L'art de la guerre
Business d'armes
Rome-Tel Aviv
Manlio Dinucci
Mardi 31 juillet
2012
Au plein de la crise arrive enfin “une
puissante injection de confiance pour
tous ceux qui croient en la valeur du
travail” : c'est ce que déclare le
député Pd Daniele Marantelli, se
félicitant du contrat de Alenia
Aermacchi (Finmeccanica) pour la
fourniture à Israël de 20 avions
militaires d'entraînement avancé M-346.
Ainsi, dans la prochaine opération
“Plomb durci”, les pilotes israéliens
pourront être encore plus meurtriers.
Berlusconi avait promis de promouvoir la
vente des M-346, dit l'onorevole
Pd, mais “sa promesse n'a pas été tenue,
comme tant d'autres”. Puis,
heureusement, est arrivé le gouvernement
Monti. Ses mérites sont reconnus par
Giuseppe Orsdi, président de
Finmeccanica : l'accord est le produit
d'”une collaboration fructueuse” entre
les gouvernements italien et israélien.
Il oublie cependant, injustement, les
mérites du gouvernement Berlusconi,
artisan de la loi-cadre (17 mai 2005)
sur la coopération militaire
Italie-Israël. Ce dernier accord, donc,
est le fruit de la même politique
bipartisane opérée par les gouvernements
italiens. Dans son annonce du succès de
la vente à Israël des M-346 et de leurs
systèmes opérationnels, le ministre
italien de la défense passe par contre
sous silence un détail. Le ministère de
la défense israélien ne paiera qu'une
partie mineure du prix total. La plus
grosse partie, environ 600 millions,
sera anticipée par un consortium
financier formé par le groupe bancaire
italien Unicredit et par un fonds de
pension corrélé, qui investiront
ensemble 400 millions, et par la banque
israélienne Hapoalim, qui ionvestira 200
millions. Le ministère italien de la
défense annonce ainsi que “les forces
armées italiennes, de leur côté,
pourront utiliser un système
satellitaire optique à haute résolution
pour l'observation de la Terre, dénommé
Optsat-3000, réalisé en Israël”. Il
donne ainsi l'impression que ce
satellite a été gentiment mis à
disposition de l'Italie par Israël. En
réalité, celle-ci l'acquiert à travers
Telespazio aux Israël Aerospace
Industries, en le payant plus de 200
millions de dollars, auxquels
s'ajouteront les coûts nécessaires pour
la mise en orbite et le contrôle du
satellite. Celui-ci, à une altitude de
600Kms, servira non pas à une générique
“observation de la Terre”, mais à
repérer dans des théâtres d'opérations
guerrières lointains les objerctifs à
frapper, grâce à des images de 50 cms à
haute résolution.
Sur son habituel ton plutôt
vague, le ministère de la défense
communique enfin “la fourniture de
sous-systèmes standard Otan de
communication pour deux avions destinés
à l'aéronautique militaire”. Il parle
ainsi de la cravache et non du cheval :
les avions sont deux Gulfstream 550,
jets de luxe
made in Usa, que les Israël
Aerospaces Industries transforment
en très sophistiqués avions de guerre.
Dotés des appareillages électroniques
les plus avancés et reliés à six
stations terrestres, ces G-550 modifiés,
capables de voler à 12mille mètres
d'altitude avec un rayon d'action de
7mille Kms, sont le fer de lance d'un
système de commandement et de contrôle
pour l'attaque sur des théâtres de
guerre lointains. L'Italie achète à
Israël ce système de commandement pour
les guerers d'agression au modique prix
de 750 millions de dollars qui, ajoutés
à celui du système satellitaire, porte
la dépense à plus d'un milliard.
Evidememnt avec de l'argent public. “Une
puissante injection de confiance” à ceux
qui croient en la valeur de la guerre.
Edition de mardi 30 juillet de il
manifesto
Traduit de l'italien par Marie-Ange
Patrizio
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