L'art de la guerre
Bonne et heureuse
année des Îles Hawaï
Manlio Dinucci
Mardi 3 janvier
2012
Après une année
fatigante mais pleine de satisfactions,
culminant avec la guerre contre la Libye
et le massacre de Kadhafi, le président
Obama s’est accordé des vacances
méritées aux Îles Hawaï. C’est de là, le
31 décembre, qu’il a souhaité une bonne
et heureuse année à ses concitoyens, en
rappelant qu’en 2011 « l’Amérique (les
Etats-Unis d’Amérique, NdT) est
devenue plus sûre » et que 2012
« apportera une changement plus grand
encore ». Ainsi, avant le toast de
minuit, a-t-il signé l’acte législatif
autorisant la dépense militaire de 2012.
Celle-ci échappe au gel quinquennal de
la dépense publique, qui descend à son
niveau le plus bas par rapport au PIB
des cinquante dernières années, gelant
aussi les salaires des employés
fédéraux : la mesure s’applique à tous
les secteurs « extérieurs à la
sécurité », donc pas au secteur
militaire. Pour faire preuve de sa bonne
volonté, le Pentagone aussi promet
quelque économie, en éliminant des
systèmes d’armes non nécessaires, pour
réinvestir cependant les ressources dans
les drones d’attaque et dans d’autres
armements high-tech. En attendant, il
reçoit, pour 2012, 553 milliards de
dollars, plus qu’en 2011, soit une
augmentation de 23 milliards par rapport
à 2010. S’ajoutent à ceux-ci 118
milliards pour la guerre en Afghanistan
et pour les « activités de transition en
Irak », mais il ne s’agit là que d’une
première tranche pour les « opérations
d’outremer ». Même les 17 milliards pour
les armes nucléaires, dont la gestion
est faite par le Département de
l’énergie, ne sont que l’anticipation
d’une dépense beaucoup plus grosse :
comme l’annonce le Pentagone,
« l’Administration modernisera l’arsenal
nucléaire américain (étasunien, NdT) et
le complexe qui le soutient ». La
machine de guerre étasunienne continue
ainsi à tourner à plein régime : lors du
dernier jour de travail, le 30 décembre,
le Pentagone a conclu plus de 30 gros
contrats avec des industries militaires,
essentiellement Lockheed, Boeing et
Raytheon. Une grande partie de ces
dizaines de contrats, stipulés chaque
jour par le Pentagone, est la pointe de
l’iceberg de programmes au coût énorme.
Celui du chasseur F-35, rapporte l’Associated
Press de Washington, « avec son prix
de 1.000 milliards de dollars pourrait
devenir le programme le plus coûteux de
l’histoire militaire ». Mais la dépense
militaire ne se trouve pas que là. Au
budget du Pentagone s’ajoutent d’autres
dépenses de caractère militaire : 124
milliards pour les militaires à la
retraite ; 47 pour le Département de la
sécurité de la patrie. En incluant
d’autres programmes ayant des finalités
militaires, y compris certains de la
Nasa, la dépense militaire étasunienne
dépasse les 900 milliards de dollars,
environ un quart du budget fédéral. Il y
a en outre la dépense du Programme
national d’intelligence (renseignements)
qui, spécifie-t-on dans le budget, est
« classifiée », c’est-à-dire secrète. Un
secteur d’importance croissante, étant
donné que ce même acte législatif signé
par le président Obama attribue aux
militaires et à leurs services secrets
le « droit » d’emprisonner pour un temps
indéterminé et d’interroger même des
citoyens étasuniens, sans aucune
assistance légale.
Et, pour compléter son « Happy
New Year », le président Obama a
autorisé le 31 décembre de dures
sanctions contre l’Iran, visant à
bloquer tout son système bancaire afin
d’empêcher l’export pétrolier en
Occident. Un acte de guerre, qui peut
provoquer une forte augmentation du prix
du pétrole, à l’avantage avant tout des
compagnies étasuniennes, qui auront
ainsi une « Bonne et joyeuse année ».
Edition de mardi 3
janvier 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120103/manip2pg/14/manip2pz/315855/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
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