ELAC & ALAC Committees
Libye : la boîte
de Pandore de l'OTAN
Luc Michel
Dimanche 26 mai
2013 Attentats au
Niger: "les assaillants venaient de
Libye", selon le président nigérien
Mahamadou Issoufou …
Avec AFP – France 24 - PCN-SPO - ELAC
Website / 2013 05 25 /
C’était fin février 2011, quelques jours
après le début du coup d’état
insurrectionnel de Benghazi, organisé
par la CIA et l’OTAN, avec ses kollabos
« libyens ».
Moammar Kadhafi, qui avait déjà
pris la mesure de ses adversaires,
venait de dénoncer la présence des
djihadistes d’al-Qaida à Benghazi, Derah
et Tripoli, affirmant « ce sera moi ou
le chaos islamiste ». Soulevant l’ironie
de tous ces analystes, experts et
journalistes qui aujourd’hui – toujours
après l’événement -, deux ans plus tard,
daubent sur la « guerre au terrorisme »
et le « danger djihadiste ». Kadhafi
avait raison ! LA
LIBYE MADE IN NATO EPICENTRE DE LA
DESTABILISATION DU MAGHREB ET DU SAHEL
L’exemple nigérien, après ceux de Libye
et du Mali, est là, à nouveau, pour le
démontrer.
Les auteurs des deux attentats-suicide
perpétrés jeudi au Niger, contre un camp
militaire à Agadez et contre un site du
groupe nucléaire français Areva à Arlit,
"venaient de Libye", a en effet affirmé
ce samedi le président nigérien
Mahamadou Issoufou, interrogé par France
24. "Les assaillants, selon toutes les
informations que nous avons eues,
venaient de Libye, du Sud libyen", a
déclaré M. Issouffou, confirmant des
informations déjà avancées par des
responsables nigériens sitôt après les
attentats, revendiqués par le Mouvement
pour l'unité et le jihad en Afrique de
l'Ouest (Mujao), groupe islamiste armé
chassé du Mali par l'intervention des
forces militaires françaises et
africaines. Ces
attaques confirment que "la Libye
continue d'être une source de
déstablisation pour les pays du Sahel",
a ajouté M. Issoufou qui s'exprimait à
l'issue d'une rencontre avec le patron
du groupe Areva – un des fers de lance
de la Françafrique -, Luc Oursel, dont
un employé a été tué et 14 blessés dans
l'attentat d'Arlit.
A Agadez, l'attaque a fait 24 morts, et
au total, une dizaine de jihadistes ont
été tués, selon le dernier bilan de
Niamey.
"J'avais déjà prévenu depuis le
déclenchement de la crise libyenne (...)
qu'il fallait éviter que les solutions
après la défaite de Kadhafi soient pires
que le mal et j'avais précisé que si
l'Etat libyen se somalisait ou tombait
entre les mains d'intégristes, la
solution serait pire", a-t-il souligné.
"Aujourd'hui la situation est très
difficile, les autorités libyennes font
le maximum pour la contrôler, mais le
fait est là: la Libye continue d'être
une source de déstablisation pour les
pays du Sahel", a-t-il dit.
Des autorités libyennes dont le pouvoir
se limite à quelques quartiers de
Tripoli ou Benghazi. Des régions
entières, tombées sous la coupe de
milices islamistes, véritables armées
régionales, – Derah, Zlinten, Misratta …
- échappant totalement à leur pouvoir
débile. Selon de
nombreux experts – que l’on aurait aimé
entendre il y a deux ans -, le Sud
libyen est devenu au cours des derniers
mois l'un des sanctuaires où se sont
reformées les cellules d'Al-Qaïda au
Maghreb islamiste (Aqmi) et autres
groupes islamistes armés après
l'offensive française au Mali. Ils y
trouvent relais, arsenaux et
sanctuaires, sous la protection de leurs
épigones des milices islamistes, issues
des katibas djihadistes du CNT. Et
jusqu’au sommet de ce qui reste de
l’état libyen en voie de somalisation.
Sitôt après les attentats, les autorités
nigériennes avaient déjà pointé la Libye
voisine: "les kamikazes viennent
effectivement de Libye", "un sanctuaire
des terroristes", avait ainsi assuré un
haut responsable civil de la région
d'Agadez. On se
souviendra que la Libye était aussi
directement impliquée dans l’attaque
terroriste du site gazier de
Tigantiroune (In Amenas, Algérie) (1).
LE MAUVAIS SIGNAL DES USA ET DE L’OTAN
Le déclencheur de l’activisme terroriste
des djihadistes au Sahel et au Maghreb
comme en Europe est en effet la réponse
à un signal fort, et extrêmement
irresponsable, donné depuis plus de deux
ans par les USA et l’OTAN : la
collaboration des services spéciaux de
l’OTAN, et singulièrement de la CIA, des
français et des britanniques, avec des
leaders d’Al-Qaida et d’AQMI, sa branche
nord-africaine, en Libye, en Syrie et en
Algérie. La vision,
exemple emblématique, d’un ancien de
Guantanamo, Abdelhakim Belhadj, adoubé
par les généraux de l’OTAN, français en
tête, comme « gouverneur militaire de
Tripoli » en Août 2011 est un mauvais
signal donné à tous les djihadistes.
Relire les déclarations délirantes des
généraux français de l’OTAN lors de la
prise de Tripoli en Août 2011…
Le même Abdelhakim Belhadj fut ensuite
chargé de mission contre Damas en
novembre 2011, à la tête d’une brigade
en Syrie, basée en Turquie, et dont les
camps d’entrainement étaient précisément
organisés en Libye avec la bénédiction
du CNT et de ses protecteurs de l’OTAN.
LE PROJET GEOPOLITIQUE DES USA ET LE
SCENARIO DU DIABLE
Les USA, l’OTAN et singulièrement la
France payent cash le prix fort pour
cette politique aventuriste et
irresponsable.
Et ce n’est que le début. Les
djihadistes ont le vent en poupe,
disposent maintenant de relais forts et
de gouvernements favorables en Libye,
Egypte, Tunisie et Maroc. Où les
Salafistes et les Frères musulmans
dominent maintenant la vie politique.
Toujours sous la protection de généraux
« arabes » protégés des USA et de
l’OTAN. A cela
s’ajoutent le pillage des arsenaux
libyens par les « katibas » djihadistes
du CNT et la vente par les dirigeants
corrompus du CNT libyen d’un
impressionnant arsenal à AQMI aux début
du coup d’état en Libye, en mars-mai
2011 (notamment des ventes de missiles
exposées par le CANARD ENCHAINE à Paris,
à l’époque). Sans
oublier aussi la Centrafrique, où les
occidentaux, pas échaudés apparemment
par les désastres libyen et malien, ont
rejoué le scénario maudit, le scénario
du diable, installant au pouvoir la
Séléka et ses islamistes ; via un
nouveau CNT (2). On comprend mieux alors
le nom du pouvoir « de transition »
installé au pouvoir en Centrafrique – et
que Paris aurait pu balayer sans
problème -, ce CNT inspiré du CNT libyen
de Benghazi …
Derrière ce scénario du diable, il y a
le projet géopolitique américain, celui
des néocons de Bush réactivé par Obama,
dit du « Grand Moyen Orient ». Au sens
de plus en plus large et où l’Afrique
est devenue l’arrière cour de ce « Grand
Moyen Orient » remodelé et de sa cible
géostratégique, le contrôle de
l’Eurasie, clé d’un « XXIe siècle
américain ». Dans ce projet la tactique
est simple, toujours la même : allier
dans un état faible ou fragmenté un
pouvoir militaire et des forces
islamistes, tous deux gagnés à
l’économie libérale (la première
caractéristique des Frères musulmans,
par exemple, est leur hostilité absolue
au Socialisme). Pour arriver cela, il
faut évidemment s’allier au diable
djihadiste ! LA
SCYZOPHRENIE DES USA ET DE L’OTAN
La politique des USA et de l’OTAN, dont
la France des Sarkozy et Hollande – qui
a enterré la politique du générale de
Gaulle aussi bien au niveau européen
qu’arabe – réintégrée dans l’OTAN est le
bon élève servile, peut être qualifiée
de schizophrénique. Chaque jour de
jeunes soldats sont sacrifiés en
Afghanistan, en Irak ou au Mali pour
combattre des djihadistes. Que par
ailleurs on a armés et organisés, comme
allié principal, en Libye ou en Syrie.
Incohérence ou cynisme …
Schizophrénie qui touche aussi les
services spéciaux de l’OTAN. Ainsi les
branches Sécurité intérieure des
Services français, britanniques ou
belges, qui doivent suivre les
djihadistes et autres salafistes en
Europe, doivent regarder d’un drôle
d’œil leurs collègues des branches
Action extérieure et du Service Action
qui ont encadré et armé les mêmes
islamistes en Libye ou le font encore
contre la Syrie. En particulier les
barbouzes française qui ont organisé les
livraisons d’armes aux Brigades de
Zenten et de Tripoli en juin 2011, avant
de remettre la capitale libyenne à leur
chef Abdelhakim Belhadj.
La participation de la France et de
nombreux pays de l’OTAN au projet
américain dit du « Grand Moyen-Orient »,
celui de Bush et des Neocons réactivé
par Obama, où les Européens se chargent
par ailleurs de tâches que même les
généraux du Pentagone refusent
d’accomplir, à un prix. Celui ci est
aujourd’hui élevé. Il le sera encore
plus demain ! Les
USA, qui ont aidé Ben Laden à organiser
Al-Qaida au début des Années 80 en
Arabie Saoudite et en Afghanistan contre
les Soviétiques, puis les mêmes réseaux
en Bosnie au milieu des Années 90 contre
la Yougoslavie de Milosevic, connaissent
bien ce prix. Washington le paye depuis
plus de 15 ans.
Les leçons de l’Histoire semblent ne
jamais être comprises des politiciens
occidentaux. En
Libye, l’Occident – USA, NATO,
Françafrique -, en détruisant la
Jamahiriya de Kadhafi, facteur de
stabilité, de paix et de sécurité, amie
de la Grande-Europe, a ouvert sa boîte
de Pandore. Il va le payer longtemps et
jusqu’au cœur des capitales de l’UE …
Luc MICHEL
http://www.lucmichel.net/2013/05/25/elac-alac-committees-libye-la-boite-de-pandore-de-lotan/
https://www.facebook.com/notes/elac-committees/-elac-alac-committees-libye-la-bo%C3%AEte-de-pandore-de-lotan/315731048556824
(1) Cfr. ELAC &
ALAC Committees / LA LIBYE DU CNT MADE
IN NATO IMPLIQUEE DANS L’ATTAQUE D’IN
AMENAS EN ALGERIE !
sur
http://www.elac-committees.org/2013/02/18/elac-alac-committees-la-libye-du-cnt-made-in-nato-impliquee-dans-l%e2%80%99attaque-d%e2%80%99in-amenas-en-algerie/
(2) Cfr. Luc
MICHEL, SELEKA ET CRISE EN CENTRAFRIQUE:
LE DESSOUS DES CARTES
sur
http://www.eode.org/eode-think-tank-geopolitique-seleka-et-crise-en-centrafrique-le-dessous-des-cartes/
Photo : Dessin de
Chapatte pour Le Temps.
Le sénateur américain John McCain, en
visite dans le bastion du CNT à Benghazi
en mai 2011.
« USA you have a new ally » (sic).
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