L'art de la guerre
Le partenaire
possessif de l'Ue
Manlio Dinucci
Le siège
de l'OTAN
Mardi 29 mai 2012
L’Otan a un
« partenaire unique et essentiel » :
l’Union européenne. C’est ce que déclare
le Sommet de Chicago, en jurant de
vouloir « une défense européenne plus
forte et plus compétente ». A condition,
naturellement, qu’elle soit aux mains de
l’Otan et que l’Otan reste sous
commandement étasunien. Quelle
« défense » l’Otan assure-t-elle à
l’Europe ? Avant tout, 22 des 27 pays
membres de l’Ue sont membres d’une
alliance dans laquelle le « commandant
suprême en Europe » est toujours
étasunien, nommé par le président des
Usa.
Et, confirme le Sommet, « la
porte de l’Otan reste ouverte à toutes
les démocraties européennes qui en
partagent les valeurs ». En d’autres
termes, après avoir englobé neuf pays de
l’ex pacte de Varsovie (dont trois de
l’ex URSS) et trois de l’ex Yougoslavie,
l’Otan s’étend encore plus à l’est,
adossée à la Russie. Elle confirme de
fait que « la Géorgie deviendra membre
de l’Otan » et que « la région de la Mer
Noire continue à être importante pour la
sécurité euro-atlantique ». C’est
pourquoi ses navires de guerre sont de
plus en plus présents en Mer Noire, où
en juillet ils effectueront l’opération
Sea Breeze (Brise de mer…NdT)
avec la marine ukrainienne.
Plus intense encore, cette
activité militaire de l’Otan, toujours
sous commandement Usa, dans les
républiques ex soviétiques d’Estonie,
Lettonie et Lituanie : les exercices
navals de l’opération Open Spirit
(Esprit ouvert.. ?! NdT) étant
terminés le 25 mai, commencera le 4 juin
la Baltops (Baltic Operations,
prosaïque, NdT) avec 30 navires de
guerre, suivie le 11 juin de celle,
aérienne, de Saber Strike (Coup
de sabre…NdT). Au Sommet de Chicago
on a annoncé que la « Mission de police
aérienne » dans les Etats Baltes
continuera, c’est-à-dire que seront
déployés de façon permanente dans la
base Zokniai des forces aériennes Otan à
double capacité, conventionnelle et
nucléaire.
L’an prochain se tiendra dans la
région baltique la grande manœuvre
Steadfast Jazz ( ? immuable...
NdT) de la « Force de riposte
Otan », qui augmentera la capacité des
forces armées de l’Alliance pour
« effectuer de plus amples opérations
conjointes de gestion des crises ». Et
tandis que les Etats-Unis continuent à
moderniser leurs propres forces
nucléaires, en les conservant en Europe
avec celles britanniques et françaises,
le Sommet Otan se déclare « profondément
préoccupé par la prolifération des armes
nucléaires et de leurs vecteurs ». Il
annonce ainsi la première phase du
« système de défense de missile »,
c’est-à-dire l’extension à l’Europe du
« bouclier » étasunien : initialement,
un radar en Turquie, des missiles
intercepteurs en Roumanie et Pologne,
des navires Aegis en Méditerranée. A
Washington on assure que le « bouclier »
n’est pas dirigé contre la Russie, mais
qu’il sert à faire face à la menace des
missiles iraniens. A Moscou on le
considère par contre comme une tentative
de prendre un avantage stratégique sur
la Russie. Le plan prévoit le
déploiement de missiles adossé au
territoire russe et, comme ce seront les
Etats-Unis qui les contrôleront,
personne ne pourra savoir s’ils sont
intercepteurs ou si ce sont des missiles
pour l’attaque nucléaire. La Russie
prévient qu’elle prendra des
contre-mesures, dont l’installation d’un
radar et de missiles mobiles Iskander
dans l’enclave de Kaliningrad.
Indépendamment de son efficience réelle,
le « bouclier » fonctionne donc déjà :
il sert à créer de nouvelles tensions,
en justifiant un renforcement ultérieur
de la direction et de la présence
militaire étasunienne en Europe.
C’est-à-dire la prédominance du
partenaire transatlantique sur l’Europe.
Si c’était un mariage, les motifs
d’un divorce seraient réunis.
Edition de mardi 29
mai 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120529/manip2pg/14/manip2pz/323445/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
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