L'art de la guerre
L'engagement
d'Obama au Moyen-Orient
Manlio
Dinucci
Mardi 26 mars
2013
Double engagement répété par Obama dans
sa visite en Israël. L’alliance toujours
plus forte des Usa avec l’Etat
israélien, confirmée par le fait que
« nos militaires et nos services de
renseignement coopèrent plus étroitement
que jamais ». Ceci est indubitable. La
création d’ « un état palestinien
indépendant et souverain ». Ceci est
faux. L’ « Etat palestinien » auquel on
pense à Washington ressemble beaucoup à
une « réserve indienne » : il y a quatre
mois, aux Nations Unies, les Usa ont
même voté avec Israël contre la
reconnaissance de la Palestine en tant
qu’ « Etat observateur non membre ».
Mais se déclarer favorables à un Etat
palestinien accrédite l’idée que les
Etats-Unis sont engagés, comme jamais,
pour la paix et la démocratie au
Moyen-Orient. Obama a en outre joué le
médiateur de paix entre
la Turquie et Israël :
Netanyahu a téléphoné à Erdogan pour
s’excuser des « erreurs
opérationnelles » commises dans
l’attaque contre
la Freedom Flotilla
qui transportait les pacifistes à Gaza.
Excuses immédiatement acceptées : sur
les tombes des pacifistes tués par les
Israéliens il sera maintenant inscrit
« mort le 31 mai 2010 par une erreur
opérationnelle ». Après ses rencontres
en Israël, Obama a fait escale à Amman,
en réaffirmant « l’engagement des
Etats-Unis pour la sécurité de la Jordanie », mise en danger
par la « violence qui filtre à travers
la frontière avec la Syrie ». Il reste à voir,
cependant, dans quelle direction. Comme
informe le
Guardian, des instructeurs
étasuniens, aidés par des collègues
français et britanniques, entraînent en
Jordanie les « rebelles » qui sont
infiltrés en Syrie. Le cercle se
resserre ainsi autour de la Syrie, avec une opération
sous direction Usa/Otan menée à travers la Turquie et Israël (à présent réconciliés) et la Jordanie. Et, pour l’estocade
finale,
le
casus belli est prêt : le lancement
d’un missile à tête chimique, qui a
provoqué la mort de plusieurs dizaines
de personnes dans la zone d’Alep. A
Jérusalem, Obama a exprimé sa solidarité
avec « la préoccupation croissante
d’Israël pour les armes chimiques de la Syrie voisine », en
avertissant que, si l’enquête trouvait
les preuves que ce sont les militaires
syriens qui ont utilisé l’arme chimique,
cela « changera les règles du jeu ». En
d’autres termes, c’est une menace
d’intervention « préventive » Usa/Otan
en Syrie, au motif de bloquer l’arsenal
chimique avant qu’il ne soit utilisé. Si
de telles «preuves » émergeaient, cela
voudrait dire que le gouvernement syrien
a décidé d’utiliser un missile à tête
chimique contre ses propres soldats et
civils loyaux au gouvernement (la
quasi-totalité des victimes), pour
fournir aux Usa et à l’Otan, sur un
plateau d’argent, la justification pour
attaquer et envahir
la Syrie. En
attendant, en même temps que des dollars
et des armes, Washington a déjà fourni
aux « rebelles » le futur premier
ministre : Ghassan Hitto, citoyen
étasunien d’origine syrienne. Un
executive[1]
texan dans la technologie d’information,
choisi formellement par les
« rebelles ».
Qu’est-ce qu’Obama devrait faire
d’autre pour la paix et la démocratie au
Moyen-Orient ?
Edition de mardi 26 mars 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130326/manip2pg/14/manip2pz/337945/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
[1]
Executive,
en anglais dans le texte, est le
mot qui revient absolument
invariablement dans les
présentations anglophones du
nouveau premier ministre syrien
déniché au Texas par
l’administration étasunienne (et
« alliés ») : mot générique qui
en dit long non seulement sur le
flou entourant ce que Monsieur
Hitto a fait jusque là mais
aussi sur l’arrogance et le
mépris de cette même
administration (et « alliés »)
qui ne ressent aucune nécessité
à donner le moindre vernis de
crédibilité à ses larbins.
L’analyse précise du langage de
l’empire, en deçà et au-delà de
ses effets d’annonce, donne des
clés essentielles pour une
analyse non moins précise de la
situation géopolitique. NdT pour
la version française.
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