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Le Merry Christmas
du Pentagone
Manlio Dinucci
Jeudi 30 décembre 2010
Il y a Noël et Noël. Pendant que dans son message télévisé de la
Maison Blanche le président Obama et la First Lady, dans une
chaude atmosphère familiale autour de leur cheminée, souhaitent
Merry Christmas et « encouragent chacun à soutenir les troupes
et leurs familles », à New Orleans, huit SDF meurent dans
un immeuble abandonné où ils avaient allumé un feu pour
se réchauffer. Le problème des SDF, d’après le témoignage d’un
militant d’une mission, a empiré depuis que la ville a été
ravagée par l’ouragan Katrina en 2005. Et pourtant, dans le
budget 2011, les fonds du Département
fédéral pour le développement immobilier et urbain sont
tombés à 47 milliards de dollars par rapport aux 59 d’il y a
deux ans.
C’est par contre un heureux Noël pour le Pentagone, qui a trouvé
aux pieds du sapin le budget tout juste approuvé par le Congrès
: 725 milliards de dollars pour l’année fiscale 2011.
Une augmentation de 37 milliards de dollars, plus que ce
qu’il avait demandé. Le budget comprend 159 milliards pour «
poursuivre la nouvelle stratégie du président en Afghanistan et
au Pakistan » et pour d’autres « opérations outre-mer ».
Quasiment un demi milliard de dollars par jour, qui certainement
ne seront pas suffisants. Au budget de base du Pentagone
s’ajoutent d’autres dépenses de caractère militaire : 124
milliards pour les militaires à la retraite ; 12 pour les armes
nucléaires, inscrits au Département de l’énergie ; 54 pour le
Département de la sécurité de la patrie. Si l’on inclut d’autres
programmes à finalités militaires, dont certains de la Nasa, la
dépense militaire états-unienne dépasse les 900 milliards de
dollars, environ un quart du budget fédéral.
On n’oubliera pas en outre la dépense du Programme national
d’intelligence qui, spécifie-t-on dans le budget, est « classée
», c’est-à-dire secrète. On annonce cependant qu’elle sera
augmentée pour potentialiser les capacités de la CIA et des
autres agences et pour soutenir la stratégie du président en
Afghanistan et au Pakistan.
Selon une enquête du Washington Post, le monde des
services secrets est devenu aux USA tellement vaste et
impénétrable que personne ne sait combien il coûte. Il existe «
une géographie alternative des Etats-Unis : une Amérique
top secret cachée aux yeux des gens » : y travaillent
dans des programmes secrets environ 1.270 organisation
gouvernementales et 1.930 privées, pour un total de 850 mille
personnes.
On ne sait pas quelles sont spécifiquement leurs tâches. On en
voit par contre les résultats : maintenir les gens dans un état
de tension constante, en les persuadant qu’ils sont menacés par
le terrorisme international, de façon à justifier un état de
guerre permanent et une augmentation continue de la dépense
militaire. Avec comme conséquence une dette publique
états-unienne qui dépassera en 2011 les 10mille milliards de
dollars (deux tiers du PIB).
La raison de tout cela, le président Obama l’explique dans la
présentation du budget fédéral. Notre avenir, écrit-il, ne
dépend pas seulement du maintien de la « sécurité dans la patrie
». Il « dépend du maintien du leadership américain (états-unien,
ndt) à l’étranger ».
Edition de jeudi 30 décembre 2010 de il manifesto :
http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/...
Traduit de l’italien par
Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe.
© Droits d'auteurs Manlio Dinucci,
Il manifesto, 2010
Publié le 31 décembre 2010
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