L'art de la guerre
Opération terreur,
qui lance l'alarme
Manlio
Dinucci
L'ambassade des Etats-Unis à Sanaa, au
Yémen
©
NationalYemen
Mardi 6 août 2013
Pendant qu’il joue au golf, le président
Obama est tenu constamment informé :
l’énième alarme terrorisme a sonné. D’un
instant à l’autre la fantomatique Al
Qaida peut attaquer des objectifs reliés
aux intérêts étasuniens, en particulier
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
L’état d’alerte se déclanche pour les
citoyens étasuniens en voyage à
l’étranger. De nombreuses ambassades USA
sont temporairement fermées, tandis que
les
marines sont prêts à intervenir
depuis Sigonella pour protéger celles
qui sont en Europe méridionale. Le
mérite de cette opportune alarme revient
à
la Communauté
d’intelligence.
Elle est formée de 17 organisations
fédérales. En plus de
la CIA on y trouve
la DIA (Agence
d’intelligence de la défense), mais
chaque secteur des forces armées –armée,
aéronautique, marine, corps des marines-
a son propre service secret. Comme l’ont
aussi le Département d’état et celui de
la sécurité de la patrie. Parmi ces
services, en dure compétition entre eux
pour s’accaparer appuis politiques et
fonds fédéraux, il y a l’Agence pour la
sécurité nationale. Celle-ci est
spécialisée dans les interceptions
téléphoniques et informatiques (celles
qui auraient permis de découvrir le
dernier complot terroriste), à travers
lesquelles sont espionnés non seulement
les ennemis mais aussi les amis des
Etats-Unis, comme le confirme le « datagate »
suscité par les révélations de
l’ex-contractuel Edward Snowden. En dix
années l’Agence a accru d’un tiers son
personnel civil et militaire en le
portant à 33mille personnes, elle a
doublé son budget et plus que triplé ses
compagnies privées sous-traitantes, en
les augmentant de 150 à 500. Son
quartier général à Fort Meade
(Maryland), déjà plus grand que le
Pentagone, est sur le point d’être
amplifié de 50%. Sont en même temps
développés ses autres centres, chacun
ayant son propre domaine d’intervention.
Le centre qui est au Texas espionne
l’Amérique centrale et méridionale ;
celui de Georgie, le Moyen-Orient ;
celui des Iles Hawaï, les pays de la
façade pacifique, y compris Russie et
Chine ; celui en Australie, toute
l’Asie. Le centre en Angleterre (dont le
personnel va être augmenté d’un tiers, à
2 500 personnes) espionne l’Europe, le
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Et
dans l’Utah on vient à peine de
construire un nouveau centre pour la
cyber guerre, c’est-à-dire pour les
attaques contre les réseaux
informatiques d’autres pays. Mais la
guerre dans laquelle est spécialisée
l’Agence n’est pas qu’informatique.
L’agence indique au Commandement des
opérations spéciales, qui opère dans
plus de 70 pays avec environ 70mille
spécialistes de la guerre, et à d’autres
unités spécialisées pour des opérations
couvertes, quelles sont les personnes
retenues comme dangereuses pour les
Etats-Unis, à éliminer par des attaques
de drones et des actions de commandos. A
travers un réseau informatique crypté
spécial, le Real Time Regional Gateway,
l’Agence fournit aux chefs des forces
armées et des services secrets la liste
des « objectifs » et toutes les
informations permettant de les trouver
et de les abattre avec des drones ou des
commandos.
Elle dispose dans ce but des
technologies les plus avancées, parmi
lesquelles celle qui permet de localiser
quelqu’un par son téléphone portable
même quand il est éteint. Ces « actions
létales ciblées » -souligne le président
Obama (23 mai)- sont « légales »
puisqu’elles « font partie d’une guerre
juste, menée par autodéfense ». En font
aussi partie les opérations
psychologiques, renommées « Military
Information Support Operations »,
conduites par des unités spéciales pour
« influencer l’opinion publique
internationale pour qu’elle soutienne
les intérêts et les plans militaires
étasuniens ».
Comme l’alarme terrorisme actuelle (à laquelle pourrait succéder
quelque attentat signé Al Qaida), pour
montrer que les USA sont sous attaque et
ont ainsi le droit à l’ « autodéfense ».
Edition de mardi 6 août 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130806/manip2pg/14/manip2pz/344109/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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