|
Opinion
Sarkozy et Cameron
préparent le débarquement en Libye
Manlio Dinucci
Samedi 28 mai 2011
Au terme du G8, le président français Sarkozy a annoncé qu’il se
rendra à Benghazi avec le premier ministre britannique Cameron,
car « nous avons les mêmes idées ». Essentiellement une : « La
médiation avec Kadhafi n’est pas possible ». Le président Obama
a exprimé la même idée : « nous ne lâcherons pas tant que le
peuple libyen ne sera pas protégé et l’ombre de la tyrannie
disparue ». En termes plus sobres, ils s’apprêtent à occuper la
Libye.
Et tandis que le G8 demande à Tripoli « la cessation immédiate
de l’utilisation de la force », l’OTAN intensifie les incursions
aériennes qui, en moins de huit semaines, ont dépassé les 8.500.
Elles partent pour la plupart des bases du sud de l’Italie,
approvisionnées par les autres. Pise est continuellement
survolée par des C-130J et autres avions cargos qui, depuis
l’aéroport militaire (italien,
NdT) transportent aux bases méridionales les bombes et les
missiles de la base étasunienne de Camp Darby (préfigurant ainsi
ce qui se passera quand entrera en fonction le Hub aérien
national, par où transiteront tous les militaires et tous les
matériels dirigés vers les théâtres d’opération). Que les
attaques aériennes soient la préparation du débarquement, est
confirmé par l’entrée en action des hélicoptères français
Tigres, probablement flanqués d’Apaches britanniques.
Plus significative encore est l’arrivée en Méditerranée d’un
important groupe naval d’attaque, guidé par le plus puissant et
moderne porte-avions nucléaire de la classe Nimitz, baptisé
George H.W. Bush, en l’honneur du président qui en 1991 fit dans
le Golfe la première guerre de l’après guerre froide (nous en
sommes aujourd’hui à la cinquième). Long de 333 mètres et large
de 40, il a à bord 6 mille hommes, 56 avions (qui peuvent
décoller à 20 secondes l’un de l’autre) et 15 hélicoptères, et
il est doté des systèmes de guerre électronique les plus
sophistiqués. C’est donc une grande base militaire mobile : il a
deux réacteurs à eau pressurisée PWR A4W/A1G, dont la vapeur
actionne les turbines des quatre hélices. Une centrale nucléaire
qui, bien qu’ayant à bord des réacteurs plus dangereux que ceux
de Fukushima, entrera dans la baie de Naples et dans d’autres
ports.
Le porte-avions George H.W. Bush est flanqué d’un groupe de
bataille formé de chasseurs torpilleurs lance-missiles Truxtun
et Mitscher, des croiseurs lance-missiles Gettysburg et Anzio et
de huit escadrilles aériennes. Il va renforcer la Sixième flotte
dont le commandement est à Naples, se joignant à d’autres
unités, parmi lesquelles les sous-marins nucléaires Providence,
Florida et Scranton. S’est joint aussi à la Sixième flotte un
des plus puissants groupes d’attaque amphibie, conduit par le
USS Bataan, qui à lui seul peut débarquer 2 mille marines, dotés
d’hélicoptères et avions à décollage vertical, artillerie et
chars d’assaut. Le bâtiment est flanqué de deux autres navires
d’assaut amphibie, le Mesa Verde et le Whidbey Island, qui a
effectué du 13 au 18 mai une visite à Taranto (Région Pouilles,
NdT). Ce dernier a à son bord quatre énormes véhicules de
débarquement à coussins d’air qui, avec un rayon d’action de 300
miles, peuvent transporter rapidement jusque sur la côte 200
hommes à la fois, sans que le navire soit en vue. Tout est prêt,
donc, pour le débarquement « humanitaire » en Libye. Aux
Européens l’honneur de débarquer les premiers, sous l’aile
protectrice du porte-avions Bush.
Edition de samedi 28 mai 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le dossier Libye
Dernières mises à
jour
|