L'art de
la guerre
Rome caput
mundi de la « paix »
Manlio
Dinucci
Mardi 22 octobre 2013
Jamais, comme avec le gouvernement Letta,
l’Italie n’a été le centre d’initiatives
internationales pour la « sécurité » et
la « paix ». Le 7 octobre, les sommets
OTAN se sont réunis sur le porte-avions
Cavour, au large de
la Sardaigne,
pour suivre la manœuvre Brilliant
Mariner 13 de la « Force de riposte » de
l’Alliance, en vérifiant sa capacité à
« réagir rapidement à n’importe quel
défi ». Y ont participé 25 navires de
guerre de 12 pays chapeautés par les
USA. L’Italie avec 14 unités navales, 16
vélivoles et 3150 militaires, engagés en
même temps dans la manœuvre nationale
Mare Aperto 13 (mer ouverte). Suivie, le
18 octobre, par l’opération « militaire
et humanitaire » Mare Nostrum, engageant
le San Marco et d’autres navires de
guerre tout juste sortis des manœuvres
militaires. Les 16-18 octobre s’est
tenue à
la Farnesina (siège du
ministère italien des affaires
étrangères) la conférence plénière (plus
de 200 délégués) du « Missile Technology
Control Regime » (Régime de contrôle de
la technologie des missiles) :
association de pays formée en 1987 pour
« réduire la prolifération des
missiles » pouvant transporter des armes
de destruction massive. Armes qui, a
écrit le ministre Bonino, ont été un des
principaux facteurs des crises
internationales, comme celle d’Irak et
de Libye.
Pays qui n’avaient pas d’armes de
destruction massive quand ils ont été
attaqués par les USA et par leurs
alliés, tandis que les principaux
promoteurs du MTCR –Etats-Unis, France,
Grande-Bretagne, qui maintenant
relancent depuis Rome « la guerre des
missiles »- se sont dotés des systèmes
de missiles les plus avancés et des
armes les plus destructrices à commencer
par les nucléaires. Possédés aussi par
Israël, un des « adhérents unilatéraux »
au MTCR. A peine cinq jours après,
demain 23 octobre, Rome accueille
l’événement clou : la rencontre entre le
secrétaire d’Etat étasunien Kerry et le
premier ministre israélien Netanyahu.
Ils parleront de l’ « état final des
négociations avec les Palestiniens » et
surtout de Syrie et d’Iran. Les USA
disent travailler à une solution
diplomatique du contentieux avec l’Iran.
Mais ils n’abandonnent pas la diplomatie
des bombes.
Le 17 octobre le Pentagone a
annoncé une autre colossale vente
d’armes pour 10,8 milliards de dollars à
l’Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes
Unis : plus de 3mille missiles et 6mille
bombes anti-bunker GBU-39 pour les F-15
et F-16. Les bombes anti-bunker, déjà
achetées par Israël en 2010, servent à
détruire les centres de commandement et
autres structures souterraines dans une
first strike, comme celle planifiée
contre l’Iran. A Netanyahu, qui à Rome
rencontrera le Pape en l’assurant de la
« volonté de paix » d’Israël, Kerry
confirmera la fourniture étasunienne de
missiles anti-radiations en mesure de
neutraliser les radars des défenses
aériennes, pour « aveugler » le pays
objectif de l’attaque, et
d’avions-citernes KC-135 de nouvelle
génération pour mieux approvisionner les
chasseurs-bombardiers israéliens engagés
dans une guerre aérienne. Avec ça les
USA formellement ne violent pas le
Traité sur le commerce d’armements, car
celui-ci n’interdit de fournir des armes
qu’aux Etats qui « menacent la paix et
la sécurité et commettent des violations
du droit humanitaire international ».
Catégorie dont les USA et leurs alliés
européens excluent aussi bien Israël que
les monarchies du Golfe. Ce que confirme
l’exposition, inaugurée par le maire
Marino au Vittoriano[1],
en l’honneur du Royaume d’Arabie
Saoudite, qui a d’ « excellentes
relations avec l’Italie depuis 1932 »,
c’est-à-dire quand l’Italie était sous
régime fasciste. Dans la présentation on
fait les louanges de la monarchie
absolue saoudienne pour sa « politique
modérée ».
Celle qu’a expérimentée il y a un
mois une jeune fille saoudienne : violée
par sept hommes, c’est elle qui a été
condamnée, pour être montée dans la
voiture d’un camarade de classe (lui
aussi emprisonné), à la peine de 200
coups de fouet.
Edition de mardi 22 octobre 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20131022/manip2pg/14/manip2pz/347507/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
Note de la traductrice :
Unique trace sur Internet de la
participation française à l’opération
Brilliant Mariner 13 :
http://securitedefense.nicematin.com/2013/10/le-capricorne-a-particip%C3%A9-%C3%A0-lexercice-otan-brilliant-mariner.html
http://www.defense.gouv.fr/marine/actu-marine/le-capricorne-participe-a-l-entrainement-brilliant-mariner
Aucune trace sur le site du ministère
des Affaires étrangères, ni sur celui de la Défense, de la
participation de
la France
à
la Conférence
plénière du « Missile Technology Control
Regime » à la Farnesina. Ni sur celui du
Régime de contrôle de la technologie des
missiles.
[1]
Nom du monument à Victor
Emmanuel, érigé à Rome, sur le
flanc de la colline du
Campidoglio (1885-1911) pour
célébrer l”unité de l’Italie. Il
est constitué d’un escalier
monumental qui conduit au
premier niveau où se trouve
l’Autel de la Patrie avec la Tombe du soldat inconnu ; le
musée se trouve sous le
monument.
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