L'art de la guerre
Drones sicaires
pour la kill list
Manlio Dinucci
Mardi 12 juin 2012
Les Etats-Unis doivent se défendre de
ceux qui les attaquent, déclare le
secrétaire à la défense Leon Panetta,
rejetant les protestations sur les
attaques croissantes de drones
étasuniens au Pakistan. Selon Panetta,
les Pakistanais doivent comprendre que
les « Predators » sont là aussi pour
leur bien : ils volent au dessus de
leurs têtes, téléguidés depuis les Usa à
plus de 10mille kilomètres de distance,
pour frapper avec leurs missiles « Feu
de l’enfer » les dangereux terroristes
nichés en territoire pakistanais.
Conclusion opposée, après une visite au
Pakistan, de Navi Pillay, Haut
Commissaire Onu pour les droits de
l’homme : les attaques par drones, qui
ont lieu en moyenne tous les quatre
jours, « provoquent les morts
indiscriminées de civils, qui
constituent une violation des droits
humains ». Elles soulèvent en outre de
graves questions de droit international,
en ceci qu’elles sont menées « en dehors
de tout mécanisme de contrôle civil ou
militaire ». Pillay demande donc
l’ouverture d’une enquête officielle.
Accusation sèchement rejetée par le
président Obama, lequel assure que les
attaques par drones –effectuées aussi en
Afghanistan, Irak, Yémen, Somalie et
autres pays- « ne provoquent pas de
grosses pertes civiles ».
Elles sont en fait « tenues sous
contrôle très étroit ». Personne n’en
doute. Comme le
rapporte
le
New York Times, c’est le Président
lui-même qui effectue les « nomination
top secret » des présumés
terroristes à tuer, pour la majeure
partie avec des attaques de drones. La
« kill
list »
-comprenant des personnes du
monde entier qui, jugées nocives pour
les Etats-Unis et leurs intérêts, sont
condamnées secrètement à mort sous
l’accusation de terrorisme- est mise à
jour chaque semaine par « le plus
étrange des rituels bureaucratiques » :
la téléconférence, gérée par le
Pentagone, de plus de cent responsables
de la « sécurité nationale », lesquels
retirent les fiches des tués et en
ajoutent d’autres dans une sorte de jeu
macabre qu’un fonctionnaire compare à
celui des figurines des champions de
base-ball. La liste est ensuite soumise
au président pour approbation. Surtout
quand « en même temps que le terroriste,
qui sera touché par le drone, il y aura
sa famille », « l’évaluation morale
finale » revient au Président. Quand
celui-ci a donné son autorisation,
l’opérateur, commodément installé aux
Etats-Unis à sa console de commande du
drone, lance les missiles contre cette
maison au Pakistan, indiquée comme
refuge du terroriste. De toutes façons,
dans l’explosion, les enfants ne se
voient pas. Voici ce qu’est la « guerre
non conventionnelle » menée par
l’administration Obama. On développe
pour elle des drones de plus en plus
sophistiqués : comme celui à propulsion
nucléaire, en mesure de voler de façon
ininterrompue pendant des mois, et un
petit « drone kamikaze » qui plombe sur
l’objectif en le détruisant avec sa
charge explosive. Des affaires en or
pour les industries constructrices
(General Atomics, Northrop Grumman et
autres) : le Pentagone a décidé
d’augmenter de 30% sa flotte actuelle de
7.500 drones, en dépensant 32 milliards
de dollars. L’Italie participera à la
dépense de 4 milliards de dollars pour
cinq drones made in Usa, déployés par
l’Otan à Sigonella (Sicile), et achètera
des missiles et des bombes de précision
pour ses propres drones, eux aussi made
in Usa. Cela, souligne le Pentagone,
servira à « protéger » non seulement
l’Italie mais aussi les Etats-Unis.
À quand la « kill list » italienne ?
Edition de mardi 12 juin 2012 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120612/manip2pg/14/manip2pz/324167/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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