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Qu'est-ce que philosopher? et Regards sur le Proche et le Moyen Orient

L'Iran et la nouvelle pesée de l'humain (suite)
Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Dimanche 22 juillet 2012

"Interroger les grands philosophes, c'est transformer les questions qu'on leur pose en instruments d'approfondissement de la connaissance du genre humain."
Jaspers

Il est difficile de rendre la géopolitique intelligible sans descendre de plusieurs marches au-dessous du rez-de-chaussée ; mais comme la visite des caves prend beaucoup de temps et allonge le récit, j'ai imaginé de faciliter le voyage aux lecteurs pressés. J'ai donc indiqué par des écriteaux les séjours dans les souterrains et les lieux de promenade au grand jour.

1 - Un anthropologue de la condition animale, Jean de la Fontaine
2 - Le compteur Geiger de " Dieu "
3 - La simianthropologie fondamentale
4 - Le cerveau simiohumain et la politique
5 - Les limites de la physique mathématique
6 - Des survivances de la diplomatie du mâle dominant
7 - La bête rattrapée par sa théologie
8 - Le rendez-vous des démocraties avec l'hémoglobine de l'histoire
9 - Entre le sceptre et le spectre
10 - L'homme de demain
11 - Conclusion

1 - Un anthropologue de la conditions animale. Jean de la Fontaine

Au grand jour de l'histoire

Une mise en parallèle irréfléchie des piétés qui caractérisent de naissance le simianthrope et le chimpanzé face à leurs gibiers respectifs laisserait échapper l'objet même d'un décryptage de l'évolution cérébrale de notre espèce. Jean de la Fontaine ne s'y est pas trompé ; jamais le génie de ce simianthropologue du XVIIe siècle n'observe une autre bestiole que nous-mêmes. Plus de deux siècles avant Darwin, il a mis en évidence la denture du simianthrope et les crocs d'une foule d'animaux imaginaires - mais toujours à seule fin de rendre plus aisément observables et plus évidents les comportements proprement simiohumains qui mettent les muscles et les mâchoires de notre espèce en mouvement.

Passage par les souterrains

Observez la spécificité cérébrale et éthique qu'affiche une espèce demeurée semi animale, mais en route vers le regard sur elle-même qui, au terme du chemin, surprendra ses neurones. Certes, un tel examen n'est pas une entreprise de tout repos: il ne suffira pas de mettre cul par-dessus tête les interprétations pseudo rationnelles - mais fossilisées par la tradition - de l'évolutionnisme darwinien. On sait que les interprétations théoriques de cette Ecole se sont si peu modernisées qu'elles persistent à valoriser les jugements que la simiohumanité actuelle porte sur elle-même, et cela au point de perdre de vue l'animal qui tente de légitimer les méthodes d'observation de sa propre nature auxquelles elle s'exerce.

Et pourtant, l'étude de la nudité et du mutisme des catéchètes de l'atome s'étend à tout le champ de la connaissance de Monsieur le simianthrope biblique, mais à la condition qu'on veuille bien le considérer dans sa spécificité religieuse, donc pour autant qu'on observe dans son devenir mental spécifique l'étrange théoricien de la foudre céleste qu'il brandit contre lui-même. Qu'en est-il du dédoublement cérébral qui caractérise un animal dont le destin se veut apocalyptique et séraphique à ses propres yeux? Vous me direz que la dérobade, la forfanterie, la gesticulation, l'esbroufe sont communes à tous les théologiens des idéalités gesticulatoires que manie la démocratie nucléarisée; mais d'autres carnassiers répondent également à ce modèle de la pantomime politique, d'autres bêtes recourent "pieusement" à des simulacres et à des faux-fuyants de guerriers et de chasseurs, d'autres animaux confondent sincèrement leurs proies avec leurs dévotions!

2 - Le compteur Geiger de "Dieu"

Au grand jour de l'histoire

Prenons l'exemple paradigmatique des feintes négociations diplomatiques auxquelles se livrent les éléphants de la démocratie atomique et qui semblent appeler leur future victime à fuir l'assassinat dont ils la menacent pourtant. Nous avons observé (L'anthropologie de la folie et la science politique, 8 juillet 2012) qu'il s'agit de faire plier l'Iran sous un habillage évangélico-politique autosanctifié à son de trompe. La meilleure illustration de ces barrissements en est celle que le radiographe des animaux en a fournie dans la fable intitulée Les animaux malades de la peste: le péril imminent que l'arme nucléaire est censée faire courir à tous les quadrupèdes de l'univers n'est pas celui dont le lion lui-même encourrait la responsabilité auto-sacrificielle , mais seulement la menace d'un holocauste généralisé que présenterait pour tout le monde un animal beaucoup plus petit et qu'il convient d'exposer sur l'autel du suicide universel, parce qu'il sera plus facile à immoler au dieu Atome - ses crocs et ses griffes minuscules placeraient le genre simiohumain tout entier sous l'épée de Damoclès d'une apocalypse planétaire.

La Fontaine nous démontre au burin de sa plume qu'en toute justice terrestre ou religieuse, "la raison du plus fort est toujours la meilleure", que le droit temporel ou divin obéit en tous lieux à la bête la plus musclée au ciel ou sur nos arpents et que, de tous temps, "selon que vous serez puissant ou misérable, la justice de cour vous rendra blanc ou noir". Mais le simianthrope des nues et le simianthrope des champs ressemblent au rat des villes et au rat des champs du fabuliste en ce qu'ils prennent garde de ne pas se tromper de lions - car il se trouve que les lions nucléaires se sont logés dans la plus haute atmosphère et qu'à ce titre, ils méritent une considération particulière des futurs narrateurs des aventures de la religion de la Liberté dans le vide du cosmos. Car le carnassier suprême n'est autre que le créateur du monde. Depuis des siècles, ce despote de l'immensité ne dispose-t-il pas à sa guise d'un infini tonitruant? Sa foudre n'est-elle pas intersidérale et ses châtiments d'autant plus saints que les anges et les séraphins glorifient leur sauvagerie et leur fureur?

Passage par les souterrains

Comment le simianthrope de l'éternité se rendrait-il reconnaissable en son animalité spécifique si le fabuliste de l'histoire théologique du monde détournait son regard de l'encrier du créateur en personne et comment le "Connais-toi" du roi des animaux de l'apocalypse aurait-il encore un avenir philosophique si le sacrilège le plus prometteur ne redevenait celui de loger Caïn dans la postérité démiurgique de Voltaire? Car, au plus profond de l'inconscient religieux des animaux malades de la peste, l'âge de l'atome impérial remet en scène rien de moins que le génocidaire impérieux du Déluge et le saint tortionnaire de notre éternité infernale sous la terre. C'est cela qui place "Dieu" et Téhéran au cœur de la réflexion sur l'avenir anthropologique de ce couple maudit au sein de l'humanisme luciférien de demain. Car si le simianthrope nucléarisé s'est donné depuis belle lurette une divinité explosive à souhait et si la bombe de l'artificier suprême se révèle vengeresse et pateline, cruelle et doucereuse, hypocrite et retorse, comment l'avenir d'un socratisme redevenu abyssal se cacherait-il ailleurs que dans l'exploration des pièges dont le ciel simiohumain est peuplé? Je vous convie à vous promener dans l'Eden de l'atome le compteur Geiger du divin à la main.

3 - La simianthropologie fondamentale

Au grand jour de l'histoire

Tout regard de l'extérieur sur les offertoires du créateur mythique du simianthrope et sur les adorateurs des cosmologies trucidatoires demeurera infirme aussi longtemps que le fabuliste des entrailles théologiques du meurtre simiohumain se gardera bien d'observer l'animalité spécifique des propitiatoires dont les trois principales religions monothéistes présentent des témoins cérébraux et éthiques éloquemment idéalisés et saintement assassinés. Observons leur boucherie partagée, donc leurs crimes surdimensionnés et subrepticement auto-glorifiés. Car, à l'instar du lion terrestre de La Fontaine, dont l'innocence paisible résultait de ce qu'il s'appelait lion, le fauve du ciel des démocraties nucléaires d'aujourd'hui promène sa crinière et ses Saintes Ecritures parmi les rôtissoires de son apocalypse.

Jean de la Fontaine est déjà un peintre sacrilège des relations semi-animales que la politique simiohumaine entretient avec le trône céleste; mais il ne l'était pas encore au sens où la politologie moderne observe les effigies théologiques de l'histoire du cerveau simiohumain, parce que sa plume demeurait cantonnée au territoire de l'observation d'une espèce au sein de laquelle l'homme et la bête étaient censés avoir définitivement séparé leurs armures et leurs gènes. Aussi la crudité et la vivacité du trait du poète ne sont-elles encore qu'une pâle introduction à la simianthropologie fondamentale du sacré, celle dont la dramaturgie voudrait élever Téhéran au rang du pelé et du galeux de l'univers. La théologie sacrificielle et "séraphique" des démocraties satisfactoires prépare les précipités et les émulsions du fabuleux et du sanglant infernaux de demain.

 

Passage par les souterrains

Observons de plus près la diversification accélérée des cervelles à laquelle l'évolution démultipliée de notre espèce s'est exercée depuis le XVIIIe siècle. Une difficulté nouvelle en est résultée, celle de fabriquer une balance qui pèserait le volume crânien des spécimens devenus super performants sur des lopins microscopiques. La connaissance rationnelle s'est mondialisée, mais l'observation de la boîte osseuse des chimpanzés révèle que leur masse cérébrale répondait déjà à un étiage et à une hiérarchisation relativement uniformisés et constants de leurs capacités intellectuelles, et cela en raison même du caractère embryonnaire et tribal de leur développement mental. Les spécimens de quadrumanes à fourrure dont le regard se révélait capable de prendre un léger recul politique à l'égard de la horde, donc de commencer de la capter dans la globalité de sa gestuelle, étaient également les premiers esprits dominateurs, parce qu'aucun animal ne saurait briguer le rôle d'un chef respecté, donc craint sur ses arpents sans recourir à une stratégie persuasive de conquête du pouvoir, ce qui exige une perception minimale de l'art de convaincre et de faire consentir la collectivité à la discipline qui lui sera demandée.

Mais, dans leur immense majorité, les chimpanzés qualifiables d'"intelligents" disposent seulement d'une raison mécanicienne et qui n'exige aucune perception du groupe en tant que sujet de conscience collectif - donc maniable en tant que tel: si vous déposez des bananes dans un caisson dont l'ouverture demande un décodeur malin, le chimpanzé ingénieux en découvrira rapidement l'astuce serrurière. Quelques millions d'années plus tard, le simianthrope futé dispose d'un outillage immense, donc insaisissable dans sa totalité; mais la raison seulement pratique qui distancie l'homme des autres animaux ne lui permet nullement de vaincre son immersion native dans son espèce et de porter un regard de haut et de loin sur le genre simiohumain. De nos jours encore, l'abîme demeure infranchissable entre l'intelligence combinatoire du mécanicien originel et l'intelligence panoramique dont disposent désormais quelques rares spécimens de cette espèce.

C'est à ce titre que les premières idoles ont été dotées d'un regard politique relativement perçant, impérieux et de nature à inspirer la crainte et la vénération; mais leur œil est toujours étroitement calqué sur le globe oculaire hypertrophié d'un simianthrope imaginaire et cérébralisé dans les nues. "Dieu" est omniscient, omniprésent, omnipotent, alors que sa connaissance permanente et détaillée du passé, du présent et de l'avenir le réduit à l'impuissance morale et politique, parce que l'intelligence simiohumaine et sa copie dans le sacré se heurtent à des contradictions radicales: impossible de se faire obéir par cet animal sans lui inspirer en retour de "saines épouvantes " face à la majesté de son maître, impossible de le châtier sans recourir à la sauvagerie des justiciers simiohumains. Bien plus, le maître du ciel est condamné à caricaturer sa propre créature, puisque celle-ci magnifie à l'extrême sa sauvagerie et sa cruauté naturelles à les hypertrophier dans le ciel - mais, à ce titre, la monstruosité même de ce duo sanglant devient un cadran révélateur: au fur et à mesure que le simianthrope découvre la sottise, l'ignorance et la barbarie de son lion céleste, il découvre également qu'une vraie divinité se "situerait" hors de l'espace et du temps furieux auxquels nous demeurons ligotés .

4 - Le cerveau simiohumain et la politique

Au grand jour de l'histoire

C'est pourquoi le spectacle de la vassalisation cérébrale accélérée des marionnettes de l'Europe par un lion dont la crinière et les griffes se rendent de plus en plus observables, ce spectacle, dis-je, ne rencontre encore que de rares témoins parmi les encéphales pris dans les rets du ciel contrefait de la démocratie mondiale. L'immense majorité des simianthropes d'aujourd'hui n'ouvre pas encore un œil averti sur le dieu massif dont les crocs et les mâchoires se cachent sous les simagrées de ses idéalités séraphiques. Le roi des animaux a fait crisser sa denture jusqu'aux frontières de la Russie; mais les malades de la peste n'en savent pas davantage que la masse du peuple romain du premier siècle de notre ère ne voyait les barbares piétiner aux portes de l'empire.

Depuis deux millénaires, notre espèce n'a nullement appris à porter un regard sur la fatalité politique qui conduisait Rome à l'effondrement sous Tibère, Claude et Néron. De même, les quelques cerveaux qui se réjouissent, ici ou là, de l'échec militaire de l'envahisseur de l' Afghanistan et de l'Irak n'y voient qu'un coup chanceux de la France: M. Chirac serait un bimane plus rusé que la majorité de ses congénères; et si ce joueur heureux a évité de justesse de tomber dans un guêpier caché à la vue de tout le monde, c'est seulement parce que son flair politique aurait permis à son pif de passer au large du mufle de l'histoire. Personne ne voit qu'il s'agissait d'un coup d'arrêt mûrement réfléchi à l'expansion d'un empire aussi ambitieux que celui de la République romaine du temps des guerres puniques.

5 - Les limites de la physique mathématique

Passage par les souterrains

Les deux types de boîtes osseuses dont dispose le simianthrope actuel et dont l'un sert de rechange à l'autre ont été observés et minutieusement décrits par Platon dans le Gorgias et le Théétète, puis par Descartes dans le Discours de la méthode de 1636, traduit en français l'année suivante, par Hume dans son Essai sur l'entendement humain de 1689 et par Kant dans sa Critique de la raison pure de 1787. Ces quatre mousquetaires ont tous remarqué, mais chacun à sa manière, que les jugements synthétiques et les jugements analytiques n'obéissent pas à la même construction. Alors que les seconds se contentent de constater, d'enregistrer et d'exploiter des successions régulières d'évènements naturels, les premiers observent des tissus serrés de causes, qu'ils qualifient un peu vite, d'expliquantes, mais sans encore oser se demander à quelle profondeur de la psychobiologie commune aux animaux, au simianthrope et à leurs lions célestes l'esprit humain devient un plongeur en eau profonde et descend dans l'abîme des "causes" ; et bien que personne n'ait jamais attrapé une cause en tant que telle, le chimpanzé actuel ne cite pas encore les verbes savoir et comprendre à comparaître devant le tribunal d'une raison en devenir.

Certes, trois siècles après Hume et Kant, on a vu surgir une poignée d'encéphales décidés à quitter un instant l'enceinte de leur enfermement dans le scaphandre de leurs "lumières naturelles" ou dans le ballon du surnaturel ; et ces gens-là ont commencé d'examiner les rouages et les ressorts de leur "sens commun", donc de soupeser les relations profitables qui se tissent entre l'esprit utilitaire et les signifiants intéressés qui se greffent sur l'entendement - celles que les magiciens chevronnés de leur langage projettent ensuite en toute hâte sur la matière errante dans le cosmos.

Voici quelques étapes de ce cheminement: le 3 juillet 2012, une machine gigantesque a réussi à détecter la trace d'une particule élémentaire, le boson de Higgs, qui donne sa masse à l'univers; mais cette machine exigera la construction d'une autre mécanique encore, qui tentera de mesurer ce que la première a découvert. Ensuite, il faudra fabriquer, dix ans, durant une machinerie de plus, qui coûtera dix milliards d'euros et qui découvrira peut-être des sillages de l'anti-matière et de l'anti-énergie.

Puis un quatrième cyclope d'acier essaiera de préciser les mensurations du néant substantifié. Pour l'instant, le simianthrope se contente de jouer aux quilles avec les atomes visibles; mais, après demain, il faudra qu'il rassemble les pièces d'une machine à comprendre l'univers; et quand il aura emprisonné le temps et l'espace dans les flacons du temporel et du vide, il tombera des nues au spectacle des ressorts et des écrous que le singe vocalisé se sera forgés dans les ateliers appelés à rendre parlantes la matière, le ciel, le vide et la nuit. Comment le cyclotron du futur enregistrerait-il des signifiants errants dans l'étendue, comment radiographierait-il un mythe concrétisé, lequel placerait sur orbite des motivations et des finalités en voyage?

On voit que la conquête d'un regard de l'extérieur sur le lion narcissique qu'on appelait Dieu et dont l'effigie se réfléchissait dans le rétroviseur d'un langage attribué au cosmos, cette conquête, dis-je, exigera une métamorphose de l'univers de la matière en un gigantesque écriteau, sur lequel on affichera l'histoire d'un prétendu sens simiohumain du monde. Et comme la pulsion imageante et récitative dont cet animal se trouve habité ne tardera pas à se nourrir du picotin sans cesse renouvelé de l'ambition de chacun de régner sur la masse confuse de ses congénères, cette espèce se scindera de nouveau, dans le cyclotron à remonter le temps, entre deux comportements de son encéphale. Quand une querelle surviendra dans la horde, le mâle dominant s'approchera derechef de l'endroit d'où monteront les criailleries; et la seule arrivée sur les lieux de sa puissante carrure paraîtra tellement dissuasive qu'elle se révèlera pacifiante et mettra provisoirement fin aux tapages. Puis, un nouveau gorille du Déluge et des tortures infernales prendra une fois de plus la relève du mâle dominant des origines.

A moins qu'à force de passer par les souterrains, les animaux de La Fontainre n'apprennent à reconnaître leur silhouette gravée sur la rétine du fabuliste. .

6 - Des survivances de la diplomatie du mâle dominant

Au grand jour de l'histoire

M. Lavrov écrit: "La Syrie est un Etat pluriconfessionnel: y vivent, outre de nombreux musulmans - tant sunnites que shiites - un grand nombre d'alaouites, de chrétiens de confessions diverses, de Druzes et de Kurdes. […] En Russie, diverses confessions vivent côte à côte depuis des siècles. (C'est moi qui souligne) […] Le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales soulève un problème majeur au sein des Etats du Proche Orient et cette difficulté [anthropologique] demeure l'une des principales causes des 'révolutions arabes'."

Vous remarquerez que les démocraties messianiques pratiquent une forme de la politique encore tellement originelle que toute radiographie de leur rétine précède encore de nos jours et nécessairement l'interrogation de nos simianthropologues d'avant-garde concernant la nature de la pellicule et le sens du scénario. Il y a trois mille ans seulement, les premières idoles filmiques se sont vaporisées; et il a fallu décorporer celles qui s'identifiaient trop obstinément et de la tête aux pieds au bois têtu, à la pierre muette ou à l'airain stupide de leurs statues. Puis nos guerres de religion toutes fraîches et bien rincées du XVIe siècle ont fait débarquer la question du lavage de l'encéphale d'une espèce tout juste sortie du bain et sur le point de retomber dans les chamailleries des théologies - et nous avons vu le lion des Animaux malades de la peste du fabuliste dédoubler à nouveau son trône terrestre et s'en fournir un modèle perfectionné dans le vide du ciel.

Aussi cette question de crinière, de griffes et de mâchoires de l'histoire est-elle retournée dans la jungle des origines. Certes, le mâle dominant s'approche encore en aveugle des disputeurs les plus criards. Puis, sans s'informer davantage ni de la nature de la chamaillerie ni de son enjeu politique et cérébral au sein de la horde, il se contente de grogner qu'il faut mettre fin aux vains bruitages des cosmologies mythiques; et aussitôt tout le monde s'en va dormir sur les deux oreilles. Mais l'ensommeillement d'une raison devenue dormitive dans le silence d'un univers enfin privé d'interlocuteur se révèle un conseiller encore plus scolastique de la politique nucléaire que de la pensée rationnelle. Car si vous renoncez à vous demander dans quel enracinement psychobiologique le sacré semi animal de notre espèce prend sa source et comment l'apocalypse atomique y sème ses particules élémentaires, vous jetterez les hordes simiohumaines dans un embarras psycho-cérébral qui bouleversera la définition même de la politique au sein de nos tribus.

7 - La bête rattrapée par sa théologie

Passage par les souterrains

On voit que cet excursus sur nos chicaneries terrestres et célestes nous ramène tout droit à notre premier sujet, pour autant que nous l'aurions jamais quitté; mais il était nécessaire de paraître nous en éloigner un instant, afin de sceller nos retrouvailles avec la question la plus taraudante, mais la plus fécondante, celle de savoir quel regard de l'extérieur - et légitimé à ce titre - rendra heuristique le rendez-vous nouveau que les sciences simiohumaines ont pris sur la pointe des pieds avec la science historique des ancêtres et avec leur réflexion politique embryonnaire sous le sceptre d'une bombe à la fois terrifiante et inutilisable.

Car l'arme qualifiée d'apocalyptique et qui, de ce fait, se rend précisément imaginaire, a fait débarquer subrepticement dans la stratégie politico-militaire du mâle dominant la question du statut psychogénétique d'une espèce devenue onirique il y a quelques millénaires seulement - à l'heure où elle a commencé d'enterrer ses morts, donc de mémoriser leurs effigies. De nos jours, cet animal semble sur le point de conquérir un regard tenace sur les rêves de type théologique dont il demeure cependant la proie sur une large étendue de notre astéroïde.

Je rappelle que les mondes imaginaires dans lesquels les théologiens battent en vain la semelle et font rugir des lions de plus en plus fatigués sont demeurés plus réels dans les esprits que ceux dont l'existence se trouve démontrée par le témoignage inlassable de nos appareils d'optique. De plus, nos guerres de religion nous ont interdit de débattre sérieusement et à tête reposée de la nature de nos rêves sacrés et de nos trônes célestes - au contraire, les massacres religieux auxquels nous nous sommes livrés depuis la Renaissance nous ont permis de mettre davantage qu'auparavant l'épais bandeau de la sainteté de notre semi-raison sur les yeux. Et maintenant, la civilisation des yeux ronds se trouve condamnée à traiter de nos songes et de nos carnages par le biais de l'inspection des entrailles et de la cervelle de nos Etats les plus stupides, ceux qui gesticulent et font les fiers à bras dans le sillage du cyclope du Déluge.

Tel est l'esprit dans lequel nous nous demandons maintenant si la foudre suicidaire - donc pseudo apocalyptique par définition - se révèlera aussi inutilisable que notre théologie des tortures éternelles qui attendaient les pécheurs sous la terre. Car nous savons maintenant qu'une arme fantasmagorique par nature, telle l'excommunication majeure du Moyen Age, a néanmoins enregistré des effets exemplairement sanglants: un tonitruement tout mental a effectivement déchiré le tissu du temporel et du surréel confondus dans l'imagination religieuse de l'époque; et, de nos jours encore, on a vu un Premier Ministre anglais et un chef militaire américain brandir une fiole magique afin de légitimer une guerre.

A ce titre, Téhéran nous fait assister à une mise en évidence nouvelle et frappante des ressorts semi zoologiques qui commandent la technique du déclenchement du fantastique psycho-cérébral au sein du genre simiohumain de tous les temps et en tous lieux. De plus, si nous observons les fioles magiques qui campent sous l'os frontal d'un "sujet de conscience" dont le téléguidage échappe encore à la pesée de l'historien actuel, nous constatons que ces spécialistes décorés ne disposent encore d'aucune problématique et d'aucune méthodologie susceptibles de seulement soulever dans leur tête la question de l'irrationalité de leur ficellement intérieur à un simulacre nucléaire et à un chantage politique à l'échelle planétaire. Aussi l'Iran actuel se révèle-t-il le banc d'essai providentiel de l'enracinement de la psychobiologie simiohumaine dans les gènes de la horde primitive et de la fausse sainteté de la démocratie des exorcistes.

8 - Le rendez-vous des démocraties avec l'hémoglobine de l'histoire

Au grand jour de l'histoire

Revenons à l'examen du virus Flame que la Maison Blanche et Israël ont mis au point dans l'espoir de combattre dans l'œuf le programme nucléaire iranien: "La paternité de Flame reste, à ce jour, inconnue, mais la thèse de l'implication des Etats-Unis a été renforcée par la publication, le 5 juin 2012, d'un livre de David Sanger, correspondant du New York Times à Washington, intitulé Confront and Conceal : Obama's Secret Wars (Attaquer sans le dire : les guerres secrètes d'Obama). David Sanger, très introduit à la Maison Blanche, explique en détail comment Stuxnet a été conçu, puis utilisé contre l'usine nucléaire iranienne par les services secrets américains et avec l'aide des Israéliens au cours d'une opération baptisée "Jeux olympiques". Il affirme aussi qu'à la suite d'une erreur de manipulation, Stuxnet s'est répandu sur Internet et qu'il a infecté près de cent mille machines dans le monde, mais que l'administration Obama aurait décidé de poursuivre l'opération sans se soucier des dommages collatéraux. " (Le Monde, 20 juin 2012)

La question anthropologique nouvelle à laquelle le globe oculaire de la démocratie cyclopéenne mondiale se trouve sommé de servir de réflecteur sera de savoir si la politique du monstre homérique de la planète peut continuer de jouer parallèlement et en continu le jeu de la guerre et de la sainteté politique artificiellement, mais étroitement confondues dans la fiole du sacré , donc de perpétuer impunément la double rétine des papes saintement guerriers du XVIe siècle, qui administraient l'encéphale dédoublé de l'humanité pour avoir mis au feu deux fers des dévotions simiohumaines. Si la piété et le sang se révèlent les pôles naturels de l'histoire universelle, alors la notion même d'existence appliquée aux dieux requiert la pesée des apprêts d'un verbe être expressément confectionné à l'usage des religions bipolaires. Autrement dit, la question de l'existence dichotomique de l'arme nucléaire nous renvoie aux composantes psychobiologiques de la guerre atomique.

Car une arme biphasée par nature et devenues confessionnelle à l'école du sang et de la mort entraînera autant de difficultés catéchétiques que celles de la théologie de l'apocalypse souterraine et posthume mise en place au sein des trois monothéismes cyclopéens. Mais ces difficultés se trouvent maintenant exposées et racontées tout au long dans la presse quotidienne, alors qu'on n'imagine pas encore l'Osservatore romano narrer à ses lecteurs et jour après jour les difficultés doctrinales que la politique des docteurs de la foudre ecclésiale a rencontrées siècle après siècle. Les catéchistes des relations que le culte de la Liberté entretient avec les tortures éternelles suivent désormais d'heure en heure les traces des "virus d'Etat" chargés d'exterminer un Satan iranien aussi mythologique que son prédécesseur!

Et pourtant, l'absence de réponse précise à la question du statut simianthropologique de l'arme nucléaire que le lion divin et le lion humain se partagent paralyse toute analyse rationnelle de l'impasse diplomatique dans laquelle le monde entier du fabuliste d'aujourd'hui se trouve englué face au droit évident de l'Iran de disposer de l'arme à la fois imaginaire et censée réelle de notre temps; et cette aporie conduit les animaux malades de la peste à une régression dramatique de leur science du sang et des sépulcres, tellement il faut avoir posé les premiers jalons d' une connaissance abyssale du niveau cérébral de l'anthropos tombal pour seulement commencer d'élaborer une stratégie rationnelle du guidage de la politique de la sainteté atomico-démocratique mondiale. Notre science du sacré est-elle plus digne de notre époque que les reniflements du mâle dominant des chimpanzés? Qu'en est-il des épousailles du dieu nucléaire avec notre hémoglobine?

9 - Entre le sceptre et le spectre

Passage par les souterrains

Pour que l'anthropologie fondamentale à venir se fonde sur un approfondissement de la connaissance des origines simiennes de notre encéphale et pour que cette discipline radiographie les neurones d'un animal onirique de naissance, il faudra radiographier l'espèce d'animaux schizoïdes que nous sommes devenus. Car il a fallu des siècles pour que l'excommunication majeure perdît son crédit sur nos champs de bataille: et cette croyance n'a pas cessé, loin s'en faut, de demeurer réellement dissuasive au plus profond de notre monde laïcisé seulement à demi. En revanche, un laps de temps fort court suffira à décrédibiliser l'arme monoculaire, aussi bien dans l'ordre politique que militaire. Exemple: il y a seulement quelques mois, M. Netanyahou brandissait le Livre d'Esther sous les yeux d'un Président des Etats-Unis raidi et sur ses gardes face aux stratèges de l'apocalypse biblique de notre temps. Quelques semaines plus tard, la science historique a commencé de cheminer à une autre profondeur: elle se demande, en apprentie de la simianthropologie critique, de quelles armes cérébrales Israël a conquis en secret la maîtrise pour soumettre sous les yeux du monde entier la démocratie planétarisée à une terreur eschatologique et à une reviviscence pseudo rationnelle de la folie messianique.

Cette prise de conscience encore tâtonnante de la dimension théologique de notre espèce place la question de la nature mythologique par nature des croyances religieuses au cœur de la pesée de l'histoire contemporaine. Car si le "sujet historique" du IIIe millénaire est condamné à subir une évolution précipitée de ses neurones, une lutte de vitesse entre Israël et le reste du monde devient la clé simianthropologique du destin cérébral de la civilisation mondiale; car le peuple hébreu est convaincu que son expansion coloniale sera devenue irréversible dans toutes les têtes si seulement le gouvernement de Tel Aviv dispose du temps nécessaire à la conquête biblique de la Cisjordanie et de Jérusalem. Mais, dans le même temps, un printemps arabe rebelle à retourner au néant a fait débarquer l'islam de la pensée dans un univers nucléaire en attente de ses vrais repères rationnels.

10 - Comment catéchiser la civilisation de la Liberté?

Au grand jour de l'histoire

On voit qu'une classe dirigeante mondiale construite sur le modèle du mythe vétéro et néo testamentaire ressuscité - donc sur un sceptre de type mécanique - ressortit nécessairement à la discipline nouvelle dont les lecteurs de ce site ont observé les premiers pas en 2001: la simianthropologie critique radiographie un type de chimpanzés évolutifs tout proches de se rendre conscients de la nature onirique des masques sacrés qu'ils arboraient depuis des millénaires; et cet animal se trouve à deux doigts de cesser de se laisser tromper par ses subterfuges sacrés. Du coup, ce bimane tardif se retourne sur ses pas et tente d'observer la bête désarmée et piégée par ses plus vieux songes religieux. Le simianthrope de bonne foi est une bête dont le cerveau, demeuré indivis, le contraint de se colleter avec sa nature biface et avec son héritage dédoublé.

D'un côté, ce meurtrier se distancie de son capital psychogénétique de tueur-né et, à ce titre, il comprend les ressorts du fauve ambigu, instable et torturé qu'il est devenu à lui-même. Mais, de l'autre, son recul intellectuel à l'égard d'un animal enraciné dans sa préhistoire n'est pas encore suffisant pour qu'il parvienne à mener en toute lucidité une politique de libération à l'égard de la bête vengeresse et conquérante qui l'habite. Flottant entre deux eaux pour avoir égaré en chemin les masques qu'il s'imaginait avoir quittés, il se retrouve à la croisée des chemins entre l'homme et l'animal ; et il redécouvre le plein emploi du séraphin meurtrier qu'il est devenu à lui-même entre temps; et il se voit condamné à se servir sans relâche et plus férocement que jamais de l'arme tardive dont la nature l'a doté, celle du meurtre viscéralement angélisé et mieux masqué en séraphin que jamais.

11 - Conclusion

Passage par les souterrains

En résumé le simianthrope actuel se révèle une bête enfermée à titre psychobiologique dans la geôle d'une lucidité infirme et pourtant déjà devenue torturante: du côté du chimpanzé qu'il est demeuré, il se voit prisonnier de la bête crucifante qui le torture, du côté du simianthrope qu'il est partiellement devenu, il retrouve, plus inguérissable que jamais, l'animal des songes sacrés qui ne le trompent plus, mais qui habillent désormais sa sauvagerie naturelle de vocables pseudo évangélisateurs.

Quelle aube d'un nouveau "Connais-toi" que le dialogue régénéré de la "conscience" avec deux bêtes à demi confondues et enfin regardées droit dans les yeux, celle qui se voit semi rampante sur la terre et celle qui transporte ses ailes et sa géhenne sur son dos.

Note

Cette année, la pause estivale durera jusqu'à la fin du mois d'août.

Le 22 juillet 2012

Reçu de l'auteur pour publication

 

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com/

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