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Opinion
De l'Irak à la
Libye, la guerre des vingt ans
Manlio Dinucci
Le Conseil de
sécurité
Dimanche 20 mars 2011
La résolution du Conseil de
sécurité qui, le 17 mars 2011, autorise à prendre «
toutes les mesures nécessaires » contre la Libye
rappelle celle qui, le 29 novembre 1990, autorisait l’usage
de « tous les moyens nécessaires » contre l’Irak.
Il y a vingt ans, profitant de la désagrégation de l’URSS et
de son bloc d’alliances, les Etats-Unis et les plus grandes
puissances européennes de l’OTAN déplaçaient le centre focal
de leur stratégie dans le Golfe, en attaquant en 1991
l’Irak, un des principaux producteurs pétrolifères avec des
réserves estimées parmi les plus grosses du monde.
Aujourd’hui c’est la Libye qui se trouve dans le
collimateur, une Libye dont les réserves pétrolifères sont
les plus grosses d’Afrique, le double de celles des USA.
Il y a vingt ans l’ennemi numéro
un était Saddam Hussein, auparavant allié des USA dans la
guerre contre l’Iran (autre gros producteur de pétrole) où
Khomeiny était au pouvoir, et, à l’époque, le premier sur la
liste de ennemis : ce Saddam Hussein tombé ensuite dans le
piège, quand l’ambassadrice des USA à Bagdad lui avait fait
croire que Washington serait resté neutre dans le conflit
Irak-Koweit. Aujourd’hui l’ennemi numéro un est le chef de
la Libye Muhamar Kadhafi, avec lequel la secrétaire d’Etat
Hillary Clinton déclarait il y a peu vouloir « approfondir et élargir la coopération ».
Il y a vingt ans, au moment où
le Conseil de sécurité autorisait la guerre contre l’Irak,
les Etats-Unis et leurs alliés avaient déjà déployé dans le
Golfe une imposante force aéronavale (1.700 avions et 114
navires de guerre), qui allait de toutes façons être
utilisée sans le feu vert de l’ONU. Même chose aujourd’hui :
avant l’autorisation du Conseil de sécurité pour prendre «
toutes les mesures nécessaires » contre la Libye,
une puissante force aéronavale USA-OTAN était déjà prête et
les bases en Italie avaient été activées pour l’attaque. La
méthode est la même : jeter d’abord l’épée sur le plateau de
la balance politique et utiliser ainsi tous les moyens
(échanges de « faveurs » compris) pour empêcher
qu’un membre permanent du Conseil de sécurité n’use de son «
droit de veto » : en 1990 l’URSS de Gorbatchev vota
favorablement et la Chine s’abstint ; aujourd’hui la Russie
s’est abstenue avec la Chine, mais le résultat est le même.
Aujourd’hui, comme en 1990,
l’intervention armée se trouve motivée avec la « défense
des droits humains » et la « protection des civils
». Et on félicite, dans la résolution, les gouvernements
arabes qui participent à ce noble effort : comme la
monarchie absolue du Bahrein, qui a appelé les troupes
saoudiennes pour réprimer dans le sang la lutte de son
peuple pour les plus élémentaires droits humains, et le
régime yéménite qui est en train de massacrer des civils
qui manifestent pour la démocratie.
Aujourd’hui, comme dans la
première guerre du Golfe et dans les suivantes -celle contre
la Yougoslavie en 1999, l’Afghanistan en 2001, l’Irak en
2003- l’Italie continue à jouer son rôle de grégaire aux
ordres de Washington. Avec la différence que, tandis qu’il y
a vingt ans il y avait encore une gauche engagée contre la
guerre, aujourd’hui on a un Bersani (secrétaire du
Partito democratico, NdT) qui, à la veille d’une
intervention armée avec les mêmes finalités, s’exclame «
à la bonne heure ».
Edition de samedi 19 mars de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20110319/pagina/03/pezzo/299521/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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