L'art de la guerre
Voir Naples et mourir
Manlio Dinucci
Photo:
OTAN
Mardi 18 décembre
2012
Alors qu’à Naples de plus en plus
d’entreprises ferment, il en est une qui
a le vent en poupe, au point qu’elle a
ouvert un nouveau siège, luxueux. C’est
l’Otan, dont le Commandement
inter-forces (Jfc
Naples) s’est transféré le 13
décembre de Bagnoli à Lago Patria. Le
nouveau quartier général a une
superficie couverte de 85mille mètres
carrés, entourée d’une aire close plus
vaste encore, déjà prête pour de futures
expansions. Y travaillent 2100
militaires et 350 civils qui, avec leurs
familles, constituent une communauté de
plus de 5mille personnes. La
construction a officiellement coûté 165
millions d’euros, auxquels s’ajoute un
chiffre non quantifié pour les
équipements (600 Kms de câbles, 2 mille
ordinateurs, antennes satellitaires) et
les infrastructures. L’Italie participe
à la dépense totale, estimable à 200
millions d’euros environ, à la fois avec
sa quote-part du coût de construction et
avec le « fonds pour les aires
sous-utilisées », ainsi qu’une
allocation de
la Province, pour un
montant estimé à environ 25 millions.
Tout en argent public, qui va s’ajouter
au budget militaire. Bien dépensé
cependant, d’après les autorités
italiennes. Dans la cérémonie à Bagnoli,
le président de la région Stefano
Caldoro (Psi/Pdl)[1]
a exalté « l’importance du Commandement
dans le Mezzogiorno », dont la présence
est « au service de la sécurité et de la
paix dans le monde ». Le maire de Naples
Luigi De Magistris (Mouvement orange[2]),
après avoir souligné « le lien
historique de Naples avec cette base »,
a déclaré : « Nous sommes fiers d’avoir
connu tant de forces armées
différentes » qui, en se transférant
dans leur nouveau siège, resteront à
Naples, une ville qui a « une position
stratégique importante dans les plans de
maintien de la paix dans le monde », une
ville qui « avec ses yeux regarde vers
Bruxelles (siège central de l’Otan),
mais avec le cœur regarde vers le Sud,
vers le Moyen-Orient où l’on espère que
des états autonomes et indépendants
puissent vivre en sérénité ». Paroles
hautement appréciées par l’amiral
étasunien Bruce Clingan, commandant du
Jfc Naples, qui a offert à Caldoro la
clé symbolique de la base et à De
Magistris le drapeau du Jfc Naples. Nul
mieux que lui ne peut apprécier la
position stratégique de Naples,
exemplifiée par le fait qu’il est, en
même temps, commandant des Forces
navales Usa en Europe, commandant des
forces navales Usa pour l’Afrique,
commandant des Forces conjointes
alliées. Les trois commandements de
Naples, toujours sous les ordres d’un
amiral étasunien choisi par le
secrétaire à la défense avec
l’autorisation du président, ont une
« aire de responsabilité » totale qui
embrasse l’Europe, toute la Russie et l’Afrique. La guerre contre la Libye, l’an dernier, fût
dirigée par le Pentagone d’abord via l’Africa
Command, puis par le Jfc Naples, appuyés
par les forces navales Usa en Europe. De
Naples encore sont menées les opérations
militaires actuelles en Afrique du nord
et dans d’autres parties du continent et
celles d’encerclement et de
désagrégation de la Syrie.
Comme les opérations de guerre
s’intensifient en fonction du « nouveau
concept stratégique », explique l’amiral
Clingan, il fallait un siège adapté à
« un quartier général de combat de la
guerre », constamment opérationnel. A
Naples, qui- assure De Magistris- a
« une position stratégique importante
dans les plans pour le maintien de la
paix dans le monde ».
Edition de mardi 18 décembre 2012 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20121218/manip2pg/14/manip2pz/333378/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
[1]
Le président de la région
Campanie est passé du Parti
socialiste au Peuple de la
liberté (Popolo
della libertà), parti fondé
par S. Berlusconi en 2009.
[2]
Luigi de Magistris est un
dirigeant de centre-droit, qui
vient de fonder un mouvement (ou
liste pour les prochaines
élections) « orange »…
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