Opinion
La diplomatie
armée de Monti
Manlio Dinucci
Giulio
Terzi di Sant’Agata
Mardi 31 janvier
2012
Giulio Terzi di
Sant’Agata, ministre des affaires
étrangères du gouvernement Monti, a fait
l’illustration au Sénat de la
participation de l’Italie aux « efforts
de la communauté internationale pour
promouvoir la paix ». En paix, il s’y
connaît pour avoir été conseiller
politique de l’OTAN, ambassadeur en
Israël puis aux Etats-Unis, où il a
contribué à l’ « extraordinaire
collaboration bilatérale dans les
principaux scénarios de crises ». Alors
que la crise financière alimente au
niveau global de graves tensions
politiques et sociales, il est encore
plus de « l’intérêt de l’Italie »,
affirme le ministre, de participer aux
« opérations dans les scénarios de
crises », où se joue la « crédibilité
internationale » du Pays. Car, aussi, la
nouvelle stratégie étasunienne prévoit
la réduction des « forces de manœuvre »
en Europe en faveur des autres théâtres
d’utilisation, en particulier dans le
Pacifique. L’Italie doit ainsi s’engager
plus encore dans des « missions
internationales de paix et de
stabilisation », qui soient « réellement
intégrées », c’est-à-dire qui
« réunissent les composantes militaires
et civiles », pour faire face aux
« défis de la stabilisation qui
proviennent de Libye, les criticités en
Afghanistan et au Liban, les crises dans
la Corne d’Afrique ». En Libye, après le
« succès de l’opération conduite par
l’OTAN », l’Italie « continuera à
soutenir très activement la nouvelle
gouvernance », surtout en formant ses
« forces de sécurité ». Et, le 20
février, elle accueillera à Naples le
sommet ministériel du Dialogue 5+5 et le
Foromed pour « la relance du
dialogue et de la coopération entre les
deux rives de la Méditerranée ».
Dialogue que l’Italie a mené de façon
exemplaire, en larguant sur la Libye un
millier de bombes. Mais déjà se
préparent d’autres « opérations » : en
Syrie, avertit Terzi, « la situation
n’est plus soutenable ».
Voilà ce qu’est la « diplomatie
de la sécurité », avec laquelle le
gouvernement Monti entend « défendre à
l’étranger nos intérêts politiques,
économiques et financiers ». Malgré des
ressources disponibles mineures, précise
au Sénat le ministre de la défense
Giampaolo Di Paola, « on ne peut pas
sacrifier la capacité opérationnelle de
notre instrument militaire qui est au
service de la sécurité et de l’ordre
international ». Sont ainsi nécessaires
« des forces armées certes plus
réduites, mais plus modernes, mieux
entraînées et mieux équipées ». Y
compris la « défense anti-missile »,
importante car « la menace (l’Iran et
quelque autre), que cela nous plaise ou
non, existe ». Sur de tels choix,
souligne Di Paola, il existe « une
continuité qui traverse les frontières
virtuelles de l’alternance de
gouvernement et qui unit les rangs
politiques de la majorité et de
l’opposition ». Confirmation immédiate :
PdL (Popolo della Libertà) et Pd (Partito
democratico) se rangent compacts avec le
gouvernement, tandis que l’IdV (Italia
dei Valori) prend quelque position
critique et que la Lega fait quelques
distinguos. Le sénateur Tempestini (Pd)
demande le « renforcement de la
crédibilité internationale du Pays », et
pré-annonce un décret-loi pour rendre
permanent le financement des
« missions ». Ce qu’avait déjà demandé
en vain le sénateur Scanu (Pd) au
gouvernement Berlusconi, parce que
« nous tenons à construire la
crédibilité de l’Italie » et parce
que « les Forces armées sont un milieu
d’extraordinaire importance de notre
Pays ». « Quelle tristesse -s’était-il
exclamé- d’entendre dire que nous ne
devons plus garder certains engagements
sur le théâtre (de guerre… NdT)
international parce qu’il n’y a plus de
sous ».
Maintenant il ne sera plus
triste : le gouvernement Monti va les
trouver en faisant encore plus de coupes
dans les dépenses sociales.
Edition de mardi 31
janvier 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120131/manip2pg/14/manip2pz/317301/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le sommaire de Manlio Dinucci
Les dernières mises à jour
|