L'art de la guerre
Pont aérien Cia
pour armer les « rebelles »
Manlio
Dinucci
Un C-130
jordanien
Mercredi 27 mars
2013
Dans la « guerre couverte » en Syrie, on
découvre désormais les cartes. Après que
le centre de Damas a été touché par des
projectiles de mortier et des missiles
qui ont tué plusieurs civils, le
commandant « rebelle » Abou Omar,
revendiquant le mérite de l’action, a
déclaré hier 26 mars au
New York Times que « les groupes
rebelles autour de Damas ont été
renforcés par de nouvelles fournitures
d’armes à travers
la Jordanie
avec l’assistance américaine ». Une
enquête de ce même journal confirme ce
que nous écrivons depuis longtemps sur
il manifesto : l’existence d’un
réseau international, organisé par la Cia, à travers lequel un flux
croissant d’armes arrive aux
« rebelles » en Syrie.
Depuis des centres opérationnels
appropriés, des agents de
la Cia
pourvoient à l’achat d’armes avec des
financements (de l’ordre de milliards de
dollars) concédés principalement par
Arabie saoudite, Qatar et autres
monarchies du Golfe ; ils organisent
ensuite le transport des armes en
Turquie et Jordanie à travers un pont
aérien, puis les font enfin parvenir, à
travers la frontière, aux groupes en
Syrie, déjà entraînés dans les camps
installés à cet effet en territoire turc
et jordanien.
Depuis que l’opération a commencé
en janvier 2012, au moins 3.500 tonnes
d’armes, selon une estimation par
défaut, ont ainsi été transportées par
pont aérien. Les premiers vols ont été
effectués, par des avions militaires de
transport C-130, du Qatar en Turquie.
Depuis avril 2012 ont été utilisés de
gigantesques avions cargos C-17, fournis
par le Qatar, qui ont fait la navette
entre la base aérienne de Al Udeid et
celle turque de Esenboga. Détail non
négligeable : la base aérienne qatari de
Al Udeid abrite le quartier général
avancé du Commandement central Usa, avec
un personnel de plus de 10mille
militaires, et fonctionne comme
hub pour toutes les opérations au
Moyen-Orient. Dans ses dépôts sont
stockés des armes de tous types, y
compris certainement aussi celles non
made in Usa, plus adaptées pour les
opérations « couvertes ». Depuis octobre
2012, des avions jordaniens C-130 ont
atterri dans la base turque de Esenboga,
pour charger des armes à transporter à
Amman pour les « rebelles » syriens.
En même temps, des avions cargos
jordaniens ont commencé à faire la
navette avec Zagreb, en transportant à
Amman des armes d’arsenaux croates
achetées avec les financements
saoudiens. Pour cette opération on
utilise de gigantesques avions
Iliouchine de la Jordanian International
Air Cargo. Depuis le mois de février
2013, aux vols des avions cargos qatari
et jordaniens se sont ajoutés des
saoudiens, effectués par des C-130 qui
atterrissent sur la base turque d’Esenboga.
Malgré les démentis de Zagreb,
l’enquête a amplement documenté
l’engagement de la Croatie dans ce trafic international d’armes,
dirigé par la Cia. Un
acte méritoire pour
la Croatie
qui, pour son rôle dans la désagrégation
de la Yougoslavie, a été
récompensée par son admission dans
l’Otan en 2009. A présent, en
participant à l’opération pour la
désagrégation de la Syrie, elle acquiert de
nouveaux mérites aux yeux de Washington.
Et ceci à la veille de son admission
dans l’Union européenne, dont elle
deviendra le 28° membre en juillet
prochain. Elle pourra ainsi joindre sa
voix à celle de l’Union européenne qui,
tandis qu’elle renforce l’embargo des
armes à l’égard du gouvernement syrien,
déclare vouloir « atteindre une solution
politique qui permette d’arrêter le
massacre et autorise la fourniture
d’aides humanitaires rapides et
efficaces, avec une attention
particulière pour les enfants ».
Edition de mercredi 27 mars de
il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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