L'art de
la guerre
Sommet
italo-israélien sous l'olivier «
symbole de paix »
Manlio Dinucci
Mardi 3 décembre 2013
Le
lien enraciné entre l’Etat italien et
celui d’Israël –renforcé par le sommet
Letta-Netanyahu, conclu hier à Rome par
la signature de 12 accords- est
représenté par un olivier centenaire,
don de l’Etat d’Israël, planté aux
Forums Impériaux en tant que « symbole
de paix et de fraternité », comme on
peut lire sur la stèle. Il ne pourrait y
avoir d’emblème plus significatif. Dans
les territoires occupés, les autorités
et les colons israéliens ont déraciné et
volé ou brûlé environ 3 millions et demi
d’oliviers pour frapper à mort
l’agriculture palestinienne, en la
privant en même temps de son eau. Avec
l’aide de l’Allemagne et de la Grande –Bretagne, qui
bloquent l’accès de
la Palestine
à l’International Olive Council,
l’organisation intergouvernementale des
producteurs d’olives dont fait partie
Israël, car cela signifierait « saboter
les entretiens de paix
israélo-palestiniens ». Le « génocide
des oliviers » s’intensifie : le 28
octobre une oliveraie de Gaza a été
bombardée par des chasseurs bombardiers
israéliens.
Gaza –préviennent les Nations
Unies- est en train de devenir
« inhabitable » : le blocus israélien,
renforcé par la fermeture des tunnels à
travers lesquels arrivaient d’Egypte des
denrées de première nécessité, a réduit
à la survie plus de 80% des habitants
(1,7 millions). Le manque de carburant
(il en arrive seulement 40% du minimum
nécessaire) provoque des blackout qui
durent de 12 à 16 heures par jour,
laissant sans énergie habitations,
hôpitaux et usines. Ceci se passe dans
un territoire palestinien qui possède de
riches gisements de gaz naturel, surtout
dans les eaux côtières, dont
l’exploitation est empêchée par Israël.
Un autre drame s’ajoute à cela :
le transfert forcé imminent de 30-40
mille autres arabes bédouins qui vivent
depuis des millénaires dans le désert du
Neghev, dont les installations sont
considérées comme illégaux par les
autorités israéliennes. Le plan Prawer-Begin
prévoit l’évacuation de 35 villages,
dont les habitants seront transférés
dans des « townships beduine ». Les
aires évacuées servent non seulement à
ouvrir de nouveaux espaces à la
colonisation israélienne, mais aussi à
des objectifs militaires.
Dans le désert du Neghev (où à
Dimona on fabrique des armes nucléaires)
vient de se dérouler la plus grande
manœuvre aérienne internationale de
l’histoire d’Israël : la « Blue Flag »,
à laquelle ont participé Etats-Unis,
Italie et Grèce. Le scénario de la
manœuvre à feu était celui de l’attaque
contre un pays ennemi doté de fortes
défenses aériennes (comme par exemple
l’Iran). Le but a été expliqué par
l’ambassadeur étasunien en Israël Dan
Shapiro qui, à côté d’un chasseur
bombardier F-16 avec les ambassadeurs
italien et grec, a déclaré : « La
manœuvre conjointe offre la possibilité
de s’entraîner dans des conditions
réelles afin que, dans le cas où nous
opérons ensemble, nous avons la capacité
de le faire ». L’Italie se prépare donc
à intervenir dans une guerre aux côtés
d’Israël.
Ce que peut être le scénario a
été confirmé hier par Netanyahu : il a
dit que l’Iran, cachant sa nature
derrière les sourires des diplomates,
est le « moteur du terrorisme » et qu’il
« doit être arrêté » pour empêcher
qu’ « il ne ravage le Moyen Orient avec
l’arme nucléaire ». Et Letta a défini
Israël comme un « partenaire
stratégique », en soulignant que « sa
sécurité n’est pas négociable ». C’est
dans ce cadre que se placent les 12
accords entre Italie et Israël : sur la
« sécurité publique » et la « protection
civile » (signés par Alfano), sur l’eau
et l’énergie, sur le cyberespace, sur
l’instruction (signés par Carrozza), la
santé et le cinéma. 2014 sera « l’année
de l’amitié culturelle Italie-Israël ».
Et à l’Expo de Milan 2015 il y aura un
pavillon de
2400 m2
d’un coût de 11 millions d’euros, qui
montrera « le véritable caractère
d’Israël ».
Le gouvernement Letta, suivant le
sillon déjà tracé qui a abouti à
l’accord de coopération militaire avec
Israël institué par loi en 2005, est en
train d’imprimer une accélération sans
précédents au renforcement des liens
avec Israël. Il a aussi parlé d’une
future importation d'Israël de gaz
naturel. Celui des gisements
palestiniens et libanais qu’Israël est
en train de s’approprier. Letta
cependant jure d’avoir toujours à cœur
« le bien-être du peuple palestinien ».
Edition de mardi 3
décembre 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20131203/manip2pg/09/manip2pz/349412/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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