L'art de la guerre
Les smart bombs de Wall Street
Manlio Dinucci
Photo:
Réseau Voltaire
Mardi 13 décembre
2011
Il existe divers
types de smart
bombs, « bombes intelligentes »,
utilisées par celui que Les Leopold
définit efficacement comme le
« gouvernement secret de Wall Street »,
la puissante oligarchie financière qui
contrôle l’Etat (http://www.voltairenet.org/Wall-Street-secret-government).
Les premières sont celles de
propagande qui frappent le cerveau,
embrumant les yeux et faisant voir des
choses qui n’existent pas. Elles sont
aujourd’hui massivement employées pour
mystifier la réalité de la crise, pour
nous convaincre que celle-ci est
provoquée par la dette publique et que,
pour nous sauver, nous devons faire de
durs sacrifices en faisant des coupes
dans les dépenses sociales. La dette
publique est pourtant une conséquence,
non pas une cause de la crise. Celle-ci
est due au fonctionnement même du marché
financier, dominé par de puissantes
banques et groupes multinationaux. Il
suffit de penser que la valeur des
actions cotées à Wall Street, et dans
les Bourses européennes et japonaises,
dépasse celle de tous les biens et
services produits annuellement dans le
monde. Les opérations spéculatives,
effectuées avec d’énormes capitaux,
créent une augmentation
artificielle des prix des actions
et d’autres titres, qui ne correspond
pas à une croissance effective de
l’économie réelle : « bulle
spéculative » qui tôt ou tard explose,
en provoquant une crise financière. En
ce point, interviennent les Etats avec
des opérations de « sauvetage »,
reversant de l’argent public (et donc
augmentant la dette) dans les caisses
des grandes banques et des groupes
financiers privés qui ont provoqué la
crise.
Aux Etats-Unis seulement, le
dernier « sauvetage » se monte à plus de
7mille milliards de dollars, dix fois
plus que ce qui est officiellement
déclaré. Comment cela peut advenir
s’explique par le fait que les candidats
aux présidentielles sont financés, à
travers des « donations » et en d’autres
manières, par les grandes banques, parmi
lesquelles Goldman Sachs, et que
l’administration Obama, à peine entrée
en fonction, a nommé à des postes clé
leurs personnes de confiance, qui font
partie de la Commission Trilatérale.
Celle-là même où Mario Monti, consultant
international de Goldman Sachs et à
présent chef du gouvernement italien, se
trouve en place de président du groupe
européen. On ne doit donc pas s’étonner
si le gouvernement secret de Wall Street
utilise aussi, en fonction de ses
intérêts, des « bombes intelligentes »
réelles. Ce n’est pas un hasard si les
dernières guerres, effectuées par les
Etats-Unis et par l’OTAN, ont
« intelligemment » frappé des états
situés dans les aires riches en pétrole
(Irak et Libye) ou avec une position
régionale importante (Yougoslavie et
Afghanistan). Des états comme l’Irak de
Saddam Hussein, qui menaçait de se
décrocher du dollar en vendant du
pétrole en euros et autres valeurs ; ou
bien comme la Libye de Kadhafi, qui
programmait de créer le dinar d’or comme
concurrent du dollar et promouvait des
organismes financiers autonomes dans
l’Union africaine, dont le développement
aurait réduit l’influence de la Banque
mondiale et du Fonds monétaire
international. Pour des raisons
analogues, on prend aujourd’hui pour
cible la Syrie et l’Iran. Crise et
guerre sont deux faces de la même
médaille. Car, aussi, la guerre fait
croître la dépense militaire qui, en
alourdissant la dette publique, impose
des sacrifices ultérieurs. L’Italie,
estime le Sipri, est arrivée à
une dépense militaire annuelle de 28
milliards d’euros : environ le
coût de la manœuvre financière qui sera payé par la grande majorité de la
population. Mais on n’en parle
pas. Les bombes de Wall Street sont
vraiment intelligentes.
Edition de mardi 13
décembre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111213/manip2pg/14/manip2pz/314891/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
Les dernières mises à jour
|