1 - L'économie de
luxe et l'économie de masse
Comme M. Giscard d'Estaing vous le
disait à propos du grippage socialiste,
, apprenez pour quelles raisons le
capitalisme, "ça ne marche pas" non
plus; et pour cela, souvenez-vous
seulement de ce que ce système
économique est un fruit tardif, parce
que sa nature même repose sur la
fabrication et la vente d'objets de luxe
que seules les civilisations somptueuses
parviennent à produire. Dans
l'Antiquité, Corinthe était devenue
l'entrepôt des richesses de l'Asie et de
l'Europe. On y voyait s'étaler les
rouleaux de papyrus et les voilures des
vaisseaux en provenance d'Egypte,
l'ivoire importé de la Libye, les
cuivres de Cyrène, l'encens de la Syrie,
les dattes de la Phénicie, les tapis de
Carthage, les fromages de Syracuse, les
poires et les pommes de l'Eubée, les
esclaves précieux de Phrygie et de
Thessalie. La parure vestimentaire était
réservée aux cérémonies solennelles en
l'honneur des dieux; puis il s'est
étendu aux tenues d'apparat des femmes,
dont Rome a combattu l'inconvenance par
la promulgation de lois dites
somptuaires, parce que le luxe tapageur
des parvenus est contraire à la
simplicité des mœurs et au comportement
modeste qui convient aux gouvernements
issus de votre autorité. L'étalage du
faste est une insulte aux peuples,
tellement la liberté politique est née
au sein de votre pauvreté.
Souvenez-vous de ce qu'au XVIIe siècle,
les tapisseries des Gobelins, les
porcelaines de Limoges, les verres de
Saint Gobain, ont donné au capitalisme
français naissant le fondement rutilant
de la séparation multimillénaire entre
la souveraineté de l'aristocratie et la
misère des peuples dont l'Orient,
l'Egypte, Athènes et Rome avaient donné
l'exemple. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle
qu'on a entendu les encyclopédistes
appeler la France des patriciens
guerriers et des négociants de luxe à
fonder l'économie sur votre aisance
alimentaire et à substituer votre
richesse paysanne à celle des grands par
le commerce international des grains, à
l'exemple de l'Angleterre. Mais, de nos
jours encore, ce n'est pas la poule au
pot d'Henri IV, mais l'industrie de luxe
et de demi-luxe qui demeurent des oasis
industrielles florissantes au sein de la
stagnation économique mondiale, et cela
du simple fait que la prospérité des
groupes Arnaud ou Hermès ne requiert pas
davantage une absorption de leurs
produits par le peuple que dans
l'Antiquité - je vous rappelle que, dans
l'Europe actuelle fondée sur la
"croissance ", 10% des possédants
disposent de 50% de la richesse
financière et industrielle du pays.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècle, la
production mécanisée des biens de
consommation les plus courants a donc
rendu contradictoire le fondement même
d'un capitalisme fondé sur
l'impossibilité logique de jamais vendre
du matin au soir des biens fongibles et
d'un usage courant à des acheteurs que
la loi du profit a privés d'un numéraire
équivalent à la valeur d'achat des
produits fabriqués à la chaîne - valeur
monétaire pudiquement assortie, il va
sans dire, de l'escarcelle gloutonne
qu'on appelle maintenant la "marge
bénéficiaire". Un capitalisme sans écus
sonnants et trébuchants est un carré
rond.
Quand, vers 1930, le marché de
l'industrie automobile américaine s'est
hyper automatisé et s'est trouvé coté en
une bourse qui n'était pas la vôtre, le
capitalisme élitaire s'est trouvé dans
l'obligation de choisir entre une
mévente et un bradage également
suicidaires; mais comment écouler des
carrosses motorisés à votre multitude
impécunieuse? Il a donc fallu se décider
à vous fournir un crédit bancaire
artificiel et condamné à mourir en bas
âge, afin de tenter de rentabiliser vos
maigres salaires par une astuce de
courte durée; mais, naturellement, sitôt
que votre brève faculté d'emprunter des
sous et d'acheter des biens durables eut
rencontré son terme naturel dans votre
obligation de vous nourrir, vos estomacs
n'ont pas tardé à crier famine. L'ogre
du profit commercial a révélé la
mortalité de sa condition, parce qu'il
s'est heurté à la contradiction radicale
sur laquelle sa fausse longévité est
construite et sur laquelle il est
inévitablement appelé à se casser les
dents. Lorsque le pactole éphémère de
votre pouvoir d'achat illusoire eut
conduit à l'avortement cataclysmique de
toute la fiction économique vous vous
êtes dit: "Comment remplir le
porte-monnaie des salariés du cyclope".
2 - L'école du
génie
Dites-vous bien que le naufrage
programmé du capitalisme de masse était
trop titanesque pour échapper à l'œil de
lynx des Draghi, Monti, Papademos,
Christodoulos, Issing, O'Neil,
Sutherland, Borges, Miert et tutti
quanti: du reste, la marche fatale
vers le désastre a été exposée tout au
long et enseignée ex cathedra à des
générations d'étudiants pendant toute la
seconde guerre mondiale et jusqu'en 1974
par un célèbre économiste français,
Firmin Oulès (1904-1992). Tous les
spécialistes de l'histoire du
capitalisme connaissent l'Ecole de
Lausanne, fondée par Léon Valras et
Wilfredo Pareto sous Mussolini et que
Firmin Oulès a continuée sous
l'appellation, alors révolutionnaire de
"Nouvelle école de Lausanne".
Oulès
n'était pas de gauche - il enseignait
seulement que l'économie mondiale est
nécessairement fondée sur un appétit
effréné et inassouvissable du gain, donc
sur l'esprit de lucre blasonné du
bourgeois et qu'il faut donc tenter de
contrôler ces forbans-nés à votre
avantage. Ce prophète moderne croyait en
un capitalisme dont le peuple souverain
aurait affaibli l'immoralité naturelle
de ses ressorts; et il allait jusqu'à
expliquer dans le détail et la bouche en
cœur à ses étudiants les procédés d'une
fourberie exemplaire, celle à laquelle
les conseils d'administration des
entreprises nationales et
internationales ont recours afin de
voler en douce la masse des petits
actionnaires sans défense. A l'oral de
l'examen des candidats à la licence ès
sciences politiques et économiques,
c'était au grand dam du reste du corps
professoral bien pensant de l'université
de Lausanne qu'il interrogeait les
candidats sur les rouages les plus
pervers et les mieux cachés du système
économique mondial de l'époque. Son
dernier titre paru à titre posthume, en
1993, est éloquent: Une fiscalité
intelligente pour demain.
Mais
n'allez pas vous imaginer que,
soixante-dix ans plus tard, les
économistes dûment préconditionnés par
l'enseignement universitaire officiel et
engagés à titre professionnel par la
banque Goldman Sachs abandonneront
jamais au profit de la "Nouvelle
école de Lausanne", la meule
traditionnelle qui lime leur faux savoir
et pilote l' échiquier mental qu'ils
cachent à votre regard. Si vous
n'apprenez à porter un regard
d'anthropologues sur les secrets du
cerveau simiohumain d'aujourd'hui, vous
ne saurez jamais comment les dogmes et
les orthodoxies s'enracinent dans la
psychobiologie de notre espèce et
comment nos neurones sécrètent nos
armures cérébrales. Comment
demanderiez-vous aux descendants actuels
des tables de jeu théologiques de
l'humanité d'inaugurer soudainement les
méthodes d'interprétation nouvelles que
la simianthropologie politique applique
aux stratifications doctrinales du
sacré, lesquelles transmettent de
génération en génération le culte d'une
grâce divine tenue tantôt pour innée et
tantôt pour achetée.
Or,
l'économie moderne s'auto-légitime sur
le même modèle que l'Eglise romaine
enseigne sa foi : le capitalisme est
censé ménager la souveraineté gratuite
d'une "main invisible du marché"
d'un côté, donc l'omnipotence du
créateur auto-légitimé d'un univers de
la prospérité générale et, de l'autre,
calculer de près la juste rémunération
de ses efforts que la créature vertueuse
réclame aux guichets du ciel de la
démocratie.
3 - Le long
chemin de la dévassalisation
Jusqu'à présent, vos classes dirigeantes
se montraient relativement à la hauteur
de leurs responsabilités de défenseurs
compétents de vos seuls intérêts
nationaux. Mais maintenant qu'elles se
sont disqualifiées dans l'ordre de
l'intelligence et des savoirs que
réclame notre époque, votre élite
politique ressemble à celle du XVe
siècle, dont l'ignorance s'était
prolongée jusqu'à la fin du XVIIIe
siècle. C'est à vous qu'il appartient
désormais de vous mettre en
apprentissage des devoirs mondiaux que
votre souveraineté nouvelle vous appelle
à honorer. Pour cela, vous devez hisser
votre esprit de logique à la hauteur
d'un autre regard sur la planète. Mais
ne croyez pas que les lumières dont
bénéficiera votre intelligence future de
la politique vous feront franchir les
saines frontières que votre bon sens
naturel continuera de tracer. Vous
retiendrez donc la leçon du vainqueur
d'Austerlitz, qui disait que le génie
n'est jamais qu'un "formidable bon
sens". Quand vous aurez appris que votre
sens rassis est le moteur du génie de la
France, votre souveraineté intérieure se
mettra aisément à l'école de Platon, de
Descartes, de Montaigne et des plus
grands esprits de vos diverses nations.
Si vous
vous mettez à l'école des géants de
l'humanité, vous assisterez en outre au
lever de rideau d'une étrange pièce de
théâtre, celle des moqueries dont on
accable l'infime grain de raison qu'on
accepte de vous concéder. Il y a un an
encore, M. Strauss-Kahn vous mettait aux
premières loges et vous prenait à
témoins sur le petit écran de ce qu'un
seul pas de plus de la France vers
l'atlantisme ferait de vous des vassaux
de la Maison Blanche. Quelques mois plus
tard, c'étaient quatre sionistes - MM.
Fabius, Elkabasch, Cohn-Bendit et
Fottorino - qui, en moins de trois
semaines, et sous vos yeux médusés
mettaient sur orbite présidentielle ce
candidat d'un petit Etat étranger et de
son puissant allié d'outre-Atlantique.
Autrefois, M. Bernard Guetta vous
murmurait à l'oreille que la vassalité
de l'Europe n'était qu'une suite fatale
du plan Marshall de 1947, parce que,
vous disait-il, un continent secouru et
nourri avec tant de sollicitude se
laissera inévitablement domestiquer en
retour. Aujourd'hui, le même
commentateur demande à la Russie de
s'allier gentiment à une Allemagne et à
une Europe vassalisées en commun et à
titre irréversible. Vous n'entendrez pas
un mot de la fureur légitime de Moscou
placée sous le feu du nouveau bouclier
nucléaire américain installé au cœur
d'une Europe réduite à la passivité,
vous n'entendrez pas un mot de
l'occupation militaire, depuis 1945 de
l'Allemagne, de l'Italie et du Japon par
des centaines de bases militaires
américaines, vous n'entendrez pas un mot
de la bouche de votre classe dirigeante
concernant le quartier général de
l'armée américaine à Mons en Belgique.
Comme disait M. Védrine condamnant M.
Assange, vous êtes des enfants en bas
âge et l'on ne parle pas des affaires
sérieuses du monde aux marmots.
Voyez
comme on vous vassalise à l'école du
silence dans lequel vous vous trouvez
immergés, voyez comme le Corriere
della Serra ou La
Reppublica ont appris à se
taire, elles qui, hier encore,
rappelaient inlassablement au peuple
italien l'extension continue et
irrépressible des garnisons américaines
sur le territoire de la Péninsule. Quel
long chemin il vous faudra parcourir
pour ouvrir les yeux sur le conquérant
silencieux qui vous vassalise depuis
soixante six ans!
4 - Le nucléaire
Vous aurez également le plus grand
besoin de la souveraineté du bon sens
qui inspire le génie des peuples libres
quand il vous faudra porter vos regards
sur le gigantesque attrape-nigaud sur
lequel repose la production de votre
électricité avec le secours de l'
énergie nucléaire civile. Cette fois-ci,
on vous demande, ni vu, ni connu,
d'oublier jusqu'aux fondements de la
physique élémentaire qu'on vous a
pourtant enseignée sur les bancs des
écoles de la République. Mais cette
interdiction se trouve également imposée
à la docilité scientifique de tous les
physiciens de la planète. Ce n'est plus
la théologie du Moyen Age, mais
l'industrie capitaliste qui les
vassalise.
On vous avait appris qu'au XIXe siècle,
l'humanité a découvert la première force
illimitée, celle de la vapeur d'eau mise
sous pression par son ébullition dans
une marmite au couvercle vissé. On vous
avait également enseigné que ce n'était
pas l'énergie calorifique produite par
la combustion du charbon des locomotives
qui leur permettait de tirer sur des
rails des milliers de tonnes à plus de
cent vingt kilomètres à l'heure, mais
exclusivement la mécanique ingénieuse et
d'une précision admirable pour l'époque
qui avait permis à vos ingénieurs de
capter l'énergie fabuleuse de la vapeur
comprimée dans la chaudière des Lisons
de Zola. Mais savez-vous que cette
évidence n'a pas tardé à s'imposer aux
centrales électriques les plus modernes,
puisque l'énergie de la vapeur captive
de gigantesques réservoirs d'acier
assure la production d'électricité de
vos nombreuses centrales à gaz, dont la
plupart sont dotées en outre d'un
mécanisme fort simple de récupération et
de réinjection dans la chaudière de la
vapeur refroidie après son passage par
les turbines - il s'agit d'une mesure
d'économie, celle d'alimenter sans cesse
un cycle de condensation et de
vaporisation de l'eau afin d'éviter un
réapprovisionnement en H²O en provenance
de l'extérieur.
Il vous
suffira donc d'apprendre qu'une centrale
nucléaire est une machine industrielle
qui transforme en électricité une
portion de la chaleur produite par la
fission du noyau atomique, il vous
suffira donc de savoir qu'on appelle "
turbine à vapeur" une hélice dont la
rotation se trouve accouplée à un
alternateur. On appelle "énergie
cinétique", du grec kiné,
mouvement, un courant électrique
engendré par les pales de l'hélice des
turbines.
5 - Votre bon
sens à l'épreuve et de la scolastique
des modernes
Mais
voyez où le génie du bon sens conduit la
logique innée que la France a apprise de
Descartes, lequel, le premier a délivré
la philosophie mondiale de son temps des
fables, des coutumes, des traditions et
des mythes et dont la France s'est bien
gardée de commémorer le cinq centième
anniversaire de la naissance en 1596,
tellement la logique de l'auteur du
Discours de la méthode fait
peur à vos dirigeants. Car depuis la
catastrophe de Fukushima au Japon, vous
vous étonnez à bon droit de ce qu'on
tente désespérément et le plus
illogiquement du monde de recourir à des
moyens mécaniques plus onéreux que le
nucléaire, afin de se procurer une
énergie électrique hors de prix -
éoliennes, exploitation des marées,
énergie solaire - alors que le réacteur
nucléaire baptisé "de la troisième
génération", dont vous savez qu'il se
trouve en cours de construction à
Flamanville, se fonde à son tour sur le
principe élémentaire de l'exploitation
de la pression infinie qu'exerce la
vapeur, donc sur le branchement de la
source calorigène la moins chère , celle
de l'atome civil, sur une gigantesque
masse d'eau soumise à une compression
titanesque et au contrôle de son
ébullition, donc sur le modèle des
locomotives des XIXe et XXe siècles.
Quel est le syllogisme que vous dicte la
logique cartésienne du génie de la
mécanique? D'un côté, le bon sens de la
France vous met à l'école des premiers
chemins de fer, de l'autre, il vous
démontre la surdité de la scolastique
dont use la classe dirigeante des
démocraties industrialisées. Je vous
entends raisonner: l'énergie dégagée par
la mise sous une pression cyclopéenne de
la masse liquide à vaporiser pourrait
tout aussi bien se trouver accumulée à
très bas prix : il suffirait, pour cela,
de brancher la masse d'eau à chauffer
sur le réseau civil, afin de déclencher
une production de l'énergie électrique
en circuit fermé, à la manière dont des
millions d'étincelles imperceptibles de
la batterie électrique des automobiles
sans cesse réalimentées par le moteur à
explosion, permettent d'exploiter un
carburant dont la puissance énergétique
dormante, donc virtuelle et liée à son
cubage, demeurera sans proportions avec
la dépense initiale.
On ne trouvera nulle part un combustible
moins cher que l'électricité obtenue par
une ponction de l'énergie immense
produite par la compression de la vapeur
dans la chaudière, parce que l'écart
demeurera incalculable entre la quantité
d'énergie soustraite à la chaudière et
celle de la vaporisation, de l'autre.
Tout l'effort des techniciens devrait
donc porter exclusivement sur la
fabrication de chaudières d'acier dont
la résistance des parois à la pression
de la vapeur serait des centaines de
fois supérieure à celle des locomotives
les plus robustes des XIXe et XXe
siècles.
-
Modestes
propositions post-nucléaires,
20 mars 2011
-
Un meurtre d'Etat,L'assassinat
d'Oussama Ben Laden,
15 mai 2011
-
Civilisation et raison, L'Europe
des dieux morts,
13 mars 2011
6 - Le génie de
la logique
Citoyen, je ne te donne un exemple aussi
politique que parce qu'il est hilarant
au premier chef, donc de nature à te
démontrer combien il en coûte de se
moquer de ton bon sens inné et à quel
prix on t'interdit d'entrer dans le
temple de la raison et de la logique qui
seules donneraient son poids à la
souveraineté de l' intelligence qui
t'attend. Observe de tes yeux les causes
qui fondent la tyrannie sur le mensonge.
Les Anciens disaient que la loi est un
palmier, que l'humanité placée sous son
ombre s'y repose et que le despote est
un arbre planté sur une montagne et
autour duquel on ne voit que des
vautours et des serpents.
Mais le despotisme moderne a fait de ton
ignorance et du silence qui la nourrit
les vautours de la démocratie ; et ces
vautours, ce n'est pas le foie de
Prométhée qu'ils dévorent, mais le
cerveau de la France. A l'heure du
premier choc pétrolier, on a construit
des usines nucléaires civiles dans la
fierté de posséder le nucléaire
militaire. Et maintenant on recourt aux
éoliennes et aux marées, afin de te
cacher que, depuis le début, on aurait
pu te procurer des mégawatts par une
rentabilisation peu coûteuse de
l'énergie qu'on avait déjà - celle des
centrales à vapeur auxquelles on
revient, mais par le chemin le plus
onéreux possible.
Mais tu n'imagines pas que, parmi les
centaines d'ingénieurs et de physiciens,
chevronnés auxquels nos grandes écoles
accordent chaque année leur patente sur
le marché, on ne compterait que des
enfants de chœur de la physique
élémentaire, et cela au point qu'aucun
d'entre eux ne s'apercevrait seulement
de l'absurdité que serait un branchement
des réacteurs nucléaires civils sur des
chaudières à vapeur si le surcroît
fabuleux d'énergie électrique produite
par les turbines ne multipliait à
l'infini la puissance initiale, pourtant
considérable, dégagée par la
désintégration contrôlée de l'uranium
enrichi, autrement dit, si la force liée
à la compression de l'eau vaporisée
n'excédait pas immensément celle de
l'exploitation de la "masse critique" de
la matière fissile, laquelle assure
pourtant la propulsion nucléaire des
plus gigantesques porte-avions et donne,
pour la première fois un rayon d'action
illimité aux cuirassés. Vous devez donc
en conclure que l'industrie capitaliste
mondiale ne se moque pas seulement de
votre irréflexion sur les rudiments de
la physique qu'on vous a enseignée à
l'école, mais qu'elle obtient également
le silence apeuré des représentants les
plus qualifiés du savoir scientifique
banalisé, fonctionnarisé et salarié.
Mais la
marche irrésistible de la raison
scientifique dans l'histoire du monde
accompagne pas à pas la conquête, si
lente et si difficile, de votre
souveraineté cérébrale, celle que la
constitution française vous a pleinement
accordée il y a plus de deux siècles et
qui, pour l'instant, demeure largement
enfouie, donc formelle et vide de sens
politique. Patience, demain, le chômage
atteindra des sommets, demain la
production industrielle de la France se
réduira à zéro, demain, les prix
connaitront une inflation foudroyante,
demain, l'effondrement du système
économique et financier sur ses
contradictions internes bouleversera la
gouvernance actuelle de la planète.
Quand MM. Monti, Draghi, Papademos vous
auront précipités dans la misère par
grandes pelletées au profit du marché et
des Etats au ventre rebondi, la lumière
la plus crue éclairera la sûre ascension
de votre souveraineté politique,
tellement le chemin de la méthode n'est
jamais autre que la trajectoire de la
logique et tellement la logique est le
ressort naturel du vrai génie des
peuples et des nations d'hier,
d'aujourd'hui et de demain.
7 - M. Nicolas
Sarkozy et M. Barack Obama au banc
d'essai de l'anthropologie critique
Tentons
maintenant d'observer en commun les
obstacles que vous rencontrerez
fatalement sur votre route sitôt que
vous aurez la volonté de fonder un Etat
plus démocratique que celui
d'aujourd'hui, donc sitôt que votre
courage politique ira jusqu'à donner à
votre souveraineté le sens et le contenu
rationnels que toutes les républiques
appellent de leurs vœux depuis plus de
vingt-cinq siècles. Ouvrez seulement le
manuel scolaire des débutants qui se
trouve entre vos mains et lisez-y le
dialogue suivant dont vous savez qu'il a
été enregistré en secret par des
micros-pirates entre M. Nicolas Sarkozy
et M. Barack Obama à l'occasion d'une
rencontre internationale aussi tapageuse
que stérile - celle qui a réuni les
vingt plus grandes puissances du monde à
Cannes les 11 et 12 octobre 2011:
-
Nicolas Sarkozy : Je ne supporte plus
Benjamin Netanyahou, c'est un menteur.
- Barack
Obama : Et moi, je l'ai sur le dos
tous les jours.
Que vous
enseignera le décryptage anthropologique
de cet échange entre deux esprits
municipaux délégués aux affaires de la
démocratie mondiale? Primo, vous ne
serez pas surpris d'apprendre que M.
Nicolas Sarkozy ignore le premier mot de
la question, à savoir qu'Israël a placé
le général Jahvé à la tête de sa
sotériologie rédemptrice. Cette
mythologie est fort ancienne, mais elle
appelle la politologie moderne à
élaborer une science de l'inconscient
simiohumain qui pilote les eschatologies
délirantes. M. Benjamin Netanyahou n'est
pas un menteur au petit pied; sinon,
l'enfant de chœur de la politique qui,
en 1938, aurait dit: "Je ne supporte
plus Hitler, il m'a menti sur les
Sudètes et sur Danzig" n'aurait pas
mérité le bonnet d'âne, parce que la
politique internationale se réduirait
effectivement à un brouet électoral à
enseigner sur les bancs de l'école.
Mais
Hitler était un menteur si peu ordinaire
que la pureté de la race aryenne
alimentait le feu de sa folie. S'il
mentait, le pauvre, c'était sur le
modèle peu banal des chrétiens, qui
s'imaginent, le plus sincèrement du
monde, consommer effectivement la chair
crue et saignante d'un ressuscité couché
sur l'autel et boire son hémoglobine
mise en flacon à la messe. Qu'est-ce
qu'un chef d'Etat dont la raison
politique ne sait pas un iota du
fonctionnement onirique du cerveau des
pithécanthropes, qu'est-ce qu'un
Président de la République qui n'a pas
en mains la balance nouvelle qui seule
lui permettrait de peser la folie "de
bécarre et de bémol", comme disait
Rabelais, des descendants actuels du
chimpanzé?
8 - Les
polichinelles de la démocratie
Quant à
M. Barack Obama, il avoue, sans
seulement s'en douter, que le Président
actuel des Etats-Unis d'Amérique, ce
n'est pas lui, mais M. Benjamin
Netanyahou. C'est pourquoi il demande en
toute candeur à M. Nicolas Sarkozy de
lui rendre en retour le discret service
de voter quelques jours plus tard, aux
Nations Unies, contre l'élévation de la
Palestine au rang d'un Etat souverain.
Cet innocent aux mains pleines a-t-il
confessé à son interlocuteur français
que le Congrès mettra un terme définitif
aux relations de l'Amérique avec les
représentants du peuple palestinien si
ceux-ci se réconciliaient avec un Hamas
que la conscience mondiale déclare
illégitime, bien qu'il ait gagné des
élections démocratiques ? Aurait-il
glissé à l'oreille de l'hôte de l'Elysée
que tout candidat du peuple américain à
son élection au Sénat ou à la Chambre
des représentants doit signer entre les
mains du groupe de pression AIPAC,
composé exclusivement de juifs du pays,
l'engagement édifiant de défendre en
toutes circonstances l'expansion par la
force des armes d'Israël au Moyen
Orient? Lui a-t-il remis en mémoire que
M. Netanyahou s'est fait applaudir à
tout rompre cinquante sept fois
d'affilée et en ovations debout par le
Congrès - c'est-à-dire par le Sénat et
la Chambre des Représentants réunis - au
cours d'un discours solennel et
exclusivement consacré à la politique
étrangère des Etats-Unis à l'égard
d'Israël? Lui a-t-il rappelé que ce
petit chef d'Etat a prononcé cette
algarade au nez et à la barbe de son
hôte? Savez-vous que l'AIPAC est le
souverain in partibus des Etats-Unis et
qu'il envoie, de sa propre autorité, des
délégations aux chefs d'Etat étrangers
en lieu et place du Président?
Savez-vous que ce lobby double
effrontément et pas à pas un Département
d'Etat mis sous tutelle sur la scène
internationale au vu et au su d'une
mappemonde réduite à un silence
craintif? Savez-vous que le Président de
la Tunisie, M. Moncef Marzouki, a eu
l'audace inouïe de refuser une intrusion
aussi spectaculaire dans la politique
extérieure de la Tunisie et que le monde
est demeuré à la fois abasourdi d'une
telle indépendance d'esprit et inquiet
des châtiments qui l'en puniront?
Sachez
donc que le quarante quatrième
successeur d'Abraham Lincoln ne se
risque plus à lever le petit doigt dans
le monde arabe, sachez que Washington et
Tel-Aviv ont déjà mis au service
d'Israël la légitime insurrection du
peuple syrien contre son dictateur et
cela avec la complicité de la Turquie et
de la France; sachez qu'à votre exemple,
le peuple turc bouillonne de colère et
que le printemps arabe ne sera pas
étouffé par le retournement de veste de
M. Erdogan, mais qu'il en recevra, tout
au contraire, un second souffle, sachez
que M. Barack Obama se trouve contraint,
aux yeux du monde entier, de servir les
intérêts d'un pays étranger au détriment
de ceux du peuple américain, sachez que
cette ombre de Président doit combattre
les vues de sa propre patrie sur tout le
globe terrestre, sachez que cette
marionnette ne sera peut-être pas
réélue, parce que si elle l'était, elle
ne serait plus contrôlable heure par
heure par l'Etat d'Israël, sachez que,
dans les coulisses, on met sur les rails
une Mme Clinton entièrement entre les
mains d'Israël.
9 - Et nous ?
Quand cet Etat bombarde notre consulat à
Gaza, quand notre consul, sa femme et
ses enfants sont blessés, l'entourage
sioniste du chef de l'Etat se hâte de
faire publier à un Quai d'Orsay
vassalisé un communiqué lénifiant et qui
répète seulement le soutien
inconditionnel de la France à une
"sécurité d'Israël" que personne ne
menace par les armes; et notre
représentant diplomatique devient un
simple civil à protéger du bout des
lèvres. Il faudra vingt-quatre heures à
M. Alain Juppé pour reprendre quelque
peu la main sur ses propres services et
pour convoquer l'ambassadeur d'Israël.
Mais que de combats vous attendent si
vous entendez donner un sens et un
contenu politiques à la souveraineté
rêvée du peuple français sur la scène
internationale!
On reproche à l'Egypte une armée cousue
d'or, on reproche à la Grèce son clergé
de ventrus du ciel, on reproche à
l'Arabie Saoudite ses prières, sa
lecture littérale du Coran et ses femmes
ensevelies sous leurs housses. Mais un
continent européen rendu passif et sur
le territoire duquel un empire étranger
brandit ses missiles contre un ennemi
imaginaire est-il digne de toréer dans
l'arène du monde qu'on appelle
l'histoire?
Sachez, Français, Françaises que, depuis
soixante ans le Vieux Monde est dirigé
par des esclaves de l'étranger et que le
jour approche à grands pas où l'éthique
politique de votre démocratie vassalisée
vous ordonnera de citer les valets que
vous avez élus à comparaître devant le
tribunal de la souveraineté que vous
aurez conquise sur l'ignorance et la
peur , parce que, pour tout chef d'Etat
européen, le seul fait d'accepter, par
une usurpation rampante de votre
identité et au titre d'un fait
irréversible la domination mondiale
conjointe de l' empire américain et
d'Israël ressortit au crime de haute
trahison à l'égard de votre citoyenneté.
Je vous donne rendez-vous le 18 décembre
pour vous entretenir de votre cerveau de
demain.
11 décembre 2011
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