sur le point de savoir pourquoi ils perpètrent sur leurs autels un meurtre dont ils ont fait leur nectar.

Et pourtant, il existe une statue du Christ de trente mètres de hauteur à Rio de Janeiro et une autre de trente-trois mètres vient de se dresser en Pologne, et pourtant, la Russie se prosterne à nouveau devant ses icônes antérieures à 1917, tandis qu'en raison du campement de la France de la laïcité à l'écart des ciels surpeuplés des autres nations de la terre, la France fondée sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la France de la postérité du Discours de la méthode, la France demeurée ennemie des sciences de l'inconscient se révèle impuissante à prendre la tête de la guerre des sciences humaines, et d'éclairer la planète sur la nature délirante de l'étrange animal qui, partout dans le monde, se regarde encore dans le gigantesque miroir collectif de ses théologies nationales.

16 - L'inconscient théologique des peuples démocratiques

Vous qui jouissez de l'immense privilège philosophique d'habiter le seul territoire du monde en attente du lancement de la fine fleur de son élite intellectuelle dans l'aventure prodigieuse d'approfondir la connaissance anthropologique des religions, sachez que vous y êtes poussés l'épée dans les reins, parce que la politique et l'histoire des démocraties se révèlent des décalques fidèles des délires sacrés auxquels les nations demeurent amarrées.

Puisque, depuis la nuit des temps notre espèce se forge des dieux à son image, et cela non point seulement afin de se donner des guides et des protecteurs sous le soleil et de se laisser piloter par une éthique utile à l'autorité de leurs Etats et de leurs lois, mais également afin d'apprendre à se regarder dans les miroirs géants qui répondent à sa taille et à ses ambitions sur la terre, vous en conclurez qu'il existe autant de démocraties que de cosmologies mythiques.

La nation anglaise a fait de son roi le chef de sa foi insulaire ; et puisque ce peuple obéit comme un seul homme à sa double effigie sur la terre et au ciel, voyez, en outre, que la nation espagnole fait don à sa démocratie de l'alliance du Christ avec le taureau de Mithra, voyez, en outre, que la démocratie allemande de Luther fait, de la religion de la croix, une copie de la discipline militaire et de la moralité des Germains de Tacite, voyez en outre que la démocratie italienne négocie avec le dieu des chrétiens sur le modèle des Romains avec Mars et Jupiter, voyez en outre, que la France des docteurs de Sorbonne a mis, dès le Moyen Age, le christianisme à l'école de la logique d'un Descartes encore dans les limbes et que nos républiques s'appliquent à défricher depuis deux siècles la planisphère de la démocratie par la mise en coupe réglée de l'empire de la liberté à l'aide des arguments pro et contra des controversistes du Moyen Age. Apprenez donc qu'il n'y aura pas de connaissance scientifique de l'histoire et de la politique si vous ne percez les secrets d'un chimpanzé que la nature a rendu théologique de naissance. Si vous ne vous y exercez, vous ressemblerez à un homme qui se regarderait de la tête aux pieds dans un grand miroir et qui, ayant vendu son image spéculaire aux enchères, s'imaginerait non seulement avoir perdu son effigie avec son réflecteur, mais avoir changé entièrement de nature.

17 - L'avenir de Jahvé

Et maintenant, regardez Jahvé monter la garde dans l'enceinte de la Knesset, regardez Allah tenir l'immense troupeau de ses fidèles à l'écart du champ de la politique mondiale, parce que le réel, dans l'encéphale des lecteurs du Coran se divise entre le territoire mental des chiites et celui des sunnites. Si après cela, vous ne dites pas que l'Europe et l'Amérique n'y voient goutte, vous vous interdirez de monter sur la caravelle de Christophe Colomb de demain.

Commémorons dix ans de notre ascension commune par un appel à votre vigilance. Ne quittez pas le moribond du regard, observez les derniers soubresauts de l'agonisant, demeurez des cliniciens avertis. Vous êtes sur vos gardes au chevet d'une civilisation en panne du "Connais-toi". Si vous n'assistiez aux derniers soubresauts du géant, comment le chasseriez-vous du territoire des nations de l'Europe où il s'est incrusté depuis 1949. Mais pour cela, il vous faut progresser de quelques pas encore dans la connaissance anthropologique de l'inconscient du politique, sinon, le sort qui vous attend serait celui des futurs Palestiniens de l'Europe!

Car Jahvé, c'est Israël en chair et en os, tellement les peuples sont les interlocuteurs glorieux de leurs idoles, tellement ils en portent les armes et en affichent l'ossature, tellement le simianthrope s'adresse à sa propre effigie agrandie à l'échelle de la nation qui en exprime le surmoi dans l'immensité du cosmos.

A partir de Tibère, les dieux romains se sont sentis menacés. Isis et Sérapis les talonnaient, et leurs parures sentaient bon l'universalité du divin. Mais le christianisme lui-même n'a fait que multiplier les apanages abstraits et insaisissables du crucifié. Nous venons de souligner qu'il existe, en réalité, autant de religions de la potence que de nations chrétiennes; et que, de tous les Etats de la terre, Israël est le seul qui ait conservé intact le Céleste du territoire de son peuple. Quand vous aurez élu un Président de la République livré en sa chair et son sang à un conflit de devoirs, de loyautés, de vision du monde insolubles, dites-vous bien que si vous lui demandez tels ou tels arrangements territoriaux avec les Palestiniens, il vous les accordera du bout des lèvres et sous la contrainte internationale ; mais quand il verra que le dieu Jahvé n'acceptera jamais le retour des réfugiés, les frontières de 1967, l'abandon de Jérusalem, il obéira aux ordres de son Jahvé intérieur - et jamais l'Europe ne courra vers le destin nouveau qui l'attend en Asie, et jamais la civilisation européenne ne retrouvera une vocation, une vision, un destin.

18 - Que signifie " penser " ?

Observez donc à mes côtés à quel point le simianthrope européen souffre encore de deux infirmités crâniennes majeures. La première l'entraîne à reprocher à l'empire américain de s'étendre par la force des armes. Mais vous savez, vous, que, depuis six mille ans, les grandes puissances s'étendent à la manière dont poussent les cornes des taureaux et que si vous ne décidez pas de les combattre les armes à la main, elles ne sauraient trahir par miracle d'une intervention du ciel la complexion conquérante qui leur appartient, tellement le glaive ne se laisse vaincre que par le glaive. Fiez-vous donc à la droiture d'esprit qui vous enseigne qu'il n'y aura pas de laïcité vivante sans mission intellectuelle de la France, pas de démocratie vivante sans vocation cérébrale de la nation, pas d'Etat vivant sans appel à l'intelligence du monde, pas de République vivante sans trophées du "Connais-toi".

Vous êtes les ouvriers de la maturation politique de l'Europe, vous êtes les éducateurs du suffrage universel des démocraties, vous êtes le levain des peuples qui attendent de vous un vrai regard sur le monde. Si vous ne devenez des guides politiques de l'histoire de la planète, les générations futures retomberont parmi les otages de leurs idéalités sur la scène internationale.

19 - Les chimpanzés du cosmos

Voyez comme la République des évangélistes de la Liberté s'est seulement félicitée de n'avoir pas laissé la France s'empêtrer en Irak, mais non d'avoir porté le premier coup d'arrêt à l'expansion d'un empire! C'est qu'il y faudrait des spectrographies simianthropologiques des trois chimpanzés du cosmos que nos ancêtres n'ont pas appris à toiser, le dieu de la Croix, le dieu Jahvé et le dieu Allah. Beaucoup d'entre vous savent que, depuis vingt-cinq siècles, une philosophie à peine évadée de la zoologie débattait vainement de l'existence ou de l'inexistence corporelle ou incorporelle de "Dieu" et que Freud s'est interrogé le premier sur la généalogie d'un père mythique du cosmos dans le cerveau des enfants.

Si vous vous essayez donc à une psychanalyse anthropologique de la schizoïdie politique de Jahvé et du dieu des chrétiens, vous observerez comment la créature dichotomisée entre le réel et le songe copie et partage les embarras politiques et éthiques du démiurge qu'elle a forgé à son image et ressemblance, comme elle le dit elle-même. Alors, vous saurez comment Israël se piège à tenter de fonder la légitimité politique de sa conquête de la Cisjordanie par les armes sur le rejet de l'autre face de son idole et de lui-même.

Ne soyez pas scandalisés par mes blasphèmes, parce que l'avenir spirituel des dieux tâtonnants a toujours dépendu de leurs prophètes. Il vous appartient d'enfanter les Isaïe de demain, il vous appartient de donner à l'athéisme les armes de la raison élévatoire en mesure de décoder les personnages oniriques qu'on appelait des dieux.

20 - Les anthropologues du sacré

Quand vous aurez démontré que les théologies sont des documents biphasés dont seule une simio-anthropologique peut éclairer les arcanes, vous saurez également que l'effort actuel d'Israël de renoncer à l'héritage ascensionnel de Jahvé face au synode des juristes du ciel romain fournira à la science historique et à la politologie abyssale à venir les instruments d'une quête sans laquelle la connaissance des fondements théo-politiques de la vassalisation de l'Europe demeureront énigmatiques et sans profit pour les sciences humaines à venir.

Voir - Le Saint Siège et Israël - Qu'est-ce qu'un personnage historique 1 ? 5 décembre 2010

Ce sera en anthropologues du sacré qu'il vous faudra plonger dans les entrailles du mythe dualiste, ce sera en simiologues du chimpanzé actuel qu'il vous faudra observer la face isaïaque et la face guerrière de Jahvé.

Vous êtes l'avenir de la France de la raison. Si vous donnez rendez-vous à l'intelligence du monde, si vous vous situez dans la postérité encore à féconder du siècle des lumières, le déclin de l'Amérique et de son mauvais génie, Israël, feront, du XXIe siècle, le "royaume des cieux" transfiguré qu'attendent les résurrecteurs d'une civilisation responsable de la grandeur et du tragique de ses lucidités.

Je vous remercie de votre accompagnement de dix ans. Puisse le chemin que nous avons tracé ou du moins jalonné ensemble entre l'histoire racontée et l'histoire spectrographiée paraisse heuristique à votre génie, celui de la génération que vous aurez enfantée à votre propre écoute.

Publié le 26 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de Manuel de Diéguez

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Source : Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com/


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