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Pour les guerres,
aucune restriction de budget
Armes high-tech
Manlio Dinucci
HMS Astute - Photo: Reuters
Dimanche 19 décembre 2010
Elle a fait le tour du monde, l’information qu’à Londres, des
étudiants « violents » ont attaqué la voiture du prince Charles
et consort quand, le 9 décembre, le parlement britannique a
décidé de tripler les taxes universitaires à cause de «
restrictions de budget ».
Ce qui n’a pas fait la une, par contre, une semaine après
seulement, c‘est qu’on a lancé aux chantiers de la société Bae
Systems à Barrow-in-Furness, un autre sous-marin nucléaire qui a
coûté 2 milliards de dollars. C’est le second de la nouvelle
classe Astute, fourni à la Royal Navy, qui en recevra cinq
autres. Son nom, « Ambush » (Embuscade) est tout un programme :
doté d’un réacteur nucléaire qui pourrait alimenter en énergie
toute une ville, il peut rester en immersion pendant des mois,
et, avec son radar et son sonar, repérer des objectifs à plus de
5 Kms de distance, et les frapper avec ses missiles de croisière
à tête conventionnelle ou nucléaire.
Pour des systèmes d’alarme comme celui-ci on trouve l’argent, en
maintenant la dépense militaire britannique au 4ème rang
mondial. Il en va de même dans les autres pays de l’OTAN (Italie
comprise), dont la dépense militaire totale est montée à environ
1.000 milliards de dollars annuels, équivalents aux deux tiers
de la dépense militaire mondiale.
Les locomotives de la nouvelle course aux armements sont les
Etats-Unis. Le 1er décembre, la US Navy a expérimenté un railgun
(canon à induction électromagnétique) qui a détruit un objectif
situé à 200 Kms, par l’impact cinétique d’un projectile de métal
plein lancé à une vitesse de 3 Mach (6.000 Kms/heure).
La US Army par contre annonce avoir expérimenté avec succès « le
laser militaire le plus puissant du monde », réalisé par la
société Northrop Grumann. Il sera employé sur le champ de
bataille, à bord de véhicules spéciaux, pour aveugler les
senseurs des systèmes de visée non moins que les soldats ennemis
: et cela bien qu’une convention de 1995 interdise l’usage
d’armes laser aveuglantes.
Pendant ce temps la technologie laser a permis de réaliser un
nouveau lance-grenades qui « change les règles du jeu » en
Afghanistan. C’est une arme portable, appelée XM25, qui « tue
les ennemis même quand ils sont à l’abri d’un mur » : le viseur
laser calcule la distance exacte de l’objectif, pour que les
projectiles à fragmentation dotés de microchip explosent sur la
tête de ceux qui sont derrière le mur (on verra plus tard si ce
sont des combattants ou des civils). Les premiers lance-grenades
« intelligents » viennent juste d’être remis aux régiments en
Afghanistan, qui sous peu en recevront 12.500 (au prix de 30.000
dollars l’unité).
La US Air Force aussi est en train d’accumuler les records.
Le 3 décembre, elle a annoncé le retour de l’espace,
après une mission de 220 jours, du mini-shuttle X-37B, réalisé
par Boeing. C’est le premier véhicule orbital qui, sans équipage
à bord, est en mesure d’opérer dans l’espace et de rentrer
automatiquement à terre. Ses applications militaires sont
multiples : il peut détruire les satellites de l’adversaire
avant l’attaque et amener dans l’espace de futures armes laser
ou à impact cinétique, ainsi que des têtes nucléaires.
On accélère ainsi la course aux armements high-teh, avec la
contribution déterminante de scientifiques et dans le silence
complice de quasiment tout le monde scientifique.
Edition de dimanche 19 décembre 2010 de il manifesto
Traduit de l’italien par
Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe.
© Droits d'auteurs Manlio Dinucci,
Il manifesto, 2010
Publié le 20 décembre 2010
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