L'art de la guerre
Coca-Cola et armes
pour la « paix »
Manlio
Dinucci
John Kerry
Mardi 23 avril 2013
Le secrétaire d’Etat John Kerry est
désormais chez lui au Moyen-Orient, pour
prouver l’ « engagement Usa pour la
paix » dans cette région cruciale.
A Istanbul il a demandé au
premier ministre turc Erdogan, qui sera
reçu par Obama en mai, de renvoyer sa
visite à Gaza « pour ne pas gêner la
reprise des négociations de paix
israélo-palestiniennes ». En même temps,
est arrivée à Istanbul une équipe de
fonctionnaires israéliens pour le
dédommagement des familles des
pacifistes turcs tués ou blessés dans
l’attaque contre la Freedom Flotilla en route pour
Gaza, qui a eu lieu selon Netanyahu à
cause d’ « erreurs opérationnelles ».
Version acceptée par Erdogan, mais pas
par les familles des victimes, qui ont
refusé le dédommagement (100.000 dollars
par famille) en posant comme condition
qu’Israël abolisse les restrictions de
mouvements des personnes et des
marchandises à Gaza. Kerry a entre temps
annoncé un plan pour donner une
impulsion à l’économie palestinienne,
auquel collabore la multinationale
Coca-Cola. Résultat garanti : les
Palestiniens ne pourront pas avoir le
gaz de leurs gisements à Gaza, dont ils
ont été expropriés, ni l’eau qui leur
est enlevée par les Israéliens, mais en
compensation ils pourront boire du
Coca-Cola. Pour renforcer l’engagement
étasunien pour la « paix au
Moyen-Orient », est arrivé le
néo-secrétaire à la défense Chuck Hagel,
pour une visite en Israël, en Arabie
Saoudite et aux Emirats arabes unis :
les trois alliés à qui les Usa vendront
un autre « paquet » d’armements d’une
valeur totale de 10 milliards de
dollars. Autre gros business pour
l’industrie guerrière étasunienne. A
Israël vont être fournis les armements
les plus avancés : des missiles de
nouveau type, plus efficaces que les
précédents, pour détruire les radars
ennemis au moment de l’attaque ; des
radars encore plus avancés pour les
chasseurs bombardiers ; de nouveaux
avions citernes KC-135 pour
l’approvisionnement en vol ; des
vélivoles pour le transport de troupes
V-22 Osprey, un hélicoptère-avion
hybride, qu’Israël sera le seul à
posséder en plus des Usa. Israël ne les
paiera qu’en petite partie, parce qu’il
reçoit cette année des Usa une « aide
militaire » de 3 milliards de dollars.
Ces armements sont destinés à
potentialiser la capacité d’Israël à
attaquer l’Iran et d’autres pays de la
région. La position de Washington, qui
juge « prématurée » une attaque
unilatérale israélienne contre l’Iran,
ne vise donc pas à empêcher cette
attaque mais à mieux la préparer et la
coordonner. Même objectif pour les
armements fournis aux deux alliés
arabes : ceux-ci recevront des bombes de
précision, qui sont larguées à distance
de l’objectif. Ce sont des armes
adaptées aux 84 chasseurs F-15 que
l’Arabie saoudite est en train d’acheter
aux Usa, dans le cadre d’une maxi
fourniture de 29,5 milliards de dollars
décidée en 2010, et aux 26 F-16 que les
Emirats arabes unis achèteront avec la
nouvelle fourniture.
Enfin, Kerry et Hagel ont annoncé
le redoublement de l’aide étasunienne
aux « rebelles » syriens et l’envoi
d’autres militaires en Jordanie pour une
possible intervention dirigée contre
la Syrie. Mission
« de paix » réussie : guerre assurée.
Edition de mardi 23 avril 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130423/manip2pg/14/manip2pz/339306/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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